Je hoche la tête, content que la conversation s'enrichisse au fil des minutes. Je ne suis pas complètement asocial pour autant. C'est juste rare que je trouve les autres humains de bonne compagnie. Faut dire que la plupart sont des brutes écervelées tout juste bonnes à se préoccuper de leurs petite vie quotidienne et qui ne voient souvent pas plus loin que leur nez. Cet Oliver semble au-dessus de ça et ma foi, d'agréable compagnie. Même si le cadre fait beaucoup pour me rendre affable. Il y a quand même une colonie de Dardargans non loin. Ce me rend fou de joie !

"Chacun ses passiosn et chacun son mode de vie. J'ai en effet le souvenir d'un Mallory très actif. Mais j’imagine que vous devez faire un contre-poids idéal, vous et votre supposée paresse. entre nous, si vous êtes paresseux je ne sais pas comment je me qualifierai ! Je passe littéralement les journées dans la nature à chercher des bestioles, certes fascinantes mais c'est littéralement mon métier. Je suis payé pour ça."

Bon c'est pas tout à fait exact mais cela fait l'affaire dans ce cas précis. Etonnement, j'aime pas quand les gens se rabaissent de trop. Je ne veux pas non plus saouler mon interlocuteur en décrivant tous les tenants et les aboutissements de mes recherches et de mes travaux au laboratoire. Ca sera peut être pour une autre fois. Si autre fois il y a. Je me dresse alors sur mes genoux et je penche à nouveau la tête vers les Dardargnans. Bibi a aussi l'air inquiète, bourdonnant dans mon oreille.

"Tu devrais rappeler Nox. Fait pas de gestes brusques."

Je me contente de dire en tutoyant Oliver, visiblement inquiet. Mon visage est devenu très sérieux en l'espace de quelques secondes. Je respire finalement après deux petites minutes intenses. Je viens d'entrevoir la Reine de la colonie et ça ne sent pas très bon. Tant que nous serons sur son territoire, elle ne lâchera pas l'affaire. Mais j’ai déjà rencontré ce genre de situation. Alors je préfère ne pas trop parler de mes inquiétudes. Il sera largement temps de paniquer le moment venu.

"Décidément, t'as pas de chance, après les Piafabecs, voila que tu as à faire avec des Dardargnans. Niveau périlleux t'es gâté. Ne t'inquiète pas je les surveille. Si jamais ça devient dangereux, fonce dans le lac. Au pire je ferai diversion."

J'explose alors de rire comme si j'étais blasé par la situation. Mais une chose est sûre, je n'ai pas peur et cela se voit. Je me rassois et après quelques secondes de réflexion, je reprends le fil de la conversation. Les pokémon sont visiblement un sujet qui m’intéresse énormément.

"En gros, dresseur est une jeune passion. C'est Mallory qui t'as donné envie de franchir le pas ? Ou ça t'es venu tout seul ? Si jamais t'as envie d'aller dans des endroits insolites ou même dangereux, n’hésite pas à me joindre, je me ferais une joie de te servir de guide."

Je sors mon Motismart et j'attends qu'il fasse de même.

« Chacun ses passion et chacun son mode de vie. J'ai en effet le souvenir d'un Mallory très actif. Mais j’imagine que vous devez faire un contre-poids idéal, vous et votre supposée paresse. entre nous, si vous êtes paresseux je ne sais pas comment je me qualifierai ! Je passe littéralement les journées dans la nature à chercher des bestioles, certes fascinantes mais c'est littéralement mon métier. Je suis payé pour ça. » Mais il passe ses journées à bouger, Eugène ; rien à voir avec lui, donc. Sa récente motivation à aller courir la campagne à la recherche de Pokémon sauvages à capturer ne date que d'une petite poignée de semaines. Auparavant, son quotidien était tout autre ; il consistait avant toute chose à jouer, répéter, composer, un peu, beaucoup moins que Mallory, mais le temps libre dont il disposait n'était usité que par la télévision et les joints régulièrement écrasés dans le cendrier. En somme, rien à voir avec sa vie actuelle et ses rêves, que le contact de Gaspar a fini par éveiller.

Sauf qu'il n'a pas le temps ni de rire ni de répondre Oliver que déjà, l'homme face à lui se redresse, alerte. Le bourdonnement des Dardargnans revient hanter son audition et il se serait volontiers levé d'un bond pour fuir, mais le blocage dans sa hanche l'en empêchera et il le sait. Alors, et contre mauvaise fortune bon coeur, Oliver décide simplement d'attendre une indication de la part du scientifique qui a l'air tout à fait à l'aise dans son environnement. « Tu devrais rappeler Nox. Fait pas de gestes brusques. » Loin de se formaliser de l'usage du tutoiement, Oliver hoche la tête et obéit, sans poser la moindre question. Ici, il y en a un qui en sait beaucoup plus que l'autre, alors autant ne pas chercher ; tirant sa Pokéball de sa poche, il rappelle l'Evoli qui a couché les oreilles, avant de lever le nez, les yeux rivés sur le scientifique qui a l'air d'attendre quelque chose. Est-ce qu'ils vont revenir ?

