En ces jours chauds, la nuit était l'un des seuls moment où nous pouvions profiter de dehors sans pour autant mourir de chaud. J'adorais la nuit, me promener dans les rues d'Halosis sans vraiment savoir où aller. Le simple fait de sentir l'air frais sur mon corps me relaxait et me permettait de mieux dormir ensuite. On y voyait aussi de nombreuses personnes, en particulier à cette personne de l'année : des adolescents qui font la fête, des couples qui se promènent... il y en avait pour tous les goûts. C'était vraiment magnifique de voir que cette ville, qui n'est pourtant pas la plus animée de toutes, était animée de la même façon le jour que la nuit. Du moins, à cette période de l'année. J'avais eu raison de m'y installer, il y a quelques mois de cela. Le logement de Jaeden est très agréable mais... ce n'était pas assez. J'avais besoin de quelque chose rien qu'à moi, et c'était dans cet havre de paix que je l'avais trouvé. On y était si tranquilles, et la proximité avec l'eau était vraiment quelque chose d'important pour quelqu'un qui avait toujours grandi entouré de cet élément. Enfin... havre de paix, c'était quand on ne tombait pas sur deux idiots ayant probablement trop bu en plein milieu de la nuit. Je continuais à arpenter les rues, profitant de la beauté de la ville une fois la nuit tombée quand j'entendis ce qui ressemblait à une dispute.

-C'est vrai que t'as pécho ma meuf ?

-N-N'importe quoi ! C'est elle qui t'as dis ça ?

-Ouais c'est ça ! Je vais te défoncer !

Je n'y fis pas attention au début, les éclats de voix étant encore loin et rien ne semblait très méchant. Probablement deux amis qui se réconcilieraient dans une demie-heure. Cependant, au fur et à mesure que j'avançais, le ton monta jusqu'à ce que j'entende un cri de douleur. Sans hésiter une seule seconde, je me mis à courir, essayant de retrouver l'origine du bruit. Tout en courant, je sortis Gold, mon Golgopathe. C'était le pokémon de mon équipe avec le plus haut niveau et il avait l'avantage d'être plutôt effrayant. Je me sentirais plus rassurée à ses côtés, ne sachant pas ce qui m'attendait en arrivant sur la scène de la dispute. D'ailleurs, il ne me fallu pas longtemps pour que je la trouve. Je tombais alors sur deux hommes, l'un sur l'autre en train de le tabasser. l'autre saignait déjà énormément... je ne pouvais pas rester là sans rien faire ! Je ne réfléchis pas et me lança sur lui pour le pousser de toutes mes forces. Malheureusement, ce n'était pas assez pour déboussoler l'homme. Mais là n'était pas l'effet recherché. Il tourna la tête vers moi, me regarda de haut en bas comme si j'étais une pièce de viande et arrêta subitement de frapper son camarade. Il le reposa violemment sur le sol et se releva. Il s'approchait de moi alors que je continuais à reculer.

-Qu'est ce qu'il y a ma jolie ? Tu veux que je m'en prenne à toi maintenant ? Je m'en voudrais d’abîmer un si joli visage...

Cet homme était répugnant... ne venait-il pas de dire qu'il avait une petite amie ? Cela ne l'empêchait pas de me draguer ouvertement et de me menacer par la même occasion. Gold se mit entre nous deux. Il faisait la taille d'un enfant, donc il restait petit par rapport à nous. L'homme baissa la tête pour le jauger avant de le pousser violemment sur le côté pour que la voie jusqu'à moi soit libre. Il avait heureusement eut l'air d'avoir encaisser la chute mais... je m'inquiétais pour lui. Ainsi que pour moi-même je devais bien l'avouer. L'homme ne faisait que se rapprocher et je n'avais aucune idée de ce que je pouvais faire...

-Alors ma jolie, ça te dirait une nuit de folie ?

Pardon ? Je sentis mon corps commencer à trembler alors qu'il avait à peine terminé sa phrase... Je me rappelais encore des gestes que faisait mon ancien manager... Je ne voulais pas revivre ça. Avec un élan de courage, je levais mon pied et l'enfonça en plein dans ses parties intimes avant de faire signe à Gold de me suivre et que je commençais à partir en courant tout en criant en espérant que quelqu'un, n'importe qui, vienne m'aider.

 












Mais alors qu’elle se retournait pour apercevoir l’Homme qui l’avait appelée, elle se rendit compte son agresseur était en bonne voie pour la rattraper, et que son potentiel sauveur était derrière lui...

