Mission de sauvetage se terminant finalement sur le tard. Soren pousse un long soupire de soulagement, Prince le fixant d'un air détendu, soulagé, lui aussi, que les choses soient finalement rentrées dans l'ordre. Après un bon repas, durant lequel le tatoué a prévenu son père qu'il ne rentrera pas dormir, mais qu'il est toujours vivant, Soren se dirige tranquillement en direction du casino. Il traînait dans le coin, alors autant s'arrêter un peu avant de rejoindre l'hôtel qu'il vient de réserver pour la nuit. L'air nonchalant, les mains dans les poches, Soren rejoint la porte d'entrée, jugeant l'homme de la sécurité du regard. Son Vivaldaim chromatique sur les talons, ce dernier ne le quittant désormais plus, ce dernier s'arrête en même temps que son dresseur qui s'empresse de sortir sa carte d'identité. Il est majeur et dans les règles après tout.

Finalement, Soren s'approche des machines à sous avec intérêt. Autant tenter sa chance aujourd'hui. Il n'a pas pris pourquoi d'argent mais cela suffira pour tenter quelques coups. Pourtant, bien vite, son sang ne fait qu'un tour et il oublie son envie de jouer en solo. Ce foutu vieux con. Ismaël. Voleur d'une nana qu'il dragouillait depuis quelques jours. Soren l'a encore en travers de la gorge. S'approchant alors furtivement, il vient lui donner une tape masculine, un peu brutale, dans le dos. Ismaël sait bien qu'une légère animosité l'anime désormais, mais il n'a pas l'air trop inquiet de cela. « Tiens, du gland. J'pensais pas t'trouver dans l'coin. T'as l'air moins chanceux qu'moi à ces jeux. » Sourire moqueur au bord des lèvres, Soren, il a décidé de jouer au con ce soir et de le défier.

Pourquoi il est venu, déjà ? Éviter de noyer son chagrin dans l'alcool ? Claquer toute sa tune dans des jeux de hasard débiles ne ressemble pas à une idée beaucoup plus pertinente, mais maintenant qu'il est là Ismaël doit bien avouer qu'il a un peu de mal à s'arrêter ; ça fait deux ou trois fois que ce Bandit-Manchot à la con lui fait passer le gros lot sous le nez et l'espoir stupide généré tant par les cris de joie qu'il entend parfois autour de lui que par les images qui ralentissent puis hésitent juste avant de la lui faire à l'envers ne l'aident en aucun cas à prendre la sage décision de quitter les lieux avant de se ruiner. Sauf que malgré tout, l'objectif premier est rempli : il se sort son chanteur de la tête et, pour ce soir au moins, s'il se rend malade, ce ne sera pas la faute de Mallory.

Maugréant dans sa barbe en voyant Arcéus passer une fois de plus à un cheveux de ses deux jumeaux, il soupire longuement et passe une main très exaspérée sur son visage. Frustré, il est bel et bien sur le point de ragequit quand une grande tape dans dos le fait légèrement sursauter. Qui c'est ça encore ? Il est pas d'humeur. « Tiens, du gland. J'pensais pas t'trouver dans l'coin. T'as l'air moins chanceux qu'moi à ces jeux.
– Ah, Soren. Moi ça m'étonne pas de te voir. Tu sais c'qu'on dit, hein, chanceux aux jeux... »
Il répond sans sourciller au sourire moqueur de son vis à vis, quand bien même ce dicton débile ne s'appliquerait absolument pas à son propre cas : il n'est ni heureux en amour, ni chanceux à ces trucs-là. Enfin, on ne peut pas dire qu'il ne l'ait pas cherché ; après tout Ismaël Esperanza est sans doute le seul type du monde à savoir aussi mal réagir au fait de s'être fait larguer par un mec avec lequel il n'était pas et ne voulait pas être en couple. « C'est bien d'être fier de sa chance, par contre tout baser là-dessus pour réussir à serrer... t'as bien vu que c'était pas une bonne méthode. »
Délaissant la machine à sous, il désigne d'un signe de tête une table de Black-Jack disponible. « J'vais passer là-dessus, dit-il en s'installant, tirant aussitôt ses deux premières cartes. Si t'as aussi envie de claquer ton fric dans ces conneries, il reste une chaise, tu pourras en profiter pour me demander conseil en matière de drague. J'suis bon Prince, hein ? »

