« Quoi ? Ça existe un truc comme ça ? » Ouais, ça existe. Et Oliver aurait nettement préféré que ça ne soit pas le cas, d'ailleurs ; de tous les Pokémon que possède Mallory, Hatta est sans conteste le plus dérangé et le plus malfaisant de tous. Quand il le prend avec lui pour impressionner les fans en concert, le batteur est toujours horriblement mal à l'aise, d'ailleurs ; il ne supporte pas le sourire absolument hideux de ce Pokémon, et ces voix qu'il entend dans sa tête quand cette chose est à proximité. C'est une foutue erreur de la nature ce truc, il est abominable, flippant, et moins il y pense, mieux il se porte, d'ailleurs. « Mais où est-ce qu'il est allé chercher un monstre pareil ?
– C'est un vieux taré de Johto qui le lui a filé, à Rosalia, grogne-t-il en réponse. » Ce type prétendait que les complexités mélangées des esprits de Spiritomb allaient permettre à Mallory de mieux appréhender sa propre psyché ; il était tout aussi convaincu que Hatta serait un atout de poids pendant ses crises. Toutes les âmes qui le composaient n'étaient pas maléfiques, certes ; mais celles qui parlaient le plus fort étaient les pires saletés qui existaient. Huit cent, il en est presque sur... ou cent huit ? Il sait plus, dans tous les cas ça fait trop.

« Ecoute, quand j'aurai mon équipe de Dragons, ça me paraîtra peut-être moins impossible. Je pensais commencer par l'arène Eau, en fait. » Fye n'est pas non plus un tendre, en terme de combat Pokémon, et si Gaspar n'a que des dragons à sa disposition, il risque d'avoir beaucoup de mal à le vaincre. Pas question de briser ses espoirs tout de suite, cependant ; il est motivé, son chanteur, et ça lui fait plaisir de voir que les semaines n'ont pas érodé son envie de tenter l'aventure avec lui. « Et d'ailleurs t'es bien renseigné sur les champions de la région, pour quelqu'un qui pensait pas les affronter, eh. Si on s'encourage mutuellement, j'suis sûr que ça ira. J'pourrais gagner la Ligue rien que pour t'impressionner alors... » La dernière phrase l'arrête une seconde et il le regarde touché ; il n'a pas besoin de tenter la Ligue pour ça, Gaspar, il n'a pas besoin de l'impressionner. Oliver ne l'a jamais aimé pour sa force de caractère, mais plutôt pour l'inverse, tout ce qui faisait de lui un adolescent un peu malhabile, avec la tête pleine de rêves sans vraiment savoir comment les réaliser. Attendri, pourtant, il lui sourit doucement, rassuré. C'est vrai qu'ensemble, ils ont beaucoup plus de chances d'y arriver, après tout. « T'as pas besoin de ça. T'es déjà le meilleur sur pas mal de points, grand débile. » Il embrasse super bien pour commencer, et même s'il le sait déjà, il vérifie quand même, Oliver, en déposant son large sourire contre ses lèvres. T'es trop mignon.

Et c'est aussi le roi des crétins, mais ça a clairement son charme la plupart du temps. « Je suis sûr que tu t'en sortiras très bien. De toute façon je viendrai te voir. » Lui et sûrement une horrible harde de fans en chaleur, mais ça il n'a pas très envie d'y penser. « Et puis j'pourrais te donner des tuyaux. J'connais les champions grâce à Mallory hein, c'est pas mes potes. Mais lui il s'entend super bien avec Shade, et il en fréquente deux trois. Il aime pas trop Fye mais il le respecte. C'est un mec pas commode du tout en combat mais si t'as quelques attaques Glace tu devrais t'en sortir... et puis Yucca a beaucoup de potentiel. » Faudra juste éviter d'envoyer Drogon, mais ça il doit le savoir, non ?

« T'as pas besoin de ça. T'es déjà le meilleur sur pas mal de points, grand débile.
– C'est toi le débile, réplique Gaspar, juste avant d'accueillir le sourire de son amant contre sa bouche. »
Qu'est-ce qu'il l'aime, ce gars. Depuis toujours et probablement jusqu'à sa mort. Dans longtemps, très longtemps, quand ils seront tous les deux Maîtres, vieux et séniles. « Je suis sûr que tu t'en sortiras très bien. De toute façon je viendrai te voir, lui dit Ollie en reculant.
– J'espère bien, répond-il, le sourire toujours aux lèvres. 
– Et puis j'pourrais te donner des tuyaux. J'connais les champions grâce à Mallory hein, c'est pas mes potes. Mais lui il s'entend super bien avec Shade, et il en fréquente deux trois. Il aime pas trop Fye  mais il le respecte. C'est un mec pas commode du tout en combat mais si t'as quelques attaques Glace tu devrais t'en sortir... et puis Yucca a beaucoup de potentiel.
– Je sais, pour Yucca, grimace Gaspar cette fois, un peu honteux au souvenir de cet épisode. J'ai du mal avec la table des types mais Plante sur Eau, je gère, j'ai failli transformer un Tritonde en sushi la dernière fois que j'suis allé au Fleuve. »
Si le soigneur n'avait pas été là ce jour-là, il aurait eu la mort de ce pauvre Pokémon sur la conscience. « Y a déjà Clément Tristane, le mannequin, qui m'aide un peu, mais... J'pense vraiment que tes conseils seront pas de trop. Il est aussi beaugosse que calé en stratégie, mais y a des fois où il me fout un peu la trouille quand même. »

