« Espèce de salaud ! »
Cette fois, c'est plus fort que lui, Ismaël éclate de rire devant l'air purement scandalisé de la princesse, et il félicite chaleureusement son Pokémon. Le champion était terriblement sexy avec ce petit air sûr de lui, mais cette expression outrée ne lui va pas mal non-plus, à la réflexion.
En tout cas, la tournure du combat a bien évolué. Normalement, il n'aura pas besoin de mener ce Requiem au bout, mais le stress provoqué par une attaque pareille a toujours des effets absolument remarquables. Than, lui, est tranquille ; il a été libéré des tentatives d'hypnose et visiblement, l'idée de finir KO ne l'affole pas plus que ça. À l'évidence, ce petit évoluera effectivement en Ossatueur d'Alola. « Aurore, Choc Mental, fous moi ce sale petit Pokémon par terre, dépêche toi ! »
Mais elle panique, Aurore, parce qu'elle a très bien compris ce qui allait lui arriver alors son attaque est lancée dans la précipitation ; Than n'a aucun mal à l'esquiver et, bon élève, il arme déjà son bras pour lancer son os droit sur son adversaire. « C'est super mon grand, t'es le meilleur. »
Il a recroisé les bras, Isma, et le sourire qui éclaire ses lèvres est aussi tranquille que fier, quand il le pose sur son petit Pokémon, très concentré. « Allez, on peut en sortir gagnants. Vas-y maintenant ! »


 

Aurore n'y arrivera pas. Mallory ne se serait jamais figuré qu'il puisse perdre à cause d'un Requiem ; ce coup là de la part d'Isma, c'était vraiment un coup de maître. Parce que si le petit Osselait ne semble pas du tout craindre le fait de perdre connaissance, l'attaque, elle, fait totalement paniquer sa Ponyta pas suffisamment expérimentée pour prendre l'information avec calme et attaquer quand même. Si elle l'avait pu, ils auraient au moins pu tomber KO tous les deux et terminer sur une égalité, mais il y a peu de chances que cela arrive, maintenant. L'attaque est très facilement esquivée par un Thanatos très appliqué, et c'est vraiment admirable de la part d'un petit Pokémon adorable comme lui. Sauf que Mallo, il le reconnaîtra plus tard. Pour le moment, il a juste envie d'arracher les fringues de ce connard et de lui faire payer sa putain de traîtrise.

« C'est super mon grand, t'es le meilleur. » Il fallait que ça arrive, hein ? C'est pas grave, Isma fera nettement moins le malin quand il viendra à l'arène, Mallory en fait le serment. Hors de question qu'il le laisse gagner un badge sans s'être fait éclater au moins deux fois. Il bout de rage, maintenant. « Allez, on peut en sortir gagnants. Vas-y maintenant ! » Et voilà, c'est génial, ce putain d'os qui atteint le flanc d'une Aurore complètement paniquée qui vacille, titube et chute sous l'impact ; cramoisi, furieux, Mallory sautille presque sur place maintenant. « Putain mais c'est... c'est. C'ETAIT DELOYAL ! » braille-t-il alors que sa Pokémon se relève, secoue la tête et adresse un regard clairement venimeux bien plus au dresseur qu'à son Osselait. « Elle tombera pas seule, crois-moi ! Aurore, Hypnose, je te garantis qu'on va s'entraîner, au centuple tu vas me le payer ! » Il adore gagner, Mallory. Par contre, il a absolument horreur de perdre.

 