Je continuais à courir, ne prenant même pas la peine de regarder derrière moi. J'étais effrayée, les souvenirs revenaient dans mon esprit. Je m'étais montrée forte à l'époque, préférant agir comme si tout allait bien, comme si je n'avais été nullement affectée par les actes de mon ancien manager et pourtant... ce n'était pas le cas. La vérité c'était que je n'y avais jamais réfléchi. Je faisais toujours tout pour éviter cette discussion, pour ne pas en parler, préférant laisser cela enterré et ne plus jamais y penser... Mais voilà que ça revenait, toujours au pire moment, qu'une simple rencontre avait rouvert des blessures qui aurait déjà dû être cicatrisés. J'aurais pu passer mon chemin, ne pas m'occuper de la confrontation entre ces deux hommes mais non, il avait fallu que je m'en mêle. Ma curiosité me perdra. Je sentais le poids de Gold de plus en plus lourd dans mes bras, il me fatiguait bien plus vite que je ne l'aurais été sans lui. Mais je ne pouvais pas le laisser marcher de lui-même... Et  s'il lui arrivait quelque chose ? J'en serais responsable, et je ne pouvais pas laisser cela arriver.

Une voix. Mon prénom. Je regardais les alentours, mais personne n'était devant mes yeux. Je me retournais, enfin, et vit qu'un homme me faisait signe de le rejoindre. Entre nous se trouvait l'agresseur, n'ayant lui pas arrêté sa course et étant à deux doigts de me sauter dessus. Je.. Je ne pouvais pas le laisser faire. Et l'autre qui était complètement inutile derrière... Il lui aurait suffi de le plaquer mais non, il préférait me laisser me débrouiller. Quelle belle leçon. Je sentis alors Gold s'agiter dans mes bras, au fur et à mesure que l'homme se rapprochait. Je réfléchissais beaucoup trop, je devais agir... Mais je ne pouvais pas bouger, j'étais comme figée... L'homme avait changé de visage, c'était celui de mon ancien manager qui l'avait remplacé. Je savais bien que c'était seulement mon cerveau qui me jouait des tours, mais ça ne rendait pas les choses plus faciles. Fort heureusement, Gold prit les devants. Il sauta de mes bras, posant ainsi les pattes sur le sol et se mit en position d'attaque. L'homme était maintenant tout près. Il s'arrêta devant Gold, et tenta de le pousser comme un malpropre pour m'atteindre. Mais il ne se laissa pas faire, au contraire il utilisa Tranche-nuit sur l'agresseur, lui griffant ainsi le bras. Il cria de douleur et je sentis Gold me taper gentiment le bras pour me dire de me dépêcher. En effet, il nous avait fait gagné quelques minutes, tout au plus. L'autre homme était toujours là bas à me faire signe et je me mis en route pour le rejoindre.

-Je ne vous remercie pas pour votre aide ! Mais... comment vous connaissez mon nom ?

Je jetais un oeil en arrière et vit que l'homme me regardait différemment. Il ne semblait plus vouloir m’appeler ma jolie et faire de moi son jouet. Au contraire, ses yeux semblaient plutôt montrer une certaine haine à mon égard. Ce n'était pas un meilleur signe. IL se remit alors à courir dans notre direction. Les yeux écarquillés, je me retournais vers l'homme qui m'avait plus ou moins aidé. Gold s'agitait à mes côtés, n'aimant pas l'idée de rester là à discuter alors que l'agresseur nous fonçait dessus, et je ne pouvais que le comprendre.

-J'espère que vous avez une idée de génie pour lui échapper parce que quelqu'un va bien finir par être essoufflé... Et vu sa détermination, je parierais plus sur moi que lui...

       J’avais interpellé Donna avec succès, mais pour l’instant ça ne la sauvait pas. Son agresseur avait un regard on ne peut plus clair : si je les rattrapais deux secondes trop tard, il aurait déjà eu le temps de la frapper. Mais presque au dernier moment, le Pokémon que la championne portait lui sauta des bras pour la défendre. J’imaginais que c’était peine perdue vue la taille d’un Golgopathe, mais il se défendit bien en griffant l’homme, lui infligeant une large coupure au bras, l’obligeant à prendre quelques minutes pour observer la plaie. Pendant ce temps, la femme effrayée se dirigeait vers moi, plutôt mécontante, pour se plaindre de mon inefficatité :
       

       Je ne vous remercie pas pour votre aide ! Mais... comment vous connaissez mon nom ?
       

       Je pouvais difficilement lui en vouloir pour le ton employé, puisqu’elle n’avait pas tort. Et ma couverture de civil étant toujours effective, elle ne savait pas qu’elle s’adressait à un agent de police. J’eu à peine le temps de lui expliquer que je la connaissais car j’avais essayé de réaliser le tour des arènes plus jeune que son agresseur revenait à la charge. Elle reprit, paniquée, sans même réagir à ma réponse :
       

       J'espère que vous avez une idée de génie pour lui échapper parce que quelqu'un va bien finir par être essoufflé... Et vu sa détermination, je parierais plus sur moi que lui…
       

       Je manquais de professionnalisme en ne la prévenant pas que j’étais policier, mais le fait qu’elle soit championne d’arène et les souvenirs de cette époque, du tour des arènes, reprennaient le dessus et s’invitaient en premier plan dans mes pensées. Avec du recul, cela rendait la situation presque amusante, semblable à une série : j’étais un policier en civil, intervenant sur une agression, et l’agresseur était prêt à tenter de me blesser parce que personne ne se doutait de mon statut. Il était temps de commencer l’épisode, alors que l’Homme n’était plus qu’à quelques mètres, je porta ma main ma hanche pour en ressortir mon arme de service et la pointer en soufflant à Donna :
       