« Décidément, t'as pas de chance, après les Piafabecs, voila que tu as à faire avec des Dardargnans. Niveau périlleux t'es gâté. Ne t'inquiète pas je les surveille. Si jamais ça devient dangereux, fonce dans le lac. Au pire je ferai diversion.
– Je t'aurais bien dit avec plaisir, mais avec une hanche en moins j'risque d'avoir un peu de mal à foncer. » A vrai dire, s'il arrive à se relever en moins de trente secondes, il sera déjà très content, le batteur qui grimace à la simple idée que son handicap risque tout simplement de lui couter la vie. Une attaque d'un essaim de Dardargnans, Oliver est convaincu que ça peut tuer un homme. Au moins ça le fait rire, le petit scientifique.

« En gros, dresseur est une jeune passion. C'est Mallory qui t'as donné envie de franchir le pas ? Ou ça t'es venu tout seul ? Si jamais t'as envie d'aller dans des endroits insolites ou même dangereux, n’hésite pas à me joindre, je me ferais une joie de te servir de guide. » Ça en fait, des questions ; et quelque part, la curiosité d'Eugène commence vraiment à lui faire plaisir. Tandis que l'homme se rasseoit et sort son Motismart de sa poche, il décide de faire de même ; s'échanger leurs numéros peut toujours servir. « J'ai toujours rêvé de devenir dresseur. Avec mon mec on voulait faire ça ensemble à l'adolescence, mais bon, pas mal de choses se sont passées entretemps et ça ne s'est jamais fait. » Dans l'ordre, il s'est fait larguer comme une merde, Myrtha lui est tombé sur la hanche et il a suivi Mallory dans sa soif de gloire à défaut d'avoir des rêves à réaliser. Mais ça, Eugène n'a ni besoin ni envie de le savoir. « Donc ouais, maintenant que j'ai plus de temps, on va pouvoir concrétiser ça. Mais je vais beaucoup moins vite que les autres, et les endroits dangereux et insolites sont pas vraiment handi-friendly, si tu vois ce que je veux dire. »

D'ailleurs c'est exactement pour ça qu'il s'est cassé la gueule comme un con, tout à l'heure, note-t-il avec une petite grimace pour lui-même, alors que le Motismart enregistre le numéro de l'entomologiste. « J'étais à Myrtha quand la ville a été détruite, je me suis retrouvé enseveli. Je pourrai plus jamais courir, tout au plus marcher correctement quand le temps n'est pas trop humide, comme les anciens, ricane-t-il, préférant l'autodérision à l'amertume. Alors aller faire un tour dans le Coeur de Kerbé, je dirais pourquoi pas mais j'ai bien peur que même avec un guide l'affaire soit un peu plus périlleuse que prévu. »

"Ta hanche ?"

Mes yeux se porte sur la partie du corps mise en exergue par Oliver. Ohhh. C'est peut être pour ça qu'il n'a pu échapper à la horde de Dardargnans ? JE me demande, visiblement étonné de la révélation. Je ne suis vraiment pas doué avec les humains. C'est limite embarrassant de manquer ce genre de signes. J'aurais dû déceler les signes lorsqu'il s'est assis ou lorsqu'il a changé de position pour accommoder sa hanche. Comment je peux être si ignorant de mon prochain, c'est incompréhensible. Pourtant je ne manque jamais les détails les plus infimes des mes compagnons et même de certains pokémon sauvages...

"Je suis navré. Les gens c'est vraiment pas mon truc."

Ce n'est clairement pas la pitié qui m'anime. Premièrement, je n'ai pas assez d'empathie pour ressentir ce genre de sentiments. Et deuxièmement, je ne m'arrête généralement pas à ce genre de détail lorsque je décris quelqu'un. Je vais pas l'appelez le boiteux... Je veux lui faire savoir. J'utilise le seul moyen d'égayer une conversation que je connaisse.

"Tu crois qu'avec mon physique de moucheron anorexique j'escalade des montagnes enneigées, j'excave du sable dans des déserts brûlants et je plonge au fond d'océans insondables ?"

Je ris de bon cœur et j’enchaîne, caressant ma petite Bombydou qui vient se poser sur mon épaule. Je lui offre un sourire avant de reporter mon attention sur Oliver.

"En dépit de ce que beaucoup de gens croient, je ne suis pas un ermite qui vit au fin fond de la forêt. J'ai énormément de compagnons, des Insectes principalement, qui m'aident lors de mes aventures ! Besoin d’escalader un pic rocheux ? Je sors mon Bulbizarre et j’utilise ses lianes pour me hisser au sommet. Besoin d'aller au large pour trouver un endroit de pèche ? Mon Ramoloss me sert de transport sur l'eau. Nos compagnons sont là pour nous aider ! N'oublie jamais ça. Ne te limite pas à ce que tu es physiquement. Tu es un dresseur. Agit comme tel."

Je me sais condescendant et légèrement pédant mais je sens qu'Oliver a besoin d'entendre ce genre de leçons et n'a pas l'air d'avoir une grande confiance en lui. Je ne suis pas doué pour remonter le moral des gens et j'espère qu'il ne m'en voudra pas. Je lui offre un sourire sincère. Je check vite fait que les Dardargnans se tiennent tranquille avant de revenir à un sujet qui m'intéresse. Mes yeux brillent de milles feux.

