Tu as craqué. Tu t’étais dit que tu allais réparer la cabane toute seule, Eos. Et tu as commencé. Mais quand tu t’es pris sur le pied, pour la 3ème fois consécutive, une planche de bois bien trop lourde pour toi, tu as craqué. De douleur… hein. De frustration aussi, certainement. Sans même vraiment te rendre compte de ce que tu faisais, tu as attrapé ce satané téléphone que tu n’utilises jamais pour simplement demander l’aide du seul homme qui t’a proposé son aide récemment.

C’est parce que tu es tout bonnement inarrêtable que tu n’as pas attendue sagement chez toi. Emportant juste le strict minimum dans un sac plus léger que les autres fois, tu as enfiler des chaussures de marche, une jupe (incroyable dis donc non ?) et une petite blouse rouge et noire, toute légère et probablement peu souvent sortie de ta penderie avant de foncer hors de la maison. Ton objectif est simple, aujourd’hui, tu veux simplement le retrouver à mi-chemin et l’accueillir en avance… Passer du temps avec lui, souffle la petite voix dans ta tête.

« Heyy, faites attention les chéris. Tu finis par lancer, en finissant de traverser la Forêt aux Murmures, alors que Silver, qui a évoluée, Natsu et Zmei courent devant toi, en jouant à chat. »

Tu t’es largement bien trop pris la tête avec cette histoire d’enlèvement et de voisine folle, Ethan. Elle est derrière les barreaux, maintenant, et pendant tout le temps qu’elle a passé dans la cellule du Poste de Police où tu travailles, tu sais qu’elle n’a pas cessé de te faire demander. Tu y es allé une fois. Elle t’a supplié de lui pardonner. Tu as simplement détourné les yeux, et sans un mot, tu as fait demi-tour. Depuis, tu fais le sourd. Tu ne veux pas la voir, tu ne veux pas non plus l’entendre parce que bon sang … elle t’énerve, Ethan. Et c’est rare, que tu laisses une personne t’atteindre de cette manière, à ce niveau mais là. Elle t’a quand même eu comme un bleu, à vouloir jouer au bon samaritain, tu t’es jeté dans la gueule du loup, et le pire, c’est qu’en y repensant, tu l’as probablement fait en presque connaissance de cause.

Alors tu vois, quand tu avais reçu ce message de la belle éleveuse, tu n’avais même pas hésité une seconde. Tu avais besoin de laisser Skyler Bay derrière toi, une fois de plus. Tant que tu étais à la maison, ça allait, mais chaque fois que tu mettais le nez dehors, ton état avancé d’énervement ne faisait qu’être exacerbé et tu avais un mal de chien à le supporter. D’autant que ton supérieur avait eu le culot de te remettre à ta place concernant le mari que tu cherchais « en allant à l’encontre de ses ordres » avait-il dit.

Tu avais pris la route comme d’habitude, à pieds, avec un sac à dos jeté sur l’épaule. La belle Ymir, récemment capturée, et presque aussitôt évoluée, à ta grande surprise se tenait fièrement à tes côtés. Elle te dominait d’une tête, au moins et sur son dos, elle portait à la fois Azel et Neo, le Lixy qui avait nouvelle rejoint ton équipe de compagnons. La route jusqu’à Lucinel était longue, tu le savais, c’est bien pour ça que tu étais parti le plus tôt possible, et plusieurs fois, la marche avait été accélérée puisque tu étais à ton tour grimpé sur le dos d’Ymir.

C’est aux abords du grand lac, l’œil de Lathea, que tu avais fini par apercevoir la jeune femme … et rapidement, Ethan, tu avais soupiré. « Eos … » Tes yeux se posent sur ses mains, bandées. « Qu’est-ce que tu as encore fait ? » Décidément, mon vieux, cette femme ne cessait de te surprendre, oui, mais pour le coup, ce n’était pas réellement une bonne surprise.

Tu te sens bien. C’est fou, quand même, parce que tu es abimée de partout, ta cabane est toujours en morceaux (fort heureusement, plus du tout fumant), tu as mal au pied, tes mains te gênent d’être bandées, et tu te doutes qu’Ethan va te faire de remontrance sur ton état, mais maintenant que tu as quitté l’élevage et les travaux que tu n’arrives pas à avancer, et bien tu te sens mieux. La nature, c’est vraiment ton endroit, il n’y a pas à dire. Regarde la beauté de cet endroit, entre herbes vivaces et trou d’eau profond, hein.

