À force de côtoyer Andrew et Ambrose, j'avais appris pas mal de choses sur la région. Les deux habitants de Lucinel essayaient tant bien que mal de m'aider à agrandir mon élevage et je leur avais parlé de mon souhait d'élever des pokémons de Galar. Ainsi quand je leur ai demandé où je devrais aller pour capturer des pokémons issus de cette région, ils n'avaient pas hésité et m'avaient répondu : La Lande. Apparemment, selon eux, j'y trouverai mon bonheur. J'avais enfourché mon vélo et appelé le service de taxi volant où un Corvaillus était venu me chercher. Le vélo solidement attaché à la cabine, en moins de temps qu'il ne le fallait, il m'avait déposé dans la Lande. Je paye le chauffeur de Corvaillus avant de le regarder s'envoler au loin. Un jour, j'aurais des Corvaillus dans mon élevage aussi ... Commençons par des Minisange peut-être.

Je réajuste mon sac à dos. J'ai évité de sortir Titania de sa pokéball. Il faut dire que pendant le voyage, j'ai observé les magnifiques paysages qui s'étalaient à perte de vue, j'étais agréablement surpris, émerveillé. Et je savais qu'avec mon excitation trop grande, j'aurais reçu des gifles. Pour peu que le chauffeur ait ressenti des émotions fortes pour une raison ou une autre, elle aurait fini par le gifler peut-être. Je ne voulais pas prendre ce risque. Je n'ai pas de casque, ni de protection malheureusement. Mais ça ira, j'suis un grand garçon. J'entreprends de monter sur la selle et en m'assurant que tout fonctionne, je commence à rouler sur un chemin crée par l'homme. Il fait beau. Il fait bon. Le soleil brille. Quelques nuages immaculés parsèment le ciel. La meilleure journée pour capturer des pokémons.

Le vent dans mes cheveux, je passe devant un troupeau d'Ecremeuh et de Frison. Ils mangent de l'herbe tranquillement dans les prés autour de moi. Je souris en faisant coucou de la main à un Ecremeuh très proche du chemin que j'emprunte. Elle lève à peine la tête vers moi, trop occupée à mâchouiller des brins d'herbe. Je ne connais rien à cette Lande, je ne sais pas à quel point le territoire est grand, ni quelle ville la borde. Je sais que c'est grand, que c'est beau et que des pokémons sauvages y vivent. Je ferai en sorte à la fin de l'après midi de rejoindre un Centre Pokémon et d'appeler un autre taxi Corvaillus pour rentrer jusqu'à Lucinel, ce sera la meilleure solution.

- YOUHOUUUUUUUUUUUUU OUIIIIIIIIIIIIIII HIIIIIIIIIIII !

Je hurle à plein poumons en accélérant, pris d'une bouffée d'euphorie.

Armé de mes écouteurs dans laquelle les chansons de Gaspar Neskov tournent en boucle dans ma playlist, je me sens comme invincible. Porté par le vent. J'avais l'habitude de faire du vélo quand j'étais adolescent. À Volucité, dans la région d'Unys, la ville est si grande que beaucoup de gens se déplace en vélo quand ils n'ont pas de voiture ou qu'ils n'ont pas les moyens de se payer un taxi à chaque trajet. Moi j'avais beau avoir les moyens, je préférais faire du vélo avec mes amis pour aller en cours et retourner chez moi. On allait en vélo jusqu'au nord de la ville près du désert où on essayait de pêcher des Bargantua et jeter des pierres dans les bouches des Mascaïman qui se cachaient dans le sable avant de partir en courant quand ils se mettaient en colère.

Dans le ciel, une nuée de Granivol se laisse porter par la brise. ils flottent si près du sol qu'il y en a un qui m'effleure les cheveux. Leurs petits cris adorables résonnent dans mes oreilles alors qu'ils me font signe de leurs petites pattes avant roses.

- Salut tout le monde ! Attention où vous atterrissez !

Je leur dis, sachant qu'ils ne choisissent que très rarement où ils se posent, se laissant porter par le vent, contrairement à ses évolutions Floravol et Cotovol qui arrivent à contrôler la direction. J'évite de justesse un Escargaume sur le chemin que je pensais être une pierre. Je vois sa coquille s'ouvrir alors que j'approche. Je manque de tomber en tournant brusquement mais encore une fois, j'ai l'habitude du vélo, ainsi je reprends facilement la prise en main alors que je me tourne vers le pokémon insecte.

- Attention à toi, t'es au milieu de la route !

Je suis forcé de ralentir puis de freiner complètement quand juste avant une intersection, une famille de Poussifeu suivent leur maman Galifeu. Elle traverse en premier et attend que tous ses petits la suivent à la file indienne. Ils sont nombreux, une douzaine. Je les observe passer en souriant avec leurs petites pattes. La Galifeu se méfie un peu, elle pose des regards sur moi de temps en temps, mais quand elle voit que je me contente de sourire et de les laisser passer, elle aussi me fait un signe de son ... aile ? Ou de sa patte ? Je sais pas ce que c'est mais elle l'agite comme moi j'agiterais le bras et la main pour dire au revoir à quelqu'un de loin.

- Attention à vous sur les route !

Je m'improvise en agent de sécurité routière pour pokémon et intérieurement, ça me fait rire.

