Comme c'est souvent le cas, c'est le pokémon sauvage qui craque en premier. C'est la plus grande différence stratégique que j'ai pu observer entre les pokémon sauvages et les pokémon domestiqué. L'instinct incontrôlé et indiscipliné pousse les premiers à la faute sans qu'il puissent y faire quoique ce soit. Les seconds perdent de cet instinct pour se raccrocher aux conseils et aux ordres d'un dresseur. Ils n(ont plus à prendre de décisions importantes. Si on enlève ça de l'équation, mon Dardargnan est beaucoup plus une machine de guerre impitoyable qu'un de ses congénères dans la nature...

Il en est de même pour l'Herbizarre qui décide de passer à l'offensive de manière inconsidérée.

Quelques échanges plus tard, le pokémon sauvage est criblé d'impacts, percés de part en part par le dard et les lances de Kipik. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'il s’affaiblisse à cause du poison.

L'Herbizarre s'est finalement rendu compte qu'il était empoisonné. Les attaques de mon Dardargnan ne font pas toutes mal sur le coup. Cela donne de la confiance à son adversaire qui se dit qu'il affronte un adversaire trop faible pour faire de véritables dégâts. Il faut savoir se montrer sournois de temps en temps pour arriver à ses fins. Le monde n'est pas tout rose et parsemé de petite cœurs. Le nature en particulier est étonnement cruelle.

Pourtant l'Herbizarre aurait dû s'en douter, partageant le double type Poison.

Il était sans doute trop aveuglé par l'idée d'attaquer et de faire de gros dégâts à Kipik afin de l'achever. Je ne sais pas. Toujours est-il que c'est maintenant une proie facile. Lorsqu'il prend la fuite, nous le suivons patiemment. Après quelques minutes il ralentit et à partir de là c'est presque terminé.

Je sors une superball.

L'Herbizarre utilise ses dernières forces pour se relever. Ses pattes chancellent sous son poids avant qu'il ne s'effondre. J'empoigne ma ball et lui lance sur la tête. Je doute qu'il ait encore assez de forces pour résister. Même si je ne sais pas comment marche la capture dans une pokéball exactement. Tant qu'il sera impossible de communiquer avec un pokémon, on ne saura vraiment jamais. J'espère juste que ce n'est pas douloureux. Et si ça l'est, que ça reste bref et uniquement présent lors de la toute première entrée...

La Superball s'agite légèrement une seule fois avant de se verrouiller. Capture critique.

Je récupère la ball et la glisse dans mon sac à dos sans cérémonie. Je souris quand même et félicite mon Dardargnan. Seulement, vu l'état de mes vêtements et les griffures sur mes bras, je sens qu'Alix va me tuer.

Nous reprenons notre petit bonhomme de chemin. Je sais d’expérience que le sentier débouche sur une petite clairière isolée qui sera parfaite pour ce que j'ai en tête ce soir : Un pique nique et une nuit à la belle étoile. Je sens que ça va être tout bonnement magique ! Cependant, il faut que je travaille dur pour que tout soit parfait. Je compte notamment dégagé un peu le sentier des branchages et autres obstacles. Faire le garde forestier en somme. Y'a pas de sous-métier ! Et puis mes compagnons vont m'aider.

Seulement il y aura toujours un hic.

Je ne peux contrôler la population de pokémon sauvages relativement agressive de la zone. Ce que je peux faire pas contre c'est mitigé ce problème et c'est là que ma connaissance, certes superficielle, des baies intervient ! Je vais faire le tour de l'endroit du rendez-vous et parsemer de la bouffe pour pas qu'on soit trop dérangés.

L'inconvénient avec ce plan ce n'est pas de me rendre sur le site de la clairière enchantée. C'est clairement de devoir jeter des baies un peu partout au préalable sans attirer l'attention des pokémon sauvage en ce faisant. Je décide surtout qu'il serait préférable de mettre le paquet vers l'ouest et le nord autour du lieu du rendez-vous. Qu'il y ai quelques pokémon sur le chemin depuis Jude's Creek ne me pose pas de problème. Ils ne seront pas nombreux si près de la civilisation.