« Ethan ! »

Si sur le coup, tu es heureuse d’entendre sa voix, quand tu entends sa question, tu as un mouvement de la main pour rejeter ça au loin. Oh oui, parce que toi tes yeux sont devenus deux billes qui brillent d’une lueur qui veut tout dire. Et si Zmeï et Silver foncent vers l’Arkanin sans hésiter, Natsu se colle au sol en se hérissant. Toi, ma douce, tu fonces, en émettant un immense “wooooow”.

« Elle est sublime… Incroyable. Tu viens tendre la main sous le nez de la femelle qui te dépasse sacrément bien, à ce stade d’évolution. Bonjour toi, comment vas-tu ? Ohlalalala, tu es tellement belle ! »

Et concrètement, t’es comme une gamine devant son cadeau de Noël. Tu te remues, tu la laisses renifler tes mains et quand tu entends le grognement de Natsu, derrière, tu recules pour venir ouvrir tes bras au petit renard de feu qui s’y engouffre. Ce n’est qu’une fois redressé avec el Goupix dans tes bras que tu réponds à l’homme que tu as convié à te rejoindre.

« Rien de très grave. J’ai fait la rencontre de deux pokémon feu particulièrement… brasillant. C’est presque guéri ! Tu secoues les mains comme pour montrer que tu n’as plus mal. Comment vas-tu ? Tu as l’air… fatigué ? Tu travailles trop, encore ?! Que tu rajoutes, l’air soupçonneuse, prête à le prendre en otage pour lui octroyer quelques jours de repos bien mérité (et le garder avec toi un peu plus longtemps, sûrement). »

Tu ne sais pas bien comme elle s’y prend pour se blesser comme ça. Ou si, en fait, Ethan. Tu t’en doutes. Elle manque juste de prudence. Elle a la tête ailleurs. C’est comme le fait de t’avoir suivi, dans des grottes, sur un terrain atrocement rocheux sans même penser à mettre une paire de chaussures. Toi, ça te parait logique, pourtant, elle, elle ne fonctionne visiblement pas de la même façon que toi… Et le pire, c’est qu’au fond, ça te plait, en partie. Oui. Si l’on omet le fait que depuis que tu la connais, tu l’as pratiquement toujours vue couverte de bandages et de blessures.

Du coup, mon vieux, tu ne te retiens évidemment pas de faire une remarque là-dessus, de lui demander ce qu’elle a encore bien pu fiche pour se mettre dans un état pareil, mais, tu sais quoi ? Evidemment, elle ne t’écoute déjà plus. En fait, c’est immédiatement vers Ymir qu’elle se précipite. Forcément. Tu aurais dû t’en douter. C’est une jeune éleveuse de Pokémon feu, et la femelle Arcanin qui se tiens fièrement à tes côtés à de quoi se faire remarquer. Elle immense, déjà. Majestueuse aussi. Ah ça, tu as de quoi être fier de la posséder, c’est un véritable joyau dans ton équipe et tu en as parfaitement conscience.

« Tu ne devrais pas … être préparée à ce genre de choses ? » Et tu sais quoi ? Sans t’en rendre compte, tu es peut-être blessant avec ta remarque. Tu ne remets pas en doute ses capacités, pourtant, c’est simplement que … ouais, tu as du mal à la voir dans un état pareil, ça te fait quelque chose, et, au maximum, tu aimerais vraiment éviter qu’elle se blesse, comme ça. Du coup, tu tapotes le train arrière d’Ymir qui aussitôt se baisse. « Neo, Azel, oust. » C’est qu’ils ont fait toute la route à dos d’Arcanin, ces deux-là, du coup, maintenant, tu passes dans le dos de la jeune femme, tu viens poser tes mains sur ses hanches et d’un coup, tu la hisses sur le dos de l’Arcanin, avant de reposer une tape légère sur le dos de cette dernière pour qu’elle se redresse. « Elle est douce, n’ai pas peur, elle ira au pas. »

Tu mets du temps à te détourner de la magnifique femelle Arcanin, tant tu as l’impression de voir un joyau de la couronne. Pourtant, quand tu reviens à Ethan, et bien il y a ce petit hoquet au fond de ton coeur. C’est tout bizarre, surtout pour toi, en faite. Ça te fait comme un soubresaut agréable et doux, mais un peu surprenant. Et si un éclat de surprise passe dans tes yeux, tu ravales le tout aussi vite que sa remarque vient un peu te percuter.

