«Tu réalises que c’est la cinquième fois que tu m’appelle, Daniel ?»

La cinquième ? Déjà ? Bon, il y a une fois où la ligne a coupé de manière soudaine. J’avoue ne pas avoir d’excuse pour les autres par contre. Je pourrais prétendre ou trouver quelque excuse, néanmoins déjà un sourire amusé se dessine sur mes lèvres devant l’agacement palpable de mon employée.

«Je voulais juste demander si Eddy avait réglé le souci de…»

«Il n’est pas encore arrivé.»

«Oh d’accord.»

«Je vais t’écrire si j’ai des nouvelles, d’accord ?»

«D’accord.»

«Oh et Daniel ? N’appelle plus.»

Et elle raccroche. Camilla possède un fort caractère, ainsi je ne suis guère surpris par son comportement. Ce n’est guère le premier échange de la sorte que nous avons. Il y a chez la jeune femme une indépendance acharnée que je ne saurais qu’apprécier. Il n’y a pas plus débrouillarde et créative qu’elle. Son aide pour l’élevage est précieuse, sans elle je ne parviendrais simplement pas à réaliser toutes les tâches nécessaires. Aujourd’hui, par exemple, j’espère faire la rencontre de nouveaux Pokémon pour ajouter à l’élevage. Il est grand temps de nous mettre à produire nos propres œufs. J’ai donc préparé un arsenal de balles et nous voilà Paix et moi à la conquête de la Lumiclairière. Nerveux, je cherche toutes les excuses pour échapper à cette tâche… il faut dire qu’en matière de capture je me sens peu compétent. Néanmoins nous n’avons pas le choix, puis comme on dit : la pratique est essentielle pour développer ses talents. Quelque chose du genre.

À mes côtés, Paix ne semble pas beaucoup plus rassurée. Ce n’est pas que le paysage ne nous plaît pas… Bien au contraire ! Nous suivons prudemment les abords de la rivière, nous jouant des dénivelés du terrain en prenant tout notre temps pour éviter une mauvaise chute. Enfin, pas que la Munna soit vraiment à risque avec ses pouvoirs de lévitation, mais c’est mon cas ! Non, c’est plutôt le fait de se sortir de nos petites habitudes, de nous éloigner de l’élevage et de le laisser entre des mains qui, malgré leur compétence, ne sont pas les nôtres… Je ne résiste pas beaucoup à l’idée, néanmoins je ne peux m’empêcher de me sentir déséquilibré par cette entreprise nouvelle. Capturer un Pokémon ? Nous ? J’aurais dû penser inviter un dresseur plus expérimenté, pour nous y aider. On m’a dit que cette clairière ne présentait aucun danger pour les dresseurs de bas niveau, mais je ne peux m’empêcher de me demander si la beauté incomparable des lieux ne cacherait pas quelque créature moins bien intentionnée…

D’ailleurs, les buissons ne tardent pas à osciller d’une manière explicite : nous ne sommes plus seuls. Par réflexe, j’attrape une balle à ma ceinture, prêt à la projeter sur le Pokémon en question… Néanmoins la Munna semble avoir d’autres plans. Paniquant avant même qu’une tête rouge apparaître, elle projette en avant sa Vague Psy ! Un Coxy émerge finalement des buissons, visiblement courroucé par cette attaque totalement gratuite.

«Paix ! Calme-toi un peu… Ce Coxy n’avait rien demandé…»

Piteuse, la Munna s’excuse d’un petit son beaucoup trop adorable. Elle sait bien que je ne parviendrai jamais à lui en vouloir de toute manière.

