Je suis matinal, comme d'habitude. Non, en vérité, je suis matinal parce que j'y suis obligé. Croyez-moi, j'aimerais pouvoir faire la grasse matinée un peu tous les jours. Mais avec un élevage que je dois entretenir, des pokémons que je dois m'occuper, c'est impossible de garder le luxe d'une grasse matinée. Même si depuis pas très longtemps, je peux me permettre d'être moins speed et plus relax disons. Faut dire qu'Isaïah m'aide beaucoup maintenant qu'il est là. J'ai ENFIN un ami qui vit à la maison et qui m'aide un peu avec Bordeciel. Je lui ai proposé le jour de notre rencontre aux Grottes Charbi que s'il le voulait, il pourrait être nourri, logé et blanchi dans ma maison dans l'arbre, à condition qu'il m'aide un peu avec l'élevage. C'est pas très compliqué, surtout qu'il n'y a pas encore énormément de pokémons à Bordeciel, mais c'est une routine à prendre. Trois repas par jour pour tous les pokémon, la toilettes de certains, les check up réguliers pour les blessures, etc. C'est assez facile de s'y retrouver après plusieurs semaines. Par exemple je sais que les Canarticho de Galar, comme les Bleuseille et Minisange, s'occupent tout seul de leur toilette. En revanche, les Linéon de Galar et Zigzaton de Galar se roulent dans la boue tellement souvent que je dois les laver une fois tous les deux jours. De même, comme Katana et Caliban, mes Canarticho de Galar, se battent souvent, il faut souvent panser les blessures de Caliban qui perd tout le temps contre sa compagne. Quoiqu'il en soit, on s'est levé tôt tous les deux pour s'occuper de tout ce beau monde de bon matin avant de retourner dans la maison ensemble, prêt pour affronter la journée.

« Tu veux bien aller t'occuper des œufs steuplé ? Assure toi juste qu'ils soient propres. »

La pouponnière aux œufs et incubateurs est juste en-dessous de la maison dans une sorte de petite cabane. L'escalier en forme de L monte sur cinq mètres jusqu'à la porte d'entrée de la maison de Bordeciel. Moi j'leur raconte aussi des histoires aux œufs. Je suis sûr qu'ils m'entendent les bébés. Souvent par rapport à leurs parents je leur raconte les histoires. Parfois je leur raconte mes aventures, comme la fois où j'ai rencontré l'une de mes idoles Gaspar Neskov et qu'on a échappé à la mort ensemble dans un endroit lugubre et toxique. Mais ça, j'peux le faire demain matin au pire. Là, c'est différent, Donna est rentrée et j'veux absolument qu'elle se sente comme chez elle. Alors je me dirige immédiatement vers la cuisine où m'attend Aria, ma Wimessir, prête à m'assister. En entrant dans la maison, un petit couloir donne accès trois portes. Une sur la gauche, deux sur la droite et l'escalier est au fond. Sur la gauche se trouve un immense salon avec plusieurs canapés et fauteuils, une bibliothèque, une télévision, une baie vitrée donnant sur un balcon où on peut prendre un café ou son déjeuner si besoin, un grand tapis à motif végétal, une cheminée, des poufs pour s'installer devant le feu avec un bon bouquin, une petite table et quelques chaises. C'est la pièce à vivre qu'on peut même voir de l'étage si on emprunte les escaliers dans le couloir, une rambarde protégeant quiconque de la chute offrant une vue sur le salon du rez-de-chaussée. Dans les salles à droite en entrant dans la maison, se trouvent la cuisine – moderne, équipements dernier cri – et la salle à manger où Aria a déjà dressé la table. Là aussi une baie vitrée donne sur un balcon qui lui-même nous permet de jouir d'une vue magnifique sur tout l'élevage Bordeciel.

« À taaaaaaaaaaaable ! »

Je crie dans le grand salon à l'intention de Donna, dans sa chambre avant de revenir dans la salle à manger où Aria finit d'installer tous les plats que j'ai préparé : pancakes, confitures en tout genre, œufs brouillés, bacon croustillant, des parts de tarte aux baies oran et sitrus que j'avais fait la veille en plus du café, lait, céréales, thés et autres jus de fruits frais sortis directement du frigo ou des placards. Du sucré, du salé, il y en a toujours pour tous les goûts quand je reçois du monde. Isaïah n'est pas encore remonté mais il ne devrait pas tarder. J'ai installé notre petit trio le plus proche de la baie vitrée que j'ai ouverte et où on peut déjà voir les Minisange de Bordeciel qui gazouillent juste après avoir mangé.