« Je sais, pour Yucca. J'ai du mal avec la table des types mais Plante sur Eau, je gère, j'ai failli transformer un Tritonde en sushi la dernière fois que j'suis allé au Fleuve. » C'est à dire que Yucca a l'air plutôt énervée, dans le genre ; c'est en tout cas la réflexion qu'Oliver s'est faite quand il l'a vue à l'oeuvre au parc, la dernière fois. Très possessive aussi, et il n'a pas souvenir d'avoir un Pokémon dans son équipe qui soit jaloux d'un autre, par chance ; à la limite, Allumette commence à en avoir vraiment mal du bordel qu'ils foutent dans l'appartement, mais ça s'arrête là. Il devrait la garder dans son équipe, cette petite ; quelque chose lui dit qu'elle a de fortes chances d'en faire baver à Fye, si Gaspar se décide à l'affronter.

 « Y a déjà Clément Tristane, le mannequin, qui m'aide un peu, mais... J'pense vraiment que tes conseils seront pas de trop. Il est aussi beaugosse que calé en stratégie, mais y a des fois où il me fout un peu la trouille quand même. » Bon d'accord, cette fois il se raidit un peu. Il y a donc cet éleveur qui a eu l'extrême générosité de le débarrasser de son Linéon contre un Tylton, c'est quand même plutôt généreux dans le genre ; puis cette nana à qui il a l'intention d'offrir le Tarenbulle qu'il vient de capturer, et maintenant un mannequin beaugosse ? C'est sûrement un peu con et un peu infondé, cette jalousie mais là ça commence à faire beaucoup, non ? Peut-être qu'il est un peu acide, le sourire qu'il adresse au chanteur qui n'a pas tout à fait l'air de comprendre pourquoi d'un seul coup, Oliver le fusille du regard. « Oh j'crois que ça devrait aller, t'as l'air plutôt bien entouré entre un éleveur vraiment super généreux, une spécialiste des Pokémon eau et maintenant un mannequin beaugosse calé en stratégie, j'pense pas faire le poids, clairement. »

C'est sûrement très con de s'agacer pour ça mais merde, il est débile ou quoi ? D'abord Jill, Sacha, maintenant tous ces noms là, bientôt il va lui dire quoi, qu'il n'y a que le bus qui ne lui est pas passé dessus ? Sans déconner. « Enfin, au moins tu sais te faire des super potes, c'est bien, vraiment très bien, super. » Il grommelle le batteur, il a envie de shooter dans un caillou maintenant, il le saoule. C'est quand même dingue de ne pas savoir réfléchir, d'habitude c'est mignon mais là, ça l'agace. « Bon, on avance ? Sinon on aura pas fait le tour avant la nuit. »

Oula. C'est quoi ce regard, là ? Il y a quelque chose qui ne va pas ? Il a dit un truc... fait un truc ? Oliver a mal, peut-être ? « Oh j'crois que ça devrait aller, t'as l'air plutôt bien entouré entre un éleveur vraiment super généreux, une spécialiste des Pokémon eau et maintenant un mannequin beaugosse calé en stratégie, j'pense pas faire le poids, clairement. »
Mais... quoi ? Quel Bombidou le pique tout à coup ? « Enfin, au moins tu sais te faire des super potes, c'est bien, vraiment très bien, super.
– Mais...
– Bon, on avance ? Sinon on aura pas fait le tour avant la nuit. »  
Le batteur accélère, et Gaspar reste con, totalement perdu ; pourquoi il vient de changer d'humeur tout à coup, là ? Le chanteur ne se rappelait pas qu'il était aussi lunatique... « Hey, ça va ? demande-t-il doucement en le rattrapant d'une foulée un peu plus vive. Qu'est-ce qui se passe, tu as... mal à ta jambe ? »
Ah, vu le regard qu'il vient de prendre, ce n'est peut-être pas ça. « Tu as trop chaud, tu veux boire un peu ? Eh, je comprends pas là... »
Cette fois, Gaspar saisit la main de son amant, l'oblige à s'arrêter et le supplie du regard ; tout allait bien, alors... quoi ? « Hey, chéri, s'il te plaît... »

Pourquoi est-ce qu'il a fallu que Gaspar la ramène avec son histoire de super copains qui vont lui apprendre plein de trucs, hein ? Oui, bien entendu que ça l'énerve Oliver, tout comme il sait que ça ne devrait pas. Boitillant un peu plus vite sur le sentier qui fait le tour du lac, il jette un regard peu amène à un Férosinge en train d'essayer de chercher la merde auprès de Tempête ; Tempête qui en a visiblement très marre de rester dans ses bras, et qu'il est obligé de faire descendre. Elle se place à côté de lui, sautille, essaie de battre des ailes, sans succès apparent. Elle va avoir beaucoup de chemin à faire, et le piaillement mécontent qu'elle pousse lui rappelle un peu ses propres grognements de frustration, à l'époque où il était incapable de mettre un pied devant l'autre sans qu'une violente décharge de souffrance irradie dans tout son corps. Il ralentit doucement le pas, qu'elle le suive en attendant ; ils referont une nouvelle tentative plus tard, là il est vraiment trop agacé.