Soren veut jouer au grand. Soren veut jouer au dur. Il doit avouer qu'il n'a pas vraiment apprécier le fait de se faire piquer une donzelle pour un soir. Et autant le dire tout de suite ; il ne passe jamais derrière quelqu'un. Jamais. Surtout pas quelqu'un qu'il connaît. Si Ismaël aurait pu devenir un bon ami de fêtes, il en désormais du mauvais côté de la balance. Bien-sûr, que dans le fond, il s'en fout, mais son côté impulsif rend les choses un peu trop différentes à ses yeux. Il aurait pu imaginer Nemo à la place. Perdre le rouquin serait la fin d'une vie. D'un amour d'enfance, d'adolescence et même d'adulte. Et ce foutu con qui continue de sourire et de se payer sa tête. Soren contracte la mâchoire, soutenant le regard du plus âgé tout en se retenant de ne pas lui envoyer son poing droit en plein visage. Un crochet du droit bien mérité. Ça lui ferait un bien fou, mais il ne pourrait certainement plus jamais mettre un pied dans ce maudit casino. Respire, Soren. « T'as pas l'air très heureux en amour non plus, vu qu't'es seul au casino. » Remarque Soren, jouant ses propres cartes comme il le peut, à sa manière. Il espère l'avoir piquer au vif. Deux petits cons cherchant à énerver l'autre un peu plus. Combat de coqs inutil.

Réussir à serrer. Soren laisse un petit rire s'échapper d'entre ses lèvres tandis qu'il secoue de la tête. « Certains femmes pensent simplement que ceux qui ont des rides sont plus connaisseurs, mais ce n'est pas toujours vrai. » Joue-t-il sur les années qui les séparent ? Bien-sûr et même si Ismaël n'est pas si vieux que cela, il faut admettre que Soren est tout de même bien plus jeune que lui, au final. « J'suis certain d'pouvoir te battre. » Qu'il renchérit tout en s'installant à sa droite, sourcils froncés. Ismaël est énervant. Il est beau garçon, c'est vrai, peut-être un brin trop arrogant aux yeux de Soren. Il pourrait plus le cogner que tenter de le draguer. Loin de lui cette envie. Ça lui donnerait presque des boutons rien que d'y penser. Soren glisse une main vers l'avant pour tirer deux cartes à son tour, sourire narquois quand il remarque que le type à sa gauche vient de perdre son premier essai. « J'ai clairement pas besoin d'un type dans ton genre pour prendre des conseils. » Soren le juge du regard, mine dégoûtée sur le visage tandis qu'il retourne ses deux cartes.  

« T'as pas l'air très heureux en amour non plus, vu qu't'es seul au casino. »
Heureux en amour ? Ça l'aurait fait ricaner en d'autres circonstances ; Ismaël l'a été amoureux qu'une fois, et vue la façon dont ça s'est terminé, c'est une aspiration qu'il a considérée totalement stupide. La preuve en est qu'il n'a jamais cherché à se recaser depuis et que ce n'est pas dans ses intentions ; n'en déplaise à Mallory. Si le chanteur pouvait se contenter de ce qu'ils avaient sans vouloir à tout prix se considérer enchaîné dans un couple, tout irait bien de ce côté aussi. Du coup dans la mesure où il a renoncé il y a des années au concept de couple heureux on peut considérer qu'il était très heureux en amour jusqu'à ce que les lubies de stabilité et de normes sociales à deux ronds ne fassent péter les plombs à son amant.

