Depuis ta défaite à Enoville, à la tour, tu as fais du chemin. Ta défaite contre Mallory a été cuisante. Si tu continues de penser que c'est un idiot de première catégorie, tu reconnais avoir dépasser les limites lorsque tu lui as fais du chantage. En fait, tu as fais du chemin déjà en tant que dresseur, sans doute grâce à Jasper. Mais, même psychologiquement. Tu as toujours su que tu n'étais pas totalement à la hauteur de ton équipe. Ton arrogance n'était qu'une facette, une carapace. On va dire que le combat à Enoville, c'est comme si Mallory avait prit ta carapace et l'avait fracassé sur le sol. Tu était misérable à ce combat. Pitoyable, même. Mais aujourd'hui, tu es pratiquement une autre personne. Tu as songé à potentiellement tout arrêter. L'espace de quelques jours. La réflexion était de mise. Puis, tu as gagné un combat contre une autre dresseuse. Tu as repris les combats au fur et à mesure. Ce qui t'a donné la force de poursuivre ton rêve. Mais bien sur, les mots dur du champion de type spectre résonnaient dans tête. Et tu n'as trouvé autre moyen que de demander un coup de main. Tu as obtenu, non sans faille l'aide de Jasper. Tu portes d'ailleurs la plume du Corvaillus à ton cou. Signe d'une victoire méritée par toi-même et surtout, tu aimes te dire qu'elle pourrait te porter chance. Par la suite, tu as pris les entraînements de Jasper, tu les as suivi à la lettre. Puis, tu es allée challenger Cléora. Et pour finir, tu as enfin les conditions pour les zones dangereuses. Tu avances progressivement sur ta quête.

Aujourd'hui, alors que tu quittais Jaeda, après avoir retiré l'argent que tu devais à Mallory de ton compte pour les lui rendre, tu décides de faire un arrêt aux abords de Myrtha. En fait, tu pouvais venir ici depuis un petit moment, mais tu ne voulais pas être ici avec uniquement Iron. Maintenant, que Spider a aussi le niveau requis pour cela, tu décides enfin de te rapprocher de cette ville, où tu as vécu un petit temps. Non sans difficulté psychique. Iron et Spider en liberté, la braisillonne et la tarembulle sont d’avantages proches. Tu marches dans cette zone avant de rejoindre Castlerain. En fait, tu recules l'inévitable. Allez voir Mallory. Et mine de rien, tu n'arrives pas à savoir si c'est Arceus qui se rit de toi, où un coup du destin, mais une silhouette, au loin, dans cette zone te prouve qu'il est tant dorénavant, de faire des excuses au champion. Tu t'avances, tes deux pokémons à tes cotés. Tu sors une liasse de billet et tu la tends. « Salut. C'l'argent que je t'ai... volé. » Tu pars sur une reconnaissance de tes actes. Tu ne sais pas s'il va savoir éviter de te rabaisser, mais qu'importe. Tu vaux mieux que lui. Et ce qu'il ne sait pas, c'est que tu t'es promis de le battre que ce soit dans son arène ou dans un autre combat. « Je te présente mes excuses pour le chantage. Tu avais raison, ce n'était pas digne de ma personne. » Tu roules des yeux. « Combien même tu ne portes pas ma personne haut dans ton estime. » D'un coté, tu reproches beaucoup à Mallory. Mais, en même temps... ce sont des choses que tu lui reproches inconsciemment. Il fait partie de ceux qui sont partis avec ton frère quand tu avais besoin de ton aîné. Et en plus, il s'est avéré qu'il a des sentiments pour ton frangin. Et ça, c'était complètement illogique avec les souvenirs que tu avais de lui, plus jeune. Tu secoues rapidement la liasse pour l'inciter à récupérer sa thune que tu puisses reprendre ta route.

Un certain nombre de choses ont attiré Mallory jusqu'aux abords de Myrtha. Sans doute une étrange forme de curiosité morbide qui l'ont poussé à avancer un peu plus près que la dernière fois qu'il s'y est rendu avec Ismaël ; emmitouflé dans un épais manteau sombre, le visage à moitié dissimulé par une écharpe bleue, Mallory progresse lentement au milieu des bris de l'ancienne capitale de Lathea, dont les lotissements, détruits, ne ressemblent désormais plus qu'à un morbide décor de film post apocalypse, très fidèles au demeurant, quand il voit les bâtiments aux vitres éclatées mais toujours debout près d'autres dont il ne reste que deux murs. Il paraît qu'il y a des Pokémon rares ici, mais ce n'est pas vraiment ce qui l'attire ; en vérité, il ne sait pas trop ce qui l'attire. Peut-être le souvenir très lointain d'une époque révolue, celle de la technologie au service de l'humain aussi bien qu'aux Pokémon, à l'harmonie parfaite qui existait entre les deux espèces, aux rues et aux boutiques adaptées aux Pokémon. Les Weaver sont des imbéciles, mais il fallait bien reconnaître que Myrtha était une étrange oasis dans laquelle une paix parfaite régnait, avant le massacre.

