« Et après viens m'dire que t'avais pas envie de me voir, sale con. »
Il veut pas essayer de la fermer, pour voir ? Non parce que c'était quand même vachement plus agréable pendant la dernière heure, là, quand il essayait pas de dire des trucs ; au moins il cassait les couilles de personne, bien au contraire. Pour autant, Isma est beaucoup trop fatigué et hébété pour répliquer ; il se contente de ramasser sa ceinture à pokéballs tombée sur le sol, de vérifier qu'elles sont encore toutes là et de la renouer autour de ses hanches. Il a besoin d'une cigarette. Relever le nez pour l'allumer lui dévoile le garçon dont les mouvements sont en miroir des siens. Il en ricanerait, s'il avait la tête à ça. Apparemment ils ont déjà leurs petits rituels, hein ? Si Mallory voulait bien respecter les nouvelles règles règles inhérentes à la nouvelle situation ce serait encore mieux. « Et donc ? Là aussi t'as l'intention de m'foutre dehors, ou c'est bon ?
– Et toi t'as l'intention de juste te taire ou c'est vraiment hors de ta portée ? réplique-t-il dans un souffle, fatigué. Tu m'casses la tête, sérieux. »
Le tabac lui donne un petit coup de fouet, mais là, force est de constater qu'il a juste envie de dormir ; autant dire que dans le genre bonne idée, ça se pose-là. Il maugrée, cherche son masque des yeux, sur le sol. Le trouve dans une espèce de... flaque, suppose-t-il. De boue ou d'autre chose, il n'a pas vraiment envie de savoir. « Génial, grogne-t-il en renonçant à ramasser la protection, totalement foutue. Faut que j'sorte de là, j'ai plus de masque. »
Relevant le nez, il constate que Mallory non-plus. «  Tu sais comment repartir tout seul ? »
Non bien sûr, ou pas de nuit - qui vient ici la nuit, en même temps ? - et Isma commence à ricaner, nerveusement. « J'suppose que j'aurai pas la paix tout de suite, hein ? »

« Et toi t'as l'intention de juste te taire ou c'est vraiment hors de ta portée ? Tu m'casses la tête, sérieux.
– Oh, vraiment désolé de te faire l'affront de te parler, hein, on ajoute ça dans la liste des interdits, Christian Grey ? » Grince le jeune homme avec un horrible sourire, en tournant la tête vers un Ismaël qui s'est aussi allumé une clope et qui cherche déjà son masque quelque part. Le sien s'est envolé il ne sait où ; et à vrai dire, il s'en tape un peu comme de sa première couche, il faut bien l'admettre. Tout comme il se tape de l'air exaspéré du jeune homme, qui ne l'a quitté que pendant la dernière heure, parce que quand il est arrivé, il avait clairement l'air de vouloir en découdre ; mais ça, c'était bien sûr avant qu'il l'entraîne à l'intérieur de cette horrible masure.

« Génial. Faut que j'sorte de là, j'ai plus de masque. »
De toute manière, Mallory n'avait absolument pas l'intention de s'attarder dans un endroit pareil ; il a toujours détesté Nathalia, et ça ne va pas changer aujourd'hui quand bien même il en garderait un souvenir presque cuisant. «  Tu sais comment repartir tout seul ?
– Nan, répond le champion en recrachant la fumée de sa cigarette. Pas de nuit, en tout cas. » Parce qu'il a eu beau se dépêcher beaucoup trop coupablement, le crépuscule tombait déjà lorsqu'il est arrivé ; maintenant, il fait nuit noire et il va de soi que ce coin-là de la ville n'a plus d'électricité depuis un bon bail.  

Et il ricane, cet imbécile ; super, ça fait plaisir. « J'suppose que j'aurai pas la paix tout de suite, hein ?
– Oh arrête ton char deux secondes, répond aussitôt le champion en levant les yeux au ciel, agacé. Si ça t'arrache le cul à ce point d'me voir t'avais qu'à pas me dire de venir. » Qu'il n'essaie pas de lui faire avaler des Abo, le baroudeur ; il est venu, Mallory, mais il ne se serait pas ramené si Ismaël ne lui avait pas dit de le faire. Enfilant sa veste d'un geste rapide, il se dirige vers la sortie de la maison ; il va effectivement falloir se dépêcher, sinon les vapeurs toxiques vont les rendre malade. « Mais apparemment, tu peux plus te passer de moi, hm ? reprend-t-il, un affreux sourire aux lèvres. Et me sors pas des "prends pas tes rêves pour la réalité" c'est vu, vu et revu. Assume un peu. » Et de libérer Aurore dans la ruelle où ils débouchent ; Sophie n'est pas là aujourd'hui, avec un peu de chance son Ponyta pourra le protéger.