Mais bon, il ne va pas entrer dans les détails et il se contente d'ignorer la réplique du gamin. « Certains femmes pensent simplement que ceux qui ont des rides sont plus connaisseurs, mais ce n'est pas toujours vrai. 
– C'est dommage que tu n'aies pas réussi à en convaincre Juliet ; en tout cas elle avait l'air sacrément contente de son choix, ce soir-là, répond-il sans se démonter en lâchant un petit rire faussement désabusé. » 
Le petit Soren ferait mieux de rester dans sa catégorie et d'essayer de draguer des gamines de son âge, il se casserait moins les dents en tombant sur plus charmant que lui. « J'suis certain d'pouvoir te battre. » 
Oh, s'il veut essayer ; on ne peut pas dire qu'Isma se fasse beaucoup de souci pour l'issue de ce petit duel de cartes ; ce n'est qu'une question de chance, et en aucun cas de stratégie. Il n'en serait pas de même pour un concours de drague ou un duel Pokémon, mais en l'occurrence le môme a l'air d'avoir quelque chose à se prouver alors qu'il tente si ça l'amuse. 

Les deux premières cartes d'Ismaël ne sont pas si mauvaises, mais prendre une carte de plus revient à prendre un sacré risque. De toute façon, ça n'aurait aucun sens de s'arrêter maintenant alors il va continuer, une fois que Soren aura dévoilé ses cartes. Il hausse un petit sourcil plutôt amusé en constatant que le gamin a fait encore moins que lui ; c'est pas de chance ça alors. « J'ai clairement pas besoin d'un type dans ton genre pour prendre des conseils. 
– Bah, si repartir bredouille aux soirées où je suis aussi ne te dérange pas, j'imagine que tu peux bien persévérer avec ta méthode, répond-il en souriant, amusé par l'assurance du petit. Faudra juste pas te plaindre si ta cible du soir repart avec quelqu'un avec plus de rides. » 
Allez, une carte de plus, de toute façon il n'a rien à perdre à part un fric dont il ne sait de toute façon pas quoi faire.

Soren sourit en coin, quand le jeune homme ne lui répond pas. Malheureux en amour, ça se voit. Certainement comme lui. Tatoué qui est incapable d'avouer ses sentiments à l'être aimer. Il soupire longuement néanmoins levant les yeux au ciel quand Ismaël se vante un peu plus. Croisant les jambes, Soren hausse un sourcil. Si lui se vante assez souvent, il doit avouer que ce n'est clairement pas au poing de cet imbécile. « Comme on l'dit si souvent, ceux qui se vantent le plus, sont ceux qui se démerdent le moins. » Minaude-t-il tout en haussant des épaules. « J'aurais été bien plus vexé si tu m'avais piqué un mec. » Qu'il balance avec amusement, nullement gêné à l'idée d'avouer sa bisexualité. C'est vrai, quoi. Les femmes, c'est marrant, mais Soren a toujours préféré les hommes, avec une attirance plus particulière pour les rouquins pouvant potentiellement lui rappeler Nemo. Même s'il n'y a qu'un seul Nemo, après tout. Et que celui-ci ne s'intéressera certainement jamais à un abruti dans son genre.

Les cartes qu'ils tirent son minables et Soren marmonne en levant les yeux au ciel. Il serait même presque sur le point de taper contre la table pour se détendre un peu. Ismaël a ce don pour l'énerver, à tel point qu'il l'irrite par son simple sourire. Putain de merde. « J'dois faire peur avec ma gueule de con, que veux-tu. » Qu'il balance, bougon sans vouloir renchérir. Ce type a bien trop de répartie pour lui et s'il ne veut pas finir par le cogner, il faut qu'il se détende, et vite. « Enfin, à ton âge, j'espère quand même être caser, ça m'ferait flipper d'atteindre presque la quarantaine et d'être toujours seul. » Comment ça, cet abruti n'a pas encore passé la trentaine ? Soren s'en branle, littéralement et retire deux nouvelles cartes, soulagé que l'imbécile n'est pas gagné en tirant une troisième carte pour sa part.  