Mallory ne se rappelle pas très bien de la destruction de Myrtha. Ce jour-là, il n'était pas en ville, il était parti battre la campagne avec Sophie, et n'a été avertie que par une Cassandre en pleurs, expliquant au jeune homme qu'ils étaient, Kyle et elle, dans un camp de fortune et qu'Oliver était resté enseveli sous leur maison. Il a rappliqué bien sûr, et il se souvient encore de l'épaisse fumée grise qui s'échappait des décombres de la ville, détruite sur plusieurs kilomètres, mais c'est tout. Ensuite, suppose-t-il, le déni a fait son oeuvre pour l'empêcher de voir tout le reste et de quelle façon la vie de tout le monde allait changer. Et maintenant le revoilà, dix années après, à marcher sur les gravats de leur ancienne vie ; ça devrait lui faire bizarre. Peut-être un peu, mais pas tant que ça. De toute manière, il va bien falloir quelqu'un d'un peu plus fort pour aider Isma à remettre les pieds ici, parce que ce grand idiot s'est mis en tête de revenir là comme pour faire un voyage initiatique, ce qui est une idée à la con mais les Esperanza sont têtus ; alors, il revient sûrement ici pour s'assurer que tout ira bien pour lui.

Il pensait être seul, et il est surpris, bien sûr, quand Sophie fait un petit bruit de bouche pour lui indiquer la présence d'un autre dresseur ; les passants ne viennent jamais ici, les Pokémon sont trop forts et trop peu habitués à l'humain. Pourtant, il y a bien là une silhouette, accompagnée d'un Braisillon et d'un Tarenbulle ; une silhouette qui s'approche de lui et qu'il ne tarde pas à reconnaître. De toute évidence, Isaïah s'est enhardi. Et il a de l'argent dans les mains. « Salut. C'l'argent que je t'ai... volé. »

D'accord, songe-t-il en haussant un sourcil, là il y a largement de quoi être surpris. Il s'attendait à beaucoup de choses, Mallory, mais pas à ce qu'il revoie la tronche de son fric ; et pourtant. Est-ce qu'Eva lui a tiré les oreilles ? Ou Isma ? Isaïah est un tabou entre eux deux, mais peut-être que l'aîné a fait cet effort pour lui venir en aide, songe-t-il, circonspect, alors qu'Aurora s'approche, méfiante. La petite Ponyta de Galar n'a de doux que son type et là, elle vient tout simplement protéger son dresseur, comme d'habitude.
« Je te présente mes excuses pour le chantage. Tu avais raison, ce n'était pas digne de ma personne. » Et de lever les yeux au ciel ; c'est dommage, ça commençait bien. « Combien même tu ne portes pas ma personne haut dans ton estime. » Non en effet, mais n'a-t-il pas toutes les raisons de le détester ? Ou pas d'ailleurs ; finalement, si Isaïah n'avait pas fait ce chantage stupide, sans doute ne serait-il pas en couple avec son frère à l'heure actuelle. En couple. Pour de vrai. Parfois il a un peu de mal à le réaliser, d'ailleurs. Et la pensée un peu hésitante oblige le garçon à secouer les billets devant lui, pour l'obliger à les récupérer. Perplexe, Mallory pince les lèvres, et s'exécute. « Merci. » Est-ce qu'il est supposé dire autre chose ? « Et donc, reprend-il en haussant un sourcil, curieux. C'est ta soeur qui t'a envoyé ? Ou ton frère ? J'ai un peu peine à croire que tu décides de faire amende honorable tout seul, ça a pas l'air d'être dans ton caractère. » Où sont ses cigarettes ? La simple présence de ce sale mioche le rend nerveux, là. « Sauf si le combat à la tour t'a mis un peu de plomb dans la cervelle, les miracles existent, il paraît. »