Sauf que les deux jambes de Gaspar fonctionnent parfaitement bien et, en quelques foulées horriblement frustrantes, il le rattrape. « Hey, ça va ? » Non, ça ne va pas. Parce qu'Oliver est en train de se rendre compte qu'il ne lui fait absolument pas confiance et ça, c'est un vrai problème qu'il va falloir régler vite. Qu'est-ce qu'il croyait, finalement ? Que douze années allaient suffire pour lui faire oublier le terrible chagrin que son abandon a provoqué ? Que comme si de rien était, tout allait reprendre comme avant ? Non, bien sûr, c'était impossible, pas sans passer par des écueils dans ce genre, énervants, qui lui font tourner la tête d'un air patibulaire en dépit de l'expression inquiète et de la voix douce de son amant, qui ne comprend absolument pas ce qu'il a fait de mal. « Qu'est-ce qui se passe, tu as... mal à ta jambe ? »

Qu'il foute sa jambe tranquille, songe-t-il, accompagnant sa désagréable pensée d'un regard sombre, peu amène. N'importe qui d'un peu soigneux de sa dignité déciderait de le laisser tranquille ; mais Gaspar insiste, ses grands yeux verts brillent quand il le regarde, et malgré toutes ces années, Oliver y voit encore cet adolescent perturbé et mal dans sa peau qu'il aimait trop fort pour avoir eu le courage de l'oublier. Ce putain de gosse de trente ans qui ne sait absolument pas ce qu'il fait, et qui ne tourne pas sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. « Tu as trop chaud, tu veux boire un peu ? Eh, je comprends pas là... » Une main se saisit de la sienne, l'arrête ; d'accord, peut-être que soudain, Oliver a un peu honte de son coup de colère parfaitement injustifié. Enfin, il n'était peut-être pas obligé de préciser pour le super canon, mais. Est-ce que c'est vraiment une raison pour « Hey, chéri, s'il te plaît... »

Ce ton suppliant, ce mot qu'il emploie, comme s'ils étaient déjà ensemble et qu'aucune barrière ne les séparait, arrache doucement la peine au creux de sa poitrine ; d'abord silencieux, Oliver le dévisage encore une fois, comme souvent depuis qu'ils se sont retrouvés. C'est un peu comme s'il avait du mal à y croire, et c'est sans doute le cas ; il se rappelle très bien de ce dernier matin, durant lequel il l'a regardé une bonne heure dormir dans ses bras avant de le réveiller, comme par crainte qu'il s'enfuie aussitôt qu'il aurait ouvert les yeux. Ça n'a pas été le cas ; ce matin-là, un sourire endormi mais radieux a éclairé les lèvres du chanteur quand il a croisé ses yeux noirs et alors, il a compris que le doute n'était plus permis quant à sa décision. Et pourtant, ça ne l'a pas empêché de réagir comme un crétin, là, tout de suite.

Alors il lève la main, Oliver, la glisse d'abord sur la joue de son amant, remonte doucement sur sa tempe pour atteindre ses cheveux... et les ébouriffer sans ménagement. Terminé, le gel, les heures de préparation pour être le plus parfait possible, c'est dans toutes ses imperfections qu'il l'aime, dans tout ce qu'il ne montre pas. Ses cheveux blonds en pétard et son air totalement surpris, qui disparait aussitôt qu'il se saisit de ses lèvres sans lui demander son avis, satisfait de le sentir devenir presque mou entre ses bras, heureux de compter pour de vrai là où leur adolescence n'avait jamais laissé voir qu'une relation tue, secrète, délitée par les mensonges et les silences. Aujourd'hui, si Oliver a la chance de pouvoir vivre tout ça de nouveau, ce sera pleinement, entièrement. Quand il recule doucement pour le regarder, ses yeux sombres dénués de toute colère dévorent avec une infinie tendresse ceux, paumés, d'un Gaspar qui doit sûrement penser que la maladie de Mallo a déteint sur lui. « Désolé, j'suis un peu crétin, murmure-t-il doucement en posant son front contre le sien. » Un gros crétin jaloux, qui devrait vraiment arrêter de se méfier à la moindre phrase par exemple. « Ça ira mieux quand t'auras divorcé. J'crois que j'ai encore un peu de mal à l'idée de partager. » Sans doute parce qu'il l'a trop fait, ou qu'il n'a pas eu l'occasion de le faire, à l'époque. « Surtout avec des mannequins canon. Imbécile. »

