Est-ce que, par le grand des hasards, Ethan, tu n’aurais pas genre, légèrement abandonner l’idée des grottes, pour l’instant ? Si. Complètement que si. Et pas que pour ta pomme, hein. Plutôt pour celle de tes petits compagnons, qui, franchement, n’avaient pas l’air des plus enchantés lorsque tu as, une fois posé à la maison, évoquer l’idée d’y retourner assez rapidement. Azel est la plus conciliante, elle s’en fiche, bien que tu saches qu’elle apprécie clairement plus la verdure que la roche froide, humide, et même puantes des grottes, elle te suit, partout où tu vas, et dans tout ce que tu entreprends. C’est une chose qui ne changera certainement pas, tu le sais. Avec Leigh ? C’est une autre histoire, bien entendu, ton Bulbizarre est relativement compréhensif de bien des choses, et loyal, cela dit, cela fait peu de temps qu’il est avec toi, et bien entendu, il y a aussi le facteur de son type qui fait que, forcément, ce Pokémon à besoin de lumière, d’air frais, de nature pour se sentir à l’aise. En clair … il a probablement besoin que tu tiennes ta promesse, et que tu l’emmènes dans un endroit qui saura lui plaire.

Il y a aussi la petite Magby. Ness. C’est comme ça que tu l’as appelée, parce que, quand tu l’as emmenée chez le médecin, on t’a annoncé que ce n’était qu’un bébé, tout juste sorti de sa coquille, et qui avait déjà été grandement affaiblie. Tu n’as pas eu le cœur à l’abandonner à ton tour, et puisque tu venais de la capturer, tu as décidé de la garder, du moins, pour un temps. Tu te dis simplement que tu as le temps, et les moyens de t’en occuper. Tu te dis que, quand tu auras l’occasion de lui offrir mieux, en la confiant à quelqu’un de confiance, tu le feras, aussi. En attendant, elle est là, tu la gardes, et après ce qui lui est arrivé, tu penses à elle, aussi, en te disant qu’elle a sans doute bien besoin d’un peu d’air frais.

C’est donc pour ces raisons. Pour eux, ouais, que tu as quitté la maison. Chacun de tes jours de congés est rythmé par une sortie, une escapade, une excursion, et aujourd’hui, tu as échoué au Sud, dans la Lande, au beau milieu des prairies verdoyantes et des jolies collines pour le grand plaisir de Leigh. Tu t’attendais presque à le voir si heureux, qu’il se mettrait à courir partout, finalement, quand tu le sors de sa Pokéball sur les coups de midi, il prend simplement le temps d’avaler tout rond son repas, avant de se mettre à errer, lentement, mais surement, sans doute en se délectant de l’herbe sous ses pattes, alors que la petite Magby, elle, semble s’être accrochée à tes deux autres Pokémon. Elle les suit. Observe. Elle ne les quitte pas, ne s’en éloigne même pas. En fait, Ethan, alors que tu marches, lentement, vraiment lentement, derrière eux, tu as comme l’impression que ce bébé Pokémon découvre le monde et … cette vision t’apaise, te détends, te permets de souffler un grand coup, et tu te permets de prendre un grand bol d’air frais.

T’as décidé de prendre quelques jours pour souffler. C’était ça à la base ton idée. Silver était surexcitée quand tu as préparé ton sac à dos de voyage, et mine de rien ça t’a suffit pour savoir que tu avais fait le bon choix. Et oui, à la base tu voulais juste souffler, marcher, te ressourcer dans la nature, c’est tout. Et c’est même plutôt bien parti, pour une fois, parce que la première journée de marche a été super agréable. Tu as déniché un petit logement chez l’habitant sans souci, grâce à la petite Héricendre qui est venue se coller dans leurs pattes, le soir venue, parce qu’elle était fatiguée. Et comme toujours, personne n’a pu lui résister.

