Le pas lent, les mains dans les poches de son jean slim de couleur clair, Soren avance, l'air nonchalante, clope pendant à ses lèvres clairs. Tatouages apparents grâce à son sweat à capuches dont les manches sont remontées jusqu'au coude et qui laisse apercevoir les dessins indélébiles tracés sur sa peau à l'encre noire. Posé contre le capot de sa voiture, le beau brun attend patiemment que son demi-frère ne le rejoigne. Quelques jours plus tôt, il a proposé à ce dernier d'aller camper à la Lande, comme au bon vieux temps. Cela fait un moment qu'ils n'ont pas passé du temps ensemble. Il faut dire que Soren a l'étrange impression que le rouquin s'éloigne de lui et nom de Zeus, ce que ça lui fout les boules. Bien-sûr qu'ils grandissent et qu'ils ont leur propre vie désormais, mais le tatoué ne supporte pas vraiment de passer tant de temps loin de son meilleur ami d'enfance.

Soupirant de soulagement en la voyant finalement sortir de la maison où se trouve son refuge, un sourire vient finalement éclairé le visage du garçon aux yeux de glace, tandis qu'il se redresse rapidement pour rejoindre le rouquin et l'aider avec son sac. Soren claque rapidement un baiser contre la joue du jeune homme, humant discrètement son odeur, parfum flottant désormais dans l'air l'entourant. « J'avais peur que tu annules au dernier moment. » Avoue-t-il en récupérant le sac à dos du garçon pour aller le glisser dans l'arrière de sa vieille Jeep. Une merveille, soit dit en passant. « Je suis content de te voir, Nemo. » Finit par lâcher le grand tatoué tandis qu'il se glisse au conducteur, accrochant rapidement sa ceinture, impatient de partir à l'aventure.

Retrouver Nemo. Passer du temps avec lui. Cela va lui faire un bien fou. Même s'il ne peut l'avoir. Même s'il ne peut l'approcher de trop près, Soren se contente de ces quelques instants volés pour faire du bien à son cœur. Proximité toujours existante, quelques baisers sur des joues, quelques câlins, sans que tout cela ne soit jamais aller plus loin. Soren se retient toujours, incapable de tout lui avouer et ce, depuis des années. De peur de le perdre. De peur de décevoir son père qui a retrouvé, en Nathalie, l'amour auquel il ne croyait plus après sa propre mère. Les paroles qui lui font l'effet d'une étreinte désagréable. Trois flèches dans le dos. Il a l'impression de se prendre un pic de manière cachée, de manière innocente. « Mon travail de ranger me prend du temps, j'suis même appelé en pleine nuit. » Avoue-t-il tout en faisant la moue avant de grimper dans sa grosse voiture. Il est heureux de le voir. Petite tête rousse qu'il a toujours aimé regarder en secret, en silence. Le palpitant qui s'agite, qui demande à s'enlever de cette cage thoracique pour lui hurler des belles paroles. Soren pince les lèvres, regardant droit devant lui, tandis qu'il roule rapidement jusqu'à la Lande.

« J'vais bien, comme toujours et toi ? » Demande-t-il avec douceur, tout en glissant une main dans les pelages de Freyja pour la caresser et lui dire bonjour comme il se doit, gardant contre autre main sur le volant. L'avantage d'avoir une voiture à boîte automatique. Sacrée invention, tout de même. Il ne lui faut pas très longtemps pour arriver à la Lande et Soren sort finalement du bolide, garée près d'un chemin en montée. Parfait pour bien commencer cette randonnée. « Oh, j'te présente Prince et Bulbi. Zap est resté chez les parents. » Et ça se comprend. Tout en disant cela, Soren fait sortir son Vivaldaim chromatique et son Bulbizarre de leurs pokeball, souriant quand Prince s'approche de Nemo pour le renifler. De son côté, Soren récupère le sac comportant la tente et ses affaires. Ça suffira. « Tu penses pouvoir prendre la glacière? » Qu'il demande avec intérêt, tout en mettant tout sur son dos. La tente n'est pas lourde et son sac peu rempli après tout. Ce n'est pas si lourd, alors, au final il se décide tout de même à prendre la glacière quand il aperçoit un Rattata vert. Vert ? « Bulbi ! J'ai b'soin de toi par ici! » S'égosille-t-il, tout excité. Encore un chromatique !