Gaspar est complètement perdu ; il veut bien admettre qu'il a peut-être fait quelque chose de mal mais dans ce cas il faut lui dire quoi, parce que là, il ne voit vraiment pas. Il n'a pourtant rien dit de désagréable, si ? Son regard implore Oliver : il n'a pas du tout envie qu'ils recommencent à se disputer comme quand ils se sont retrouvés alors... mais ce n'est pas du tout ce qu'Ollie a en tête, apparemment. Pourquoi est-ce qu'il a l'air aussi perdu, tout à coup ; il n'est quand même pas en train de se dire que c'est une mauvaise idée tout ça, finalement, hein ? La pensée terrorise franchement le chanteur, et il ouvre déjà la bouche pour demander encore une fois à son amant ce qui lui arrive, mais la main qui se lève vers son visage l'arrête dans son élan.
Une caresse, douce, s'égare contre sa joue, et il en ferme les yeux en soupirant de soulagement, parce que ce geste-là ne peut rien annoncer de mauvais augure. En tout cas, c'est ce qu'il s'imagine avant que la main en question ne se jette sauvagement dans ses cheveux pour détruire son impeccable coiffure. Il est si surpris qu'il en oublie totalement de se défendre et qu'il ne pense même pas à reculer, ni pendant qu'Oliver réalise son oeuvre de destruction, ni quand, s'arrêtant enfin, il avorte toute tentative de protestation en saisissant ses lèvres sans aucun autre signe avant coureur que le regard un peu trop perçant qu'il dardait sur le visage de Gaspar.

Deux solutions, alors - les deux impliquant qu'il réponde ardemment au baiser imposé mais pas pour autant désagréable, bien au contraire. Soit Oliver n'a aucun contrôle sur ses hormones et il est dans la mauvaise période mais dans ce cas il va vraiment falloir que Gaspar s'inquiète de ses propres problèmes de mémoire, soit... Oliver est tout simplement devenu fou. D'ailleurs quand il recule et qu'il dévisage son amant avec l'air le plus paumé du monde, il ne sait toujours pas quelle solution est la bonne, mais il est en tout cas définitivement soulagé de constater que toute trace de colère a déserté le visage de son amant. « Désolé, j'suis un peu crétin »
Sur ce coup, oui, un peu, mais Gaspar se garde bien de le dire et il se contente de sourire tranquillement en sentant le souffle un peu court de son musicien s'égarer sur son visage. S'il n'est plus fâché, alors tout va bien. « Ça ira mieux quand t'auras divorcé. J'crois que j'ai encore un peu de mal à l'idée de partager.
– Partager quoi ? demande-t-il, débile.
– Surtout avec des mannequins canon. Imbécile. »
Ah mais alors... c'est ça qu'il a mal pris ? Mais. Mais pourquoi ? « Mais Ollie, articule-t-il, le visage décomposé dans l'expression la plus ahurie qu'il puisse afficher. C'est juste... un pote, je crois ? Franchement je sais même pas s'il m'aime bien alors... »
Mais là il est encore en train de s'embrouiller, hein ? Alors il se tait finalement, quelques secondes, l'air de réfléchir à ses prochains mots pour ne pas dire n'importe quoi ; finalement, il hausse les épaules, et saisit les mains d'Oliver dans les siennes en lui adressant le plus désolé de ses adorables sourires. « Je t'aime. »

Oliver s'est toujours considéré comme un mec simple, avec des envies et des besoins simples : devenir un dresseur, un maître, aller jusqu'au bout de ce rêve là et ensuite, se poser avec son mec. Ses idées ne sont jamais allées plus loin que ça, et tout ce merdier compliqué n'a jamais vraiment été son truc ; pourtant, il lui semble que toutes les relations dans lesquelles il s'est embourbé ont fini de cette façon. Il n'y a qu'à voir d'abord avec ce grand con, qui s'est barré du jour au lendemain, puis Ismaël et le deuil qu'il a fallu gérer, son affection sans bornes qu'il n'a pas été capable de lui rendre. Et les dix années à aller d'un gars à l'autre sans vraiment comprendre à quoi ça rimait, parce qu'il savait que le seul avec lequel il serait heureux était à Lathea, ailleurs, avec quelqu'un d'autre. Le souvenir de l'annonce de son coming-out et de son mariage est encore très frais dans la tête du batteur, il se rappelle très bien de s'être figé devant la télévision, quand il a reconnu le sourire lumineux de Gaspar à côté d'un type à la tête de coton-tige, arborant fièrement une bague hors de prix et annonçant qu'il allait se marier. Le verre de bière qu'il tenait dans sa main a éclaté. Ils étaient à Galar, il n'oubliera jamais.

Alors oui, bien sûr qu'il a un peu de mal à y croire ; bien sûr qu'il se demande si c'est pas juste une énorme fumisterie, tout ça, si Gaspar est sincère, si une fois que l'autre se sera réveillé, il ne se précipitera pas droit dans ses bras en l'oubliant, purement et simplement. Même ce regard un peu perdu ne parvient pas à le convaincre ; il a l'air tellement innocent son amant, tellement candide quand il le regarde comme ça, et Oliver devrait y croire plutôt que d'entendre cette petite voix insidieuse lui marmonner que c'est peut-être tout simplement une comédie pas drôle dans laquelle il est en train de tomber comme le crétin qu'il est. « Mais Ollie, bon sang, comment c'est possible d'avoir l'air aussi mignon et aussi idiot en même temps, hein ? C'est juste... un pote, je crois ? Franchement je sais même pas s'il m'aime bien alors...
– Au pire, tu t'en fous non ? » Il dit ça comme ça, hein.