«N’oublie pas que notre objectif est de capturer un Pokémon, pas de les effrayer. Ce Coxy aurait pu être intéressant, tu savais qu’ils se nourrissent d’étoiles ? Un truc du genre. Peut-être qu’il aurait pu devenir un Pokémon masseur ? Je ne sais pas à quel point les gens aimeraient recevoir un massage de la part d’un insecte…»

À vrai dire, beaucoup de gens ont une crainte injustifiée envers ces fascinantes créatures. Je m’inquiète de voir les clients importunés par la présence de ces derniers, alors que pourtant beaucoup ont des cœurs généreux ! Soupirant, j’invite la Munna à me rejoindre. À cet endroit, la rivière s’est faite plus large. Les arbres colorés laissent filtrer entre leurs branches quelques rayons de soleil. Paix s’éloigne doucement, prenant place sur un rocher, pile au soleil, se roulant d’aise. Guère surpris par son comportement, je m’avance pour la rejoindre, me laissant baigner moi aussi par l’éclat rassurant de l’astre du jour. Malgré l’automne qui s’installe, la chaleur du soleil nous englobe. Je soupire d’aise, le regard tourné vers le ciel. Il fait du bien de s’éloigner un peu de nos responsabilités du tout de même. Rien ne sert d’être aussi anxieux… Tout se déroulera bien. Ces bois sont si paisibles, je suis certain que nous n’avons absolument rien à craindre.

«Ne vas pas t’endormir, hein, on est ici en mission madame !»

Elle me jette un de ces fameux regards un peu coupable, d’un œil. L’autre, il est déjà fermé, m’indiquant clairement ses intentions de roupiller.

Je dois avouer que cette caresse du soleil m’alourdit moi aussi de sommeil. Une brise fraîche soulève quelques feuilles tombées, forme des vaguelettes sur la rivière. Je peux entendre au loin le chant de quelques oiseaux, demeurés invisibles. Voilà exactement le genre d’environnement que j’aimerais créer à l’élevage ! Le sentiment de pouvoir simplement se laisser aller, en communion avec la nature ! Jude’s Creek propose une température bien différente, mais la fraîcheur n’est pas antagoniste à ce projet. Bien au contraire, le froid amène une recherche de chaleur… et une fois ces bains thérapeutiques opérationnels les clients n’auront plus jamais à craindre les neiges de la ville du nord. Je ferme les yeux à mon tour, me laissant porter par ce bien-être. Mes pensées me quittent une à une, me laissant dans un état de grand calme et de paix. Bientôt, j’entends la Munna qui ronfle paisiblement… Évidemment ! Un sourire étire mes lèvres, rapidement interrompu par un son qui me fait me redresser. Je n’ai pas halluciné. Il y a bien une créature qui nous a rejoint. S’abreuvant à la rivière, il… ou plutôt elle ne nous a pas remarqué.

«Paix… Paix ?»

Mais non, évidemment, malgré les petits coups de coude que je lui réserve, la Munna ne se réveille pas du tout. Même qu’elle ronfle de plus belle, ce qui fait redresser la tête du Nidoran ! Heureusement, elle ne nous voit pas d’où elle est. C’est notre occasion de la capturer ! Enfin, la mienne, puisque de toute évidence je ne pourrai bénéficier de l’aide de mon amie…

Je me redresse, aussitôt pris d’une vague de stress. Un mauvais mouvement et la Nidoran prendra peur, et nous ne serons pas plus avancés. Nidoran hein ? Ce pourrait être intéressant ! On dit que Nidoqueen est une excellente mère pour sa progéniture… peut-être pourrait-elle veiller sur l’élevage ? C’est carrément une option intéressante ! En tout cas, me voilà sur mes jambes, émergeant lentement de derrière mon rocher, tout tremblant. J’ai attrapé une balle à ma ceinture et je m’apprête à la lancer sur la créature qui boit toujours, ne s’interrompant que pour renifler les environs. Juste quand je vais lancer néanmoins, je vois la petite lever la tête et… me regarder directement. Oh mince. Je suis repéré ! Paniquant, je lance la sphère en sa direction, mais il est trop tard… elle a déjà pris la poudre d’escampette ! Abandonnant la Poké Ball derrière moi, je me lance à la poursuite de la Nidoran, pris d’une énergie insoupçonnée.

«Reviens ! Je ne vais pas te faire de mal promis !»

Où est-elle passée ? Heureusement, ces bois clairsemés ne font pas une grande couverture au Pokémon sauvage, qui n’a bientôt nulle part où aller. Je la repère près d’un grand arbre, cherchant une issue. Cette fois, je change de tactique, m’approchant avec douceur. Je ne peux empêcher mes bras de trembler à nouveau néanmoins. Je n’aime pas la voir si apeurée de ma présence.