"Tu peux me parler de Myrtha ? Je viens d'arriver sur Lathéa et j'aurais bien besoin d'un petit cours de rattrapage. Tu sais si on peut visiter ? Si des pokémon y ont élu domicile ?"

Eh oui, sa hanche. Sa foutue hanche qui l'handicape tous les jours ; si Oliver n'aime pas franchement en parler, il a au moins fini par s'habituer à l'idée de ne plus jamais être capable de faire tout ce qu'il aurait voulu. Quand il était jeune, il était toujours le premier à courir, sauter partout, il fallait beaucoup de volonté pour empêcher au gamin qu'il était de faire toutes les conneries possibles ; combien de fois s'est-il fait engueuler par son père pour être rentré crotté, les genoux écorchés et les bottes pleines de boue, combien de fois a-t-il fait le mur pour aller courir la campagne en rêvant d'un futur où il pourrait enfin partir vivre une grande vie de dresseur ? Il ne les compte plus, à vrai dire. Lorsque Myrtha lui est tombé sur la gueule, tout s'est arrêté brutalement. La première année, il a été incapable de l'encaisser, et si aujourd'hui les choses vont mieux, le batteur sait à quoi, et à qui il les doit. La musique, et le groupe. Si Gaspar est revenu, il n'a pas participé à son lent retour à une vie presque normale. Devant lui, Eugène a l'air un peu étonné ; il ne s'en formalise pas, Oliver. Il n'avait pas sa canne aujourd'hui, et il le regrette un peu d'ailleurs. Sa chute risque de le faire boîter beaucoup plus fort pour le trajet retour.

« Je suis navré. Les gens c'est vraiment pas mon truc.
– T'inquiète pas, répond le dresseur dans un haussement d'épaules, un sourire aux lèvres. J'ai l'habitude. » Mallo a toujours considéré que ses problèmes étaient plus graves que ceux du reste du monde entier. Gaspar l'a abandonné il y a dix ans, quant à Isma, il considérait que la mort de son petit frère ne donnait pas droit à Oliver de se plaindre. Alors clairement, il n'est pas le premier à dénigrer son handicap, et c'est presque mieux. Oliver n'a jamais supporté la pitié. Et puis cette nonchalance, c'est une réelle manifestation d'honnêteté ; Oliver a toujours préféré s'entourer de personnes comme Eugène que de crétins qui lui proposeraient une chaise en permanence.

« Tu crois qu'avec mon physique de moucheron anorexique j'escalade des montagnes enneigées, j'excave du sable dans des déserts brûlants et je plonge au fond d'océans insondables ? » La plaisanterie arrache un rire franc au batteur, cette fois. Non, sans doute pas, mais ça ne veut strictement rien dire. « Oh, ça m'étonnerait pas, hein. Mallory est encore plus maigre que toi et il est capable de tenir trois heures de concert en sautant partout et enchaîner les matches d'arène à huit heures le lendemain matin, donc bon. » Mais il a bien compris l'idée ; c'est comme si le scientifique cherchait à le consoler d'un fait qu'il a déjà accepté il y a des années. Ou est-ce pour lui prouver qu'il est capable en dépit de l'incident ?

« En dépit de ce que beaucoup de gens croient, je ne suis pas un ermite qui vit au fin fond de la forêt. J'ai énormément de compagnons, des Insectes principalement, qui m'aident lors de mes aventures ! Besoin d’escalader un pic rocheux ? Je sors mon Bulbizarre et j’utilise ses lianes pour me hisser au sommet. Besoin d'aller au large pour trouver un endroit de pèche ? Mon Ramoloss me sert de transport sur l'eau. Nos compagnons sont là pour nous aider ! N'oublie jamais ça. Ne te limite pas à ce que tu es physiquement. Tu es un dresseur. Agit comme tel. » Ce discours-là, il change radicalement de celui de sa famille. Ses parents, dresseurs, n'avaient pas exactement la même façon de penser ; si sa mère aurait voulu l'encourager à suivre ses rêves quand même, son inquiétude était bien trop forte que les rêves de son fils. Quant à son père, médecin, il lui a affirmé bien des fois que la tentative se solderait pas un échec. Utiliser les Pokémon, ce n'est pas une mauvaise idée, bien sûr, mais à terme ? Et trouvera-t-il des compagnons capables de faire tout ça pour lui ? Ce n'est pas Meleys qui le laissera monter sur son dos avant un bail, tiens. Sa Salamèche lui en veut encore pour sa séparation avec Drogon. Alors, le batteur ne répond pas ; mais il le remercie du regard, en silence. Quelque part, et même si ce n'est pas dans le rôle de l'entomologiste de faire ça, ces quelques phrases lui font du bien.