       Pour tout vous dire, oui, j’ai bien une idée. Je m’adressai maintenant à l’agresseur en hurlant, police ! Arrêtez vous tout de suite ou je fais feu ! L’homme surpris tenta de s’arrêter, un peu trop vite, et s’étala de tout son long non loin de mes pieds. Je baissai mon arme et repris, plus calme, bien, je préfère comme ça. Je vous conseille de ne pas vous relever, vous allez plutôt mettre vos mains bien en évidence et ne plus bouger tant que je ne vous le demande pas.
       

       Il s’exécuta en grommelant, probablement une insulte que je n’ai pas comprise et à laquelle je ne portais aucun intérêt. C’est à ce moment qu’Ethan nous rejoint, boitant légèrement, le pantalon amoché, bougonnant qu’il n’avait pas été très mâlin, ce que je ne manquai pas de confirmer. Je me tournai alors vers Donna pour éclaircir la situation et m’assurer que tout allait bien :
       

       A priori, il a de quoi rester calme, ça va vous ? Pas blessée ? Vous pouvez me raconter ce qui s’est passé ? Il venait d’où cet homme ?

Cet homme me connaissait car il avait fait le tour des arènes plus jeune. C'était bon à savoir. j'avais tendance à oublier que j'étais célèbre mondialement pour ce rôle... c'était assez dérangeant au début, se dire que tout le monde me connaissait, en particulier à Galar, mais je m'y étais fais. Et puis ma notoriété avait baissé maintenant que je m'étais installé à Lathéa et que j'avais abandonné mes fonctions de championne d'arène à Skifford. Enfin, là n'était pas le moment de disserter là-dessus. Il y avait toujours quelqu'un qui voulait m'agresser physiquement qui fonçait sur nous... C'est alors que l'homme que je venais d'accuser de n'avoir rien fait, mit sa main près de sa hanche et en sortit une arme. Les yeux écarquillés je le regardais la pointer à l'agresseur, lui ordonnant de s'arrêter et se présentant comme la police. Oh... Un policier en civil. Je comprenais mieux maintenant... Il lui dit de mettre les mains bien en évidence et d'arrêter de bouger.

Eh bien.. On pouvait dire que la chance avait tournée. Je n'aurais jamais pensé que cet homme était en réalité un policier... Comme quoi, il ne fallait pas se mêler aux apparences. Un autre homme arriva, probablement l'un des collègues de Kay et s'occupa de l'agresseur alors que le policier en civil me demanda si j'allais bien puis en profita pour récupérer mon témoignage. Mais il y avait quelque chose qui me dérangeait. S'il avait cette arme sur lui depuis le début et le pouvoir de l'arrêter, pourquoi ne pas l'avoir fait plus tôt ? Il aurait pu me blesser gravement si Golgopathe ne m'avait pas sauvé ! Décidément, il valait mieux compter sur les pokémon que sur les humains de nos jours...

-Oui ça va. C'était plus de peur que de mal... Et toi Gold, ça va ? Il acquiesça alors je lui lançais un petit sourire avant de reposer mes yeux sur l'homme. Mais je ne comprends pas ! Pourquoi n'avez vous pas sorti votre pistolet plus tôt ? Vous vouliez me voir me faire agresser ou quoi ? Quant à ce qui s'est passé, je vais tout vous expliquer.

Je me mis à tout lui raconter, de A à Z, sans omettre un simple détail. Le fait que j'étais venu me promener dans les rues de la ville parce que j'avais besoin d'air, ne trouvant pas le sommeil. Les échos de dispute que j'avais entendu, à propos d'une histoire de tromperie. La petite copine de l'homme qui m'avait agressé avait fait l'amour avec son meilleur ami. Il avait donc organisé des représailles pour le tabasser. Je lui ai donc dis que je suis arrivé à ce moment là, quand l'un tabassait l'autre et que je m'étais interposé entre les deux. Et pour finir, qu'il s'en était pris à moi, me poursuivant dans les rues jusqu'à ce que je croise le policier déguisé en civil. Il savait tout. Mais, j'avais l'impression d'oublier quelque chose... Quelque chose d'important. Je me creusais la tête, me demandant ce que j'avais bien pu oublier quand... Oh ! Mais oui ! L'homme qui s'était fait tabassé, il était encore là-bas, inconscient ! Nous devions aller l'aider. Il était déjà dans un piteux état quand j'avais commencé sa fuite, alors j'espérais que ça ne s'était pas empiré...

-Il faut aller aider l'homme qu'il a tabassé ! Il est dans un sale état, nous devons absolument l'amener à l'hôpital ! Suivez-moi, je vais vous y amener.

Et sans attendre sa réponse, je me dirigeais vers la scène de la dispute que j'avais interpellé quelques minutes plus tôt.