Tu retardais le plus possible l'inévitable. Mais, malheureusement, tu en es conscient, tu allais devoir discuter avec Jaeden, d'une chose extrêmement importante. Une chose que tu ne peux plus supporter plus longtemps. Tes mensonges. Jaeden croit que tu as fait un voyage pokémon avant celui que tu es en train de faire. Ce qui est faux. Il croit que tu l'as fais à Johto. Inutile de précisé que tout ce qui s'en suit de ça, et complètement faux. L'équipe que tu as annoncé, dont tu ne te souviens que d'un Typhlosion et d'un Ectoplasma. Les Badges que tu as eu là-bas. Ton unique echec face à Peter, qui t'a amené ici pour l'affronter de nouveau un jour, alors que tu ne l'as jamais affronté. Tu ne sais même pas s'il le maître de la ligue pokémon de Johto se souvient de toi. Sans doute qu'il se souvient que la douce Lazuli a des frères et une sœur. Mais, de là à se souvenir précisément de chacun d'entre eux, surtout qu'à l'époque tu n'avais que quatre ans...

Jaeden a été adorable avec toi, depuis les premières secondes de votre rencontre. Tu l'avais trouvé un peu étrange au début. Puis, tu as compris que son étrangeté venait principalement de sa grande gentillesse. Dont tu as abusé malgré toi. Jaeden t'a proposé de venir vivre chez lui. Tu as accepté. En contrepartie, tu devais l'aider dans l'élevage et ça te plaît énormément. Ça te rappelle vaguement ta vie à Myrtha avant la mort de ton jumeau. Ce matin, habillé de ton pantalon de jogging et d'un t-shirt à manche courte avec le logo d'un super héro dessus, tu aidais Jaeden, bien que tu avais la tête ailleurs. Lorqu'il te demande d'aller voir les œufs, tu ne te fais pas prier et t'y dépêche, les nettoyant un peu et les dorlotant. Tu leur parles, aussi. Jaeden fait pareil. Mais, tu ne peux t'en empêcher, mais si tu n'as aucune idée s'il t'entende ou pas. Tu leur raconte un combat ou une capture, ou même simplement ton rêve de la nuit passé. Des petites choses simples, tout en frottant délicatement la coquille pour les nettoyer avec douceur et précision. A l'élevage Bordeciel, tu t'y sens bien. Même très bien.

Il y a la visite d'une championne de... tu-ne-sais-plus-quelle-région. Galar, peut être ? Ça expliquerait comment Jaeden la connaît. Donna, te semble-t-il. Tu tenais à proposer ton aide à Jaeden pour qu'il puisse accueillir son amie avec plus de faciliter. Du coup, tu t'occupe des œufs, pendant qu'il est parti en cuisine au coté de son Wimessir. Peu de temps après que tu ais fini, la voix de Jaeden résonne. Le petit-déjeuner était prêt. Tu hésites mais tu finis par rejoindre Jaeden. C'est le moment où jamais de dire à Jaeden la vérité. Timide, ce qui ne te ressemble pas, gêné et stressé jouant avec tes doigts en rejoignant Jaeden, le regard sur la table pleine de bonne chose... Tu étais à deux doigts de te rétracter. Pourtant... « Jaeden... Faudrait que je te dises quelques choses d'important... » Bien sur, tu aurais dû y songer avant de te donner en spectacle devant une invité, et de mettre ainsi Jaeden bien plus mal à l'aise... Surtout la révélation compte te faire expulser de l'élevage. Ce que tu comprendrais. Tu restes debout, parce que tu ne voudrais pas abuser d'un petit déjeuner fait avec tant de bonne volonté et d'amour, alors que t'apprête à lui dire que t'es un escroc qui s'est servit de lui.

Tu l'apprécie Jaeden et tu ne voudrais pas que votre amitié s'arrête là pour tes mensonges à trois sous six francs.

C'est Isaïah qui descend en premier. Et il a l'air patraque. Est-ce qu'il couve quelque chose ? Ou bien il est pas complètement réveillé encore ? Je veux lui demander ce qui a l'air de le tracasser parce que j'aime pas le voir comme ça. Je le préfère taquin et plein de vie. Mais Donna arrive dans ces entre faits, ne lui laissant pas le temps de s'exprimer. Elle s'installe avec son Carapuce adorable, il est si beau que je voudrais le cajoler moi aussi. Mais j'ai trop de pokémon à pomponner. Des humains aussi à m'occuper.

« Héhé, merci ! Allez-y servez vous autant que vous voulez ! »

Je réponds à son compliment avec un grand sourire, ne cachant pas les légères rougeurs sur ma joue, comme à chaque fois qu'on me complimente. Je préfère le « cacher » derrière un sourire un peu niais mais sincère.