« Tu peux me parler de Myrtha ? Je viens d'arriver sur Lathéa et j'aurais bien besoin d'un petit cours de rattrapage. Tu sais si on peut visiter ? Si des pokémon y ont élu domicile ? » Ah, Myrtha. Combien de touristes curieux ont essayé d'aller là-bas et sont revenus les bras ballants, hébétés et surtout, terrifiés par ce qu'il y ont vu ? Oliver pince les lèvres. Cela n'a pas du tout l'air d'effrayer Eugène, mais tout de même. « La ville a été complètement rayée de la carte il y a dix ans. En deux heures. » Il se rappelle mal, personne ne se souvient avec exactitude de la manière dont ça a commencé. « Rien que les abords de la ville sont dangereux. Si tu prends à l'Est du fleuve, tu vas trouver les ruines de l'agglomération, des lotissements qui ont été soufflés avec l'explosion, et c'est déjà plutôt compliqué de les traverser. En tout cas le Système le déconseille fortement. » Sera-t-il capable, lui, d'y retourner un jour ? Il n'en sait rien. Mallory projette de le faire, mais Mallory n'était pas là quand la ville a été détruite. Lui, il était aux premières loges. « Personne sait vraiment ce qu'il s'est passé, il y a eu un genre... d'amnésie généralisée. On se rappelle de flashs de lumière et les immeubles qui s'effondraient, c'est tout, et personne sait pourquoi tout a été détruit. » Il hausse les épaules. En parler est un peu moins compliqué que ce qu'il avait prévu, au moins. « Myrtha en elle-même est interdite d'accès. Si tu veux mon avis, vu la gueule de la catastrophe, il doit y avoir un paquet de Spectres dans le coin. J'ose à peine imaginer ce que ça doit faire pour un Lathéen d'y mettre les pieds. Beaucoup de gens vivaient à la capitale, et pas mal d'entre eux ont quitté la région après ça, dont nous. » Il soupire. Glisse une main dans ses cheveux bruns. « Faut dire que c'était la ville la plus incroyable que j'avais jamais vu, avant. » Et qu'il n'a plus jamais vue, au gré de ses voyages.

Je bois les paroles d'Oliver tel un enfant le lait d'Ecrémeuh. Je suis un élève généralement assidu. J'ai toujours eu des facilités à retenir ce qu'on me raconte, du moment que ça m'intéresse un minimum. Ca fait partie des raisons pour lesquelles je ne suis pas doué avec les gens. La plus grande réside dans le fait que je m'intéresse qu'à des sujets plutôt atypiques comme l'entomologie, la science en général et aux pokémon bien évidemment. Cependant, je m'attarde souvent sur des détails qui semblent insignifiants. Là où les gens seront intéressés en voyant un type se faire courser par une colonie de Dardargans, je vais m'étonner du fait que les quatrième en partant de la gauche possède un dard deux tons plus clairs que ses congénères. Alors quand on me raconte sa vie pendant des heures, vous imaginez l'ennui ! Et comme je suis du genre franc et que ça me gène absolument pas de me brouiller avec des inconnus...

"En seulement deux heures ?!" [...] "Ah oui le Système..." [...] "J'imagine l'horreur et pourquoi ça pullulent de Spectres aujourd'hui."

Je me permet de répondre très succinctement à chaque fois qu'Oliver fait une pause dans sa narration, passant par toutes les émotions. Mais mon intérêt est visible sur mon visage étonnement expressif. Le récit de mon interlocuteur me donne vraiment envie d'aller visiter les ruines de Myrtha. A l'entendre, il faudrait déjà visiter les abords de la ville qui ont été soufflés. Je prends note mentalement. J'essaierai d'organiser une excursion sur place et aussi demander si un tel projet a déjà été accompli. Enfin, dès que le Système me jugera assez qualifié pour y mettre les pieds. Si je ne fais guère preuve d'empathie, je suis suffisamment intelligent et vif d'esprit pour comprendre qu'Oliver a sans doute vécu à Myrtha. Je choisis de ne pas en reparler et d'orienter la conversation vers un autre sujet. C'est pas tous les jours que j'ai accès à un Lathéen. Et que ce dernier ne m'insupporte pas...

"Tu dis que le Système déconseille de visiter mais ce dernier est omnipotent ? Comment il peut savoir ? Me dis pas qu'on a tous une puce dans le cerveau ou un truc du genre ?! Et puis c'est une intelligence artificielle ou juste des gens dans des bureaux qui décident pour tout le monde ?"

Contre toute attente, Eugène écoute très attentivement ce qu'Oliver lui raconte à propos de Myrtha. Ses yeux brillent d'intérêt alors qu'il n'est absolument pas en train de parler des insectes. C'est étrangement une excellente compagnie cet homme-là, pour peu qu'on essaie pas de renier l'étrange passion qui l'anime ; ou lui il doit  bien raconter les  histoires, il n'en sait rien, mais ça lui fait plaisir d'expliquer à un étranger ce qu'il s'est passé, ici. Myrtha est un mystère pour tous les experts de Lathea, personne ne sait ce qu'il s'y est passé et pourquoi. Personne n'a la moindre idée de ce qu'on pourrait trouver en allant là-bas ; seuls les fous ont été suffisamment suicidaires pour s'y essayer, et ce qu'ils ont rapporté de leur escapade est parfaitement incohérent. Myrtha est une immense ruine, une tache sur la carte qu'il peut voir au loin à chaque fois qu'il ouvre les volets de son appartement de Castlerain. Rien de bien fou, en somme.