«Doucement, je te jure je ne vais pas te faire de mal.»

Malgré toutes mes bonnes intentions, la petite demeure toujours aussi apeurée. Je la vois reculer, couiner comme pour appeler un allié… et sa situation me crève le cœur. Non, je ne veux pas, je ne veux pas capturer un Pokémon dans ces circonstances. Je remets donc la balle à sa place à ma ceinture et brandis mes mains et guise d’offrande de paix. Tous mes gestes la font sursauter, malgré leur lenteur. Elle me surveille, mais visiblement le retrait de la sphère métallique semble l’avoir mis un peu plus à l’aise. Je m’assois sur le sol, malgré l’humidité des feuilles mortes sous mes cuisses. Ainsi, nous sommes un peu plus au même niveau. Elle verra bien que je ne lui veux pas de mal.

«J’ai rangé la balle, tu vois ? Je voulais juste apprendre à te connaître un peu… j’imagine que je m’y suis mal pris. C’est la première fois que j’essaie de capturer un Pokémon, tu vois ? C’est que je me suis dit en te voyant que tu serais heureuse à mon élevage. Mais c’était peut-être un peu… précipité ? Désolé si je t’ai effrayée.»

La Nidoran me regarde désormais. Sa petite poitrine se soulève encore de manière frénétique, mais visiblement elle écoute ce que j’ai à dire. Je préfère ça que cette course sans but à travers les bois.

«Tu vois, je suis éleveur, j’élève ben… toutes sortes de Pokémon. Du moins ce sera le cas quand j’aurai capturé quelques Pokémon. Nous avons des bains, et des cours de yoga pour humains comme Pokémon. C’est un endroit agréable. Je l’appelle le Havre.»

«Le Havre c’est un peu… mon projet, mon bébé tu vois ? Je veux créer un endroit où tous peuvent se sentir bien. Alors j’ai vraiment très honte de t’avoir fait peur. Désolé Nidoran. Ne le prends pas mal, c’est simplement de la grande maladresse.»

Je soupire. La honte me guette : je n’aime pas échouer et encore moins lorsque c’est au détriment d’autres. Heureusement, le Pokémon ne semble plus trop m’en vouloir. Même qu’elle semble curieuse. Elle s’approche enfin, à ma grande surprise. Je l’observe tandis qu’elle me tourne autour, reniflant de tous les côtés. Qu’essaie-t-elle de déterminer ? Je l’ignore. Mais son attitude me fait reconsidérer mon abandon de ce projet de la capturer. Est-elle intéressée par ce que je lui raconte ? Que comprend-elle de mes histoires ? Je détache finalement la balle à ma ceinture et lui présente. Contrairement à la dernière fois, elle ne réagit pas du tout aussi promptement. Même qu’elle approche un peu son museau. Y voyant là une invitation, je lance la sphère vers elle. Un instant, elle y disparaît avant que mécanisme ne s’enclenche et ne vienne m’indiquer ma réussite. Ma réussite.

«J’ai réussi ! Oh mon dieu ! Paix ? Paix t’es où ?»

Je me redresse d’un bond et cours en direction de la rivière, pour rejoindre la Munna et lui faire part de cette nouvelle capture. Mon cœur bat à tout rompre, pourtant il s’interrompt brutalement alors que j’arrive où je me trouvais quelques minutes plus tôt. Le rocher est vide. Paix a disparu.