C'est sans aucun doute ton combat contre Mallory qui t'a mis du plomb dans le crâne. Tu as beaucoup ruminé. Mais, personne ne t'a dis de lui refiler sa thune, à part toi-même. La Ponyta de Galar s'avance, presque menaçante, mais tu hausses simplement un sourcil alors que ta tarenbulle et ta braisillonne la fixe d'un air méfiant. Alors qu'il te remercie, que tu ne relèves pas l'étonnante politesse du champion de Castle Rain, tu t'apprêtes à faire demi-tour pour visiter les abords de Myrtha, maintenant que tu es plus grand, plus fort et surtout que ton deuil est fait. Mais, Mallory ne semble pas être de cet avis. Tu roules des yeux en se replaçant devant lui de manière à avoir un échange convenable. « Je m'en fiche de ce que tu crois. » Bien sur que ça te touche. Mais, ton entraînement avec Jasper ne t'apprends qu'à devenir stratège. En fait, il t'apprends aussi à camoufler tes émotions, et Mallory ne verra pas une fois de plus qu'il te touche, tu te l'es promis. Pour le coup, tu te trouves plus mature que le champion, mais tu t'abstiens de la souligner. « Je comptais t'amener ça, après ma visite de cette zone. Je n'avais pas vraiment prévu que tu gâches mon dernier moment de deuil avec ton aspect hautain et détestable. » Tu arques un sourcil.« Je n'ai besoin de personne, mise à part de moi-même pour comprendre que je suis allée trop loin. Je me suis excusé, tu prends, tu prends pas. J'en ai rien à faire. » Tu croises tes bras sur ton torse en le fixant avec dédain. « Mais, si tu as encore besoin de faire ta langue de vipère, je t'en prie vas-y. » Tu roules des yeux, quand même un peu agacé par le fait que tu dois encore te justifier. Pour rester poli, parce que le terme exact, c'est que tu en as clairement rien à foutre. Tu sais ce que tu vaux, et d'ailleurs à l'heure d'aujourd'hui, le seul avis sur tes capacités à devenir dresseur qui comptent, sont les avis de ton mentor. Jasper est déjà quelqu'un de précieux pour toi. Tu deviens un peu plus obéissant et moins têtu sur ce que tu fais, surtout tu sens que tu deviens meilleur dresseur que tu l'as été. Ce que pourra dire Mallory à ce propos, te passe au dessus de la tête dorénavant. Marre de subir l'aspect hautain des gens parce que tu commences ton voyage. Tu es moins expérimenté que Mallory, c'est un fait. Il est très bon dresseur, c'est un second fait. Mais, ça ne veut pas dire qu'un jour tu le surpasseras pas.

« Je m'en fiche de ce que tu crois. » Ah oui ? Bon, du plomb dans la cervelle mais pas beaucoup alors, songe Mallory en levant les yeux au ciel, déjà exaspéré alors qu'ils ne se sont dits que deux mots depuis que le jeune homme l'a reconnu. Il n'était pas obligé d'ailleurs, quelque part, le champion aurait largement préféré avoir la paix plutôt que de devoir assumer une discussion de ce type-là. Discuter de quoi, en plus ? Ce petit con lui a déjà bien assez prouvé qu'il n'y avait rien à en tirer. Il ne lui a pas fallu beaucoup de temps pour constater un fait simple à propos de la famille Esperanza ; ils sont du genre têtus. Très têtus. « Je comptais t'amener ça, après ma visite de cette zone. Je n'avais pas vraiment prévu que tu gâches mon dernier moment de deuil avec ton aspect hautain et détestable.
– Oh, mais personne ne t'obligeait à venir me voir maintenant, persifle immédiatement le jeune homme, piqué au vif. » C'est quand même incroyable de se plaindre de recevoir une réflexion alors que c'est Isaïah qui est venu l'emmerder. Qui dit qu'il n'avait pas envie d'être tranquille lui aussi, Mallory ? Il n'avait pas forcément prévu de voir revenir à la charge un garçon dont il n'attendait plus rien, et si c'est surprenant, bien entendu, il n'en reste pas moins un sale gosse agaçant.

« Je n'ai besoin de personne, mise à part de moi-même pour comprendre que je suis allée trop loin. Je me suis excusé, tu prends, tu prends pas. J'en ai rien à faire. » Et ça lui est venu comment alors, ces excuses, par l'opération du saint esprit ? Sans rire. J'ai besoin de personne, c'est à croire que cet idiot sait quelque chose de la douleur pour vouloir s'en éloigner, c'est presque comique, à vrai dire. « Mais, si tu as encore besoin de faire ta langue de vipère, je t'en prie vas-y. » Oh non, il n'a pas vraiment besoin de faire ça, et il n'en a pas l'énergie non plus. Aller chercher des noises auprès de quelqu'un qui s'en trouve très bien tout seul, ça va, très peu pour lui. De toute manière, Isma ne serait sûrement pas très content de savoir que son mec s'est encore engueulé avec son petit frère alors qu'il tente tant bien que mal de renouer des liens cassés avec sa famille, alors il se contente de ricaner, deux épaules haussées, débonnaire. « Tu m'en veux pas, mais j'ai pas que ça à foutre de faire la leçon à un gamin. Ça va sûrement t'étonner, mais mon monde tourne pas autour de toi, en fait. »

Non parce que visiblement, il faut rappeler ça aussi. « Alors va donc passer ton dernier moment de deuil ailleurs, ça nous fera de l'air à tous les deux, vu ? Pas sûr que ton frère ait très envie qu'on se reparle après ce qui s'est passé à la Tour et j'aimerais bien m'épargner une engueulade inutile parce que t'as pas pu t'empêcher d'ouvrir grand ta gueule en me rendant un fric que tu me devais dans tous les cas. C'est bon ? »