« Si. Tu as l’air d’une petite fille prise en faute. Juste qu’un des Caninos que j’avais capturés était blessé et je voulais le soigner rapidement et… Natsu n’a pas aimé son agressivité, la compagne du Caninos non plus. J’ai juste eu le temps de remettre tout le monde en pokéball et j’ai… paniqué ? Et tu rougis, gonfles les joues, avant de tourner la tête pour rajouter, l’air vraiment pas concilient. La cabane de jardin est en cendre et ma cour a bien roussi. »

Tu omets toute la partie sur el fait que tu as éteint à main nue le feu, paré d’un vieux seau d’eau pour t’aider, dans la panique. C’est vraiment trop ridicule pour apparaître dans les états de fait. Par contre, quand tu entends un nouveau prénom, tu te détournes de lui et tu as ce genre de ronronnement en découvrant le Lixy. Adorable petite créature bleue, c’est Natsu qui tend son nez en avant, en premier, curieux de le voir.

« Un autre gentil compagnon ? Dis donc, t’as route à croiser plein de nouvelles rencontres ! Et tu es si captivée par le Lixy que tu ne comprends son geste que lorsqu’il vient ses mains contre ton dos. Oh…. Mais tu… oh… Et te voilà plantée sur Ymir, qui se redresse et oui, c’est un immense rire de bonheur qui éclate, comme un carillon dans le vent. Tu es si graaaande Ymir ! Ohlalala ! »

Et pendant de longues secondes, tu ne fais que t’adresser à l’Arkanin, la féliciter, lui promettre gratouille et friandise, mais quand tu arrives un peu à te remettre de tes émotions, c’est pour lui demander, avec un beau sourire.

« Et toi, tu ne grimpes pas ? Tu te glisses vers la tête de l’Arkanin. Remets-moi à terre, ma belle. Et quand tu peux glisser sur la terre ferme sans risque, c’est pour retomber près d’Ethan et… prendre son bras. Alors, comment tu vas ? »

Tu vois bien que la présence d’Ymir lui fait plaisir. Elle l’admire, lui parle, la félicite et la flatte, alors, oui, tu viens simplement te placer dans son dos, et puis, sans réellement prendre le temps de la prévenir de ton geste, tu la hisses simplement sur le dos de l’Arcanin qui s’était baissé au préalable. Quand le canidé est de retour sur ses larges pattes, la dresseuse est juchée, en hauteur sur le dos de la créature qui fait quelques pas pour te suivre. « Elle m’a portée une partie de la route jusqu’ici, c’est pour ça que je suis arrivé si vite. » Parce que, clairement, sans elle et sa foulée bien plus large que la tienne, tu aurais mis au moins une heure de plus à arriver jusqu’ici. Plus encore s’il avait fallu que tu pousses jusqu’à Lucinel.

« D’ailleurs, comment se fait-il que tu traînes par ici ? » L’endroit est certes joli, mais ce n’est surement pas l’endroit idéal pour trouver des Pokémon qui pourraient convenir à son élevage. Sauf erreur de ta part, très peu de Pokémon de type feu doivent vivre dans les parages. Et puis, dans son message, elle t’avait demandé l’aide pour une histoire de cabane, et tu as le fin mot de l’histoire quand elle t’explique que, cette dernière n’a pas été cassée, non. Elle a tout bonne été réduite en cendre par les prouesses de Pokémon qu’elle a ramené chez elle. Et tu sais quoi ? A en juger par l’état de ses mains, tu te dis qu’il y a fort à parier pour qu’elle se soit brûlée en tentant d’éteindre tout ça … sous le coup de la panique, comme elle le précise.