Il faut un temps de réflexion à Gaspar pour continuer ; bien que la réflexion soit un grand mot quand on parle des capacités cognitives de son amant, Oliver attend, patient. Il doit bien admettre qu'il se méfie un peu, là ; n'importe quelle connerie pourrait sortir, et il n'est pas sûr d'avoir vraiment la patience. Pourtant, quand l'homme hausse doucement les épaules, cette nonchalance lui arrache un sourire. Alors il va lui dire une connerie là, il a bon ? « Je t'aime. » Ou pas. Son coeur fond peut-être un peu dans sa poitrine quand il l'étreint ; si c'est vrai tout ça, alors ces dix années se sont vraiment écoulées sans eux pour rien du tout. Il soupire, en posant son front contre le sien ; embrasse son nez avant de reculer, conscient que sinon il va se faire rembarrer parce qu'il fait trop chaud. « Moi aussi, grand con. Un peu trop j'crois bien. » Ou alors il dispose de trésors insoupçonnés de patience, mais en tout cas l'un ne va pas sans l'autre.

« De toute façon, reprend-il en levant un peu le nez, faussement fier tandis qu'ils reprennent leur marche, c'est avec moi que tu vas t'entraîner en priorité. D'ailleurs... » D'ailleurs, il est largement temps de relâcher Tempête, non ? La pauvre petite piaille au sol, sautillant pour suivre le rythme ; il la reprend dans ses bras alors, la mine concentrée. « Allez, c'est le moment de voir si les exercices à la maison ont marché, hein ? Une... deux... trois ! »

Et de la lancer dans les airs ; mais le pauvre Pokémon n'a le temps d'esquisser que trois battements erratiques avant de chuter, trop loin de lui. « Gaspar ! appelle-t-il, peut-être un peu apeuré à l'idée qu'elle s'écrase. Attrape-la ! »

Il n'y a pas grand chose de plus compliqué pour Gaspar que de se rattraper alors qu'il a conscience d'être en train de dire quelque chose de stupide. Il savait qu'il en aurait lâché une autre s'il avait essayé alors, finalement, renoncer à son explication pour aller droit au but, c'est plus simple, non ? En tout cas, ça a l'air de marcher, et il sourit de plus belle en sentant le front de son amant se poser contre le sien. L'air climatisé et le King Size de son appartement lui manquent d'autant plus. Avec un petit sourire déçu mais surtout attendri, il laisse Oliver s'éloigner et reprend la marche à ses côtés. « Moi aussi, grand con. Un peu trop j'crois bien. De toute façon, c'est avec moi que tu vas t'entraîner en priorité. D'ailleurs... »
D'ailleurs... ? Il veut vraiment faire un combat par cette chaleur ? Parce que c'est hors de question, en fait. D'ailleurs c'est ce qu'il s'apprête à dire, mais il n'en a pas le temps et heureusement : Oliver se penche pour ramasser sa Nirondelle blessée, et Gaspar se dit qu'il vient de saisir une belle occasion de la fermer. « Allez, c'est le moment de voir si les exercices à la maison ont marché, hein ? Une... deux... trois ! »

Lui, il va s'allumer une clope, c'est pas mal, ça va le... « Gaspar ! entend-il soudain, sursautant à en lâcher briquet et cigarette. Attrape-la !
– Hein ?! »
Mais de qui il... ah !
L'instant d'après, le chanteur s'étale sur le ventre, bras tendus pour attraper le petit Pokémon piaillant mais pas plus blessé qu'il ne l'était déjà. Lui, finalement, il peut s'estimer heureux d'être vêtu de sa tenue de motard, parce qu'il se serait fait très mal, dans le cas contraire. A défaut d'avoir un cerveau, heureusement qu'il a des réflexes. Tempête s'enfuit de ses mains et lui, il se relève en grommelant. « On devrait peut-être faire ça au-dessus de l'eau, non ? Je libère Silver pour qu'elle puisse l'aider à rejoindre la rive quand elle tombe, mais au moins on sera sûrs qu'elle se fait pas mal. »
Contrairement à lui qui, s'il n'est pas blessé, est quand même couvert de poussière - poussière qu'il s'emploie d'ailleurs à tapoter partout sur son corps pour la dégager méticuleusement.
Ensuite, il récupère une pokéball à sa ceinture, et fait apparaître la petite Minidraco qui regarde autour d'elle, curieuse. « Dis ma belle, tu pourrais nous donner un coup de main ? Tempête est blessée. »
Mais Silver ne connaît pas Tempête, alors elle s'approche très prudemment, jusqu'à ce que la Nirondelle la laisse renifler le bout de son aile. Aussitôt, elle écarquille les yeux et dévisage le Pokémon oiseau, poussant un petit cri de détresse avant d'imposer un câlin précautionneux mais sans aucun doute intrusif à la petite blessée. « Bon, rigole Gaspar, je pense qu'elle voudra bien aider. »

« Hein ?! » Vite, vite elle va tomber Tempête, et si elle se fait encore plus mal Oliver ne se le pardonnera sans doute jamais. Les yeux écarquillés d'horreur devant la chute libre de son Pokémon, il s'apprête lui-même à se jeter en avant mais par chance, les réflexes de son amant sont absolument excellents ; Gaspar tombe à plat ventre, bras tendus pour réceptionner le petit corps de sa Nirondelle qui lui tombe dessus comme une pierre dans un piaillement pitoyable. D'accord, la lancer c'est une idée à la con, hein ? Ou alors il aurait dû s'y prendre autrement. Il devrait demander des conseils pour le dressage, mais ses rapports ne sont pas assez bons avec Mallo pour qu'il tente l'expérience. Les lèvres pincées, il regarde son Pokémon quitter les mains du chanteur pour retourner au sol ; est-ce qu'elle va seulement arriver à s'en remettre, de cette blessure ?