Où est Paix ? S’interrompre au cœur d’une sieste ne lui ressemble guère, non sans une excellente raison de le faire. Peut-être ma course à travers la forêt l’a réveillée et elle s’est lancée à ma poursuite ? Cela m’apparaît peu plausible, malgré tout. Déjà, il faut un train pour tirer le Pokémon Psy du sommeil. Puis enfin, il serait impossible pour moi de ne pas l’avoir croisée. Non, clairement quelque chose a attiré son attention… Mais quoi ? Je jette un coup d’œil aux environs. Évidemment, grâce à son pouvoir de lévitation, la Munna n’a laissé aucune trace. Je me gratte la tête, tenté de l’appeler. La voir s’éloigner ainsi n’est pas dans ses habitudes. Je tire la balle de la Nidoran à ma ceinture pour l’observer un moment. Si jamais quelque danger doit se présenter, elle devra me protéger en l’absence de Paix. J’hausse les épaules avant de tenter un chemin, vers l’ouest. Qui sait, peut-être se trouve-t-elle par là ? Je ne suis pas trop inquiet, je sais qu’elle pourra se repérer grâce à la rivière et pourtant… Je préférais tout de même l’avoir à vue. Parlant de vue, voilà qu’un nouveau Pokémon lévitant apparaît sur ma route : un Doudouvet ! Han ! Il est mignon ! Il oscille doucement au gré du vent… et soudain me voyant, décide d’aller directement à ma rencontre, riant à gorge déployée, en balayant derrière lui des spores colorées qui n’augurent rien de bon. D’accord. Pas par là… PAS PAR LÀ !

Il y a un éclair rose, soudain. Il vient de la direction opposée, me contourne dans un petit cri que je ne reconnais pas tout de suite. Moi, je suis trop occupé à courir. Je connais les effets des spores et je préfère décidément les éviter. Qu’est-ce qui prend à ce Doudouvet farceur ? Qu’ai-je fait pour mériter ce pauvre traitement ? On dit que son évolution est un fouteur de troubles; je n’ai désormais plus de mal à y croire. Curieux, je tourne la tête en pleine course pour entre-apercevoir ce qui se passe derrière. Le Pokémon sauvage s’est arrêté enfin, et se mesure maintenant à… À Paix ! C’est elle, c’est bien elle ! Je m’arrête aussi sec pour l’observer nerveusement se battre. Elle a déployé son Bouclier, une aura d’énergie d’un violacé profond. Elle utilise ensuite sa Rafale Psy pour intimider son adversaire, mais celui-ci est simplement repoussé plus loin, se laissant porter par le vent. Bon, on dirait au moins que l’intervention de Paix l’a découragé, ce qui me soulage. Elle se retourne pour me rejoindre, se blottissant un instant dans mes bras.

«Merci Paix. Tu as été très brave ! Je ne sais pas ce qui lui a pris…»

J’observe la créature s’éloigner encore plus, ravi de ne plus l’avoir dans les jambes.

«Oh, j’ai une bonne nouvelle ! Je l’ai fait ! J’ai capturé un Pokémon ! C’est une Nidoran !»

La Munna ne semble pas reconnaître ce nom, mais elle aura rapidement l’occasion de faire connaissance avec la nouvelle venue dans notre équipe. Rayonnant, je lui présente la balle, tandis qu’elle écarquille les yeux avec émerveillement. Je dois l’avouer, je suis plutôt fier de mon effet.

«U-un Nidoran ?»

La voix, venue de nulle part, nous fait tous les deux sursauter. Elle provient de quelque part parmi ces bois; d’ici je n’en distingue pas encore l’origine. Néanmoins, tout indique qu’il s’agit d’une voix jeune, appartenant à un adolescent ou une adolescente. Rapidement, mes doutes se confirment alors qu’apparaît entre les arbres une silhouette fluette et menue, celle d’une jeune fille à peine sortie de l’enfance. Ses longs cheveux roux forment un halo pêle-mêle autour de sa tête. Elle porte une casquette à l’envers, un jean délavé et troué et une chemise à carreaux par-dessus un t-shirt d’un groupe de musique. Son visage est sale, suggérant qu’elle a passé un certain temps dans ces bois à la recherche de quelque chose. Surtout, c’est une dresseuse de toute évidence. Elle traîne à ses côtés un Feunnec qui m’observe de ses prunelles orangées. Voyant l’adolescente, la Munna abandonne sa contemplation de la balle pour se diriger vers elle et la saluer. Heureusement, le protecteur de l’étrangère ne réagit nullement à son approche. Mon objectif n’aurait pas été de la combattre après tout.

«Vous avez capturé un Nidoran, m’sieur ? Mâle ou femelle ?»