« Oh arrête ton char deux secondes. Si ça t'arrache le cul à ce point d'me voir t'avais qu'à pas me dire de venir. »
Soupirant, Ismaël récupère son sac à dos, abandonné sur le sol et évidemment recouvert de cette espèce de boue collante et nauséabonde ; il le pose sur un meuble solide - s'il n'est pas tombé tout à l'heure, il ne tombera pas maintenant - et s'emploie à fouiller la grande poche de devant, tout en fumant nerveusement sa clope. « Mais apparemment, tu peux plus te passer de moi, hm ? Et me sors pas des "prends pas tes rêves pour la réalité" c'est vu, vu et revu. Assume un peu.

– Ça veut absolument pas dire que j'suis d'accord pour supporter tes sarcasmes de merde, tes bouderies débiles et tes jérémiades. »
Un petit contact à l'intérieur de son genou lui fait baisser les yeux, et il découvre, stupéfait, le Ponyta de Galar apparemment très curieux que Mallory vient sans doute de libérer de sa pokéball. Toute envie d'envoyer chier le malade disparaît alors, et il est simplement incapable de retenir le sourire qui vient étirer ses lèvres quand il sort l'une de ses mains de son sac pour la tendre vers le Pokémon, qui lève les naseaux pour frôler ses doigts. Il est triste, son rictus. Il aurait adoré pouvoir faire la connaissance de ce Pokémon dans d'autres circonstances. C'est tellement gay, j'adore. C'est surtout mignon, en fait, et très touchant, qu'un gars comme Mallory aime ce genre de Pokémon. Il avait beaucoup de tendresse pour le gars qu'il a découvert à la plage, ce soir-là. Dommage que la vérité soit bien différente de ce délire-là.
Le baroudeur se détourne alors, sans rien ajouter, et trouve finalement la grosse lampe torche qui ne quitte jamais son sac à dis. Elle leur sera utile, se dit-il en l'allumant, avant de libérer Than, son propre Pokémon. Lui-aussi a besoin d'entraînement et son type sera avantagé contre les Pokémon Poison de la zone. « Viens-là, toi, dit-il doucement à son Osselait, choisissant de mettre toute la douceur qu'il aurait voulu exprimer autrement dans les mots et les gestes qu'il adresse au bébé tandis qu'il l'installe sur ses épaules, derrière sa nuque, comme d'habitude. Allez, on y va. Accroche-toi. »
Le sac est hissé sur son dos, et il prend aussitôt la direction de l'extérieur. « Grouille-toi, j'ai pas l'intention de rester là toute la nuit. »

« En général je m'envoie pas les petits cons odieux qui passent leur temps à geindre sur la cruelle et difficile vie qui est la leur. Donc ouais, t'es privilégié. » Il n'a sans doute pas la moindre idée de ce que ça lui fait à Mallory, d'entendre ça. Cette image lissée et douce d'Ismaël l'a toujours hanté, depuis quinze ans ; une image sur laquelle était accolée une tendre compassion, de la compréhension, de l'empathie. Rien à voir avec ce mépris affiché qu'il arbore maintenant, et qui pour le coup lui coupe totalement la chique. Combien de larmes a-t-il versé sur ses textes Mallory, quand les seules chansons qu'il était capable de composer ne portaient que son visage et leur histoire inexistante, combien de fois s'est-il fait mal à s'en faire saigner le coeur d'imaginer un futur où cette longue main tiendrait la sienne sans jamais la lâcher, combien de fois a-t-il prié, espéré, imploré pour être à la hauteur de ce que le baroudeur serait capable de lui donner ? Il sait qu'il le peut, en plus ; il n'a pas oublié l'adolescent qu'il était Ismaël, qui serrait doucement les doigts d'Oliver en le dévorant du regard. Il aurait tout donné pour être à sa place, et même maintenant, en dépit de toute l'énergie qu'il dépense à le faire fuir, il sait que ça ne sera jamais possible. Il est son poison, sa putain de malédiction. Comme si une ne suffisait pas.

« Et puis si t'es pas content, tu connais la chanson : arrête de me répondre, barre-toi pour de bon et tombe amoureux d'un mec capable de te supporter. Moi j'ai aucune envie d'essayer. » Très bien. Il a gagné ; il ne dira plus rien. Plongé dans le noir, Mallory cale ses mains dans ses poches, lève le nez, mais sa tentative pour rester digne se solde par un échec cuisant dès l'instant où Aurore trébuche dans une flaque de boue, inondant ses pieds et par la même, son jean. « Putain, sérieux... » Effectivement, il n'aurait jamais dû venir. Une lueur, venue de devant, lui fait lever le nez ; Ismaël a eu la grande bonté de les éclairer, et c'est sans le regarder qu'il rejoint sa hauteur, en vérifiant que son Pokémon ne s'est pas fait mal. Non, rien à signaler, ou seulement son beau pelage blanc maculé de terre toxique. « Passe devant, j'vais éclairer vos pieds.
– J'ai pas besoin de ta putain de pitié. » Il aurait aimé la cracher, cette phrase ; pourtant sa voix est blanche, quand il jette un regard torve au baroudeur qui évite même soigneusement son regard.

