Elle y avait crû Winnie, jusqu’au petit jour. Tordue en une posture disgracieuse au pieds des escaliers car incapable de dormir tant qu’Il n’était pas rentré. Si les cris étaient inhérents à leur foyer et les conflits multiples, quelque chose la tenait effroyablement en haleine en cette nuit, comme consciente de la fracture opérée sous son nez, sans qu’elle ne la perçoive pour autant. Trop concentrée sur des devoirs qu’elle tentait vainement de terminer, là, avachis sur ses couettes et la musique à fond, elle n’avait pas franchement prêté attention à ce qu’elle croyait être une énième dispute mère-fils. Machinalement, même, elle avait tenté d’augmenter plus encore le volume de cette chanson pop qui rythmait son crayon, avait changé par trois fois de position et s’était à dire vrai tant accroché à sa biologie qu’elle avait mit une bonne grosse minute pour réaliser qu’enfin, le silence était revenu. Certes, sa mère pestait furieusement en bas mais… Souplement, le corps avait fini par se redresser pour nicher sur le rebord de la fenêtre de sa chambre, tentant de percevoir par delà les ruelles sombres une ombre filer, en vain.
Il reviendrait tard dans la nuit, elle se l’était promis, mais la nuit était passée, puis la suivante, et tout doucement les semaines s'étaient enchaînées.

Si Winnifred Pawter était connu pour son hardiesse et son positivisme, force était d’admettre que confronté au vide de cette chambre fraternel, milles insécurités avaient fini par s’éveiller. Alors certes, les messages filaient prestement, brefs échanges visant à la rassurer, mais si l’adolescente n’avait désespérément pas voulu le brusquer, une seule et unique question pesait sur ses doigts anxieux.


Un an était finalement passé, et ses seize ans sobrement soufflé. Sa première peine de coeur s’était vu dramatiquement écrasée sur sa joue entre larmes, fierté et colère, mais c’était vive et enthousiaste qu’elle avait épousé sa première semaine de stage chez les rangers. Des photos de ses bleus pleins le portable pour partager ces anecdotes quotidiennes et pas franchement intéressante par message, puisqu’elle ne pouvait désespérément plus fondre sur le lit de Josh pour lui souffler qu’elle avait soigner un énième magicarpe aujourd’hui. Les cris ne s’était pourtant pas arrêté avec le départ de ce frère trop turbulent, et c’était faussement innocente que Winnie le lui glissait parfois, comme pour lui faire comprendre que ce n’était définitivement pas les bêtises et arcades blessées qui nourrissait ce chaos. Que ce n’était pas de sa faute, que ça ne le serait jamais, et qu’il pouvait donc rentrer sereinement. Mais, perchée sur son portable, elle effaçait toujours ces mêmes mots, consciente que là où Josh avait pu nicher, sans doute serait-il plus libre et épanouit.


Deux ans, et le soleil qu’était Winnie s’était un peu usé à trop forcer le sourire. Elle se sentait toujours un peu stupide lorsqu’elle poussait machinalement la porte de Josh pour observer sa chambre inerte et morte mais s’efforçait de reprendre son chemin en se disant que, tôt où tard, c’est elle qui partirait pour le retrouver. Du moins s’il n’était pas parti pour la fuir, elle. Les messages au début quotidien s’étaient doucement effilés, conclusion logique d’un éloignement de longue durée. A la maison, pourtant, on la pressait déjà de se forger un avenir car jouer les justicières à deux balles en protégeant le petit Billy de ces brutes du lycée, c'était mignon une minute mais ça ne ramènerait pas le pain sur la table.


Trois ans. Les économies, Winnie les alignent à chaque fois qu’elle s’arrache à la nuit avec une victoire sur des jeunes dresseurs ou un arbitrage laborieux car les combats clandestins n’étaient définitivement pas aussi beaux que ceux que régissait la ligue. Les idéaux et la morale sont un peu entachés, il est vrai, mais s’arracher à son quotidien devient une nécessité véritable, quand bien même elle trouve un peu de réconfort dans l’école de ranger d’Almia. Elève moyenne en dépit de ses efforts, Winnie se demande parfois si c’est là sa véritable voie mais se refuse à verbaliser ses peurs car celle d’avoir définitivement perdu son grand frère réveille déjà les pires fureurs parentales.


Le coeur éclate en silence, mais le regard se fait tant usé par les cris qu’elle n’ose jamais vraiment répondre. Elle avait toujours détesté les disputes, petite Winnie,  et aurait aimé arguer que personne n’aimait ça mais à voir ses parents se déchirer si sévèrement, elle avait fini par croire que c’était là un bras de fer verbal. Un jeu, tant la jouissance qu’éprouvait l’un lorsqu’il parvenait à écraser l’autre se faisait en tout point palpable.
Alors, son passerouge niché sur sa nuque et la rétine brûlée par un ses recherches nocturnes sur Lathea, Winnie réfléchit. Il y a une école de ranger là bas aussi, et faire transférer son dossier en cours d’année est un peu risqué, mais pas impossible. Alors certes, elle pourrait attendre l’an prochain, mais plus le regard se posait sur le morbide des murs qui l’entourrait et plus la fuite se faisait nécessaire.
Elle ne dit pourtant mot petite Winnie, autant parce qu’elle craint la réaction de ses parents que celle de Josh, mais elle est fermement décidée.
Le billet pour le ferry est de toute manière déjà coincé entre les pages de ses recueils de poésie.

BRUUUH comme j't'ai dis j'ai mon Josh en moi qui chiale toutes les larmes de son corps en voyant cette fiche   Il est à la fois heureux et super sad   Mais putain par contre ça fait super plaisir de revoir ta plume j'ai beaucoup trop hâte qu'on relance ce duo du tonnerre