« Donna a raison, tu peux tout dire hein. Ici, c'est un endroit où t'es en sécurité. T'es ici comme chez toi ! En plus les pokémon de Bordeciel t'adorent ! »

J'essaye de le rassurer autant que de l'encourager à vider son sac. J'observe Donna me servir à manger avec des étoiles plein les yeux, elle sait ce que j'aime manger et ça me touche parce que ça montre qu'elle fait attention à moi. Elle fait déjà tant pour les Sirènes de l'Ombre, alors elle est pas forcée d'en plus connaître par cœur les plats que je mange au matin.

« Oh et puis si ça peut te rassurer, je peux te raconter quelque chose qui m'est arrivé et que j'ai honte, comme ça, ça te rassurera ! Euh … Quand j'étais petit, on allait souvent dans notre villa familale en bord de mer à Unys. Et l'été, une fois ma sœur avait peur que je ne me noie car je voulais tout le temps aller me baigner plus loin. Et elle m'a expliqué que si j'allais à plus de dix mètres du bord de l'eau, j'allais me faire enlever par des Moyade parce que comme les mâles sont bleu et blanc, ils étaient invisibles dans l'eau et pouvaient kidnapper les enfants pour les noyer. Elle voulait juste me dissuader de nager trop loin un jour où mes parents étaient partis en ville et qu'elle devait me surveiller toute seule. Sauf qu'après ça, jusqu'à l'âge de quinze ans, j'y ai cru. Et je me suis jamais baigné plus loin que les dix mètres. C'est que quand mes amis ont nagé au-delà et qu'il n'y avait aucun Moyade pour les noyer que je me suis rendu compte de la supercherie. Mes potes ont bien ri quand je leur ai dit qu'ils allaient se faire enlever ... »

Je n'ai pas honte de raconter cette histoire. En réalité, j'en ris désormais, c'est toujours une anecdote qu'on raconte en famille pour montrer ma naïveté quand j'étais gosse. Bon … Je le suis toujours autant, mais bon j'y travaille !

« Je peux faire pire niveau anecdote embarrassante si tu veux. Mais dis toi que j'te jugerai pas quoiqu'il arrive. »

Je finis par dire avec un grand sourire solaire et rassurant.

Tu regarde Donna. Puis Jaeden qui t'affirme être chez toi ici. « Mh... » Justement, non. C'est la personne que tu as inventé qui est chez elle : et ce n'est pas toi. Toutefois, tu t'assois, bien que tu n'es pas sur d'en avoir vraiment le droit. Donna t'apporte du bacon, en tant normal, tu le dévorerais avec tes doigts en une bouchée, mais tu le fixes simplement sans grande faim. Même si les pokémons de Bordeciel t'adore et que eux, tu ne peux pas les tromper sur ta vie, tu es mal à l'aise quand même. Le grand patron ici, reste Jaeden et ce malgré sa gentillesse sans limite, quoique tu risques de faire les frais de sa limite aujourd'hui. Tu écoutes son anecdotes qui te fait doucement rire mais très rapidement. Avant, tu aurais peut-être sortir une vanne pour se moquer amicalement de Jaeden, mais là, tu en as même pas l'envie. Et alors qu'il affiche un grand sourire après t'avoir dit qu'il te jugera jamais tu lâches la bombe. « Je t'ai menti. » Tu déglutis et tu esquives son regard. « La première fois qu'on s'est rencontré, je t'ai dis plein de chose sur moi et presque tout est faux. » Tu joues avec tes doigts nerveusement. « Je viens de Johto, mais j'avais trois ans quand on a déménager à Lathéa. J'ai aucun badge de Johto, aucune équipe de lvl 80. En fait, quand tu m'as rencontré j'avais simplement fugué de chez moi, parce qu'on me laissait pas faire mon voyage pokémon par peur qu'il m'arrive quelques choses. Au départ, c'était simplement pour impressionné.... puis, ensuite tu m'as proposé un toit et ça faisait quelques jours que je dormais dans les bois contre mon wattouat pour me tenir chaud... je... je t'ai un peu utilisé et j'ai honte. Je suis désolé, et si tu veux que je m'en aille, je comprendrai. Je vais d'ailleurs aller rassembler mes affaires.... Merci Donna pour le bacon et pour tes conseils sur le dressage pokémon. » Tu laisses à personne le droit d'en placer une, et encore moins d'analyser ce que tu venais de lâcher. Le pauvre Jaeden doit rien comprendre à ce que tu baratines. « Merci à toi aussi, Jaeden et pour tout.. » Esquivant le regard du plus concerné, tu t'apprête simplement à remonter dans ta chambre pour partir ensuite de Bordeciel, persuadé qu'on te mettra à la porte pour ça.