Décidant de ne plus lui adresser la parole, Mallory obéit et passe devant ; sa main se pose sur la crinière duveteuse de son Ponyta, qui tourne la tête vers lui en l'interrogeant du regard. Après quelques jours, force a été de constater qu'elle s'est plutôt bien intégrée à son mode de vie ; contrairement à son apparence, elle préfère largement son salon que le monde extérieur, madame est une petite fleur délicate. Peut-être qu'il est un peu tordu, son sourire, quand il le tourne vers elle. « Tu vois, c'est à cause de réflexions comme celles-ci que les malades n'ont aucune crédibilité, lâche-t-il finalement, en tournant la tête vers le baroudeur. « Je m'en fiche de ce que tu penses de moi et de c'que t'as appris, même le fait que t'aies plus aucun respect pour moi depuis ça m'est égal. Mais quand tu sais pas, tais toi. Ça vaut mieux pour tout le monde que d'entendre tes conneries. »

« J'ai pas besoin de ta putain de pitié. »
Allez, à d'autres. Mallory a toujours eu besoin de la pitié de son entourage, sinon ça ferait belle lurette qu'il serait mort. Sa maladie n'est pas en cause, c'est son comportement de sale petit con le problème. Quand il aura compris ça, ça ira beaucoup mieux ; les gens pourront l'apprécier et accepter de subir les conséquences de sa maladie parce qu'il y aurait quelque chose pour compenser. Mais là, ses crises à la con et son caractère de merde ? A part la pitié, qu'est-ce qui justifie qu'on subisse ça ?
C'est même pas une fatalité en plus, c'est son choix : la preuve en est cette soirée sur la plage, toujours la même, encore, parce qu'il y repense Ismaël et ça le rend malade de se dire que le chanteur dépense autant d'énergie pour se transformer en sale con. Parce que c'est "plus facile comme ça", tu parles.
Refusant de répondre pour s'épargner l'éternel même débat stérile, Isma se contente d'avancer en éclairant les pas du garçon qui est sagement passé devant-lui malgré sa remarque désobligeante qui manquait clairement de conviction. Pour un peu, il se sentirait presque coupable si le chanteur ne l'avait pas autant cherché avant de le faire craquer pour qu'il lui demande de venir. « Tu vois, c'est à cause de réflexions comme celles-ci que les malades n'ont aucune crédibilité. Je m'en fiche de ce que tu penses de moi et de c'que t'as appris, même le fait que t'aies plus aucun respect pour moi depuis ça m'est égal. Mais quand tu sais pas, tais toi. Ça vaut mieux pour tout le monde que d'entendre tes conneries.
– J'sais pas si un jour tu vas finir par comprendre que c'est pas ta putain de maladie le problème, en fait. C'est tes idées d'adolescents émo débile qui raconte à qui veut l'entendre que la vie est injuste et que de toute façon il n'est pas fait pour être aimé. »
Voilà, rien qu'en en parlant ça l'énerve, c'est exactement le genre d’auto-apitoiement qu'il ne supporte pas, ça lui file de l'eczéma, sans blague. « Tu peux pas t'étonner d'être détesté quand tu fais tout pour passer pour un connard parce que c'est plus facile comme ça, franchement, c'est pitoyable. Et en plus c'est n'importe quoi, regarde l'autre fois sur la plage, ça s'est très bien passé ; si t'étais comme ça tout le temps t'arrêterais un peu de te plaindre que tout le monde te déteste parce qu'en fait, devine quoi, quand t'es sympa avec les gens, ils te détestent pas. »
Et franchement, il voit pas franchement le rapport avec sa maladie dans l'affaire ; quelqu'un de parfaitement sain qui se comporterait comme lui serait détesté exactement de la même façon, et faire abstraction de ça parce qu'il est malade, c'est précisément ce qu'on appelle de la pitié.

« J'sais pas si un jour tu vas finir par comprendre que c'est pas ta putain de maladie le problème, en fait. C'est tes idées d'adolescents émo débile qui raconte à qui veut l'entendre que la vie est injuste et que de toute façon il n'est pas fait pour être aimé. » Mais c'est le cas, bordel, c'est le cas ; qu'il la ferme, ça vaut mieux, vraiment, parce qu'il ne sait pas du tout de quoi il parle, Ismaël, vraiment pas. Il tourne la tête, Mallory, le foudroie du regard ; qu'il le juge sur ce qu'il veut, mais pas sur ça. Des années de psychiatrie, des séjours à l'hôpital, des semaines à apprendre à communiquer avec ses spectre pour tenter de se sauver, et voilà à quoi sa maladie est réduite ? Des crises et pour le reste, ce ne sont que des caprices ? Putain, quel imbécile. Il ne devrait même pas avoir envie de lui répondre, bordel. Ça le rend dingue, parce que le seul qu'il aurait voulu voir le comprendre et l'écouter en est tout bonnement incapable.