Par contre vers le grand ouest et nord, c'est un monde sauvage.

Nul doute que les pokémon qui s’aventureront depuis ces directions ne seront pas à prendre à la légère. alors quand j'arrive éventuellement à la clairière après une bonne demi-heure de marche, je prends de suite mes dispositions. Je sors ma boîte de baies et je m'élance plein ouest.

Je sais que le climat évolue rapidement plus on se rapproche des Promontoires d'Osira mais là je trouve que c'est un peu abusé. J'ai pas fais cinquante mètres que c'est presque le permafrost. Une épaisse neige recouvre le sol et le paysage passe de la forêt vivante à un véritable coupe-gorge. L'obscurité s’installe alors, renforçant cette impression de cimetière. C'est glauque à souhait et me rappelle ma dernière aventure en ces lieux. J’ai fini presque enterré sous la neige et la Championne Angarad elle-même a dû être mobilisée pour me secourir.

La bonne grosse loose.

Contrairement à la dernière fois, je ne compte pas explorer trop loin. D'ailleurs une centaine de mètres depuis la clairière c'est amplement suffisant. J'ouvre ma boite et en extrait une baie grise qui ne ressemble à rien et parait peu ragoutante. C'est une baie générique, destinée à toutes sortes de pokémon.

Ca fera l'affaire.

Je dépose les baies une par une dans des endroits légèrement insolites. Je les pose pas simplement par terre. De peur qu'un pokémon les trouve au hasard. Même si les sens de ces derniers leur permettront assez facilement je pense de les retrouver. J'essaye juste de ne pas tenter les idiots ou ceux qui n'ont pas de sens aiguisé. Je suis persuadé qu'il y en a. Au moins quelques uns. Après je ne suis pas contre ceux ui en trouve plusieurs non plus.

Je vois me^me se développer un brin de territorialité.

Je pense que certains résidents vont se bagarrer dans le coin pour avoir le droit de contrôler la zone où se trouve les baies. Et ça m'arrange. Même si dans l'idéal ils ne feront pas de boucan ! Rien de plus emmerdant que du vacarme quand tu veux être tranquille avec ta chérie et potentiellement conclure...

Si je ne croise pas encore de pokémon alors que j’évolue lentement sur une neige de plus en plus épaisse et boueuse, je les entends farfouiller aux alentours. Je sais que si je ne vois rien, ça ne veut pas dire que rien ne me voit. D'ailleurs, Kipik est aux aguets et sa concentration semble inébranlable. Il est prêt à tout pour me protéger et ce peu importe la menace. J'admire sincèrement son caractère. J'aurais été incapable de me dévouer corps et âme à la protection d'un autre être vivant il y a encore quelques semaines.

Depuis Alix a pointé le bout de son nez.

Et je ne jure que par elle. C'est dingue comment une vie peut basculée du jour au lendemain. Je continue de jeter des baies et j'aperçois enfin un premier pokémon. Il s'agit d'un Boskara, un pokémon qui ne fait généralement pas d'histoire. Un glouton pour le coup.

Il suffit que je vois un pokémon et lui porte un certain intérêt non agressif et voila qu'il sortent de leur cachette. Je distingue plusieurs Boskara, probablement la famille de celui qui mange des baies dans ma main. Ouais j'ai ce pouvoir sur les pokémon et les sauvages en particulier. C'est le pouvoir de les amadouer en un temps record. Le problème c'est que dès que la source de bouffe se tarie, soit ils partent déçus, soit ils attaquent pour en avoir plus...

C'est pas une solution viable à long terme.