« Tu dis que le Système déconseille de visiter mais ce dernier est omnipotent ? Comment il peut savoir ? Me dis pas qu'on a tous une puce dans le cerveau ou un truc du genre ?! Et puis c'est une intelligence artificielle ou juste des gens dans des bureaux qui décident pour tout le monde ? » Une intelligence artificielle ? Il y va fort, songe Oliver en éclatant de rire cette fois, parce que s'il n'a plus aucun doute sur l'évidente intelligence du Kantonnais, c'est tout de même une sacrée preuve de naïveté que de croire qu'un  ordinateur pourrait gérer tout ça. « Alors, pas exactement. C'est pas Big Brother, non plus. » Ou du moins, pas tout à fait, songe-t-il en levant les yeux au ciel, pour lui-même. « Le Système est dirigé par un conseil d'administration qui gère le gouvernement et les échanges commerciaux à Enoville. Disons que Castlerain est la capitale officielle  mais que toutes les décisions sont prises ailleurs. » Non pas que ce soit l'information  la plus cruciale,  mais il faut bien commencer quelque part. « Le C.A. est géré par les gros industriels de la région, et pour la plupart ils ont mis une grosse partie de leur savoir faire dans la création des trainer cards. » Sans doute leur meilleure et leur pire invention, songe le jeune homme en sortant la sienne. « J'suis pas un expert, mais t'as dû voir que la tienne modifiait ses  informations toute seule. La Trainer Card possède un traceur, donc techniquement, ils savent où tu es et ce que tu fais. Comment, j'en sais rien, mais pour les mineurs c'est assez pratique. S'ils fuguent le Système sait toujours où ils sont s'ils ont leur carte avec eux. Donc si tu veux aller à Myrtha... ils le sauront. »

Oliver hausse les épaules, tranquille. « Mais j'en ai déjà parlé à ma mère. Elle m'a dit que l'interdiction n'était là que pour leur enlever toute responsabilité au cas où il y aurait un accident. Disons que les pancartes préviennent et ensuite, tu fais ce que tu veux. » Donc, s'il veut aller voir ces ruines de ses propres yeux, personne  ne l'en empêchera, en somme ; sauf les Pokémon sauvages, peut-être.

Les explications d'Oliver me donnent matière à réfléchir. Surtout sur la manière dont sont faites ces fameuses cartes de dresseur. Pourquoi mettre autant de technologie dans un truc pareil alors que dans le même temps il parait que le marais toxique provenant d'Enoville gagne du terrain chaque jour. C'est à n'y rien comprendre. Enfin sauf pour ceux qui en récolent les bénéfices j'imagine. Au diable les pauvres gens affectés par ce désastre écologique. Il va falloir que je me penche là-dessus un de ces jours. Je visiterai bientôt Nathalia pour voir ça de plus près.

"Désolé je te harcèle un peu de questions. Je suis curieux et je veux tout savoir sur tout. Enfin tout ce qui touche à Lathéa, aux pokémon et à la science en général. J’imagine que c'est pour tout le monde pareil si ça touche au boulot ou à une passion."

Je me gratte l'arrière de la tête en prenant un air légèrement contrit. Mais ce genre de remords ne restent pas longtemps chez moi. La connaissance et le savoir priment sur tout le reste. Si on a pas les informations comment alors faire un choix éclairé ? C'est à se demander comment les gens font pour prendre des décisions aussi hâtives dans des situations du quotidien. Je veux bien que t'improvises au bord d’une falaise parce que ta vie en dépend. Mais sur le choix de ton partenaire par exemple. Les gens semblent s'en tenir aux impulsions que leur dicte leur cerveau. J'ai jamais compris cet historie de coup de foudre. Ouais j'ai autant de chance de me prendre la foudre sur un coin de la gueule que de rencontrer une femme qui m'intéresse ! Phrase qui se révélera complètement fausse quelques semaines plus tard et un rencart au Parc Pokélover...

"Du coup, on ferait mieux d'avancer un petit peu. Les Dardargnan ne semblent pas agressifs mais si on s'attarde, ils voudront nous chasser. Et pour avoir vécu ça il y a peu, je souhaite ça à personne. Ils sont accrocheurs et peuvent te poursuivre sur des kilomètres et ce vachement loin de leur nid."

Je me lève d'un trait et offre mon bras à Oliver. Je lui aurait bien offert ma main mais avec mon physique de moucheron je n'aurais pas pu résister à son poids. Je l'invite à me suivre et à rappeler son compagnon à quatre pattes tandis que Bibi se pose sur mon épaule.

"T'inquiète pas, c'est l'affaire d'une cinquantaine de mètres. Ca devrait suffire à les dissuader de former un escadron de chasse. En théorie..."