« Tu peux pas t'étonner d'être détesté quand tu fais tout pour passer pour un connard parce que c'est plus facile comme ça, franchement, c'est pitoyable. Et en plus c'est n'importe quoi, regarde l'autre fois sur la plage, ça s'est très bien passé ; si t'étais comme ça tout le temps t'arrêterais un peu de te plaindre que tout le monde te déteste parce qu'en fait, devine quoi, quand t'es sympa avec les gens, ils te détestent pas.
– C'est bien ce que je disais, t'aurais mieux fait de fermer ta gueule quand je te l'ai dit. » Parce que si son mépris est douloureux, ça, c'est bien pire. Ce sentiment d'être rejeté lui broie le ventre maintenant, ça fait horriblement mal ; il n'a même plus envie de le regarder. « T'as des convictions bien ancrées, toi, hein ? T'es convaincu que c'est facile pour tout le monde d'être aimable et bienveillant, c'est pas parce que toi t'en es capable parce que t'as rien dans la tête que c'est le cas pour tout le monde, en fait. » Il s'arrête, maintenant il en a marre ; planté face à un Ismaël un peu surpris de voir la défiance dans ses yeux, il dissimule le chagrin derrière celle-ci, assène. « Alors maintenant fais une petite pause sur tout ce dont t'es convaincu et mets toi en condition, deux secondes. Imagine que tu saches pas c'que c'est, le silence, jamais. Qu'en permanence il y a plusieurs personnes derrière toi qui te chuchotent que t'es qu'une merde, que tu vaux rien, que t'auras beau faire tous les efforts du monde, personne t'aimera jamais. » Il n'y arrive pas, hein ? Non, bien sûr qu'il n'y arrive pas. « Imagine deux secondes qu'à chaque fois que t'essaie de parler pour les contredire, ces gens là se mettent à hurler à tes oreilles. Des trucs du genre... »  Il s'arrête, inspire. Relève le nez pour le fixer sans ciller. « Regarde ta gueule, tu crois vraiment que tu vaux la peine qu'on t'regarde ? T'es faible, fragile, les gens qui t'aiment font semblant, même celui pour lequel t'aurais été prêt à te saigner aux quatre veines te traite comme une merde alors pose toi les bonnes questions. Ou encore, lui il te hait parce que t'as dit ça, un jour. Elle c'est parce qu'elle te comprend pas. Lui il a la tête de quelqu'un qui dit du mal de toi dans ton dos. Lui, il en a jamais rien eu à foutre de ta gueule et ça changera jamais. »

C'est bon, il capte ? Non, sûrement pas ; ça doit sûrement le dépasser, tout ça, et de très loin. « Maintenant imagine toi que tout ça passe en permanence dans ma tête, espèce d'abruti. En permanence. Des dizaines de toubibs ont passé quinze ans à essayer de m'expliquer que c'était pas de ma faute, alors à défaut d'avoir un peu d'empathie pour moi, parce que j'sais que ça serait trop demander à un abruti comme toi, ferme la pour de bon la prochaine fois avant de donner ton avis sur des trucs qui te dépassent. J'me casse, je vais retrouver mon chemin tout seul, j'ai pas besoin de toi. » Parce que cette fois, il ne peut pas faire semblant d'être en colère pour cacher la blessure ; il a été un peu trop loin, Ismaël, et quand il s'éloigne, c'est le coeur lourd mais bien convaincu qu'il prend la bonne décision. « T'as raison, en fait. J'ai passé beaucoup trop de temps à me dire que t'étais un mec bien, vaut mieux que j'oublie ça maintenant que j'ai la confirmation que c'est pas vrai. » Maintenant il est fixé, et il va s'en aller. Il trouvera son chemin tout seul dans le noir mais quand il s'éloigne, il est persuadé que c'est la meilleure solution plutôt que de subir ça encore une fois.