« Que ce soit maintenant ou plus tard, de toute façon, te voir reste désagréable. » Et toc. Tu es fier de toi ? On peut dire que oui. T'es qu'un petit con, mais là, tu le fais avec calme et sans aucun surplus d'émotion. Tu apprends à gérer tes émotions, avec celui qui les gère sans doute le mieux dans tout Lathéa. Savoir ce que ressent Jasper, faut s'accrocher et se lever le matin de bonheur. Puis, les bras croisés tu attends son baratin, son blabla méchant et gratuit. Après tout, tu es un petit con, mais Mallory est un grand con. Mallory dénonce le fait qu'il a autre chose à faire. Tu hausses les épaules, commençant tout juste à tourner les épaules pour visiter la zone, si proche de Myrtha. Si proche de l'endroit où ton frère à rendu son dernier soupir, sous les décombres de votre maison. MAIS, Mallory reste Mallory. Il reprend son blabla inutile, méchant et franchement pathétique. Tu roules des yeux au moins trois fois durant sa tirade. T'es vraiment épuisé de sa bêtise à c'type là. Et va savoir ce que ton frère lui trouve d'ailleurs. Quel idiot. Alors qu'il semble avoir fini, tu arques un sourcil. « Pour un mec qui a autre chose à foutre de sa vie, tu viens de me faire une belle tirade. J'sais pas si je dois applaudir ou avoir pitié, d'ailleurs. » Et toc, au carré. Tu roules des yeux une autre fois. « Ton fric, je te le devais. On est d'accord. » Pour une fois que vous l'êtes, il va pas se plaindre de ça non plus monsieur-jamais-content, si ? Tes bras toujours croisés sur ton torse, tu reprends la parole. « De plus, si tu connaissais quelques choses à la famille qu'on est, tu saurais qu'il apprécierait sans doute d'avantage qu'on essaie de s'entendre plutôt que tu me baratines des idioties, quand je fais un pas vers toi. Mais, t'en fais pas. Je lui demanderai ce qu'il en pense quand je le verrai. » Et toc, encore ? Ouais, non là, tu as été un peu méchant aussi. « J'en profiterai pour lui demander ce qu'il pense de ta relation malsaine avec une meuf de 22 ans. » Tu hausses les épaules, persuadé que Mavka a le béguin pour Mallory et que c'est sûrement réciproque, d'ailleurs. « Bon, si maintenant, monsieur-je-râle-pour-tout-et-pour-rien a fini de me brûler les oreilles avec ses plaintes puériles, j'ai, moi, autres choses à faire que te faire comprendre ce qu'est une famille et ce que tu dois faire pour ne pas t'engueuler avec mon frère. » Parce que si Mallory continue de te faire chier, tu pourrais bien être la source de leurs engueulades. Est-ce que tu en as marre que Mallory ait la tête aussi grosse qu'un grodrive ? Oui. Est-ce que tu as hâte de lui faire mordre la poussière ? Oui. Mais, en l'occurrence, avant qu'il te cherche des poux, tu venais en paix. Lui rendre ce que tu lui as pris. C'était réellement un geste de paix, mais cet idiot le prend encore comme un affront. Tu peux plus rien pour lui. Sans doute que, personne le peut.

« Que ce soit maintenant ou plus tard, de toute façon, te voir reste désagréable. » Formidable, le fait est que personne ne lui demandait son avis ; si sa présence est si insupportable à ce petit imbécile, alors qu'il lui rende juste son argent et qu'il se casse. De toute manière, Mallory en a fini depuis un certain temps ; il n'a aucune envie de se prendre la tête avec Isaïah aujourd'hui. Isma lui en voudrait sans doute encore quoique l'idée lui parait terriblement injuste, et ce n'est pas du tout ce qu'il veut. « Pour un mec qui a autre chose à foutre de sa vie, tu viens de me faire une belle tirade. J'sais pas si je dois applaudir ou avoir pitié, d'ailleurs. » Trois phrases c'est une tirade pour lui ? A peine une mise au point, si Mallory ose dire ; et encore si ladite tirade ne posait  vraiment aucun problème à Isaïah, il aurait tourné les talons et serait parti, ce qui n'est toujours pas le cas. Le gamin est toujours là, tourné vers lui, les yeux levés vers le ciel comme s'il était incapable d'en contrôler les mouvements. Ce qui est notable, tout de même, c'est sa capacité à fatiguer le champion en l'espace de quelques secondes et deux phrases. Personne n'avait encore jamais réussi une performance pareille.

« Ton fric, je te le devais. On est d'accord. » Oui, de fait il le lui devait. Et donc ? « De plus, si tu connaissais quelques choses à la famille qu'on est, tu saurais qu'il apprécierait sans doute d'avantage qu'on essaie de s'entendre plutôt que tu me baratines des idioties, quand je fais un pas vers toi. Mais, t'en fais pas. Je lui demanderai ce qu'il en pense quand je le verrai. » Sauf qu'Ismaël n'a pas forcément voix au chapitre pour tout, et encore moins pour ses fréquentations. S'il a conscience que la famille est importante pour les Esperanza, Mallory sait aussi qu'il n'a jamais été homme à nouer des relations solides et durables. S'il n'a pas envie d'apprendre à apprécier un petit merdeux pareil, Ismaël n'aura absolument aucune influence là-dessus et au vu des faux efforts que fait ce gosse pour se rendre agréable, c'est vraiment mal barré.