« Désolé je te harcèle un peu de questions. Je suis curieux et je veux tout savoir sur tout. Enfin tout ce qui touche à Lathéa, aux pokémon et à la science en général. J’imagine que c'est pour tout le monde pareil si ça touche au boulot ou à une passion. » Quelque part ça lui fait même très plaisir à Oliver, de savoir que quelqu'un s'intéresse autant à l'histoire de la région. Sa mère lui a raconté tout un tas de choses quand il était gosse, et il lui semble, d'aussi loin qu'il se souvienne, que ce sont ces légendes et ces histoires qui berçaient ses soirées qui ont nourri en silence le rêve qu'il a décidé de poursuivre. En somme, découvrir le monde et ses secrets, tout ce que la région dissimule sous le couvert apaisant de ses chaleureuses forêts et ses accueillantes petites berges de lac ou de rivières. Il y a autre chose, et si cela n'est peut-être pas le sujet de recherche de l'homme qui l'accompagne aujourd'hui, il est presque persuadé que s'il lui raconte l'histoire de ce que sa mère appelait quand il était gosse "la grande disparition", il écoutera ses histoires avec plaisir. C'est donc officiel : il l'aime bien. « Je trouve ça plutôt sain comme passe-temps, si on excepte l'omniprésence des insectes, répond le jeune homme alors que l'autre se redresse, prêt à partir.
– Du coup, on ferait mieux d'avancer un petit peu. Les Dardargnan ne semblent pas agressifs mais si on s'attarde, ils voudront nous chasser. Et pour avoir vécu ça il y a peu, je souhaite ça à personne. Ils sont accrocheurs et peuvent te poursuivre sur des kilomètres et ce vachement loin de leur nid. »

C'est incroyable comme elles ont l'air chaleureuses ces bestioles, songe Oliver avec un petit rictus, acceptant le bras du scientifique pour se mettre debout. Il n'a pas pris sa canne aujourd'hui, c'est bien sa veine ; après une chute pareille, il aurait bien aimé l'avoir, finalement. « Nox ! appelle-t-il en direction de son petit Pokémon parti s'égayer joyeusement loin de lui. Allez mon grand, on y va. » Aussitôt, l'Evoli rejoint ses pieds ; pas question d'essuyer une nouvelle attaque sans la protection de son dresseur, hein ? Le petit trouillard. « T'inquiète pas, c'est l'affaire d'une cinquantaine de mètres. Ça devrait suffire à les dissuader de former un escadron de chasse. En théorie...
– ...En théorie ? »
Que les choses soient claires, Oliver est absolument tout ce qu'on veut sauf un trouillard. Quand il était gosse, il était toujours le premier à se lancer dans toutes les conneries possibles et imaginables, mais quand même ; de là à affronter sans ciller un escadron de Dardargnans, il y a un monde, quoi. Peut-être même qu'il pâlit un peu, là.

« Et dans l'hypothèse où ils décident que ce n'est pas suffisamment éloigné comme distance ? » demande-t-il, la gorge peut-être un peu serrée. « J'veux dire, on risque quoi contre des Dardargnans en colère ? J'ai entendu pas mal de trucs, mais. » Mais il ne s'est jamais fait attaquer par un essaim, et ça lui aurait vraiment fait plaisir que ça reste comme ça, finalement, songe-t-il en pinçant doucement les lèvres. Puis il boitille, pour s'éloigner comme conseillé par l'entomologiste : là, il lui laisse très clairement les règles. « J'adore les Pokémon hein, mais ceux-là, je les ai clairement jamais compris. »

Je marche au rythme d'Oliver, plus par politesse que par pitié ou même par empathie. Je sais me tenir. La plupart du temps. enfin surtout quand j'apprécie la personne avec qui je m'entretiens. Ce qui n'est pas chose aisée je dois l'avouer. Même chez mes confrères... Ca limite quand même beaucoup mes interactions avec les gens.

"Disons que c'est comme pour tout, il y a une part de hasard que je ne peux contrôler. Il peut y avoir plusieurs Reines en compétition dans cette ruche et elle pourraient tenter de prendre l'ascendant sur l'une sur l'autre à l'aide d'un petit fait d'arme. Je te le dis tout de suite deux géants comme nous, c'est du gros fait d'armes bien juteux."

Je ris de bon cœur, vraiment pas inquiet mais bien plus à l'aise qu'au début de cette rencontre. Surtout avec le lac juste à côté et en dehors de leur zone de patrouille, c'est vraiment pas dangereux. Je me surprends cependant à ajouter un peu de danger pour observer les réactions d'Oliver. C'est un peu comme mettre un peu de sel dans un plat, c'est tout de suite plus savoureux. Où serait le plaisir pour moi si je l'asticotais pas un peu alors qu'il me dit ouvertement détester les insectes.

"Tu veux des détails ? La dernière fois que j'ai croisé une flopée de Dardargnan c'était quand déjà ? Ah oui la semaine dernière lors d'une expédition sur la Lande. J'ai dû me réfugier dans une maisonnette en pierre en ruines et subir l'assaut de dizaines de spécimens enragés. Avec mes compagnons on a tenu bon en protégeant les accès comme la porte et les fenêtres. C'était exaltant."

Je lève les yeux au ciel comme pour me replonger dans la scène qui parait extrêmement vivante lorsque je la raconte. On m'a déjà dit que j'étais un bon orateur mais je me sais pas vraiment doué. Disons que j'ai l'habitude de faire des rapports à des types en costards qui me demandent de justifier mes dépenses. J’enchaîne.

"Si t'avais vu le Roi des Dardargnan ! Un monstre ! Car oui il y a un Roi mais ce n'est que le chef des soldats. Tu vois ceux que tu vois en lisière de forêt là-bas. Il ne sert qu'à ça et au patrimoine génétique aussi. C'est pour ça qu'il sont énormes. comme chez les humains, les biscotos ça attire les femelles comme de la miel attire les Ursaring."

Je hausse les épaules à la fin de mon histoire avant de m'assurer qu'on est à bonne distance et que nos compagnons, Nox et Bibi sont eux aussi hors de portée.

