La Pokéball s'envole dans les airs, et peut-être qu'Oliver retient un tout petit peu son souffle quand une forme en émerge dans un piaillement presque douloureux, alors que le soleil éclaire peut-être un peu trop fort la surface du lac près duquel Oliver a garé la voiture. Il fait un temps magnifique, mais la chaleur risque d'être problématique pour les heures à venir, et s'il ne craint pas trop la température, quelque chose lui dit que l'homme qui vient de garer sa moto à côté de la voiture risque de pester pendant une bonne partie du tour qu'ils entreprennent. Il l'entend d'ici : il fait trop chaud, oh lala mes cheveux c'est n'importe quoi, et comment je vais faire, je peux plus lever les  bras... Et sans doute en rirait-il déjà d'avance, le batteur, s'il n'était pas en train d'observer la silhouette de Tempête apparaître à deux mètres au-dessus de lui, tenter de maladroits battements d'ailes... et chuter directement dans ses bras.

« Héla, doucement, championne, rigole-t-il en saisissant le Pokémon piaulant de frustration dans ses bras. On va y aller tranquillement, d'accord ? »

Gaspar et Oliver ne se sont pas vus depuis quelques jours, mais son téléphone a rarement autant servi : appels, messages, le nom du chanteur est absolument partout depuis qu'il a remis un pied dans sa vie. C'est sa place dans son entièreté qu'il a pris dans son coeur, et bien sûr qu'il lui a manqué ; ces derniers jours ont été cauchemardesques pour Oliver, qui a subi presque quotidiennement les vexations d'un Mallory furieux exigeant le numéro de téléphone de Gaspar pour lui dire deux mots au sujet de quelque chose qui ne le regarde, évidemment, pas du tout. A savoir lui. Même Sophie en a eu marre des humeurs de son dresseur, et c'est dire. Cette journée-là ne va pouvoir leur faire que du bien, et si Oliver trépigne à l'idée d'être enfin débarrassé de ce qui les sépare encore, il prend son mal en patience ; en attendant de tout quitter et de partir, ces visites hebdomadaires suffiront. Tant que ce con ne reste pas dans le coma pendant six mois, ça lui va.

D'un bras, il soutient le corps de Tempête qui gigote tandis que sa main libre saisit celle de son amant et qu'il sourit de toutes ses dents. Aujourd'hui, il entraîne sa Nirondelle, tout en faisant le tour du lac qui risque bien de leur prendre la journée. Heureusement, et sans doute qu'il a bien fait d'y penser, il a prévu de quoi manger parce qu'il y a peu de chances pour que Gaspar ait eu cette présence d'esprit. « Je l'ai laissée se reposer à la maison cette semaine, le temps que son aile finisse de se remettre mais ces derniers jours, elle avait vraiment la bougeote, poursuit-il alors que, comme pour lui donner raison, un piaillement résonne dans ses bras. D'ailleurs j'ai ramassé un Medhyèna quand je suis allé à Nathalia, il était plutôt mal en point aussi. » Et c'était peu dire ; le premier jour, il a fallu forcer pour lui faire avaler quelque chose. « Et ton Héricendre chromatique, tu t'en sors d'ailleurs ? »

Il fait chaud. Tellement chaud, si chaud que c'est intenable, c'est affreux, c'est horrible mais quelle idée nom d'un ponchiot de sortir faire une randonnée par cette chaleur ? Ils n'auraient pas pu tranquillement se retrouver dans l'appartement climatisé de Gaspar, non, Ollie a absolument tenu à sortir par ce temps mais quel idée, non, quelle idée vraiment. C'est décidé ; dès qu'ils se seront éloignés de la zone de plage où flannent quelques masochistes qui doivent particulièrement affectionner les coups de soleil, Gaspar se déshabillera, et qu'Oliver ne tente pas le moindre geste vers lui, il en est simplement hors de question : s'il le voulait lui à poil, il n'avait qu'à le rejoindre à Enoville. Déjà que son pantalon de motard en cuir lui colle à la peau, il ne va pas s'infliger, en plus, un contact. Non, pas question. 
Ou alors si, mais juste sa main dans la sienne, et voilà. C'est tout. Même ses lunettes de soleil placées sur son nez le font transpirer, c'est dire si c'est l'horreur. « Je déteste l'été, maugrée-t-il alors que Tempête piaille de mécontentement.
– Je l'ai laissée se reposer à la maison cette semaine, le temps que son aile finisse de se remettre mais ces derniers jours, elle avait vraiment la bougeote, raconte Oliver et Gaspar n'a d'ailleurs pas de mal à le croire. D'ailleurs j'ai ramassé un Medhyèna quand je suis allé à Nathalia, il était plutôt mal en point aussi.
– T'es bien sûr que t'es pas pokélover, hm ? le taquine-t-il en réponse, ricanant au coup de coude qu'il prend dans les côtes alors que son amant reprend.
– Et ton Héricendre chromatique, tu t'en sors d'ailleurs ?
– Oui et non, grimace-t-il, en passant sa main libre dans ses cheveux déjà à moitié trempés - quelle catastrophe. Il est gentil à la maison et il s'entend bien avec les autres mais il n'écoute rien. Je l'ai même pas pris avec moi, c'est te dire... »
Ce joli petit trésor ramassé bien plus que capturé est une vraie tête de mule, il n'a jamais vu ça. « Même Tye était moins borné, alors tu vois... enfin bon. J'ai un peu la flemme de m'entraîner aujourd'hui, je t'avoue, il fait beaucoup trop chaud. Je verrai bien si on croise un Pokémon intéressant mais sinon, j'infligerai pas ça à mes pauvres bébés. »
Moi, complète-t-il en jetant un coup d'oeil à son amant, à moitié amusé et à moitié accusateur, parce que lui, pour le coup, ne se gêne absolument pas pour faire subir ces températures de fou furieux à son cher et tendre amant, hein.