« J'en profiterai pour lui demander ce qu'il pense de ta relation malsaine avec une meuf de 22 ans. » D'accord. Alors cette fois Mallory n'a pas la moindre idée d'où ça sort une idée pareille, et il hausse un sourcil complètement éberlué. Mais de qui il parle, ce crétin ?! « Bon, si maintenant, monsieur-je-râle-pour-tout-et-pour-rien a fini de me brûler les oreilles avec ses plaintes puériles, j'ai, moi, autres choses à faire que te faire comprendre ce qu'est une famille et ce que tu dois faire pour ne pas t'engueuler avec mon frère.
– Oh, et quoi par exemple, inventer de nouveaux bobards à mon sujet ? » siffle-t-il en fronçant les sourcils. « C'est quoi ce délire avec une meuf de 22 ans, tu peux m'expliquer ta nouvelle marotte, Esperanza ? Et en quelques mots s'teuplait, parce que dans le genre tirade t'es pas en reste non plus. » Ses leçons de morale sur la famille, ça va, il en a déjà bien assez avec Isma ou Ollie pour se farcir les conseils foireux d'un abruti qui l'a quittée, ladite famille. « Cela dit tu peux bien demander à Isma ce qu'il en pense de cette relation, il sera sûrement aussi étonné que moi par ta nouvelle tendance à la mythomanie. »

Tu hausses simplement les épaules. Peut-être qu'il est sincère avec ton frère, et en tout cas tu l'espères. Cependant, tu ne lui fais pas confiance, et si ton frère est assez grand pour se débrouiller, faut non plus être né de la dernière pluie pour croire que tu laisseras ton frère avoir une peine de cœur avec un mec qui croit on ne sait quoi. En fait, Mallory tu comprends rien à sa façon d'être. Il est bizarre, et même quand tu veux être gentil, il te lance des piques. Alors à quoi bon l'être, franchement ? C'est pénible. Du coup, tu lâches ce que tu as compris de ton conflit avec Mavka. « Peut-être que ce n'est pas réciproque en vu de ta réaction. Dommage pour Mavka qui semble éprise de toi. » Tu te retiens de faire une réflexion sur l'intelligence de Mallory en vu du peu de mot que tu as fais, un truc du genre : ça va, ce n'était pas trop long, ton cerveau à suivi ? Cependant, ta bouche ne se rouvre pas, tu fais un effort de plus, pourtant ça te démange la bouche, tout comme ça te démange les poings de lui en mettre une à chaque fois que tu le vois. Tu hausses un sourcil. S'il croit mettre d'avantage la merde entre ton frère et toi, il est pas sorti, vous vous débrouillez très bien tous les deux, non puis sincèrement, tu n'irais pas le faire. Il décide déjà de se mettre sur ton dos bien trop à ton goût, si Mallory pouvait l'occuper d'avantage ça ne serait pas de refus. Tu vas encore mettre ta fierté de coté, et il te tarde à ce que Mallory le fasse un jour, mais encore une fois c'est toi qui t'en charge. « Ecoute, ce qu'il se passe dans ta vie privée ne me regarde pas. Simplement, j'ai cru qu'il y avait un truc avec Mavka, visiblement non. Bref, prends ta thune et on arrête là. Mes excuses sont toutefois sincères, t'en fais ce que tu veux. » Tu soupires et hoches la tête vers Iron et Spider commençant à faire demi-tour. Tu as autres choses à faire, surtout dans le coin, que de te friter encore avec Mallory. Il te prend toute ton énergie, et tu n'as pas besoin de ça. Tu as besoin de t'entraîner et surtout tu as des souvenirs dans le coin que tu veux te rappeler en toutes tranquillités sans avoir envie de t'engueuler avec un mec hautain et agaçant comme lui. C'est difficile d'admettre que ton frère est en couple avec lui, mais tant pis, c'est leur vie pas la tienne. Tu ferais mieux de t'occuper de ton équipe et de suivre l'entraînement de Jasper à la lettre.

« Peut-être que ce n'est pas réciproque en vu de ta réaction. Dommage pour Mavka qui semble éprise de toi. » Alors, c'est ça cette histoire de détournement de gamine ? Révulsé, Mallory en écarquille les yeux, stupéfait. C'est vraiment de la petite Mav qu'il parlait, cette gosse à qui il avait promis de lui apprendre à devenir une dresseuse, un jour, quand elle serait plus grande ? C'était il y a presque mille ans, il n'avait pas encore quitté Lathea, son quotidien, quoique jalonné par la maladie, n'avait pas encore été détruit par les conflits. Cette gamine l'avait suivi comme une ombre discrète parce qu'elle s'était perdue, et maintenant il tient sa promesse. L'admiration silencieuse de la jeune fille à son égard le met mal à l'aise, parce qu'il ignore ce qu'il a bien pu faire pour la mériter, mais elle lui fait plaisir, aussi. Mavka lui donne l'occasion de faire quelque chose de bien, pour quelqu'un, et voilà que ce petit con décide de tout casser avec une histoire inventée, sordide. Il en fronce les sourcils une fois l'hébètement passé.