"T'inquiète à juger par l'opinion publique, tu n'est pas un cas isolé. C'est peut être parce personne ne les aime que je m'intéresse à eux. C'est étrange n'est-ce pas ?"

La plupart des gens auraient très certainement envie de montrer à Oliver que les insectes ne sont pas aussi nocifs ou dangereux que l'opinion publique peut le prétendre. Ce serait même plutôt logique finalement, que les gens vraiment spécialisés dans l'affaire tentent de redorer leur blason ; au milieu de Pokémon tels que Feunard, Arcanin ou Dracaufeu, il est difficile de considérer qu'n Dardargnan mériterait au moins autant de considération. Oliver n'a pas aussi peur des insectes que Gaspar par exemple, victime d'une véritable phobie ; il n'a aucun mal à approcher un Chenipotte ou un Papilusion, mais quand ça commence à avoir des épines ou un dard, c'est un peu plus compliqué. Disons qu'il tient à sa vie quoi. Sauf qu'Eugène, au lieu de le rassurer, se met à lui parler de reines, de faits d'arme et d'eux qui serviraient assurément de chair à canon ; de quoi rassurer largement le batteur qui pâlit à chaque phrase. Et c'est loin d'être terminé.

« Tu veux des détails ? » Franchement, sans façon. Mais il a l'air d'y tenir. « dernière fois que j'ai croisé une flopée de Dardargnan c'était quand déjà ? Ah oui la semaine dernière lors d'une expédition sur la Lande. J'ai dû me réfugier dans une maisonnette en pierre en ruines et subir l'assaut de dizaines de spécimens enragés. Avec mes compagnons on a tenu bon en protégeant les accès comme la porte et les fenêtres. C'était exaltant. » Oliver n'est pas convaincu que c'est ce mot-là qu'il aurait employé face à une telle attaque, en fait. Est-ce que le poison de ces Pokémon est mauvais pour les humains ? Voire mortel ? Et qu'arriverait-il s'il était allergique ? Non merci, il tient à la vie, il a déjà failli y passer une fois et c'était un peu chiant, quand même.

« Si t'avais vu le Roi des Dardargnan ! Un monstre ! Car oui il y a un Roi mais ce n'est que le chef des soldats. Tu vois ceux que tu vois en lisière de forêt là-bas. Il ne sert qu'à ça et au patrimoine génétique aussi. C'est pour ça qu'il sont énormes. Comme chez les humains, les biscotos ça attire les femelles comme de la miel attire les Ursaring. » Cela dit, son petit exposé est intéressant ; au moins pour savoir comment appréhender ces créatures si d'aventure elles décidaient de l'attaquer de nouveau. Se mettre à plat ventre, ne plus bouger, attendre qu'ils partent et quitter la zone avant que la reine envoie une patrouille dirigée par le plus gros des Dardargnans de la colonie. En somme, des bêtes tout à fait charmantes et pas du tout agressives. Comment peut-il les apprécier autant ? «[color=#ff6600] T'inquiète à juger par l'opinion publique, tu n'est pas un cas isolé. C'est peut être parce personne ne les aime que je m'intéresse à eux. C'est étrange n'est-ce pas ?
– Oh, on se connait pas bien mais ça m'étonne pas beaucoup, répond le batteur avec un sourire, en haussant doucement les épaules. Les gens un peu différents aiment bien les Pokémon différents, je suppose. » Il a rencontré un fan de Limonde une fois alors bon, on ne peut pas dire qu'il soit étonné de grand chose maintenant.

« J'suis du genre un peu plus classique, mais bon. J'étudie pas les Pokémon, je me contente de les élever et de leur apprendre à combattre, donc... j'suppose que c'est bien d'avoir quelques informations en cas de pépin comme celui-là en zone sauvage. » Parce que là il a eu de la chance, mais la prochaine fois ? Ça risque de finir nettement moins bien, finalement. « En tout cas, ton exposé est intéressant même s'il me rassure pas des masses. Ça me choque pas trop que des gens décident de s'intéresser à des types mal aimés, hein. Mon meilleur ami vit au milieu des Spectres, donc à partir de là. » Il ricane un peu, hausse les épaules. « Je marche au coup de coeur pour les Pokémon, perso, mais arriver dans un endroit blindé d'esprits de Pokémon, c'est au moins aussi inquiétant que se faire attaquer par une colonie parce qu'on a eu le malheur de s'installer sous le mauvais arbre. »

Je ressens rapidement que le mal qui ronge Oliver est bien plus profond qu'uen simple peur des Insectes. J'ai l'impression qu'il a perdu toute confiance en ses capacités. Je ne peux pas expliquer ce que je ressens en détail mais il a clairement perdu de sa superbe à un moment de sa vie. Probablement lorsqu'il a perdu l'usage normal de sa jambe ? Mais je ne peux rien affirmer, je ne suis pas un professionnel. Et s'il est un des rares humains que je trouve intéressant après notre brève rencontre, je suis mal placé pour le juger ou encore donner mon opinion sur la manière de vivre sa vie. Je lui ai dit que les pokémon pouvaient aider à son niveau. Mes conseils s'arrêtent là.