Elle finit par descendre elle-même du dos d’Ymir. Heureusement, ton Arcanin est du genre conciliante, et douce, de surcroît. Elle se baisse délicatement pour laisser la jeune femme reposer pied à terre, avant de se redresser pour se remettre à vous suivre. Azel et Neo, eux, en ont déjà profiter pour récupérer leur place sur le dos de la plus grande. « Je vais bien. » Que tu souffles, quand l’éleveuse vient s’accrocher à ton bras. « J’ai eu quelques soucis de voisinage, mais … ça se règle. » Ouais. Disons que tu as dû faire arrêter ta voisine pour agression et séquestration sur ta personne, et que tu recherches encore son mari pour complicité, autrement dit, tu n’as plus de voisins, au moins d’un côté. Mais ça … est-il bien utile de le raconter ? « Et c’est eux qui viennent à moi. » Tu précises, en désignant Neo. « Mais je vois que tu ne chômes pas non plus. »

« Eh bien ? Tu es surprise, et ça se lit partout sur ton visage. Je suis venue à ta rencontre, voyons. Déjà, je préfère mille fois venir me promener avec toi que galérer sur la cabane et si j’étais restée une heure de plus à la maison, tu m’aurais probablement retrouvée avec le pied écrasé sous une cloison trop lourde pour moi. »

C’est amusant, parce que tu te sens obligée de justifier le fait que tu es là par tes blessures, comme si tu craignais qu’il puisse mal prendre le fait que tu sois venue à sa rencontre. En faite, tu as la sensation que tu commences à connaître l’animal, tu vois. Tu te dis qu’il serait bien capable de prendre la tangente et la poudre d’escampette, et maintenant qu’il est là, tu n’as plus vraiment dans tes plans de le laisser fuir. Pas encore, en tout cas.

Tu profites de ta balade sur le dos d’Ymir avant de revenir au sol parce qu’aujourd’hui, tu as l’air plus quémandeuse de sa présence à lui que d’un pokémon qui a toujours agité tes rêves les plus beaux. C’est fou, non ? En tout cas, tu attrapes sont bras, tu viens te caler contre lui et te voilà à simplement déambuler dans cet endroit que tu aimes, même si tu dois garder un oeil sur tes pokémons qui jouent toujours au sol. Il ne faudrait pas qu’ils tombent à l’eau, n’est-ce pas.

« De voisinage ? Que t’est-il arrivé ? Et tu tournes al tête vers lui, tu l’observes, tu fouilles autant ses traits que ses yeux avant de tenter une supposition. Ils ont décidé de t’inviter à une fête des voisins où tu n’avais pas envie d’aller ? »

Franchement, connaissant Ethan, ce serait probable, non ? En tout cas, tu retrouves un sourire plus doux quand il revient aux pokémons et tu hoches la tête, avec une joie que tu n’as même pas envie de dissimuler.

« Oui, j’ai rencontré Zmeï, le Salamèche relève la tête vers vous, le nez levé en quête de nourriture, dans la Lande, en même temps que les Caninos. D’ailleurs… Et te voilà à trépigner près de lui, en relevant un visage qui irradie complètement de joie. Je vais avoir une naissance bientôt à la pouponnière ! Si tu restes un peu, tu pourrais y assister avec moi ! »

Et clairement, c’est ta première naissance, tu devrais peut-être vouloir vivre ça toute seule et en profiter à 100%, mais subitement, ça te dit encore plus de partager ça avec lui.

Clairement, ceux qui te connaissent penseront que tu es bien étrange, en sa présence. Tu as pourtant en horreur le fait que l’on t’approche de trop près, normalement. Tu n’aimes pas spécialement que l’on ose venir se pendre à toi, et pourtant, quand elle revient au sol, et qu’elle s’accroche à ton bras, tu ne fais rien, tu ne dis rien, tu continues ton chemin, avec elle tout contre toi, et tu ralentis même légèrement la cadence pour elle. Tu la supportes. Et tu la supportes même drôlement bien. Plus que n’importe qui à ce jour et si tu es toujours persuadé qu’il y a de fortes chances pour que ça finisse par changer à nouveau – juste parce que c’est toujours le cas – tu essaies d’éviter d’y penser, et tu te dis juste qu’avec un peu de chance, tu auras plus de temps avec elle qu’avec n’importe qui d’autre jusqu’à présent. Rien que ça, tu as tendance à penser que ça vaut le coup.