« On devrait peut-être faire ça au-dessus de l'eau, non ? Je libère Silver pour qu'elle puisse l'aider à rejoindre la rive quand elle tombe, mais au moins on sera sûrs qu'elle se fait pas mal. » C'est une bonne idée, ça le surprend presque un peu que Gaspar en soit à l'origine. Mais préférant garder ce genre de pensées un peu nulles pour lui, Oliver hoche la tête, en regardant son amant tapoter la poussière un peu partout sur ses vêtements, presque précieusement. Comment compte-t-il devenir dresseur s'il ne supporte pas de se salir et de dormir dans une tente, le jeune homme n'en sait rien, mais les efforts sont beaux, et le soin qu'il apporte à ses Pokémon lui donne bon espoir, au moins. Il était très bon comme chanteur, il a toujours été un excellent musicien, mais ce n'était qu'à moitié lui, finalement.

Silver finit par sortir de sa Pokéball, toujours aussi craintive et curieuse ; elle regarde son dresseur dans l'attente d'un ordre, et Oliver a un peu de mal à ne pas trouver ça horriblement mignon, finalement. « Dis ma belle, tu pourrais nous donner un coup de main ? Tempête est blessée. » Et la pauvre Nirondelle n'aime pas du tout qu'on le lui rappelle, d'ailleurs. Elle est un peu comme lui, en ce sens ; deux éclopés qui refusent de considérer qu'ils ne valent rien, quand bien même ce serait vrai. Mais l'approche de Silver est douce, son empathie débordante ; en quelques secondes, voilà qu'elle se met Tempête dans la poche. « Bon, je pense qu'elle voudra bien aider. » Il se met à rire son chanteur, et la pensée le rassure ; alors Oliver rattrape son Pokémon avant de faire signe à Silver pour qu'elle entre dans l'eau. « Super ma grande, t'es géniale. Ramène Tempête jusqu'à la rive si elle tombe. » Une chance que les plumes des Pokémon oiseaux résistent à l'eau, songe-t-il en hissant sa Nirondelle sur son bras. « T'es prête ? »

Un cri strident retentit à son oreille : ça doit vouloir dire oui, songe le dresseur en hochant la tête. Deux ailes s'étendent, et lorsqu'il la lance de nouveau, c'est en direction du lac ; mais le résultat est le même, et après quelques battements faibles et saccadés d'ailes, le pauvre Pokémon chute de nouveau avant de tomber dans l'eau froide dans un grand bruit d'éclaboussures. La vision lui brise le coeur. « Tu crois qu'elle pourra plus jamais voler ? » Bien sûr que ça l'angoisse ; un peu comme pour lui quand on lui a dit qu'il ne pourrait plus jamais courir. Quel avenir pour un Pokémon oiseau, s'il est condamné au sol ? « Faut absolument qu'elle y arrive, je... je sais même pas qui contacter pour trouver un moyen de l'aider. » La pensée le met mal à l'aise et il pince doucement les lèvres, Oliver. « Des fois j'ai vraiment l'impression d'être un dresseur de merde, termine-t-il alors que Silver ramène précautionneusement une Tempête déçue jusqu'au rivage. » Un bon aurait peut-être déjà trouvé la solution.