En échange de ta nuit chez eux, tu leur as proposé de leur concocter quelques petites choses tirées de ton savoir-faire. Des remèdes, surtout. Pour la dame, de quoi calmer ses articulations douloureuses, et pour ton époux, tu t’es mis en tête de plus préparer un baume pour les poumons, parce qu’il toussait. Et c’est là que ça a commencé à partir de travers.

Tu es partie dans la lande pour trouver des herbes, et bien entendu Silver était en liberté à tes côtés. Puis tu as marché, toi, le nez tourné vers le sol pour chercher les bonnes petites fleurs qu’il te fallait. La petite Héricendre, elle, s’est mise à suivre un Papilusion qui voletait sous son nez, et… oui, arriva ce qui devait arriver. Quand tu relèves la tête, tout à coup, il n’y a plus Silver, et toi, tu ne sais même plus où tu es.

« SILVER ?! Ehhhh, pitchoune tu es oùùù ? »

Pitchoune, ouais. Ca fait très sérieux pour une éleveuse non ? En tout cas, pendant que tu te mets à marcher, puis à trottiner, puis à courir, et bien Silver, elle, a finit par lâcher le pokémon volant pour voir une troupe de copains pas loin, et un humain avec eux et… ouiouioui, elle est en train de galoper vers eux, telle une bestiole absolument pas sauvage qui veut croquer un morceau avec des inconnus !

Tu aurais probablement dû songer à venir dans ce genre d’endroit de façon plus … régulière, mon vieux. Toi, et ton entêtement pour ce Malosse, bon sang. Le pire c’est que tu mets tous tes espoirs, et toute ta détermination dans quelque chose qui ne se base que sur des « on dit » et des rumeurs. Tu sais, ce genre de chose que tu as tout de même relativement en horreur et que, généralement, tu n’écoutes pas. Bref, Ethan. Visiblement, même à toi, ça te fait du bien de faire une pause, de juste, profiter, d’éviter de penser, de suivre le mouvement de tes Pokémon qui semblent plutôt bien apprécier leur moment, et qui, tous les trois, s’éloignent, mais pas trop, pour observer, rencontrer, admirer et découvrir. Fascinant, n’est-ce pas, de constater que tu poses le même regard sur ces petites créatures qu’un parent pourrait le faire avec un enfant. Comme quoi, tout n’est peut-être pas complètement perdu pour toi.

Vous êtes là depuis quelques longues minutes, maintenant, à juste marcher. Tu es silencieux. Tu l’es toujours, ou presque. Tu te fiches bien, Ethan, d’être seul, et de suivre leur mouvement. Tu as l’habitude de la solitude, et à dire vrai, tu la préfères à la présence de tes semblables que tu trouves toujours relativement dérangeante.

Tu finis par poser tes fesses contre un arbre, pas si épais, mais qui t’offre pas mal d’ombrage. Si tes Pokémon eux, ne semblent pas trouver le moindre intérêt à revenir vers toi, tu finis par sortir de ton sac quelques friandises et tu en déposes sur le sol, à tes pieds. Evidemment, les trois se ruent dessus pour venir en attraper au moins une chacun et … et ils sont rejoints, quasiment aussitôt par une autre petite créature qui s’invite à la fête, joyeusement en attrapant un biscuit. Et tu vois, Ethan. C’est un Héricendre. Et la simple vision de ce Pokémon, en particulier, te ramènes bien des années en arrière, alors que tu rencontrais le tien, qu’il devenait ton ami, le seul, et puis, ton compagnon de route. Ton tour premier Pokémon, tu te rends compte, tu n’étais qu’un gamin quand il est entré dans ta vie, et c’est sous la forme d’un puissant Typhlosion qu’il a finit par s’éteindre. Un véritable déchirement. De ce fait, ton regard reste fixé sur le petit Pokémon, durant un long moment encore, avant que tu ne finisses par venir lui offrir, de toi-même, une friandise supplémentaire.

Et tu es calme, Ethan … seulement. Tu finis par capter cette voix. Féminine. Humaine. Proche. Relativement distincte. « T’es pas venue seule, visiblement. » Que tu finis par soupirer, en quittant finalement la Héricendre du regard, pour relever la tête vers cette femme qui approche.