Oh bordel, il est vraiment super en colère là Mallory, non ? Isma pourrait très bien faire comme s'il considérait ça comme une énième excentricité et se foutre de sa gueule pour la peine, parce qu'après tout c'est lui qui l'a cherché, ce combat, en le provoquant de la sorte. Mais il sait très bien ce que ça veut dire, d'avoir une fierté difficile à gérer, et lui-même aurait pris extrêmement mal le fait d'être battu tout de suite alors quelque part, il comprend, et s'il ne peut pas tout à fait faire disparaître le sourire ravi qui étire le bout de ses lèvres, il n'en rajoute pourtant pas. « Putain mais c'est... c'est. C'ETAIT DELOYAL ! »
Non, c'était très bien joué, et maintenant, il va gagner, parce que la pauvre Aurore est dans un sale état. « Elle tombera pas seule, crois-moi ! Aurore, Hypnose, je te garantis qu'on va s'entraîner, au centuple tu vas me le payer ! »
Ah putain. Hypnose. Ce coup-là, Isma ne l'a pas anticipé et il n'a pas le temps de détourner l'attention de son Osselait, qui titube déjà à cause des lumières ondoyantes de la crinière de la Ponyta. « Merde, jure-t-il entre ses dents, avant de relever un oeil un peu ahuri vers son adversaire qui triomphe sans triompher, tout de même fier de son coup - et il y a de quoi. C'est propre. J'l'ai pas vu venir. »
Mais Than a plus d'un tour dans son sac, hein ? Ses origines d'Alola lui serviront peut-être, le dresseur n'en sait rien, mais il doit essayer, alors il respire à fond, ferme les yeux, se concentre autant qu'il peut. « Allez Thanatos, murmure-t-il, allez, s'te plaît, réveille-toi, finis ce combat. On peut gagner, on peut gagner s'te plaît, réveille-toi. Un dernier coup, c'est tout ce qu'il faut. »
Est-ce qu'il l'entend, est-ce que son esprit spectral a encore un tout petit peu conscience ? Il doit essayer. Et c'est plus déterminé que jamais alors, qu'il ouvre les yeux tout à coup, pointe un doigt devant-lui et balance le premier cri de tout ce combat durant lequel il a gardé un calme olympien : « THANATOS, ATTAQUE MASSD'OS ! »

 

Gagné. Mallory ne sait pas si c'est la peur de la colère de son dresseur qui a motivé la concentration d'Aurore, mais en tout cas, elle réussit ; l'Osselait est un peu trop content de son coup et Ismaël aussi, aucun des deux ne voit venir l'attaque, traîtresse, de sa Ponyta dont la crinière semble s'embraser lorsqu'elle endort le petit Pokémon, qui bascule et tombe. Voilà. Heureusement qu'il a réussi son coup, parce que là, il aurait vraiment eu l'air d'un abruti qui se serait fait achever salement. Maintenant, il peut dire qu'il se sera battu jusqu'au bout.

« Merde, entend-il devant lui à sa grande satisfaction, tout en sachant que le combat est déjà terminé pour lui. C'est propre. J'l'ai pas vu venir. » N'est-ce pas ? Mallory est un très bon dresseur, le Système n'a pas accepté la passation pour rien. Si Cassandre a un peu aidé, le champion avait déjà vu son potentiel et il relève le nez Mallory, curieux de voir si Ismaël va réussir à réveiller son Pokémon ou non. En tout cas, il essaie, le baroudeur. Concentré, il se penche vers son Osselait, à peine, ferme les yeux. Est-ce qu'il essaie de communiquer par télépathie ? Il n'y aurait rien d'étonnant à ça, Mallory a pu constater d'assez près que les pouvoirs du petit étaient déjà très développés pour son âge.

« Allez Thanatos, allez, s'te plaît, réveille-toi, finis ce combat. On peut gagner, on peut gagner s'te plaît, réveille-toi. Un dernier coup, c'est tout ce qu'il faut. » Il se passe quelque chose. Sophie est dans sa Pokéball mais lui, il peut le sentir ; il y a une étincelle de l'autre côté du terrain, quelque chose de totalement infime mais de bien là, et Ismaël aussi le sent quand il ouvre brutalement les yeux et que cette fois, le champion sait que la partie est terminée. « THANATOS, ATTAQUE MASSD'OS ! » C'est fini. Sous les yeux écarquillés du chanteur, l'Osselait ouvre les yeux à son tour et bondit sur le terrain ; son os s'envole directement sur Aurore, qui cette fois ne se relève pas du choc qui lui fait ployer ses pattes avant et s'effondrer. Il y a un silence, durant lequel Mallory tente de reprendre un souffle perdu par la force de la dernière attaque ; ses yeux sont écarquillés, aussi bien par la colère que par la surprise. Huit années sont passées depuis leurs derniers affrontements et oui, Ismaël a indéniablement progressé. Maintenant, il est un dresseur, et les matches d'arène, il va les remporter, avec une équipe comme celle-là.