« Mh, si seulement ce n’était que ça … » Ouais. Ça t’est déjà arrivé, au tout début, lorsque tu as acheté la maison, que le voisinage vienne à toi pour t’offrir à manger, puis t’inviter à dîner. Tu as accepté la nourriture, tu as refusé les invitations. Résultat ? Tu t’es taillé la même réputation auprès d’eux que partout ailleurs : un asocial, ou mieux, un ermite. Ça n’a pas pourtant pas empêcher certains de continuer. Dont Emma. La fameuse voisine complètement dingue … maintenant, tu sais pourquoi elle n’a jamais écouté les ragots. « L’une de mes voisines m’a … disons qu’elle a essayé de m’embarquer dans une sombre histoire. Et ça s’est mal terminé pour elle. » Bon, c’est encore plus flippant et inquiétant expliqué comme ça. D’ailleurs, en y repensant, te voilà à passer une main à l’arrière de ton crâne, comme pour vérifier que la bosse ne s’y trouve plus et, effectivement, elle a déjà complètement disparue. Du moins, c’est à espérer.

« Une naissance ? Déjà ? » Quand tu disais, Ethan, qu’elle n’avait pas chômé. Entre aujourd’hui, et la dernière fois que tu l’as vu, elle a agrandi son équipe, accueilli quelques Pokémon dans son élevage, débuter la reproduction et brûler une cabane. C’est fort, très fort. « J’ai quelques jours, depuis l’histoire de la voisine, mon patron refuse de me voir au boulot. » Surtout parce que tu ne cesses de lui désobéir en fouinant pour retrouver le mari aux Magicarpe. D’ailleurs, tu as du te charger toi-même de remettre ceux qui se trouvaient dans son bassin à l’eau, pour éviter qu’ils ne meurent de faim … « Je serais là, si tu y tiens. »

Tu l'observais alors que tu viens l’interroger sur cette histoire de voisine. Honnêtement, Eos, tu viens faire des suppositions sur une histoire de fête des voisins parce que c’est le plus léger que tu as en tête. Quand il te répond, tu fronces les sourcils. Tu finis même par t’arrêter en continuant de l’écouter il y a ce petit quelque chose qui passe dans tes yeux. Une étincelle de violence, une flamme brutale, puis cette inquiétude sincère.

« Une sombre histoire ? Tu commences à me faire peur, Ethan. Et tu le vois passer la main derrière sa tête. Sans lui laisser le temps de comprendre, tu pivotes pour lui face face, tendre la main et venir effleurer son cuir chevelu juste quand il retire ses propres doigts. Elle t’a blessé ? Pourquoi elle a fait ça ? Et tu fronces encore plus les yeux alors que cette joie qui irradie habituellement ton visage disparaît sous un sérieux qui te fait paraître presque plus… dangereuse ? La prochaine fois que je viens te voir, je veux la croiser, cette voisine, que je m’arrange pour lui mettre des herbes urticantes dans sa boisson.»

Est-ce que tu es en train de dire que tu veux le venger lui ? Oui, visiblement. Et que tu veux le protéger ? Aussi, il semblerait. En tout cas tu prends le temps de reprendre ta main, souffler, secouer la tête et observer tes pokémons qui s’amusent, et Zmeï qui réclame une friandise. Tu prends même le temps d’en donner à tous les pokémons, ceux d’Ethan y compris, quand tu arrives à revenir au sujet de l’élevage sans avoir envie d’arracher la tête de cette femme.

« Oui. Justement, un Caninos ! Et tu as un peu perdu ta flamme, même si tes yeux brillent. C’est un couple, que j’ai capturé, et ils n’ont pas attendu bien longtemps pour profiter du calme à la maison. D’ailleurs, quand il accepte, tu viens attraper sa main sans réfléchir, et la lever vers ton visage, doigts entremêlés. Vraiment ?! Ohhhh parfait ! On pourra se faire une journée au calme chez moi pour surveiller l’incubateur. Enfin un peu de repos pour moi aussi ! »

Et tu as retrouvé un plus joli sourire quand même à cette idée.

Tu n’as pas spécialement envie de t’étendre sur le sujet de ta voisine et de sa … folie. Parce qu’il n’y a pas d’autres mots, Ethan, pour qualifier ça à tes yeux. Une femme mariée, qui se sert de son mari, et qui le manipule, pour tenter d’avoir un autre homme, et en plus, en usant de la force. Sérieusement, il n’y a qu’à toi que ça arrive ce genre d’histoires insensées, tu ne crois pas ? C’est digne de ces films à la noix qui passent à la télévision les après-midis, ceux dont les vieilles dames raffolent. D’ailleurs, maintenant que tu y penses, c’est ta vieille voisine qui a dû s’en donner à cœur joie avec cette histoire … ça doit avoir été déformé de toutes les façons possibles, tiens.