«C'est bien ce que je disais, t'aurais mieux fait de fermer ta gueule quand je te l'ai dit. »
Oh, et quoi, il va lui faire un sermon maintenant ? Effectivement, si c'est bien ce que Mallory s'apprête à faire alors Isma aurait mieux fait de la fermer. Il n'a absolument aucune envie de subir ça tout de suite, merci. Là en fait il a d'autres problèmes à régler et ça commence par sortir d'ici. « T'as des convictions bien ancrées, toi, hein ? T'es convaincu que c'est facile pour tout le monde d'être aimable et bienveillant, c'est pas parce que toi t'en es capable parce que t'as rien dans la tête que c'est le cas pour tout le monde, en fait. »
C'est le cas de la plupart des gens et ceux qui ne font pas cet effort sont des abrutis. C'est tout. Pourquoi il s'arrête, qu'est-ce qu'il a, sérieux, il croit vraiment qu'ils ont que ça à foutre là ? « Alors maintenant fais une petite pause sur tout ce dont t'es convaincu et mets toi en condition, deux secondes. Imagine que tu saches pas c'que c'est, le silence, jamais. Qu'en permanence il y a plusieurs personnes derrière toi qui te chuchotent que t'es qu'une merde, que tu vaux rien, que t'auras beau faire tous les efforts du monde, personne t'aimera jamais. »
Cette fois Isma soupire, et s'empêche de secouer la tête pour éviter à Than d'être secoué dans tous les sens. C'est triste ce qui lui arrive, bien sûr, il n'est sûrement pas du genre à foutre des coups de pieds aux handicapés mais tout justifier par sa maladie, c'est pas franchement ce qu'il appelle un comportement supportable. « Imagine deux secondes qu'à chaque fois que t'essaie de parler pour les contredire, ces gens là se mettent à hurler à tes oreilles. Des trucs du genre... » 
Des horreurs, il le sait. Oliver lui en a parlé y a dix ans, est-ce que c'est vraiment la peine de... oui, apparemment, il a l'air vraiment décidé, Mallory. Et Isma n'a aucune envie d'entendre ça, il sait que c'est compliqué pour le chanteur, et ça faisait partie des raisons pour lesquelles il l'admirait, fut un temps. Quand ils étaient jeunes, avant que le garçon ne pique une crise de jalousie parce que son crush regardait quelqu'un d'autre et que, de fait, il se transforme en cet énorme connard qu'il n'était pourtant pas avant alors que pourtant, il était déjà malade. « Regarde ta gueule, tu crois vraiment que tu vaux la peine qu'on t'regarde ? T'es faible, fragile, les gens qui t'aiment font semblant, même celui pour lequel t'aurais été prêt à te saigner aux quatre veines te traite comme une merde alors pose toi les bonnes questions. Ou encore, lui il te hait parce que t'as dit ça, un jour. Elle c'est parce qu'elle te comprend pas. Lui il a la tête de quelqu'un qui dit du mal de toi dans ton dos. Lui, il en a jamais rien eu à foutre de ta gueule et ça changera jamais. »
Ça doit très probablement être horrible et il n'a jamais contredit ça, alors qu'est-ce qu'il essaie de prouver au juste, le malade ? Que sa vie est compliquée ? Tout le monde le sait, ça, littéralement, tout le monde. « Maintenant imagine toi que tout ça passe en permanence dans ma tête, espèce d'abruti. En permanence. Des dizaines de toubibs ont passé quinze ans à essayer de m'expliquer que c'était pas de ma faute, alors à défaut d'avoir un peu d'empathie pour moi, parce que j'sais que ça serait trop demander à un abruti comme toi, ferme la pour de bon la prochaine fois avant de donner ton avis sur des trucs qui te dépassent. J'me casse, je vais retrouver mon chemin tout seul, j'ai pas besoin de toi. »
Il croit vraiment ça ? Non parce que s'il part tout seul, il va juste crever là, en fait ; les effets des toxines se font déjà ressentir et ça ne va pas aller en s'arrangeant, alors sans lumière et sans savoir retrouver son chemin, Mallory n'a aucune chance. « T'as raison, en fait. J'ai passé beaucoup trop de temps à me dire que t'étais un mec bien, vaut mieux que j'oublie ça maintenant que j'ai la confirmation que c'est pas vrai.
– Et je peux savoir pour quelle drôle de raison te tenir rigueur de ton comportement de salopard sous prétexte que t'es malade m'empêcherait d'être quelqu'un de bien ? répond-il avant de pouvoir s'en empêcher, piqué au vif. »
En quelques foulées rapides, il rattrape le jeune homme qui s'éloignait à l'aveuglette, braquant le faisceau de sa lampe torche devant eux. Pas question de le laisser dire des trucs pareils, au bout d'un moment ça va bien, franchement. « J'ai jamais prétendu que ta vie était pas effectivement plus compliquée que celles de la plupart des gens, mais j'vois pas trop en quoi t’apitoyer sur la question va arranger les choses en fait. T'étais parfaitement capable de pas être le dernier des connards quand on était ado, avant que tu pètes ton câble parce que t'étais jaloux. C'était pas facile tous les jours mais quand tu dérayais c'était effectivement pas de ta faute et ça, j'avais aucun mal à te le pardonner. Par contre, ton mépris ouvert pour la plupart des gens, ta susceptibilité à deux balles, tes remarques odieuses que j'ai bouffées pendant j'sais même pas combien d'années alors que j't'avais rien fait, tu vas essayer d'me faire croire que c'est les voix qui t'ont forcé ? »
Ce serait vraiment se foutre de la gueule du monde, sérieux, c'est n'importe quoi, fulmine-t-il intérieurement en enjambant un monticule de bois tombé-là pour empêcher Mallory de prendre de l'avance. « Quand tu te foutais de ma gueule comme un con parce que j'essayais d'apprendre la gratte tout seul vu que tu voulais plus m'aider, que t'humiliais un type ou autre parce que ta petite fierté était touchée, quand tu passes des heures à gueuler sur tout le monde parce que tes musiciens font pas ce que tu veux, c'était les voix ? »
Non, bien sûr que non. Il n'y croit pas une seconde ; le reste, oui, sa maladie, combien c'est horrible, fatigant et douloureux, il n'a pas mal à le croire. Mais pas ça. « Arrête un peu de te planquer derrière ta maladie pour justifier toutes tes conneries. Même si t'étais pas malade, j'vois pas très bien comment qui que ce soit pourrait tomber amoureux d'un type comme toi. »