Son ton directif me fait sourciller. Je ne m’y attendais pas, surtout pas d’une personne aussi jeune et petite. Néanmoins, je suis assez perceptif pour voir qu’il s’agit surtout d’un acte, qu’elle tente ainsi de paraître plus assurée qu’elle ne l’est vraiment. Je souris de manière avenante pour lui signifier qu’elle n’a pas de crainte à se faire.

«Oui, effectivement, une femelle. Plutôt peureuse, mais aussi curieuse. Il a fallu un peu la convaincre.»

L’adolescente et son compagnon échangent un long regard. Un très long regard. Que nous veut-elle exactement ?

«Il y a un problème ?»

L’adolescente s’est affaissée sur elle-même, contre un arbre. Elle semble totalement découragée, et c’est un peu déstabilisé que je l’observe sans comprendre. Je n’ai jamais eu beaucoup de contacts avec les adolescents dans ma vie, hormis à l’époque où j’en étais un moi-même. J’ignore donc sur quel pied danser avec cette petite, et surtout comment lui apporter mon aide. Son état de découragement est tel que je me sens assez concerné, habité par la certitude d’avoir mal agi d’une manière ou d’une autre. Le Feunnec, en bon compagnon, s’est juché contre ses cuisses pour lui amener du réconfort.

«C’est que ça fait trois jours qu’on en cherche une ! TROIS JOURS ! Pas une seule trace de ce Pokémon et toi tu viens d’en capturer une ! Si on avait été plus rapides de quelques minutes, on l’aurait chopée !»

Son ton est tendu, presque au bord des larmes malgré la frustration que j’y lis. La pauvre, ce doit effectivement être particulièrement fâcheux. Mon regard passe de la balle à la jeune fille quelques instants alors que lentement germe en moi l’idée.

«Tu le veux pourquoi ce Nidoran ? Pourquoi cette espèce précisément ?»

«J’ai toujours rêvé d’en avoir un. Quand j’étais petite y’avait Claude Esmer qui passait à la télé avec sa Nidoqueen et je me suis jurée d’en capturer une un jour.»

Elle parle avec la fatalité de l’adolescence. Elle a toute une vie encore devant elle pour concrétiser ce projet et pourtant, à l’instant, elle y croit fermement : celui-ci ne verra jamais le jour. Je m’apprête à répondre quand un bruissement non loin se fait entendre. Une petite bouille adorable apparaît, curieuse et un peu timide… Un Mélofée !

On dit que ces créatures sont rares. Qu’elles ont des propriétés de guérison et qu’elles portent bonheur à ceux qui ont la chance de l’avoir en tant que compagnon. Il s’agit du Pokémon parfait pour compléter ma petite équipe. Sitôt j’ai posé les yeux sur ce Mélofée que je le ressens au plus profond de moi. Il faut dire qu’il semble partager l’intérêt. Ses petits yeux noirs nous scrutent. Un instant, il s’attarde à moi, me faisant un sourire, avant de reporter son attention sur l’adolescente qui a enfoui son visage dans ses mains de manière un peu dramatique. De sa démarche rondelette, la fée s’avance en direction de la jeune fille pour lui donner une tape compatissante sur l’épaule. La jeune fille redresse les yeux, désintéressée, avant de grogner doucement et de remettre sa tête sur ses genoux. Moi ? Je suis totalement sous le charme. Il y a chez ce Mélofée le cœur généreux que je recherchais chez un compagnon.

«Dis, j’ai une idée. Je vais combattre et tenter de capturer ce Mélofée. Si je réussis et qu’elle est d’accord… cette Nidoran est à toi.»

L’adolescente redresse aussitôt la tête, des étoiles dans les yeux. Ça semble lui plaire comme idée, ce à quoi je pouvais m’attendre évidemment. Je fais un clin d’œil au Mélofée avant de me reculer de quelques pas. Déjà, Paix se prépare. Elle semble un peu moins assurée que devant le Doudouvet néanmoins… J’espère que ça ira pour nous. Déjà, la fée oscille d’un pied à l’autre dans une petite danse énergique.