"Et je préfère être différent, plutôt qu'une de ces personnes qui se rabaisse à dire oui tout le temps ou à suivre la moindre des modes parce que tout le monde le fait. Mais je m'égare. Je vais pas cracher ma bile. Ca peut prendre des heures."

Je lui fais un clin d'œil et m'excuse de l'avoir interrompu. Je le laisse terminer et me parler de lui et de ses opinions. En effet je hoche la tête lorsqu'il mentionne que la connaissance peut sauver une vie. Il ne faut pas être intelligent pour se renseigner, que ce soit en lisant des livres voire même en regardant certains programmes à la télévision. C'est ce que je reproche à la majorité des jeunes dresseurs de nos jours. Ils partent à l'aventure seulement armés de leur starter et de leur détermination. Petit ! Renseigne toi avant ! Je me demande si un scientifique comme moi pourrait tenter la Ligue et défier les Arènes. Je suis quasi certain d'y parvenir. Faut que je teste tout ça sur Mallory et que je fasse des tonnes de simulations !

On s'occupe l'esprit comme on peut...

"Ah oui des balades avec Mallory peuvent être assez bizarre j'imagine. Je suis un peu comme toi. Si j'ai une nette préférence pour les Insectes, même si au fond je les aime tous. Et je pense que presque tout le monde est dans le même cas. Qui ne craquerait pas devant ton petit Nox ?"

Je regarde l'Evoli s'amuser un peu plus loin. Bibi ma petite Bombydou s'est jointe à lui et elle lui tourne autour pour jouer. Elle se sent toujours mieux avec les pokémon. Un comportement que j'essaye de faire évoluer depuis qu'elle est en ma possession. En vain. Je jette un coup d'œil vers la forêt et je vois du mouvement. L'escadron de Dardargan a l'air de se dissiper.

"Ah tiens les Dardargan ont l'air de laisser tomber l'affaire. L'alerte est levée. Je te conseille néanmoins de ne pas couper par là sur le chemin du retour. Haha."

Si Oliver avait été en état de commencer son voyage Pokémon dans les meilleures conditions possibles et avec Gaspar à son bras, il ne doute pas une seule seconde qu'il aurait très certainement pris uniquement un sac et son Allumette pour partir à l'aventure sans avoir la moindre idée de ce qui l'attendait. Quelque part peut-il supposer avec naïveté qu'il aurait pris quelques renseignements sur son chemin ; un peu comme maintenant, parce qu'il n'en sait pas beaucoup plus que lorsqu'il est parti à moins d'avoir rencontré quelques spécialistes dans le genre de l'entomologiste, dont la passion visiblement inépuisable pour les insectes constitue à elle seule un formidable puits de savoir, même pour quelqu'un qui n'aurait jamais eu d'affinités particulières avec les Pokémon en question. Quand bien même Oliver ne serait pas un amoureux de ces bêtes grouillantes, il saura au moins pour la prochaine fois reconnaître, avec un peu de chance, où se situe le territoire des Dardargnans par ici. D'ailleurs ce serait plutôt pas mal de s'occuper de mettre un putain de panneau, hein ; parce que si Eugène n'avait pas été là, il ne sait pas si les choses se seraient aussi bien terminées pour lui, finalement.

Mais où est, alors, l'attrait pour la nouveauté si on sait déjà tout avant de partir ? Sa mère le lui a souvent dit après tout, il faut trébucher et tomber pour apprendre à marcher. Dans le cas d'une aventure comme celle qu'il a envie de vivre, c'est exactement  la même chose. Les conneries sont l'apanage de la découverte, et même s'il se serait volontiers passé de cette mésaventure, Oliver sait qu'elle lui a appris bien mieux que n'importe quel livre. Alors il sourit, les épaules doucement haussées comme un gamin pris en faute, parce que c'est vrai, il a raison. Si beaucoup on plus tendance à craquer pour la frimousse d'un Evoli que la tête d'un Venipatte, la diversité des Pokémon fait au moins que tout le monde peut trouver midi à sa porte. « C'est particulier pour Nox, il est chromatique, difficile de ne pas craquer devant, hm ? » dit-il finalement en caressant doucement la tête de son Pokémon qui piaule littéralement de joie en faisant un bond, les yeux brillants d'affection. Peut-on trouver la même chose chez un Chenipotte ? Oliver en doute, mais ce n'est pas  lui l'expert, après tout.

Quand finalement  le scientifique lui fait signe que la voie est libre, Oliver pousse un petit soupir desoulagement, en direction de la forêt. « Merci, finit-il par dire en glissant une main  dans ses cheveux longs. Cet incident m'aura au moins permis de rencontrer un expert, donc je suppose que la méconnaissance n'est pas toujours une mauvaise chose. » En tout cas, il est content de l'avoir rencontré, songe-t-il sans cesser de sourire, alors qu'il entreprend de retrouver le chemin jusqu'à sa voiture. Tant pis pour le tour du lac, il est déjà tard et la route est longue jusqu'à Castlerain. « Merci pour tout Eugène. J'étais content de vous avoir revu, passez voir Mallo à l'arène, ça lui fera sûrement plaisir. Enfin je crois. » On est jamais à l'abri d'une surprise après tout, avec cet énergumène qu'est son meilleur ami.