« Et je peux savoir pour quelle drôle de raison te tenir rigueur de ton comportement de salopard sous prétexte que t'es malade m'empêcherait d'être quelqu'un de bien ? » Qu'il se taise, il en a déjà bien assez dit comme ça, c'est bon. Il n'a pas envie d'entendre ça Mallory, pas envie d'entendre qu'il a réussi son entreprise de démolition, pas envie qu'il lui dise qu'il a tout fait foirer tout seul comme un grand et qu'il y aille de ses putains de jugements à l'emporte pièce, c'est bon. Se flageller, il sait très bien le faire tout seul, il n'a pas besoin d'Ismaël pour ça. Puisqu'il ne l'aime pas, il devrait s'en foutre, non ? Non, bien sûr. Une lampe torche est braquée devant lui et au son qu'il perçoit, il entend très bien qu'Ismaël est en train de le rattraper. Non, c'est bon ; il en a bien assez dit comme ça. Là, il veut juste s'en aller, il a gagné.

Mais il ne va pas laisser son honneur être bafoué comme ça Isma, pas vrai ? « J'ai jamais prétendu que ta vie était pas effectivement plus compliquée que celles de la plupart des gens, mais j'vois pas trop en quoi t’apitoyer sur la question va arranger les choses en fait. T'étais parfaitement capable de pas être le dernier des connards quand on était ado, avant que tu pètes ton câble parce que t'étais jaloux. C'était pas facile tous les jours mais quand tu dérayais c'était effectivement pas de ta faute et ça, j'avais aucun mal à te le pardonner. Par contre, ton mépris ouvert pour la plupart des gens, ta susceptibilité à deux balles, tes remarques odieuses que j'ai bouffées pendant j'sais même pas combien d'années alors que j't'avais rien fait, tu vas essayer d'me faire croire que c'est les voix qui t'ont forcé ? » Indirectement, oui, mais ça sert à quoi de le lui expliquer, de lui dire ? Que tous ces conseils qu'il a écoutés venaient uniquement de sa tête, qu'il n'a pas la force de retenir ses colères, sa frustration, qu'il est une boule de nerfs impossible à contenir et que chacune de ses remarques, chacune de ses actions n'est portée que par la maladie qui s'accroche à lui et ne le laisse jamais tranquille. Avec Isma, c'était facile de faire abstraction, l'attention qu'il lui portait et la douceur qui émanait de lui lui permettait la gentillesse, la bienveillance. A l'instant où son regard s'est porté sur Ollie, il s'est senti trahi, tout simplement. Mais il ne répond rien, Mallory ; il avance, à côté d'Aurore, qui le regarde avec inquiétude, maintenant.

« Quand tu te foutais de ma gueule comme un con parce que j'essayais d'apprendre la gratte tout seul vu que tu voulais plus m'aider, que t'humiliais un type ou autre parce que ta petite fierté était touchée, quand tu passes des heures à gueuler sur tout le monde parce que tes musiciens font pas ce que tu veux, c'était les voix ? » Oui. Encore une fois, oui. Les voix ou simplement leur résultante, pour Mallory ça revient au même ; il n'est pas capable de contrôler les pensées noires qui le traversent, il n'en a jamais eu la force, son esprit est trop fragile pour ça, et blessé, c'est encore pire. Mais la suite, il ne s'y attendait absolument pas, en revanche.

