Il faut respirer. Respirer, c'est la clé ; ou quelque chose comme ça. Gaspar décide de s'arrêter. Là où il est, il y a trois chemins possible. Un qui continue tout droit et qui a l'air de monter, mais il ne se souvient absolument pas avoir suivi un couloir qui descendait, alors c'est peu probable. Un autre, à droite, qui serpente quand même pas mal, mais qui est éclairé par tout un tas de gemmes brillantes ; là comme ça, il aurait tendance à vouloir aller par-là, parce que la dernière possibilité, si on ne compte pas celle qui voudrait lui faire rebrousser chemin, c'est un tout petit couloir à gauche, noir et inquiétant. Et en plus il voit des petits Pokémon là-dedans, des Pokémon qui pourraient bien être ceux que Blue a éclatés tout à l'heure et qui seraient trop heureux de se venger alors...

Alors il va aller à droite. Voilà, tant pis, ça fait moins peur, c'est plus large, plus lumineux, bref, ça inspire quand même un peu plus confiance qu'un vieux couloir tout petit et sombre dans lequel se terrent potentiellement de dangereux Pokémon avides de vengeance ; Gaspar les imagine avec de longues dents pointues et des yeux rouges brillants dans le noir, autant dire que non, définitivement, il est hors de question d'aller par-là. Alors, ramassant comme il peut les miettes de son courage, il se décide à avancer d'un pas, puis d'un autre... mais se ravise. D'abord, il va envoyer un message à Oliver. Quelque chose du genre je t'aime de tout mon coeur et si je ne reviens pas sache que je ne t'ai pas abandonné mais que je suis mort parce que je me suis perdu dans les grottes Charbi.

C'est quand même objectivement un peu ridicule, hein. Mourir dans les grottes Charbi. Gaspar rajoute courageusement après mourir dans son message, avant de l'envoyer. Parce que pour le coup il ne manque pas de courage hein, il les a bien explorées tout seul, ces foutues grottes ; et puis de toute façon personne ne dit qu'il va mourir, peut-être qu'il va le retrouver, son chemin. Ce couloir illuminé lui inspire plutôt confiance ; beaucoup plus que ses autres options en tout cas alors... allez, pas la peine de paniquer. Trop tard, mais pas la peine ; c'est déjà bien d'en avoir conscience, au moins ça lui évitera de faire n'importe quoi sous le coup de la peur, il arrivera peut-être à retrouver la sortie s'il garde à peu près la tête froide. Un peu, au moins, histoire de ne pas dire qu'il est mort en chialant.

Alors qu'il progresse dans ce drôle de couloir de plus en plus lumineux, Gaspar entend son Motismart sonner ; il le sort donc de sa poche, soulagé de constater qu'au moins, le réseau fonctionne. C'est Oliver qui lui répond : Il y a plusieurs sorties pour les grottes, tu sais. Même en tournant un peu tu finiras forcément par en trouver une, mais l'attention est touchante.
PS : C'est un abandon, et se perdre n'est pas une excuse valable.
Ah. Ça change beaucoup de choses, dans l'absolu ; quitte à ce qu'il meure, il n'a pas du tout envie qu'Oliver lui en veuille, sinon il ne trouvera jamais le repos, c'est sûr. Une raison de plus pour sortir d'ici en un seul morceau. Et puis si Oliver a raison, alors il ne devrait pas trop galérer à trouver la sortie. Il va s'en sortir.

C'est en tout cas ce qu'il commence par se dire, avant de voir cette... ombre terrifiante projetée sur le mur à l'angle du couloir un peu plus loin. On dirait un... un dragon. Un gros dragon. A la fois complètement effrayé et indubitablement fasciné, Gaspar se fige, les yeux écarquillés ; Drogon se met à gronder tout doucement et Blue, lui, pousse un grand cri d'avertissement, qui ne fait absolument pas bouger le Pokémon apparemment occupé à... manger quelque chose ?
Faisant signe à ses compagnons de rester tranquille, Gaspar avance tout doucement jusqu'à l'angle du couloir ; son cœur bat à tout rompre mais il refuse de se laisser intimider : s'il y a un Dragon ici, il le lui faut. Pokéball en main, Blue sur l'épaule, il retient son souffle et se penche pour découvrir... un tout petit Draby qui ne tourne même pas la tête. Est-ce qu'il l'entend ?