J'arrive finalement à l'intersection. De quel côté je devrais aller ? Sur la gauche, des collines s'élèvent, vertes comme des Chrysacier. Du côté droit, la plaine continue. Je sais que c'est aventureux et que l'effort physique sera plus difficile, mais je choisis avec détermination de tourner à gauche. Fort heureusement, les premières pentes sont pas très pentues. Mais après les deux premières, la troisième est beaucoup plus grande. Je pédale aussi fort que possible, j'ai l'impression de faire du sur place, mais je sais que l'enjeu en vaudra le coup. Une fois au sommet, je m'arrêterais pour admirer le paysage, et il me restera qu'à me laisser. Je dois mettre plus de cinq minutes pour gravir la colline avec le vélo et j'ai déjà les mollets endoloris. Une fois au sommet, je m'arrête comme prévu et admire le paysage autour.

C'est beau. Le paysage est à couper le souffle. Des pâturages, des prés, des prairies, des vallons, des vallées, des collines. Une multitude de petites maisons éparpillées, des fermes sûrement. La Lande est vraiment gigantesque en plus d'être magnifique. Mais c'est l'été, je pense que l'hiver elle est moins belle à regarder. Je déteste l'hiver même si j'adore la neige. La végétation luxuriante et aux multiples couleurs devient terne et fade, ne laissant place qu'à la mort des fleurs et autres plantes. Moi qui aime peindre, j'adore les couleurs. Le printemps est de loin ma saison préférée, elle est synonyme de la renaissance et elle m'inspire. Elle rehausse les couleurs et la beauté des paysages, elle inspire l'espoir et la promesse d'un lendemain meilleur. C'est toujours beaucoup plus agréable de se balader sur un chemin végétal aux couleurs chatoyantes plutôt que sur un chemin froid et morne, dépourvu de couleurs.

Je profite de m'être arrêté pour boire un coup en sortant une bouteille de jus d'aloe vera avec de la pulpe pour me désaltérer. C'est à ce moment là qu'un petit Salamèche s'avance vers moi, tout sourire. Il est tellement mignon que je fonds, souriant chaleureusement au petit pokémon feu.

- Oooooh ! Coucou toi ! Qu'est-ce que tu fais ici tout seul ?

Il n'a pas l'air perdu. Et si il l'est, il est complètement serein, chill, zen. Si j'étais à sa place, je serai complètement paniqué, en train de pleurer et d'appeler ma grande soeur ou mes parents pour qu'ils viennent me chercher. Il me pointe un endroit de sa petite patte orangée. Au loin, des falaises et une grotte.

- C'est là bas que tu habites ?

Je demande, et il répond avec un petit cri affirmatif, suivi d'un geste positif de la tête.

Je réfléchis quelques secondes alors qu'il s'approche de ma jambe en sautillant gaiement. Il est vraiment jeune. Est-ce que ses parents l'ont abandonné ? Ou bien un dresseur ? Incapable de laisse ce pauvre petit Salamèche seul, je le porte pour le mettre dans le panier non utilisé sur mon vélo à l'avant.

- Je vais te ramener chez toi, t'es d'accord ?

Je lui demande et il reste tout guilleret en hochant la tête. Je sors quelques friandises fruitées de mon sac que j'offre au pokémon feu. Son regard s'illumine immédiatement.

- Tiens, tu peux manger un peu si tu veux. Je vais faire en sorte que tu arrives à ta maison aussi rapidement que possible !

J'essaye de le rassurer même s'il n'y en a pas besoin étant donné qu'il ne pleure pas, il reste positif malgré la situation. Et sur ce, je me mets en route.

Je laisse le vélo rouler dans la pente qui nous fait prendre de la vitesse. En temps normal, j'aurais hurlé à plein poumons sans freiner, même si c'est dangereux. Mais avec un Salamèche dans le panier à l'avant sans protection, ni ceinture, je préfère prendre mes précautions et j'appuie de temps en temps sur le frein pour décélérer dans la descente, et ce jusqu'en bas de la colline. Malheureusement, je dois gravir une seconde et dernière grande colline avant de rejoindre la grotte désignée par le petit pokémon de type feu. Au début, je pédale aussi fort que possible, comme pour sa colline jumelle que j'ai gravi il y a vingt minutes. Mais arrivé au quart de la pente, je fatigue trop. Je décide de descendre du vélo et de continuer à pieds, en poussant le véhicule à deux roues sous le regard interrogatif du Salamèche sauvage.

Il me faut un bon quart d'heure avant d'arriver tout en haut. Et je suis en nage. Légèrement essoufflé, j'utilise la béquille du vélo pour le faire tenir en équilibre alors que le Salamèche me regarde avec un air dubitatif comme pour me dire "Bah alors ? Qu'est-ce que tu as ? On va plus à la maison ?". J'ouvre à nouveau ma bouteille d'aloe vera et je bois quelques gorgées avant de sortir une bouteille d'eau et un gobelet en plastique dur que je remplis d'eau avant de le tendre à Salamèche.

- Tu veux boire mon beau ? Tiens, il fait chaud !

Même si la chaleur est surtout produite par la flamme de sa queue qu'il garde proche de mon visage quand je pédale, ce qui rend l'effort encore plus difficile à fournir. Mais le voir ravi de ce petit voyager et excité de rentrer chez lui, ça me rend heureux alors je continue.