Manifestement, les paroles de mon supérieur faisaient à nouveau monter les larmes aux yeux de la jeune fille. L’uniforme m’en empêchait, mais en d’autres circonstances, je me serais sûrement installé à côté d’elle pour la consoler. En même temps, si j'avais pu faire tout ce que je voulais, j’aurais aussi hurlé sur mon supérieur, mais pour l’instant, tout ce que je pouvais faire c’était prodiguer les premiers soins dès que j’aurais le matériel pour.
En attendant, j’écoutais mon interlocutrice répondre à mes questions :

“J’ai… J’ai mal aux bras et aux jambes, commença-t-elle, avant de me désigner ce dont je devais m’occuper en priorité, Vous… Vous pouvez regarder si je n’ai rien ici, s’il vous plaît ?”
Elle désignait la plaie tout en la cachant avec sa main, comme si elle ne pouvait pas la voir. Au moment moment, Ben m’amena la trousse de soin que j’avais demandée, et tandis que je déballais le matériel dont j’avais besoin, je continuais d’écouter les réponses à mes questions : “Je m’appelle Mavka, et vous ? Comment vous faites pour supporter votre supérieur ?” me questionna-t-elle avec un sourire et surtout un regard qui avait largement de quoi me faire fondre comme un père fondrait devant sa petite fille en train de pleurer. Je lui répondis alors comme le protocole me le demandait, sans donner mon prénom mais bien mon grade et mon nom : “Je suis le brigadier Everwade”.

Je commençai maintenant à prodiguer les soins, décalant la main de sa plaie avec une délicatesse que je sentais nécessaire si je voulais qu’elle ne se braque pas. Je découvrais alors son genou égratigné, rien de plus inquiétant que quelques gouttes de sang qui commençaient à couler au niveau de son tibia. Armé de deux compresses imbibées de désinfectant, j’essuyais ces quelques gouttes qui perlaient avant de commencer à doucement tamponner la plaie, prenant garde à ne pas faire de geste qui pourrait relancer ses pleurs. Je tentais également de l’occuper en lui parlant : “Et pour mon supérieur, en fait je ne me pose pas la question, je dois lui obéir parce que c’est mon travail, le fait qu’on s’apprécie ou non ne compte pas”. Bien sûr, je mentais à moitié, c’est vrai qu’une fois au travail c’est ce que je me devais de penser, mais une fois mon uniforme ôté, mon discours aurait été différent. Enfin bref, pour l’instant, je devais me concentrer sur mes soins. Assez vite, la plaie était propre et ne saignait presque plus, cela dit, un hématome apparaissait déjà. Je couvris le tout avec un pansement et invita Mavka à se relever, pour observer si elle était en mesure de marcher correctement et ainsi évaluer la gravité du coup.

Alors qu’elle se levait, derrière moi, j’entendis l’agent Carson se plaindre : “Non mais !”, et pour cause, en face de mon Teddiursa se tenait à nouveau le Moufouette qui nous observait.

Dès que Mavka repéra le Pokémon qui l’avait blessée, sa réaction ne se fit pas attendre, alors qu’elle venait à peine de se lever, elle vint se dissimuler derrière moi dans un cri : “Il m’a retrouvé ! Il va vouloir se venger !”. De mon côté, ma réaction fût de tendre mes bras en arrière pour m’assurer que le Moufouette ne pouvait pas l’atteindre. Du haut de mon mètre quatre-vingt, je faisais complètement disparaître celle qui se tenait derrière moi, paniquée, aux yeux de la créature qui en effet, semblait réclamer sa revanche.
Une créature qu’il allait bien falloir maîtriser. Le petit Flambino qui se tenait devant moi avait l’air de se sentir à la hauteur de la tâche, mais c’est sa maîtresse qui le retint, inquiète pour lui : “Heimdall fais attention quand même”.

Et elle avait plutôt raison, car le Moufouette prenait de l’élan, avec apparemment la ferme intention de se jeter sur moi pour atteindre sa réelle cible par la suite. Malheureusement pour lui, j’avais moi aussi un Pokémon prêt à me protéger, à qui je donnai mes instructions sans attendre que mon adversaire n'ait le temps de m’atteindre :
“Callisto, c’est le moment, utilise close-combat !”. C’est à ce moment que les choses n’ont pas vraiment tourné comme prévu, mon pauvre Teddiursa manqua de vitesse, et son adversaire était déjà en plein vole-plané directement dans ma direction, me laissant tout juste le temps d’utiliser mes bras pour absorber le choc qui me fit vaciller et provoqua une vive douleur dans l’un de mes poignets. Mais celui qui avait pu éviter l’intervention de Callisto une fois ne reproduit pas l’exploit, et subit de plein fouet l’attaque de l’oursonne alors qu’il portait trop attention à moi pour la voir arriver. Désorienté, quand le Moufouette releva la tête, le Pandespiègle de mon supérieur se tenait à côté de Callisto, lui aussi prêt à attaquer. Alors qu’il commençait à reculer, craintif, sans nous tourner le dos, mon supérieur ne laissa pas l’occasion passer :
“Allez p’tit gars, on laisse pas un adversaire souffler, utilise projection !”. Le Pokémon montra alors toutes ses capacités en soulevant son adversaire, pourtant plus lourd que lui, pour l’envoyer directement dans un buisson. Plus vraiment moyen de lutter pour le pauvre Moufouette qui était alors contraint de fuir.

Histoire de ne pas changer ses habitude, le major en rajouta :
“Super, un deuxième gosse dont il va falloir gérer le bobo, bon gérez moi ça et on rentre, j’en ai marre de ces conneries”. En effet, Ben s’approchait de moi, saisissant du matériel dans la trousse encore ouverte tout en me désignant mon bras avec un ton qui laissait transparaître son agacement vis-à-vis de notre chef d’équipe :
“Je vais passer un coup de désinfectant dessus, si vous pouviez lever votre manche… En effet, je saignais au niveau du poignet qui me faisait mal, cette saleté avait trouvé le moyen de me griffer.
- Je levai alors la manche de mon uniforme comme demandé, observant la plaie, ah, oui, en effet, bon ça n’a pas l’air d’être grand chose, je te laisse désinfecter ça et on va pouvoir y aller. Répondis-je tout en caressant de l’autre main la tête de Callisto qui venait s’assurer que tout allait bien, se sentant probablement coupable de ne pas avoir empêcher ça. Je m’adressai alors à Mavka pour lui annoncer ce que nous prévoyons, Bien, nous allons partir maintenant, si vous voulez nous pouvons vous raccompagner ?”