Mais ça peut sauver ta peau quand t'es en galère en face d'un pokémon sauvage menaçant. Genre quand tu marches sur un nid sans faire exprès au détour d'un bosquet et que t'as à moins d'un mètre d'un œuf gardé par des parents anxieux prêts à te sauter à la gorge.

Histoire malheureusement vraie...

En attendant je savoure ces interactions avec des pokémon qui se laissent rarement approcher de la sorte. si mon Dardargnan était sur ses gardes et repoussait les intrus, il est à présent moins tendu. Il a compris ce qui se passait et je l'ai même vu faucher une baie qu'un Groret avait laissé tomber. Visiblement pour lui c'est la pause ! Je dois avoue que ça m'étonne de le voir agir ainsi alors qu'il est officiellement en service et chargé de ma protection.

Mais je laisse courir. Je ne suis pas un tortionnaire.

Je sais cependant qu'il va ma falloir l'être un peu plus envers certains de mes compagnons, Bibi ma Bombydou en tête. Je pensais que sa timidité évoluerait avec le temps. En bien évidemment. Mais ce n'est pas vraiment le cas. Elle reste sans arrêt à l'intérieur de ma chemise. Même si elle se montre plus à son avantage avec nos autres compagnons et les pokémon en général.

Malheureusement, quand les choses se passent trop bien, c'est généralement signe qu'elles vont empirer. En tout cas chez moi c'est toujours comme ça que ça se passe ! Je suis un poissard reconnu et les dieux m'en veulent pour une raison que je ne m'explique pas. Je suis peut être trop doué, trop intelligent. J'ai reçu trop de dons à la nature. Honnêtement, toutes ces explications se valent et sont légitimes. Je glousse intérieurement. si Alix m'entendait...

Je distingue éventuellement un Cerfrousse entrer dans mon champ de vision.

Tous les pokémon s'arrêtent de bouger fixe l'intrus. Je comprends immédiatement que quelque chose ne va pas. soit ce Cerfrousse est l'alpha de la zone, soit il n'est pas du tout sur la même longueur d'onde que les autres pokémon sauvages. Je pense pour la deuxième solution vu qu'aucun autre pokémon ne quitte la zone d’effroi.

J’évalue la situation et considère mes options. Vaut-il mieux que j'attende que cette tension s'évapore voire même les laisser régler leurs comptes et se taper dessus ou ai-je intérêt à forcer la chose en me servant de mes baies par exemple. Je ne pense pas qu'il existe de solution miracle. Sentant la tension dans l'air, Kipik resserre la formation et vole autour de ma tête en position défensive. Si le Cerfrousse tente quelque chose envers moi, mon Dardargnan s'interposera.

Ca se décante néanmoins rapidement.

Le Cerfrousse renifle quelques baies au sol avant de les avaler goulûment. Il doit avoir une sacrée faim car il s'approche des autres pokémon sauvages en possession de ces délicieux en-cas. Il faut avouer que même mes propres pokémon en sont dingues. Cependant, cela ne vaut pas la gelée ou encore la confiture de baies. Même mes compagnons m'auraient attaqué pour ne avoir...

C'est le Boskara tout gentil et timide du début qui ouvre les hostilités en hurlant sur le Cerfrousse. ce dernier ne se laisse pas faire et refuse d'être intimidé. Ca se fait face pendant quelques secondes qui me paraissent des heures avant que le Cerfrousse n'attaque en faisant un ruade ! Et à partir de là c'est mêlée générale. Enfin générale façon de parler. Je me garde bien d m'en mêler. Je fais quelques pas en arrière avant de filer à 90 degrés vers le nord pour continuer ma tournée.

Je constate que d'autres pokémon sauvages ont suivi mon exemple et prennent eux aussi la tangente. Heureusement personne ne vient dans ma direction. après une cinquantaine de mètres, je vérifie ma boussole. Je soupire de soulagement sachant que ce n'est pas aujourd'hui que je vais me perdre. De toute façon il neige pas et la visibilité est acceptable.

Je suis pas un gros nul...