« Il n’y a plus rien. » Parce que oui, toi qui avais négligemment passer la main dans tes cheveux pour essayer de repérer la bosse qui a déjà disparu, tu te rends compte que tu viens de lui faire comprendre que ça ne s’est pas arrêté à une simple histoire de voisinage banale. « Elle n’a pas frappé si fort. » Bon. Son mari, en revanche, si. Pile au même endroit qu’elle, de surcroît, un bel exploit, d’ailleurs, que tu pourrais trouver admirable s’il n’avait pas s’agit de ton crâne. « Et crois-moi, tu n’auras pas à la croiser parce que je doute qu’elle ne revienne dans les parages avant un bon moment. » Et si tu te penches légèrement en avant, tu la laisses finalement s’échapper, retourner aux Pokémon qui réclament friandises et attention.

Si tu acceptes de rester … ce n’est pas forcément pour la naissance, tu vois. Tu as déjà vu bien des Pokémon sortir de leur coquille, et même si c’est toujours beau à voir, et intéressant à suivre, tu sais parfaitement que tu cherches surtout à profiter de sa présence à elle. Et à oublier ce qui t’as tant remué ces derniers temps. D’ailleurs, elle est déjà revenue à toi. Elle a pris ta main, cette fois et si durant un instant, tu la laisses faire ce qu’elle veut, bouger à sa guise, quand tu sens qu’elle s’éloigne, tu tires sur sa main pour la ramener à toi, contre toi, encore une fois. C’est une sale habitude que tu prends là, de la rapprocher de cette manière, pour venir respirer son parfum. « A une seule condition. » Tu lui glisses, simplement, avec un demi-sourire. « Ne fait rien de dangereusement stupide. » Et tes doigts glissent le long des siens, tu finis par ne plus la retenir que par l’extrémité de sa main, et sans y penser, comme le ferait … un prince que tu n’es pas, tu viens déposer tes lèvres sur le dos de sa main, avant de relâcher. « Tu as quelque chose à faire dans la région, où tu venais juste à ma rencontre ? »

Tu n’en reviens pas de cette histoire quand même. Tu n’as que des grandes lignes un peu floues, clairement ondulées, que tu essaies d’arranger entre être pour faire une histoire, mais de ce que tu captes et bien ça ne te plait pas du tout, Eos. Tu as envie de grogner. En faite, tu ne serais pas aussi timide devant lui (quoique ça, c’est relatif des moments, on dirait), et bien tu le ferais. Mais à la place, tu secoues la tête à sa réponse.

« Elle t’a frappée, donc ! Elle a intérêt à ne plus revenir dans les parages, ouais… Je te juste, il y a des gens, il faudrait vraiment refaire leur éducation ! Et tu t’énerves petite fée, tu gonfles tes joues, tu secoues tes cheveux qui s’entremêlent sans le voir. J’espère qu’elle n’a rien fait de plus grave… Et tu relèves tes yeux dans les siens, tout à coup. Je ne veux pas qu’on te fasse du mal. »

Tu lâches ça comme une bombe avant de te détourner pour t’occuper des pokémons et reprendre contenance. Au moins, avec ton énervement, tu ne t’es pas rendu compte de ce que tu viens de lui dire, et tu n’as même pas rougi. Par contre, quand il se sert de cette marque que tu viens de lui voler, à l’évocation de la future naissance, pour te ramener vers lui, tu ne peux éviter de rosir, au moins un peu. Le plus drôle, c’est que c’est joli sur toi.