« Arrête un peu de te planquer derrière ta maladie pour justifier toutes tes conneries. Même si t'étais pas malade, j'vois pas très bien comment qui que ce soit pourrait tomber amoureux d'un type comme toi. » Et là, c'est le coup de marteau, la massue qui l'écrase, directement en pleine tête, martèle son esprit déjà fragilisé par la pluie d'accusations qui lui tombe sur la gueule. Figé, il en porterait presque une main à son coeur, Mallory ; ses yeux s'écarquillent sous le choc et il s'arrête net, cette fois, pour tourner une tête absolument éberluée vers lui. T'es qui, putain ? C'est qui ce type qui le regarde avec autant de mépris, c'est pas Isma, c'est pas lui. Un drôle de hennissement résonne près de lui, mais il ne tourne même pas la tête pour voir son Ponyta se plaquer à ses côtés, il ne sent pas son flanc chaud contre son bras, il ne voit pas le regard du Pokémon se porter vers Ismaël, furieux et apeuré. Tout ce qu'il voit face à lui, c'est un type qui profite de sa faiblesse pour se venger. Rien de plus. « Moi non plus, j'vois pas très bien, répond-il, toute assurance envolée, toute hargne disparue ; il ne peut pas faire semblant, cette fois. Pourquoi tu crois que je t'en ai jamais parlé, hein ? »

Parce qu'il n'avait pas envie d'entendre ça, peut-être. Parce que cette phrase-là, il l'entend déjà bien assez tout seul sans avoir besoin de son concours. « J'te dégoûte à ce point alors, c'est ça ? Pour que tu m'balances ce genre d'horreurs à la gueule il faut bien ça au moins. » Comment a-t-il pu en arriver là ? Pourquoi une simple déclaration a tout fait basculer comme ça ? Il ne comprend pas, Mallory ; il est perdu, malheureux, et en lieu et place de la colère qui brillait dans ses yeux sombres, maintenant il n'y a plus rien qu'un chagrin profond, ancien, le choc et l'incompréhension. « Et... et tu veux savoir le pire ? C'est sûrement que j'aurais voulu qu'tu sois la dernière personne qui me crache ce genre de trucs, en fait. La première fois que j't'ai vu, j'ai... j'ai cru que si j'me démerdais bien, que si pour une fois j'faisais les choses comme il faut tu serais capable de. Enfin j'en sais rien. J'me suis connement dit que t'étais différent de tous les autres. » Mais c'est pas vrai, hein ? C'est pas le cas, et la boule dans sa gorge revient, énorme, envahissante.

« Ça fait quinze ans que j'te vois comme le mec le plus incroyable et le plus merveilleux que j'connaisse, Ismaël. Et ça fait quinze ans que j'suis convaincu qu'au nom de ça effectivement, tu seras jamais capable de prendre tout ce que j'aurais pu te donner. » Il secoue la tête ; d'un geste rageur, il essuie ses yeux. Cette fois, le baroudeur ne l'a pas raté, il a tapé exactement là où il fallait pour l'achever. « Et j'voyais pas le mal dans tout ça avant que tu l'apprennes et que tu t'mettes à, à, à m'traiter comme la pire ordure qui existe, ben, tu sais quoi ? D'accord, c'est vrai. Tout c'que tu viens de dire, c'est vrai. Mais ça fait quinze putains d'années que je le sais et que j'essaie de faire en sorte que ça change. Et pas pour moi. Pour toi. » Même si c'est idiot, même si ça n'a aucun sens, c'est vrai. Pour lui, il aurait été prêt à couper son esprit en deux et n'en garder que les dernières miettes de bon sens. « Pour un salaud comme toi. » Il a perdu quinze années de sa vie à aimer quelqu'un qui vivait sous un masque d'égoïsme et de mépris, alors ? C'est ça ? Il ne sait pas, Mallory ; secoué, perdu, il recule, saisit une crinière duveteuse pour prendre appui. « C'est bon, j't'emmerderai plus. Va-t-en, laisse-moi tranquille. Casses-toi. »

Ça ne vaut pas le coup de souffrir comme ça, quand bien même sa vie aurait pu changer.