T’as pas peur… C’est déjà bien, ue l’on pourrait se dire Eos, mais la vérité c’est que ça vous arrive si souvent, avec Silver, que tu n’as plus vraiment le réflexe de paniquer. Tu es liée à cette petite boule d’amour, quoi qu’il arrive, tu sens au fond de toi que tu la retrouveras toujours ! Alors oui, tu l’appelles, tu cours, tu cherches mais tu vois, tu n’es pas non plus en train de pleurer ou de crier à pleins poumons.

Et au final, tu traverses une bonne portion de la Lande en criant le nom de la petite Héricendre. Mine de rien, c’est que tu as bien traîné en chemin, ou bien qu’elle, elle a tracer parce que tu mets du temps avant d’apercevoir le Papilusion et de courir jusqu’à une petite bosse d’herbe pour regarder au loin. C’est là que l’histoire devient vraiment hyper bizarre. Parce que ta Pokemon est en train de manger aux mains d’un inconnus (ok, ça c’est habituel), mais l’inconnu, lui, il t’évoque clairement quelque chose.

« TOI ! »

Wow, tu as l’air super remontée d’un coup, non ? En tout cas, te voilà à dévaler dans l’herbe et surprise par le ton de ta voix, Silver se dépêche d’engloutir son biscuit et de courir vers toi. Sauf que si tu l’attrapes, tu la serres contre toi en plaquant un baiser doux contre elle, et bien tu continues tout droit vers l’homme que, maintenant tu en es persuadé, tu connais.

« Ah ! Tu pointes le doigt vers lui, en voyant qu’il a meilleur mine mais clairement c’est pas gagné encore. Je savais que je te retrouverai ! Et tu vois, tu as même le culot de sortir son portrait robot que tu as dessiné et tu glisses le papier sous ton nez. T’as pas vu ces affiches ?! Je m’inquiétais, tu as disparu en pleine nuit et dans un état catastrophique ! »

Tu n’es pas à l’aise avec les autres. Tu le sais. C’est comme ça depuis pratiquement toujours, et, si tu fais des efforts, dans le cadre de ton travail, parce qu’il le faut bien, tu as tendance à t’arranger pour conserver cette solitude qui te sied si bien en dehors de tes horaires de boulot. En fait, tu ne réponds et ne te rends disponible pour autrui lorsque c’est important, nécessaire, ou limite, vital. Le reste du temps, tu t’échappes, tu fuis, tu traces ta route, et tu fais aussi bien sentir autour de toi à quel point tu refuses que l’on t’approche, et à quel point on te dérange.

Du coup, si tu es plutôt ravi de te retrouver face à cette femelle Héricendre, lorsque tu entends cette voix féminine qui appelle, qui semble chercher la petite créature, tu déchantes, ton expression jusqu’à présent si calme devient plus dure, froide, ton regard se ferme et tu te permets un soupire. C’est grand ici. Et cette femme ne chercher que son Pokémon, de ce fait, tu as l’espoir que, si elle approche, elle ne fasse qu’embarquer son Pokémon avant de tracer sa route. Or, il se passe exactement tout l’inverse.

Si la petite Héricendre avale tout rond le biscuit sous les regards interloqués des trois autres avant de juste détaler pour regagner les bras de sa propriétaire, cette dernière ne se contente absolument pas de son compagnon retrouvé. Quand un « TOI » sonore résonne, tu fronces les sourcils, tu la fixes d’une drôle de manière, et quand tu comprends que c’est bel et bien à toi qu’elle s’adresse, tu plisses les yeux, pour l’observer. Pas physionomiste pour un sou, il te fait plusieurs bien trop longues secondes, et le fait qu’elle se mette à débiter un immense flot de parole – oui pour toi, c’est clairement énorme – pour comprendre qu’effectivement, elle te connait, que tu l’as déjà croisé et … Merde, quoi.