« Hm ? Tu as un sourire amusé à sa demande, avant de répondre, sur un ton taquin presqu’autant que dans la confidence. Si je ne fais rien de stupide, tu ne resteras pas pour prendre soin de moi, ce serait dommage, non ? »

Tu le cherches clairement, mais dans le fond, tu crois un peu à ce que tu es en train de lui dire. Déjà que t’es pas douée pour ne pas te mettre en danger sans le vouloir, à chaque fois que c’est arrivé avec lui, tu as pu profiter de sa présence un peu plus. C’est rentable, non ? Un peu de douleur pour moins de solitude. Toi tu signes directement, il semblerait. Par contre, tu rougis comme une tomate au mouvement de ses lèvres contre ta main, et tu te dépêches de répondre :

« Je venais à ta rencontre, mais… j’ai emporté un pique-nique, si tu veux. Je ne savais pas si j’allais t’attendre longtemps, donc j’avais prévu un encas. Tu veux qu’on se trouve un endroit pour manger ? Ça permettra à nos pokémons de faire connaissance. Et tu hésites, tu réfléchis, avant de rajouter. Si nous trouvons un endroit sécurisé, je pourrais laisser Bonnie et Clyde se dégourdir les pattes aussi. »

Parce que tu te dis que ça pourrait leur faire du bien et encore plus de rencontrer Ymir, non ? En tout cas, tu reviens juste te blottir contre lui, en remontant ton sac léger sur le dos, sans lâcher la main que tu as attrapée, parce que, malgré tout, tu aimes ce contact.

« Promis, je n’ai pas mis de miel dans mes cookies, en plus. Et tu lui offres un petit clin d’oeil. Alors, partant ? »

Tu n’as vraiment pour habitude qu’on se préoccupe de toi, hein. Tout ce qui peut bien t’arriver de mal, ou de mauvais, de négatif, tu as pris l’habitude de le gérer seul comme un grand. Tu ne te confies pas. Là, en l’occurrence, si tu pousses aussi loin tes explications concernant ta voisine, c’est parce qu’elle insiste, tout bêtement. Elle questionne. Elle creuse. Pas trop. Mais elle le fait. Alors, tu te sens presque obligé de lui offrir quelques mots de plus, histoire de … clarifier. En fait, mon vieux, il y a aussi le fait que ça t’amuse de la voir monter de cette manière sur ses grands Galopa pour si peu finalement. Parce que, ce n’est pas si grave de ton point de vue … tu aurais pensé différemment si quelqu’un d’autre avait été à ta place, mais en l’occurrence, quand il s’agit de toi, et de tes soucis, tu as toujours cette affreuse tendance à dédramatiser auprès des autres.

Et tu ne sais pas trop ce qui te passes par la tête Ethan, avec ce geste presque … démesuré, venant de toi. Tu viens déposer un baiser sur sa main, tout simplement, tout bêtement que tu dirais, même, sans penser à quoi ce soit d’autre avant de la laisser s’échapper, tout en t’intéressant à la raison de sa présence ici. En ce qui te concerne, tu n’as aucune raison de t’attarder dans la région, mais, si elle a quelque chose à terminer ici, tu sais bien que tu lui donneras un coup de main, et que tu resteras avec elle. « Penses-tu vraiment que tu dois nécessairement être blessée pour me donner envie de rester ? » Un mystère que tu poses là. C’est vrai que tu as tendance à fuir alors, fatalement, même toi, tu n’as pas la réponse à ta propre question. En revanche, tu aurais tendance à dire que non … tu peux bien trouver d’autres raisons pour rester en sa compagnie.

« Pourquoi pas, il doit y avoir de jolis endroits, sur le bord du lac. » Tu désignes d’ailleurs l’un des petits sentiers qui longe la rive. « Ne t’en fais pas pour tes Pokémon, c’est un endroit assez calme, normalement. » Normalement, Ethan. Comme la Lande. Comme la Forêt des Murmures. Comme la Grotte Charbi. Et pourtant à tous ces endroits, il t’est arrivé quelques bricoles, récemment alors bon. « Allons y. » Tu laisses Ymir ouvrir la marche, bien conscient qu’elle est assez impressionnante pour faire fuir les problèmes. « Tu as peut-être eu les yeux plus gros que le ventre … » Que tu finis par lâcher, alors que tu avances. Et encore une fois, c’est une remarque qui peut paraitre étrange, ou dans le jugement alors que ce n’est absolument pas le cas. Néanmoins cette fois, tu t’en rends compte assez vite. « Je veux dire, pour tes Pokémon, rapport à cette histoire d’incendie. Peut-être que c’était trop de nouvelles têtes d’un coup pour Natsu, il parait que les Goupix sont assez farouches. »