Isma ne regrette pas exactement ses mots au moment où il les prononce, ce n'est pas ça. C'est plutôt qu'en voyant l'expression de Mallory au moment où il lui assène sa colère et sa vexation dans la figure, il réalise la portée de ce qu'il vient de faire. Sans parler de maladie, de comportements odieux, sans parler de quoi que ce soit, là, il vient de poursuivre un gars pour lui balancer des horreurs. Et ça, il n'aurait pas dû le faire. « Moi non plus, j'vois pas très bien, murmure Mallory, la voix blanche, décomposé. Pourquoi tu crois que je t'en ai jamais parlé, hein ? »
Au début, il ne sait pas. Il ne sait pas pour quelle drôle de raison l'adolescent qu'il adorait s'est transformé en salopard au moment où il est tombé amoureux de lui. Parce qu'à ce moment-là, peut-être que ça aurait changé quelque chose ; il ne sait pas, il n'en sait rien, mais il est sûr qu'il ne se serait pas mis à détester l'un de ses amis parce qu'il a eu le malheur de tomber amoureux. Le problème, c'est qu'on ne peut pas aimer ni même apprécier quelqu'un qui se comporte avec nous comme le pire des connards ; Isma en tout cas, il ne peut pas. « J'te dégoûte à ce point alors, c'est ça ? Pour que tu m'balances ce genre d'horreurs à la gueule il faut bien ça au moins. »
Peut-être qu'il se sent quand même sacrément con, le baroudeur, du coup. Parce qu'il est habitué à un Mallory virulent et agressif, absolument pas à... ce garçon vulnérable et blessé, devant lui. Ça, ces mots-là, ils n'étaient peut-être pas nécessaires. Et pourtant ils sont vrais, non ? Non ? Il ne sait plus. Le type devant-lui ressemble brusquement beaucoup plus au garçon avec qui il était sur la plage l'autre jour qu'au salaud avec lequel il a échangé des messages par Motismart interposé dans l'après-midi. « Et... et tu veux savoir le pire ? C'est sûrement que j'aurais voulu qu'tu sois la dernière personne qui me crache ce genre de trucs, en fait. La première fois que j't'ai vu, j'ai... j'ai cru que si j'me démerdais bien, que si pour une fois j'faisais les choses comme il faut tu serais capable de. Enfin j'en sais rien. J'me suis connement dit que t'étais différent de tous les autres. »
Peut-être qu'il l'est, peut-être pas ; ce qui est sûr c'est qu'il n'aurait jamais pu tomber amoureux d'un gars qui se comportait comme ça avec lui. Il n'est pas masochiste. « Ça fait quinze ans que j'te vois comme le mec le plus incroyable et le plus merveilleux que j'connaisse, Ismaël. Et ça fait quinze ans que j'suis convaincu qu'au nom de ça effectivement, tu seras jamais capable de prendre tout ce que j'aurais pu te donner. »
Et ça, comment il aurait pu le deviner bordel ? Puisqu'à ses yeux il était si parfait pourquoi bon sang a-t-il décidé qu'il valait mieux le rabaisser, l'insulter, se placer en opposition à lui à chaque fois que l'occasion se présentait ? Isma ne l'aurait jamais haï si Mallory ne s'était pas mis à se comporter comme ça ; maintenant il ne peut pas s'étonner, il ne peut pas se plaindre d'être traité comme un salaud alors que c'est exactement comme ça qu'il s'est comporté pendant des années. Et pourtant, à Isma, ça lui fait mal au coeur, parce qu'une fois de plus, il n'a rien demandé de tout ça. Il n'a jamais voulu que les choses se déroulent de cette façon. « Et j'voyais pas le mal dans tout ça avant que tu l'apprennes et que tu t'mettes à, à, à m'traiter comme la pire ordure qui existe, ben, tu sais quoi ? D'accord, c'est vrai. Tout c'que tu viens de dire, c'est vrai. Mais ça fait quinze putains d'années que je le sais et que j'essaie de faire en sorte que ça change. Et pas pour moi. Pour toi. »
Sauf qu'à l'évidence il ne s'y est absolument pas pris de la bonne façon. Peut-être que ses intentions étaient nobles, peut-être qu'il n'a cherché qu'à se protéger en agissant de la sorte mais... comment il aurait pu comprendre, Isma ? Comment il aurait pu voir autre chose que la violence du mépris et de la haine que son ami s'est soudain mis à lui vouer ? « Pour un salaud comme toi. 
– Arrête de m'insulter, grogne-t-il, parfaitement incapable de savoir comment réagir alors que Mallory recule, des larmes plein les yeux, son Ponyta aux yeux écarquillés de peur et de colère devant-lui.
– C'est bon, j't'emmerderai plus. Va-t-en, laisse-moi tranquille. Casses-toi. »
Une seconde, Isma reste là, un peu éberlué, un peu largué. Cette satanée situation n'a aucun foutu sens, et il soupire, gêné par son Osselait qui gesticule sur ses épaules, sûrement déçu de voir la marche s'arrêter. « J'pouvais pas... comment tu voulais que je. »
Que je rien du tout, il faut qu'il s'en aille. A ce stade de toute façon, il n'y a absolument plus rien à faire alors à nouveau, il soupire, récupère dans ses bras le petit Pokémon qui bouge tant qu'il va finir par tomber, sur ses épaules. « Allez, t'as raison, j'suis qu'un connard, lâche-t-il alors en se détournant, frustré, énervé et définitivement largué. »
C'est pas grave, c'est lui le méchant, le salopard qui a fait du mal au pauvre Mallory malade et incompris. Ça va, ça sert à rien de discuter ; de toute façon à chaque fois qu'il dit quelque chose il ne sait pas combien de voix le contredisent dans la tête du chanteur mais à l'évidence, il n'a pas d'autre choix que de les croire elles. Sinon ils n'en seraient sûrement pas là.
Ses pas, vifs, grands et rapides, l'éloignent rapidement ; il va rentrer, fumer et arrêter de penser à toutes ces conneries. Ça vaut pas le coup, ça change rien, et ça le conforte dans sa première idée : il aurait clairement mieux fait de pas lui dire de venir.