Ce Pokémon ne doit pas être bien dangereux, comme ça, tout seul ; si sa maman n'est pas là, alors Gaspar n'a sûrement rien à craindre. C'est pour ça qu'il arrive à s'avancer un peu, appelant tout doucement le petit Pokémon. « Eho ? lance-t-il, pas très fort, puis une deuxième fois, parce qu'il n'obtient aucune réaction. Hey ! »
Mais non, rien ; il fronce les sourcils, et finalement c'est Fye qui pousse un grand cri pour attirer l'attention du Draby... sauf que ça ne marche pas non-plus. « Je crois qu'il n'entend rien, murmure le chanteur, en osant alors s'approcher un peu plus près, jusqu'à pouvoir frôler le dos du Pokémon du bout des doigts. Salut toi ! »
C'est le contact, et non l'appel, qui fait sursauter le Draby : le dragon bondit, se retourne et se ramasse sur lui-même, visiblement apeuré alors aussitôt, Gaspar lève les mains en signe de paix, ordonnant dans le même temps à Blue et Drogon de rester à l'écart.

« Hey, appelle-t-il encore, osant adresser un sourire doux, rassurant, au Draby aplati sur le sol, grondant de toutes ses forces. Calme-toi, je te veux aucun mal... »
Mais aucun mot ne semble atteindre le Pokémon ; même lorsque Fye pousse un nouveau cri, il ne lève pas la tête, et ne détourne par ses grands yeux rivés sur le dresseur. Il est sourd. Le constat stupéfait le dresseur, qui s'immobilise. Il trouve ça à la fois affreusement triste et surtout... surtout dangereux, en fait. Il y a des prédateurs ici, et si les Draby sont sûrement redoutés par les autres, un petit sourd comme ça ne tiendra sûrement pas longtemps. Il ne peut pas le laisser-là, alors il affermit sa prise sur sa pokéball. Le pauvre ne sera sûrement pas très content, mais sur ce coup, Gaspar ne lui laisse pas le choix : il est en train de lui sauver la vie.

« Blue ? appelle Gaspar, la voix tendue, d'un ton infiniment sérieux. Il faut qu'on le sorte d'ici. Je compte sur toi, ne lui fais pas trop mal, d'accord ? »
Pas question de voir le cauchemar de l'autre fois se répéter ; un soigneur ne sera pas toujours là pour rattraper ses bêtises, alors il doit faire les choses bien. « Attaque Picpic ! ordonne-t-il, et c'est alors bien plus l'expression décidée de son visage que le son agressif de sa voix qui fait bondir le Draby. »
Un cri de surprise et de panique plus tard, le dragon prend en pleine figure l'attaque fulgurante du Tylton, peu à l'aise dans cet environnement, mais bien assez petit pour se mouvoir efficacement. Déstabilisé par l'assaut soudain de l'oiseau coton, le petit Pokémon ne parvient pas à esquiver la pokéball qui fond droit sur lui.

Aussitôt, le combat s'arrête, et Blue vient fièrement se poser sur l'épaule de son dresseur qui a ramené ses poings près de son torse, les coudes pliés, tremblant d'appréhension et d'espoir à la fois ; est-ce que ça va marcher, est-ce que... elle remue quand même vachement sa ball, là, non ? « Attention, il va... merde ! »
Le juron lui échappe quand la pokéball explose, laissant apparaître un Draby totalement mort de peur qui pousse un grand cri de panique en dérapant sur le sol pour s'enfuir. « Le laisse pas s'échapper ! aboie Gaspar, saisissant déjà une autre pokéball ! Blue, Drogon, bloquez-lui le passage ! »
Si Sacha était là, songe-t-il vaguement, il se ferait littéralement arracher la tête, mais... c'est pour la bonne cause. Ce Draby ne s'en sortira jamais tout seul ici, il faut absolument le ramener.