« Comme on l'dit si souvent, ceux qui se vantent le plus, sont ceux qui se démerdent le moins. »
C'est vrai. Et c'est d'autant plus amusant, donc, de se vanter, de ramener tout de même sa cible du soir chez soi, et d'en plus la surprendre en tenant ses promesses. En l'occurrence pour ce qui est de ça, Ismaël a simplement arrêté de se prendre la tête et il n'a absolument pas l'intention de se justifier ; en fait s'il était intelligent il ne réagirait même pas aux provocations du plus jeune. Sauf que si Ismaël a toujours été beaucoup de choses, cette qualité-là pourtant, on ne peut pas dire qu'il en ait très souvent fait preuve. Ce soir ne sera pas une exception. « J'aurais été bien plus vexé si tu m'avais piqué un mec.
– Tu m'étonnes, sourit-il, amusé presque malgré lui. »
Il ne s'attendait pas à ça, et doit admettre que lui-aussi serait sans doute plus frustré de se faire voler un homme qu'une femme. Peut-être parce qu'il préfère les premiers que les secondes ; ce n'est pas une question qu'il s'est posé très souvent. De toute façon, il n'a pas l'intention de chercher à ramener qui que ce soit ce soir alors il est plus ou moins à l'abri de toute humiliation et/ou préoccupation du genre.
Le jeu n'est pas avec eux ce soir : l'un comme l'autre ne piochent que des cartes perdantes et ça commence à être un petit peu agaçant, se dit-il en grognant intérieurement face à la carte qui lui fait perdre sa manche. « J'dois faire peur avec ma gueule de con, que veux-tu. »
Peut-être, qui sait ; ou alors ce sont les tatouages, hein, on se sait jamais sur quel genre phobique on tombe après tout. La remarque fait hausser les épaules au baroudeur ; Soren n'est absolument pas son genre mais objectivement, il a déjà croisé homme plus repoussant, il faut bien le reconnaître. « Enfin, à ton âge, j'espère quand même être caser, ça m'ferait flipper d'atteindre presque la quarantaine et d'être toujours seul. »
Cette fois, Ismaël rigole ; ce gamin n'a décidément pas sa langue dans sa poche. « Oh, alors tu crois au grand amour ? C'est adorable, dit-il, moqueur, en avisant les cartes de son adversaire avant de tendre la main pour en saisir à son tour. Et tu l'as trouvé, l'élu de ton coeur, ou t'es juste convaincu qu'un jour tu auras un coup de foudre pour le Prince Charmant ? »  

L'attitude d'Ismaël est irritante et Soren lui ferait bien ravaler sa fierté. Néanmoins, il n'est pas certain que ses supérieurs apprécieraient d'apprendre qu'il s'est battu alors qu'il est censé montrer le bon exemple depuis qu'il est devenu ranger. Ne pas faire parler son impulsivité, retenir son agressivité et son envie de bagarre n'est véritablement pas une chose aisée, au final, mais cela en vaut la peine. Être ranger, ça lui plaît, c'est indéniable. Il tente pourtant de l'énerver, mais le bougre éclate de rire avant de lui relancer quelques pics. Grognant alors qu'il tire ses cartes pour un nouvel échec, Soren lui fait un doigt d'honneur, le regard noir. Il n'y croit pas, au grand amour. L'amour impossible avec Nemo lui fait déjà assez de mal comme ça. Et putain de merde, il est hors de question qu'il parle de cela à cet abruti finit à la pisse. « Tu m'les brises. C'pas possible d'être aussi casse burnes sans déconner. » Grogne Soren, sur le point de partir. Mais Soren n'a pas dit son dernier mot.

Il fait signe pour tirer une troisième carte. On ne sait jamais, sur un malentendu, il pourrait gagner face à cette horrible face à sa droite. « L'amour c'est des conneries. Et j'parlerai pas d'ces trucs là avec un type dans ton genre. » C'est qu'il montrerait presque les crocs, le tatoué, tandis qu'il inspire. « Toi, ça s'voit qu'personne pourra jamais t'supporter. Bizarrement, j'suis même certain que t'es l'genre du type qu'on abandonne parce que tu casses trop les oreilles. J'te le dis, tu finiras vieux et seul. » Marmonne Soren en ronflant presque des nasaux. S'il avait été un Galopa, cela aurait été possible après tout. Au lieu de ça, Soren saisit la carte à tirer, tendu.