Il y a encore quelques minutes, Soren était tout excité à l'idée de se retrouver seul avec Nemo. Cela fait un moment, après tout, qu'ils n'ont pas passé du temps ensembles. Soit parce qu'il est occupé, soit parce que Nemo gère son refuge. Les choses changent. Ils s'éloignent et cela ne plaît guère au tatoué. De peur que le rouquin lui annonce un jour qu'il a trouvé quelqu'un. Qu'il va quitter la maison, comme lui y pense en ce moment. Parce que vivre sous le même toit que l'être aimé est difficile. Douce torture pour ses nerfs et son palpitant, qui n'a de cesse de s'égosiller chaque fois que l'éleveur se trouve dans les parages. Mais Soren n'est pas idiot, loin de là. Il comprend bien vite que quelque chose ne pas. Nemo ne lui sourit pas de bon cœur. Il répond vaguement. Ne réagit même pas lorsqu'il lui montre son Vivaldaim. L'air boudeur, Soren hausse des épaules, Prince se tournant vers lui tout en penchant la tête sur le côté. Évidemment qu'il comprend que quelque chose se passe, le petit faon. « Quelques jours … J'voulais te montrer Prince avant de t'en parler. » Mais il n'a pas vraiment eu l'effet espéré. Peu importe. Soren se concentre déjà sur un combat contre un Rattata chromatique. Il va falloir qu'il parle. Que Nemo lui parle. Ils ne peuvent pas continue à s'éloigner de la sorte, n'est-ce pas ?

Nemo ne l'attend même pas, il commence à grimper sans lui et Soren contracte la mâchoire, envoyant une pokeball, rapidement en direction du pokemon l'intéressant simplement pour sa particularité. « Oh eh ! Nemo attend-moi ! Mais quelle mouche t'a piquée bon sang ? C'est quoi ton problème? » Il s'énerve un peu Soren, parce qu'il n'a pas l'habitude d'être mis de côté, encore moins par le rouquin, qui a toujours été dépendant de lui. Soren souffle fort, demandant rapidement à son Bulbizarre de surveiller la pokeball qui se mouve de gauche à droite pour s'approcher de son demi-frère par alliance. « T'es énervé contre moi ou quoi ? J'te reconnais pas là, Nemo. J'pensais que ça te ferait plaisir de venir ici, avec moi. Si tu veux, j'peux aussi te ramener, comme ça tu verras pas ma sale gueule. » Il s'énerve, mais Soren n'en pense pas mot. L'impulsivité lui fait regretter rapidement ses paroles mais il n'en montre rien. Il est bien trop inquiété par la froideur de son ami. De celui qu'il aime, pour raisonner correctement.

Perde le contrôle. Une impulsivité dictant toujours ses mots, ses faits et gestes. Le jeune homme lance une pokeball en direction du Rattata chromatique, demandant rapidement à son Bulbizarre de surveiller le capture pour lui, tandis qu'il rejoint presque son demi-frère, le cœur au bord des lèvres. C'est un appel. Une bouteille à la mer, qu'il jette, dans l'espoir que Nemo la saisisse, au lieu de cela, il a l'impression que Nemo sous-entend qu'il se fait des films. « J'ai jamais dit ça, mais tu ne m'attends même pas. » Où est passé le gamin qui l'attendait toujours et qui n'avait d'yeux que pour lui ? Soren soutient le regard du beau rouquin, sourcils froncés, grognant quand il lui demande de baisse d'un ton. C'est dans sa nature. Il le connaît, non ? Nemo sait très bien que lorsqu'il se laisse aller à la colère, Soren ne se contrôle plus. oh. Il n'a pas tendance à être violent avec ceux qu'il aime, mais il peut se montrer brutal dans les mots, et ça, c'est certainement le pire, au final.

Largué ? Soren soupire longuement et passe une main dans ses cheveux. Putain. Il a l'impression d'entendre Ismaël se foutre de sa gueule. « Vraiment sympathique ça, Nemo. J'me suis pas fait larguer. » Qu'il répond, sur les nerfs. Il n'a jamais eu d'histoires sérieuses à cause de lui, jeune homme aux yeux de glace, incapable de s'attacher, d'éprouver le moindre sentiments amoureux pour quelqu'un d'autre que cet éternel imbécile. Il abuse ? Soren pousse un soupire, se tournant rapidement en entendant son Bulbizarre l'interpeller. Partant récupérer la pokeball de son nouveau pokemon Soren rejoint ensuite Nemo, toujours aussi agacé. « J'vois bien qu'il y a un truc qui ne va pas. Et me dis pas que c'est pas vrai. Putain, Nemo. J'te connais comme si j't'avais fait. Tu m'souris pas. Tu m'réponds vaguement. T'esquives même mon regard maintenant ? C'est quoi le problème ? T'as trouvé quelqu'un et faut plus que j't'approche ? On sait jamais, que j'te passe sur le corps? » Ca le fout en rogne d'imaginer que Nemo puisse s'éloigner de lui. Il soupire et secoue de la tête. « Excuse-moi, laisse tomber. C'est juste … j’espérais qu'tu sois plus heureux de monter avec moi comme au bon vieux temps. On s'voit quasi jamais. » Et il aimerait le voir plus souvent, c'est vrai. Mais Soren est égoïste. Bien-sûr qu'il pourrait passer quelques soirées aux côtés de Nemo, mais quand il n'est pas en mission, il fait la fête, le con.