Vif comme l'éclair, Blue survole le Pokémon sauvage pour fondre en piqué devant-lui, bloquant le couloir dans lequel le Draby essayait de fuir. Le pauvre dragon a à peine le temps de se retourner que déjà, la deuxième pokéball lui heurte le sommet du crâne, aspirant le dragon à l'intérieur pour la seconde fois. « Bien joué Blue, t'es le meilleur ! se réjouit Gaspar en s'approchant de la sphère rouge et blanche qui remue doucement sur le sol. »
Cette fois c'est bon, le Draby doit être trop faible pour s'échapper, alors il est confiant le dresseur quand il se penche et que... la ball explose, sous son nez. Le flash aveuglant de lumière lui fait pousser un cri de surprise, alors que sa main tendue se referme non pas sur l'objet qu'il voulait ramasser, mais sur le petit bras du Draby qui se met aussitôt à hurler, totalement terrorisé.

Alors, Gaspar ne réfléchit absolument pas ; de toute façon, il n'en a pas le temps. Son poing est solidement fermé sur le bras du Pokémon et celui-ci, alors qu'il essaie de se débattre, l'entraîne tout simplement dans son élan. Le dresseur s'étale immédiatement sur le ventre et, plaçant son bras devant-lui pour amortir sa chute, enferme le Draby dans son étreinte. Chutant lourdement sur le sol, Gaspar bloque le dragon contre son torse, serrant les dents et les bras de toutes ses forces pour l'empêcher de s'enfuir, les oreilles vrillées par les hurlements désespérés et totalement déformés par la surdité du Pokémon sauvage. Un peu paniqué lui-aussi, l'homme ne sait absolument pas quoi faire et se contente alors de serrer plus fort la silhouette gigotante contre lui, murmurant des paroles de réconfort qui ne peuvent être entendues. Les mouvements sont brutaux contre lui, mais faibles, surtout ; à l'évidence, ce petit est mal nourri. Il ne tiendra pas longtemps tout seul dans ces cavernes.

Blue pousse toute une série de cris paniqués, ne sachant pas comment intervenir pour aider son dresseur dont les bras s'égratignent de plus en plus contre le sol de la grotte ; Drogon, lui, court dans tous les sens, en proie au même désarroi. Mais ils n'ont pas de quoi s'inquiéter, parce que les gestes désespérés du petit Draby sont de moins en moins violents, tout comme ses cris qui, tout simplement, s'épuisent peu à peu. « Là, là... doucement mon grand, tout doux... »
Ça ne sert à rien de lui parler, peut-être, mais dans le doute, Gaspar préfère essayer ; il relâche prudemment sa prise, un peu inquiet à l'idée de voir le Pokémon s'enfuir, mais celui-ci ne bouge presque plus maintenant, il tremble entre ses bras, fatigué sans doute, mais effrayé surtout, alors les mains du chanteur s'appliquent tout doucement à caresser la tête rocailleuse du Draby, et son dos, patiemment. « Ça va aller, tout va bien se passer, t'as rien à craindre, eh là... »

Si ses paroles n'atteignent pas le Draby, elles ont au moins le mérite de calmer un peu la panique des Pokémon de Gaspar, qui arrêtent de s'affoler et s'immobilisent l'un près de l'autre pour observer la scène avec tant de méfiance que d'attention. Le silence, à peine perturbé par les murmures du chanteur, dure de longues minutes ; il continue de rassurer gentiment le petit dragon de ses gestes aussi doux que possible et quand, finalement, il finit par reculer avec prudence, le Pokémon sauvage lève lentement vers lui deux yeux très incertains, méfiants mais aussi... autre chose, que Gaspar ne comprend pas bien.
Alors, un sourire se dessine lentement sur les lèvres du dresseur. « Alors bonhomme, ça va mieux ? Je suis désolé pour l'agression... il fallait que je te sorte de là. Tu as faim ? »
Bien entendu, le Draby ne répond rien, mais il penche la tête sur le côté en voyant les lèvres de l'homme remuer.