Hélios fait tant de bruit autour de la base ranger que je râle contre mon oreiller. Après être resté assez longtemps à Jaeda, nous retrouvions enfin les lieux naturels et évidement, il allait me le faire payer. Il n'aimait pas devoir être dans sa pokéball, mais quand on est en ville, avec sa taille, c'est pas pratique d'entrer dans une boutique. Et comme il me suit partout comme un Caninos, ça l'est encore moins. Tandis que je me redresse, les cheveux ébouriffés, je vois la grosse tête du Ponyta essayer de passer à travers la fenêtre de la petite chambre, ce qui me fait hurler de surprise.

– Bon sang ! T'es vraiment un cas ! M'exclamais-je agacée mais aussi amusée. Je repousse la grosse tête d'Hélios de la fenêtre. Ca va ! J'arrive !

Je prends une douche rapide puis m'habille et range mes affaires dans mon sac à dos. Je replis la couverture sur le lit et change les draps pour le prochain ranger qui passera par là. Dès que je sors du petit bâtiment en bois, mon regard balaye la lande de gauche à droite et je prends une grande inspiration. Je m'étire puis sourit. Rien de mieux que la nature pour se sentir bien. Je saisis le licol que tient mon compagnon de route entre ses dents et le lui enfile avant de grimper sur son dos. J'ai à peine le temps de dire "on y va" qu'il se met déjà en route.

Notre destination : Le ranch de Frisons. Avec autant de temps passé dans la lande à faire mon boulot, je commençais à bien connaître les propriétaires de ce dernier. Ma première mission ayant été de rattraper un jeune Frison perdu. Nous y arrivons assez rapidement, si bien que je n'ai même pas le temps de terminer mon jus de baie.

Une silhouette se dessine sur le chemin. Une silhouette qui me rappelle quelqu'un. Sociable et de bonne humeur, je talonne doucement les flancs du Ponyta pour qu'il presse le pas. Une fois derrière l'homme, je le reconnais directement.

– Eugène !? Fis-je surprise en descendant du dos de Hélios pour venir à sa rencontre. C'est toi ?

A peine ais-je glissé du dos de Hélios qu'il file profiter de l'étendue verte de la lande pour galoper. Je toussote un instant à cause de la légère poussière qu'il laisse derrière lui. Comment pourrais-je lui en vouloir ? Un Ponyta qui ne galope pas, c'est un Malosse qui n'a pas de dents ou encore un Roucool sans ailes. Il est fait pour courir, né pour galoper. Mais son départ ne m'inquiète pas plus que cela, je le voit de loin et il se débrouille mieux que moi en cas de danger. Je râle tout de même intérieurement de son manque de politesse.

Un sourire illumine mon visage en voyant celui d'Eugène. Cela fait un peu plus de six ans maintenant. Depuis le Mont Chimnée et la Team Magma que nous avions affrontés ensemble.

– "Magalie" ? Sérieux ? Fis-je d'une voix faussement menaçante en enrichissant avec une fausse mine boudeuse. Je vois que tu n'as pas perdu ton côté enquiquinant ! Remarquais-je en pouffant de rire. Je lui donne un petit coup de coude pour la forme.

Il à l'air en bonne santé et j'en suis contente. Vraiment. Je ne me suis pas fait énormément d'amis depuis mon arrivée, j'évite les grandes villes et les routes pour ne pas céder aux crises d'angoisses. Alors, le voir ici me ravis au plus haut point.

– Ca fait longtemps ! Je manque de le prendre dans mes bras et me rappelle que tout le monde n'aime pas les câlins. Tu es à Lathea depuis quand ?