Mécaniquement, le jeune homme rappelle son Pokémon. Il faudra les soigner tout à l'heure mais ce n'est pas du tout la priorité ; en silence d'abord, il toise l'homme face à lui qui saute de joie et félicite avec chaleur l'Osselait qui d'abord, bondit de joie dans ses bras... avant de tomber KO, lorsque le Requiem finit par faire effet. Ce n'est pas grave, les yeux de son dresseur sont terriblement attendris, mais Mallory est en colère et il n'est pas question de le féliciter tout de suite... ou du moins pas comme ça. Rageusement, il jette ses Pokéballs dans l'herbe, traverse le terrain improvisé le temps pour Isma de rappeler son Pokémon, mais ne lui laisse aucun répit ensuite quand il l'attrape fermement par le col, mord les lèvres qu'il avait si tendrement embrassées tout à l'heure ; ses mains se saisissent d'une poignée de cheveux, tirent pour le plaquer contre lui, il gronde en sentant deux larges paumes se crisper presque par automatisme sur ses hanches. Bien loin du jeune homme dans l'attente douloureuse d'un signal de la part de l'homme qu'il aime, le diablotin furieux et vexé se moque bien de tout sentimentalisme quand il recule, à peine, le temps d'un souffle court et de quelques mots, repoussant le dresseur jusqu'à la tente qui n'a pas été démontée. « Sale con, putain de traître, écume-t-il en tirant sur un t-shirt arraché avant même qu'ils atteignent leur abri, tu vas me le payer et ça commence maintenant espèce de salaud. »

Oh, bien sûr qu'il est content d'avoir vu les progrès du dresseur ; et il ne manquera pas de le lui dire quand il aura passé ses nerfs sur son corps. De toute manière, le dresseur n'a pas du tout l'air de s'en plaindre, ça a l'air de ressembler à une très bonne façon de fêter sa victoire que d'être repoussé d'une rude main sur son torse, en arrière, jusqu'à l'entrée de la tente. « Ça se passera pas comme ça à l'arène, je vais te démolir, numérote tes abattis tu vas bouffer tes dents » et de reprendre sa bouche pour l'empêcher de répliquer, saisir sa ceinture, se jucher au-dessus d'une silhouette qui a passé toutes ces dernières semaines à faire de lui ce qu'il voulait. Pas maintenant. Maintenant, c'est lui qui commande. Tu vas me le payer.

La suite se passe vite, vraiment très vite. Than parvient à se relever en sursaut, visiblement secoué par ce il ne sait quoi qui vient de les relier tous les deux, et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, son os va rebondir directement dans la tronche de la pauvre Aurore à bout de force, qui a pourtant fait de son mieux jusqu'au bout. Après quelques petites secondes de stupéfaction, Ismaël bondit de joie, crie, jette son poing en l'air sous le coup de l'euphorie et se précipite pour attraper son Pokémon victorieux juste avant que celui-ci ne s'effondre, rattrapé par son Requiem. Il n'arrive pas à le croire, il est fou de joie, ce qui est loin, très loin d'être le cas du champion silencieux de l'autre côté du terrain.
Ismaël rappelle Thanatos dans sa pokéball, avec dans l'idée de relever les yeux pour féliciter Mallory ; il n'en a pourtant pas le temps. La ball du Osselait est à peine refermée qu'il se sent saisi au col et qu'une chaleur devenue familière envahit son ventre aussi bien que son visage alors qu'il ploie sans résister face à la hargne de son adversaire redevenu, apparemment, amant en une seule poignée de secondes. Il est loin de s'en plaindre, malgré la douleur qui le fait grimacer contre les dents de Mallory ; l'ardeur de ce baiser n'est pas sans lui rappeler un dernier soir sur la plage, et c'est en souriant malgré tout qu'il se laisse repousser pas après pas vers la tente restée près du feu de camp. « Sale con, putain de traître, tu vas me le payer et ça commence maintenant espèce de salaud.
– J'aimais bien ce tee-shirt, tente-t-il de plaisanter dans une protestation pas crédible une seconde alors que son vêtement est furieusement arraché et balancé sur les cendres d'un feu de camp heureusement éteint. »
Il n'a absolument aucune envie de résister, c'est délicieusement exaltant, cette force que la colère délivre à son si frêle amant, lequel ne lui laisse de toute façon pas vraiment le choix quand il le fait tomber en arrière sur le matelas en lui laissant à peine le temps de reprendre son souffle avant de s'installer à califourchon sur ses hanches. « Ça se passera pas comme ça à l'arène, je vais te démolir, numérote tes abattis tu vas bouffer tes dents.
– Je suis terrifié, Cha... »
Les lèvres qui reviennent saisir les siennes ne lui laissent absolument pas le temps de finir sa phrase, et c'est en étouffant un grondement exalté contre la bouche de Mallory qu'il dessine sa dernière pensée cohérente avant de renoncer pour se laisser aller à la fièvre qui consume déjà tant son corps que son esprit. Cha, c'est pas mal non-plus, comme surnom.