« Ecoute, ce qu'il se passe dans ta vie privée ne me regarde pas. Simplement, j'ai cru qu'il y avait un truc avec Mavka, visiblement non. Bref, prends ta thune et on arrête là. Mes excuses sont toutefois sincères, t'en fais ce que tu veux. » C'est vrai qu'il a drôlement l'air de les assumer, ces excuses. Isaïah se comporte comme un enfant, un enfant stupide qui aurait été éduqué à grand renfort de négligence ; et alors qu'il lui tourne le dos, Mallory secoue la tête, fatigué et exaspéré. Il le sait, lui, qu'Isma serait heureux de les voir se tolérer à défaut de s'apprécier, et cet échange ne le permet absolument pas. Quant au reste... tandis qu'il lui tourne le dos, Mallory soupire longuement, passe une main sur son visage. Près de lui, Sophie gambade, entre et sort des maisons abandonnées, glousse auprès d'amis imaginaires qu'elle est sans doute la seule à voir. Les morts qui sont ici n'ont jamais connu la paix.

« Mavka était petite, quand je l'ai rencontrée. » Il ne sait pas très bien pourquoi il dit ça ; ça ne doit sûrement pas l'intéresser, ce petit crétin égoïste. Peut-être qu'il a un peu besoin de se justifier, Mallory. Il en a assez, de passer pour un monstre en permanence. « Elle cherchait des fossiles avec son grand-père, sur la plage Carapagos, et elle s'est perdue. C'est moi qui l'ai trouvée, et je l'ai ramenée à sa famille. Quand elle est partie, je lui ai promis de lui apprendre à devenir une dresseuse. » A l'époque, Mallory était déjà doué. Pour une raison obscure, il a toujours su entraîner ses Pokémon, il a toujours excellé dans les combats. Sa place dans l'arène, il la mérite. « Elle est revenue il y a quelques temps pour me demander d'honorer ma promesse, et c'est ce que je fais, ça s'arrête là. Je sais pas ce qu'elle t'a dit pour que tu croies à des trucs dégueulasses, mais quand bien même t'aurais envie de me filer toutes les déviances du monde, j'ai pas celle-là. » Il hausse les épaules ; machinalement, il tire un paquet de cigarettes de sa poche. « Dans le cas contraire, j'imagine que certaines de tes connaissances proches m'auraient quitté depuis longtemps. »

Alors tu faisais demi-tour, la voix de Mallory résonne, ce qui te surprend, dans un premier temps... et dans un second, tu te retournes vers lui, pour écouter ce qu'il va te dire. C'est de Mavka qu'il te parle, comme pour justifier sa connaissance avec ta rivale d'aujourd'hui. Tu l'écoutes, tu le coupes nullement et surtout, tu ne lèves aucunement les yeux au ciel. Une avancée, tu restes de marbre devant lui et surtout à la fin du récit, tu te sens complètement débile. Puis, tu hausses les épaules à ton tour. Tu te rends compte que tu lui donnes vraiment tous les vices. Pourtant, être con -parfois- est déjà amplement suffisant. Surtout qu'après tout, ta colère se base sur un vieux souvenir de plus de dix ans, et du fait que ton crétin de frère soit parti avec lui et Oliver à l'époque. « Désolé... » Tu ne sais pas si ça l'intéresse, sûrement pas mais... « On était ami avant qu'on démontre nos divergences d'opinions. Bien sur, vu que je te porte pas trop trop dans mon cœur, c'est pas toi, pour moi, le meilleur champion de Lathéa. Mais pour Mavka si. Et c'était quelques jours après ce combat à la tour.. » Où Mallory t'avait mis une raclée bien salée. « Sous la colère, je pense, je me suis fait des films. Je suis désolé. » De réelles excuses, encore une fois. Même si t'es un poil trop sincère, mais ça t'y peux rien. Tu inspires un peu avant de reprendre un peu, tu oses pas mais tu dis qu'il a fait un pas pour que tu arrêtes de le prendre pour un monstre, autant que tu en fasses un aussi, non ? « Je... hum... J'pensais qu'on pourrait faire un bout de chemin ensemble ? » Tu hausses les épaules. « J'sais pas, mais final'ment j'te connais pas plus que ça. J'ai des brides de souvenirs de quand j'étais enfants, c'est pas joyeux... » Après s'il veut pas, bah tant pis pour lui, mais ça ferait aussi un pas vers ton frère avec qui c'est plutôt chaotique ces derniers temps. Non, parce que c'est bien beau de menacer Mallory par rapport à Ismaël, mais faudrait-il que monsieur Esperanza décide de t'écouter et arrête de faire le père envahissant avec toi. Ce qui n'est pas gagné.