« Super ma grande, t'es géniale. Ramène Tempête jusqu'à la rive si elle tombe. » 
Ou plutôt, quand elle tombera. Parce que Gaspar a beau être optimiste et un peu con, il faut voir la vérité en face : la Nirondelle est salement blessée et elle commence juste sa rééducation. Elle ne va pas s'envoler du premier coup ; s'ils partaient de ce postulat ils ne prendraient pas la peine de la faire essayer au-dessus du lac. « T'es prête ? »
En tout cas elle est bien courageuse, Tempête, songe Gaspar en la voyant s'envoler puis, sans surprise, tomber comme une pierre dans l'eau étincelante. Silver, comme prévu, la récupère aussitôt, et si lui regarde la scène les bras croisés sans trop s'émouvoir pour l'instant, il ne manque absolument pas l'air totalement découragé de son amant. « Tu crois qu'elle pourra plus jamais voler ? 
– Ollie, dis pas de bêtise, répond-il, presque offusqué devant tant de pessimisme. » 
Il n'y a pas besoin d'être un exemple d'intelligence pour comprendre que le batteur fait une simple projection sur ce Pokémon, et qu'il espère qu'elle guérira au moins aussi fort qu'il a espéré pouvoir guérir ; mais partir de ce principe ne fera que l'entraver, alors ce n'est vraiment pas la chose à faire. « Faut absolument qu'elle y arrive, je... je sais même pas qui contacter pour trouver  un moyen de l'aider. » 
S'ils n'ont rien pu faire au Centre Pokémon alors il n'y a sûrement pas de meilleure solution que celle-ci, se dit Gaspar, impuissant lui-aussi. « Des fois j'ai vraiment l'impression d'être un dresseur de merde. 
– Bon, t'arrêtes un peu de dire n'importe quoi ? lâche-t-il en posant ses poings sur ses hanches, les sourcils froncés. Tempête est blessée et elle a besoin d'apprendre à voler autrement maintenant que son corps ne fonctionne plus comme avant. Tu dois être bien placé pour savoir que ça se fait pas en claquant des doigts, non ? » 
Il y va fort, là, et dès qu'il s'en rend compte, le chanteur s'adoucit, s'approche de son amant pour lui prendre les mains. « Tu ne peux pas faire des miracles, Ollie. Et elle non-plus, il faut que tu lui laisses du temps et que tu l'encourages, pas que tu te descendes et que tu poses des questions aussi bêtes que "et si elle revole jamais ?" juste sous son nez, ça doit juste lui faire peur. »
Il ose un sourire encourageant, presse un peu plus fort les mains qu'il tient dans les siennes. « Je sais que tu t'inquiètes. Et elle-aussi, sûrement, c'est pour ça qu'elle a besoin de toi. Te décourage pas, s'te plaît. »
Les petits bruits qu'il entend depuis le bord du lac lui font tourner la tête ; apparemment Silver est en train de convaincre Tempête exactement comme il est en train d'essayer de convaincre son dresseur. C'est bien, ils font la paire.

« Bon, t'arrêtes un peu de dire n'importe quoi ? » Quoi, ce n'est pas vrai peut-être ? Quels Pokémon est-il supposé dresser exactement ? Entre Tempête qui est incapable de voler et Meleys qui se fout de sa gueule à chaque fois qu'il lui donne un ordre, où peut-il bien se placer pour réussir ? Il se sent nul, et le petit air sévère de son amant ne l'aide pas du tout à penser le contraire. « Tempête est blessée et elle a besoin d'apprendre à voler autrement maintenant que son corps ne fonctionne plus comme avant. Tu dois être bien placé pour savoir que ça se fait pas en claquant des doigts, non ? » Ha. Il est certain de vouloir s'aventurer sur ce terrain-là, Gaspar ? Non parce qu'il peut lui rappeler, Oliver, qu'il n'a pas la moindre idée de ce dont  il parle son chanteur, puisqu'il n'était pas là quand c'est arrivé. Il l'a appris dix ans après, il n'a rien su de tout ce qu'il a dû encaisser pendant ce temps-là alors qu'il n'essaie pas de faire des comparaisons foireuses comme ça. Oliver n'aime pas parler de sa blessure, c'est un sujet qu'ils n'abordent tout simplement jamais.

« Tu ne peux pas faire des miracles, Ollie. Et elle non-plus, il faut que tu lui laisses du temps et que tu l'encourages, pas que tu te descendes et que tu poses des questions aussi bêtes que "et si elle revole jamais ?" juste sous son nez, ça doit juste lui faire peur. » Pourtant, et bien loin de continuer à l'engueuler comme il l'avait commencé, Gaspar lui sourit avec douceur, en serrant ses mains dans les siennes. Comme il aurait aimé que ce genre de gestes arrive il y a dix ans. Celui qui les esquissait n'avait pas la force de le soutenir, broyé par son propre chagrin, et de toute manière Oliver n'a jamais eu envie d'écouter les conseils d'Ismaël. « Je sais que tu t'inquiètes. Et elle-aussi, sûrement, c'est pour ça qu'elle a besoin de toi. Te décourage pas, s'te plaît. »

Oui, il le sait. Et il essaie, de lui dire que ce n'est pas si terrible, qu'elle ne volera sans doute jamais aussi longtemps ni aussi bien que les autres mais que ce n'est pas grave ; le coeur n'y est pas pourtant, parce que la peur qui l'étreint est exactement la même que celle qu'il ressent, et il le sait. Voilà pourquoi il avait si peur de la garder. Alors, il pince doucement les lèvres tandis que la Nirondelle secoue ses ailes trempées avant de sautiller vers lui dans  un piaillement à fendre l'âme. « D'accord, lâche-t-il finalement en se penchant pour attraper son Pokémon, qui étend déjà ses ailes pour recommencer. On va réessayer. »
Et bien sûr, c'est un nouvel échec. Une fois, deux, trois, elle est vaillante pourtant, même si au quatrième lancer raté, elle a un peu plus de mal à être soutenue par Silver. Oliver, lui, la regarde en silence. Sa main est enfermée dans celle du chanteur, quand il soupire. « Les premiers mois de ma rééducation ont été horribles, confesse-t-il en tournant la tête vers lui. Le médecin me disait d'y aller doucement mais je me forçais à faire des choses que j'étais pas en état de faire. » Et Tempête a bien l'air de vouloir faire pareil. « J'ai mis plus de temps à guérir, du coup. Mais c'était même pas la peine de me faire entendre quoi que ce soit et pourtant Arceus sait qu'Isma a essayé à l'époque. » Il a essayé pendant quatre ans. « J'ai pas envie qu'elle se décourage comme ça m'est arrivé à moi, c'est tout. J'voudrais qu'elle y arrive, et j'ai pas beaucoup de patience. » Ce qui est dommage, quand on en a besoin pour guérir, songe-t-il avec un petit sourire, en secouant la tête. « D'ailleurs j'ai rencontré un mec ici, un  scientifique, on a un peu discuté. Un Arcanin pour m'aider quand on voyage, tu crois que c'est une bonne idée ? »