Le Tauros qui a joué au bowling avec toi en te prenant pour une vulgaire quille a laissé de sacrées traces sur ton corps. De beaux hématomes ornent toujours ta peau. Le choc avait été violent, quand tu avais repris conscience, tu t’étais retrouvé chez une femme que tu n’avais pas mis longtemps à fuir. En pleine nuit, après trois jours de soin, tu avais forcé sur tes blessures pour quitter son chez elle et rentrer chez toi. Tu ne lui avais même pas demandé son prénom. Tu ne l’avais pas non plus remercié. Tu n’avais même pas pris le temps de laisser un mot pour prévenir de ton départ, non, tu avais quitté l’endroit comme un voleur, en te disant que tu ne la reverrais jamais. Mais le monde est petit, à sa façon, Ethan, et tu l’apprends à tes dépends, aujourd’hui. « Des affiches … » Que tu marmonnes, tout en attrapant d’un coup sec le papier qu’elle te colle sous le nez. Et tu sais quoi ? C’est toi, là-dessus. Ce n’est pas une photo, c’est un dessin, un ouvrage sacrément bien réalisé, parce que c’est tout toi, tu es parfaitement reconnaissable. « J’avais à faire. » Alors c’est ça, Ethan, c’est tout ce que tu trouves à dire ? Elle est de nouveau face à toi, ta bienfaitrice, tu pourrais, enfin, faire l’effort des remerciements, tu lui dois au moins ça. Mais non. Rien de tout ça. « Je suis vivant. Et en état de fonctionnement. » Est-ce que c’est potentiellement une façon de la … rassurer ? Peut-être. C’est maladroit, cela dit. Et tu te lèves, tu te redresses, tu avances, tu lui passes à côté, pour juste, continuer ta promenade. « Pensez à virer les affiches si vous les avez faites circuler. » Que tu échappes, en faisant maintenant des signes à Azel, qui te fixes étrangement alors que tu t’en vas, tout bêtement. « Merci, au fait. Et bonne journée. »

Tu l’as reconnu directement ! En même temps, Eos, tu t’es mis a dessiné sa tête de stupide Psykokwak partout sur des affiches pendant des jours, après sa disparition et le fait que tu n’as pas réussi à remettre la main sur lui. Parce que oui, toi, stupide jeune femme, tu t’es inquiétée pour lui. Tu t’es dit qu’il avait dû avoir un souci, délirer, se blesser. Alors tu l’as dessinés une 50aines de fois pour le chercher, et puis tu as diffuser les portraits robots et… rien. Il n’est pas réapparu et toi tu as même pensé à le déclarer disparu, potentiellement blessé. Ils seront contents, les policiers, quand tu vas leur dire qu’il se payait une promenade tranquillement sur la Lande.

« Quoi ? A faire ? En pleine nuit ? Avec probablement des côtés cassées ou au moins fêlés ? »

Oui, tu es clairement en train de poser des questions rhétoriques, parce que tu n’y comprends plus rien, toi. Ok, tu as été un peu virulente en lui fonçant dessus mais tu es rassurée de le voir, toi ! Il est vivant et sur ses deux pieds ! Sauf qu’il est en train de réduire son état à… rien de grave. Et tu n’as le temps de ne rien dire, qu’il te dit de retirer les affiches et… oulah, il part ? Sérieusement ?!

« Nan mais je… tu… vous… »

Ah oui, il t’a bien coupé l’herbe sous le pied. Sauf que ça te vexe si fort que tu fais volte-face aussi sec qu’il te dépasse en te souhaitant une bonne journée et, sans lâcher Silver qui s’étonne de ce qu’il passe et tend ses petites patounes vers les autres pokémons pour jouer avec eux, toi, tu bondis vers lui et… bam. Un coup sec dans les côtes, là où tu as du poser un baume et un bandage serré, en craignant que ça ne s'aggrave pendant ces 3 jours chez toi.