La capture réussit ne lui offre aucune satisfaction, quand il sait qu'un peu plus loin, Nemo évite soigneusement la discussion, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi. Soren hausse des épaules avant de secouer de la tête, grognant dans sa barbe inexistante. « J'suis pas devin, Nemo. » Lâche-t-il simplement, lassé de toute cette énergie négative. Ils n'ont même pas commencés cette maudite montée que déjà, ils se prennent la tête. Il se retient de rire jaune, Soren en entendant le rouquin. Si seulement il savait. D'à quel point il a envie de lui passer sur le corps. D'ô combien il meurt d'envie de l'embrasser et de goûter à chaque parcelle de cette enveloppe charnelle qu'il a toujours aimer, autant que l'âme douce de son demi-frère. Lui non plus, ne se rend vraiment compte de rien. Soren se demande même comment il ne peut jamais rien remarquer. La manière dont son regard dérive parfois sur ses hanches, sur son fessier. Les moments où il a louché sur ses lèvres, presque sur le point de goûter à ce qu'il s'est toujours interdit. Putain de merde. Que Nemo l'énerve.

« Tu m'excuseras d'avoir un travail, Nemo. » Menteur, égoïste. Et toutes ces soirées pour lesquelles il ne rentre pas à la maison, hein ? Le tatoué le sait, que Nemo est au courant. Soren contracte la mâchoire une fois de plus, essayant de garder son calme. C'est qu'il est tiraillé entre l'envie de le cogner et de l'embrasser pour le faire taire, cet imbécile. « Arrête tes conneries. Tu fais une crise existentielle ou quoi ? J't'ai toujours remarqué Nemo. J'y peux rien si tu veux même pas aller boire un verre avec moi. J'y peux rien si tu sors jamais d'ta chambre, à part pour dessiner. » Et le voilà qui balance encore des conneries à deux balles, mais Soren, il n'en croit pas ses oreilles. « J'pense toujours à toi Nemo. T'es vraiment trop con. » Il reprend sa marche, grimpant quelques nouveaux mètres tout en s'allumant un joint, les mains tremblantes. Ce n'était clairement pas ce à quoi il s'attendait. Sûrement est-ce pour cela qu'il essaie de se calmer, de ralentir son rythme cardiaque et de ne pas hausser la voix de nouveau.

Soren le sait, que Nemo n'est pas idiot et qu'il lit en lui comme dans un livre, mais il a bien trop de mal à l'avouer, à se rendre à l'évidence que le beau rouquin ne le connaît que trop bien. Ça l'effraie. Autant que l'amour qu'il lui porte. Il ne peut nier qu'il a la frousse de le perdre, mais en s'éloignant comme il le fait, n'est-il pas justement en train de le voir partir à son tour ? Il panique un peu, soren, tandis qu'il s'allume un joint pour se détendre, pour oublier, comme pour se donner du courage, également. « Mais arrête tes conneries! » Il se tourne rapidement vers lui, sourcils froncés. « Qu'est-ce que tu comprends pas, quand j'te dis que j'avais envie de passer du temps avec toi ? Faut que j'te l'écrive en grec ou en latin pour que tu comprennes? » Il donne un coup de pied dans un caillou traînant devant lui, Prince soupirant longuement en le voyant s'énerver, préférant rester un peu à l'écart de cette querelle sans queue ni tête, aux côtés du Bulbizarre du beau brun aux yeux de glace.

« C'est pas c'que je voulais dire. » Non. Il est trop con pour ne pas comprendre qu'il l'aime. Qu'il ne voudrait que lui, mais qu'ils forment une famille. Qu'il est son plus proche ami et qu'il ne voudrait pas avoir à le perdre. Parce que Soren est une braise qui attise les flammes les plus ardentes. Il foire tout ce qu'il entreprend. Il est incapable de garder tout ce qu'il aime. Sa mère l'a abandonnée. Qui ne lui dit pas que Nemo ne fera pas de même tôt ou tard, quand il se rendra compte qu'il ne vaut pas grand chose ? « Et qu'est-ce qu'on allait faire là, hein ? Du camping, tous les deux ! Miracle, j'suis là ! J'suis là pour te voir, pour te parler, pour passer du temps avec toi ! Mais si c'est pour me prendre des reproches dans la tronche, j'préfère encore me casser d'ici. » Il est sec, il est froid. Soren ne partira pas, pourtant. Il aimerait que les choses redeviennent comme avant. Petit enfant innocent qui pouvait se coller à lui sans que ce ne soit pris pour un geste détourné. Pour une envie sensuelle. « J'ai pas envie d'me prendre la tête avec toi putain. » Il renchérit, attendant simplement qu'il ait terminé avec le Wattouat.