Il faut qu'il le retrouve, cet homme. Quel âge a-t-il aujourd'hui ? Il n'en sait rien, sans doute un âge proche du sien, à peine plus vieux au vu de ce que lui a expliqué sa mère. Tendant les bras à nouveau, il la serre doucement contre lui, ferme les yeux. Pas question de lui parler de ce qu'il a l'intention de faire, mais il le fera. Il veut savoir qui est cette personne qui aurait pu grandir avec lui, lui qui a toujours rêvé d'avoir un frère et qui a vécu toute son enfance dans l'espoir que ses parents lui offrent cette possibilité, un jour. Mais ce n'est jamais arrivé. Sa mère a toujours catégoriquement refusé, un enfant c'était bien, elle avait juste assez d'amour à donner à son petit garçon et à son père. Elle a toujours été si seule, Cassandre. Et maintenant, il comprend enfin pourquoi. C'est horrible, mais au moins il le sait.

« Je peux te demander quelque chose ? » Demande-t-il quand même du bout des lèvres, tandis que sa mère semble bien incapable de réaliser sa chance d'avoir un fils aussi compréhensif. Elle hoche la tête entre ses bras, sans relever le nez pour autant, sans doute rongée par la
honte d'un aveu qu'elle s'est toujours employée à taire. Il la laissera avec cette culpabilité, il n'en rajoutera pas, mais il ne la consolera pas non plus ; elle aurait dû le lui dire. Il aurait dû avoir le droit de le rencontrer, ce frère qui n'a jamais rien demandé. « Tu lui as donné un nom ? » Les doigts de sa mère se crispent, contre le bras qu'elle serre. Puis elle relève enfin le nez, et alors qu'Oliver s'emploie à effacer les rigoles que les larmes forment sur ses  joues blanches, elle hoche la tête, répond. « Kay. Je l'ai appelé Kay. »