Oliver ne lui répond pas, et Gaspar pince un peu les lèvres, parce qu'il n'est pas sûr que son amant ait très bien pris sa maladroite tentative d'encouragement. Être défaitiste ne sert à rien, c'est tout ce qu'il a voulu dire, mais peut-être qu'il ne s'y prend pas comme il faut, se dit-il, un peu mortifié alors que son amant se penche pour récupérer son Pokémon vaillamment décidée à recommencer. « D'accord. On va réessayer. »
Le chanteur ne dit plus rien durant les essais qui suivent ; il se contente de regarder en tenant la main d'Oliver, qu'il sent se crisper, mais qu'il n'entend plus qu'encourager la Nirondelle de plus en plus fatiguée. Il ne faut pas qu'elle force trop, non-plus, ce serait sûrement pire que mieux... « Les premiers mois de ma rééducation ont été horribles. Le médecin me disait d'y aller doucement mais je me forçais à faire des choses que j'étais pas en état de faire. » 
C'est exactement ce qu'il faut éviter à Tempête, du coup. Elle n'a pas l'air beaucoup plus raisonnable. « J'ai mis plus de temps à guérir, du coup. Mais c'était même pas la peine de me faire entendre quoi que ce soit et pourtant Arceus sait qu'Isma a essayé à l'époque. » 
Mais se raisonner dans ce genre de cas, c'est sûrement compliqué. Gaspar ne peut que le supposer. S'il devenait incapable de chanter du jour au lendemain il le vivrait probablement très mal et il n'écouterait personne. « J'ai pas envie qu'elle se décourage comme ça m'est arrivé à moi, c'est tout. J'voudrais qu'elle y arrive, et j'ai pas beaucoup de patience. » 
Mais le temps et le courage seront les meilleurs alliés de Tempête pour se remettre de son accident. Du courage, elle n'en manque assurément pas ; quant au temps, il va falloir être patient, tout simplement. « D'ailleurs j'ai rencontré un mec ici, un scientifique, on a un peu discuté. Un Arcanin pour m'aider quand on voyage, tu crois que c'est une bonne idée ? 
– Ça brûle pas, les Arcanin ? demande-t-il, surpris. Si tu t'assois directement sur son dos tu dois cramer, comme pour les Galopa... non ? »
Pourquoi il ricane, Oliver ? « C'est pas drôle, réplique-t-il en fronçant les sourcils. Avec une selle, tu veux lui monter dessus ? Non parce que c'est pas con, même pour voyager tout court en fait, j'en veux bien un aussi... »

« Ça brûle pas, les Arcanin ? Si tu t'assois directement sur son dos tu dois cramer, comme pour les Galopa... non ? » C'est incroyable, comme Gaspar peut être à la fois extrêmement clairvoyant pour certaines choses et complètement con pour d'autres. Le cas présent en est l'exemple le plus parlant ; il croit vraiment qu'on va se brûler les fesses en montant sur le dos d'un Arcanin ? La pensée lui arrache un petit ricanement, parce que même s'il n'aime pas trop dire que son amant n'a pas inventé l'eau chaude pour certaines choses et dans certains domaines, il faut quand même bien reconnaître quand c'est vrai, songe-t-il en posant une main devant sa  bouche pour ne pas trop vexer l'homme qui a déjà froncé les sourcils.

« C'est pas drôle.
– Non, c'est vrai, désolé, dit-il alors en essayant, de toutes ses forces au moins,
de reprendre un tout petit peu d'un sérieux définitivement perdu.
– Avec une selle, tu veux lui monter dessus ? Non parce que c'est pas con, même pour voyager tout court en fait, j'en veux bien un aussi... » Ah alors celle-là il aurait clairement dû s'y attendre, songe le batteur bien incapable de faire semblant de ne pas rire ce coup-ci, en dépit de l'air parfaitement outré de son amant. « Pourquoi, parce que marcher te fait mal aux  pieds, grand dresseur du dimanche ? » Elle est pas mal celle-là, songe-t-il en récupérant finalement une Tempête épuisée qu'il décide de ne pas renvoyer dans le ciel, préférant la caler sur son épaule pour lui donner une friandise. Elle a très bien travaillé, maintenant il est temps qu'elle fasse une pause. « Les Arcanin n'ont pas la peau brûlante donc tu peux monter dessus sans problème. Et je parlais d'un usage thérapeutique, espèce d'andouille, pas de petit confort. » S'il n'avait pas la hanche en vrac, il n'envisagerait jamais cette possibilité. « Toi t'as qu'à trouver  un Galopa de Galar, ça serait nickel pour tes petites promenades de dresseur, je pense, sweety. » T'es sûr d'être vraiment fait pour ça ?