Voilà, est-ce qu'il est content, maintenant, Isaïah ? A tous les coups il ne va sans doute pas le croire ; qui pourrait imaginer qu'un garçon comme lui, un égoïste notoire, grande gueule et caractériel, déciderait de prendre consciemment soin d'une jeune fille aussi douce que la petite Mavka ? Pourtant, c'est ce qui est arrivé. De toutes les personnes qu'il connait, Mallory sait qu'elle est sans doute la première à qui il pourrait promettre de ne jamais faire le moindre mal. Des anges, on en rencontre pas beaucoup sur cette maudite terre, mais quand on a la chance den connaitre un, il faut en prendre soin. Renfrogné, il tire sur sa cigarette, attend une réplique acerbe... qui ne vient pas. « Désolé... » Et cette fois, Mallory relève le nez, surpris. Ces excuses-là, elles semblent bien plus sincères que les précédentes. A l'évidence, il vient de moucher le garçon, qui a le nez plus bas, un peu penaud.

« On était amis avant qu'on démontre nos divergences d'opinions. Bien sur, vu que je te porte pas trop trop dans mon cœur, c'est pas toi, pour moi, le meilleur champion de Lathéa. Mais pour Mavka si. Et c'était quelques jours après ce combat à la tour.. » Et par conséquent, ils se sont disputés comme deux enfants admirant chacun une idole différente ; il y a une certaine logique dans tout ça, et la rancoeur nourrie par la raclée que Mallory lui a collé à la tour n'a pas dû aider à le raisonner au sujet de l'admiration discrète que Mavka lui voue. Mallory ne s'en vante pas, bien au contraire ; il a toujours été là pour l'aider, et certainement pas pour être adoré. Isma lui a déjà dit que c'était ce qui arrivait, quand on faisait preuve de bienveillance envers quelqu'un qui la méritait. Une heureuse conséquence. « Sous la colère, je pense, je me suis fait des films. Je suis désolé. 
– C'est bon, répond le champion en haussant les épaules. C'est des gamineries, tout ça. Du moment que tu t'imagines pas des trucs bizarres, je m'en fous. »

Non pas que l'avis d'Isaïah au sujet de Mav ait une quelconque importance, mais il n'a pas envie que ce genre de pensées remonte aux oreilles de la jeune fille. Cette relation, elle est douce et très pure, et il n'aime pas l'idée que des pensées pareilles puissent la souiller. « Je... hum... J'pensais qu'on pourrait faire un bout de chemin ensemble ? » Tiens donc. A son haussement de sourcils, curieux et surpris, Isaïah se contente de hausser les épaules, dans la parfaite représentation d'un gosse cherchant à jouer les durs malgré ses petites bêtises. Il ne ressemble pas du tout à son grand frère. « J'sais pas, mais final'ment j'te connais pas plus que ça. J'ai des bribes de souvenirs de quand j'étais enfants, c'est pas joyeux... »

Forcément ; mais c'est un peu compliqué à expliquer. « J'avais rien contre vous, hein, répond le dresseur avant d'emboiter le pas au jeune homme, dans une autorisation muette à l'accompagner. Au contraire, je l'aimais bien, votre famille. C'est un peu compliqué à expliquer. » Et c'est sans doute plus con que n'importe quoi, s'il devait raconter cette histoire, Isaïah ne la comprendrait sans doute pas. Isma ne l'a pas comprise. Personne n'a compris pourquoi, soudain, Mallory s'était retourné contre le jeune Esperanza. « Ton frère sortait avec Oliver. J'étais un ado malade et mal dans sa peau, alors je me suis vengé en essayant de lui faire le plus de mal possible, c'est tout. C'était pas très intelligent. » Mais Mallory n'a jamais été réputé pour faire des choses intelligentes. « Par contre, c'était beaucoup plus facile de faire semblant d'être son ami et de regarder mon meilleur pote rouler des pelles à... enfin, bref. De toute façon c'est fini, toutes ces histoires. » Maintenant, les choses se sont remises en ordre. Ou du moins, Mallory peut oser l'espérer. « Ça aurait sûrement jamais dû atteindre quelqu'un d'autre qu'Isma, mais bon. »

Il semble coopératif. C'est bizarre. T'es pas habitué à ça de la part de Mallory. Tu trouve pas ça louche, parce que tu vois que c'est une autre facette, et c'est une facette que tu voudrais connaître finalement. Parce que si c'est, cette facette, qui est avec ton frère : tu n'as donc plus aucun problème avec Mallory. Par ailleurs, le champion de type spectre prend les devant, tu décides de le suivre, comprenant que c'est une acceptation à ta proposition. Ta braisillonne et ta tarenbulle ne te quittent pas d'une semelle. Puis, il t'explique qu'en réalité, il aimait bien votre famille. On va pas se mentir en disant que ça t'étonne. Tu en hausses les deux sourcils d'ailleurs. Puis, il t'explique qu'il aimait déjà Ismaël à ce moment, alors qu'il sortait avec Oliver à cet époque. En combinant, les rapides explications d'Oliver et celles de Mallory, tu comprends plus ou moins l'histoire, et surtout étonnement, tu comprends aussi Mallory. Sur le coup, tu ne relèves pas quand il te dit qu'il était malade, et ça tu le relèveras que beaucoup plus tard, et on finira par t'expliquer. Mais pour l'heure, tu hausses les épaules en regardant la zone dite dangereuse d'une vision panoramique. « Ce n'était pas intelligent, mais je comprend. » En tout cas tu comprends mieux. Tu te mets à sa place, voir ton meilleur pote avec la personne que t'aime, qui ne te regarde que trop peu. Tu projettes ça avec Nelly et déjà ça te pince le cœur. Puis, dans le fond, tu faisais à peu près pareil, t'en faisais baver à Mallory, aussi pour le départ d'Ismaël, alors que finalement, c'est lui seul qui a décidé de partir, personne l'a forcé. Tu ne te permets pas d'en parler, cela dit. « Tu l'aimes depuis longtemps, alors, Isma ? » Question qui n'attend pas spécialement de réponse, tu comprends simplement que tu as peut-être joué avec de réels émotions, de réels sentiments. Ça te mets mal un peu, parce que tu n'aimerais pas qu'on fasse ça avec les sentiments que tu as pour Nelly, loin de là. Tu ne sais pas trop quoi dire en fait, parce que tu sens stupide et surtout tu comprends réellement toutes les erreurs que tu as fais jusque là, contre Mallory. Comme s'il était la peste qui se faufile dans ta famille.

« Ce n'était pas intelligent, mais je comprend. » Ah, il comprend ? Mallory ne devrait sans doute pas être surpris. Isaïah semble fait de ce même et étrange bois qui le constitue lui, le pourrissement en moins ; agissant bien plus par colère que par discernement, peut-être n'aurait-il pas supporté, lui non plus, de voir des espoirs comme ceux qu'il a nourris à l'égard d'Ismaël s'envoler en fumée au premier baiser qu'il a surpris, dans un recoin d'une salle de répétition. Il n'a jamais rien eu contre Oliver, il n'a jamais souhaité que son  bonheur ; mais il aurait aimé qu'il soit heureux avec quelqu'un d'autre, c'est tout. Lorsque tout s'est terminé entre eux, Mallory n'a eu aucun problème à lui asséner des vérités que seul un ami pouvait lui envoyer derrière les dents. T'étais pas quelqu'un pour lui. Tu l'aimais pas. Tu le retenais, alors que c'était pas lui que tu voulais, tu savais pas dont il avait besoin. Il est parti parce qu'il avait besoin d'être libre et si tu l'avais vraiment aimé, t'aurais compris. Si Oliver avait regardé, à l'époque, autre chose que son nombril, il aurait compris ce que ces phrases rageuses dissimulaient. Mais personne ne l'a compris, personne ne l'a vu. Pendant des années, il a caché dans un petit coin secret l'affection sans bornes qu'il vouait à un garçon qu'il ne faisait que blesser.

« Tu l'aimes depuis longtemps, alors, Isma ? » Est-ce que ça l'intéresse vraiment, Isaïah ? Il y a de la curiosité dans ses yeux, et une étrange pointe de méfiance, comme s'il se demandait encore pour quelle raison son aîné aurait accepté dans sa vie un garçon comme lui. En vérité, Mallory se demande exactement la même chose et ce depuis longtemps. Alors, doucement, il sourit ; pour la première fois depuis qu'ils se connaissent, il n'y a aucune moquerie dans ce léger haussement de lèvres, au rappel de souvenirs anciens, les plus doux de sa vie. « Depuis la première fois que je l'ai vu, dit-il en avançant tranquillement, avant de porter sa cigarette à ses lèvres. J'avais quatorze ans. Il a souri, et j'ai eu l'impression... j'en sais rien. D'avoir passé toute ma vie en hiver, et de rencontrer le soleil pour la toute première fois. C'est sûrement un peu con. » Et c'est si peu, en comparaison de la vérité. De ce qu'il a ressenti, de ce qui l'a étreint, réchauffé, ces yeux caramel brillants de gentillesse, cette pointe sauvage dissimulée dans un recoin de son immense sourire. Mallory s'est senti voler, chuter dans le même temps. Jamais encore, une rencontre ne lui avait fait un effet pareil, jamais. Et cela n'est plus jamais arrivé ensuite.

« Mais j'ai jamais osé lui dire, reprend-il en secouant doucement la tête. J'étais un pauvre ado malade, j'avais rien à lui offrir. J'étais l'antithèse de lui, j'avais même pas d'espoir. Puis il s'est mis avec Oliver... et c'est devenu très dur de faire semblant, alors je me suis mis à le détester, c'était beaucoup plus simple. » Puis il y a eu Myrtha, leur départ à tous, ces années à battre la campagne à travers les régions, les premières tensions entre Ismaël et Oliver, leur séparation, et ses bras, forts, se refermant pour la première fois autour de sa silhouette frêle. « Après ça, il est parti tout seul, c'était une bonne occase de l'oublier, pour moi. Mais j'ai jamais réussi. J'en aurais sûrement jamais parlé à personne si t'avais pas ramassé mon portefeuille, en fait. » Et il ricane, Mallory, parce qu'il ne lui en veut plus vraiment, à Isaïah. Pour une seule bonne raison. « Au final, ton frère et moi on serait sûrement toujours tout seuls comme des cons, si ton petit chantage m'avait pas fait cracher le morceau comme un abruti. »