« Ca suffit ! Vous n’avez pas à rouler des mécaniques devant moi, je vous rappelle que je vous ai retrouvés piétinés par un Tauros, mon vieux ! Pourquoi vous êtes partis ? Je vous ai fait peur ? Et tu profites de lui avoir probablement coupé le souffle pour te planter sous son nez. Vous aviez peur que je vous fasse payer quelque chose ?! »

Ah bah bravo. Franchement. Bravo. Toutes mes félicitations, Ethan, pour ce manque flagrant de savoir vivre et de reconnaissance parce que là, mais là, sérieusement, mon vieux, tu bats de sacrés records. Tu es pour le moins infecte. Il n’y a pas d’autres mots. D’autres auraient pu se confondre en excuses, et offrir de sincères remerciements, toi, tu te contentes simplement de lui demander de penser à virer les affiches, vu que, c’est bon, elle t’a retrouvé, et puis de te casser. Oui. Tu dis merci, c’est vrai. Un merci sec et rapide, tandis que tu traces à ta route avec visiblement aucune espèce d’intention de pousser plus loin l’échange, ou la conversation avec la jolie dame. Incroyable. Quand on te dit que tu es désespérant mon vieux. Franchement, t’as été ramassé par terre par une sacrément belle femme. Elle t’a emmené chez elle, elle s’est occupée de toi, et maintenant, tu apprends qu’elle t’a cherché pour savoir si tu allais bien. Et toi, toi, toi tu … tu rien. Tu t’en vas. Tu la laisses plantée là, au beau milieu de la pampa verdâtre avec un vieux « merci » tout pourri qui pue la bouse d’Ecremeuh. T’es foutu dans la vie, c’est définitif.

Mais, ouais, tu vois, la dame, en plus d’être jolie, elle est visiblement dotée d’un sacré caractère. Elle ne te laisse par t’éloigner si facilement – Azel non plus d’ailleurs, elle continue de faire la résistance, alors que tu continues de lui faire signe pour lui ordonner de te suivre sans faire d’histoire – et pour bien te faire sentir qu’elle ne te croit pas une minute quand tu prétends être en parfaite santé, ou presque, elle vient littéralement te coller un coup dans les côtes. Alors, qu’on s’entende. Tu peux marcher, bouger, tu vas bien à ce niveau. Par contre, tu dors mal, parce que la douleur est toujours présente. Du coup, quand elle vient frapper dedans, malgré la force de minette qu’elle y met, et bah, ça te coupe le souffle. Tu piles. Tu t’arrêtes. Tu plies. Tu gonfles les joues comme un Rondoudou fâché. Et tu tires une tronche de vieux Lipoutou avant de te reprendre. Gars, t’es en train de te faire maîtriser, et t’as encore rien compris à ta vie, là. « Peur ? Non, mais à bien y réfléchir c’est maintenant que vous me faites peur. Ça vous arrive souvent d’agresser les gens, comme ça ? » Dans ton souvenir, elle était quand même vachement plus douce, les rares fois ou tu ouvrais un œil quand elle changeait un bandage, hein. « Ça fait mal, j’vous signale. » Que tu grognes, entre tes dents, à mi-voix.

Tu te redresses, finalement, une main sur tes côtes, tu forces, tu grimaces, ouais, mais tu fais en sorte de la dominer de ta hauteur, et tu la toises, de ton regard bien trop bleu. « J’avais autre chose à faire. Je vous l’ai dit. Et puis surtout, je pouvais me débrouiller seul, la preuve, je suis rentré, et je suis toujours en vie. » Ouais, bon, t’oublies de dire que t’as souffert comme jamais sur la route et que tu as cru mourir vingt-cinq fois. Mais bon. « Qu’est-ce que vous me voulez ? Je vous dois quelque chose ? J’ai déjà dit merci, alors, si vous voulez de l’argent, donnez-moi vos tarifs qu’on en finisse. »

Bon, soit, ok, tu l’as peut être cogné un peu fort. Ou alors, il allait plus mal qu’il ne voulait bien le reconnaître. L’un dans l'autre, tu vois bien que tu lui as fait mal et si tu as un mouvement de main et de bouche pour le rattraper ou t’excuser, t’assurer qu’il va bien aussi, mais tu n’en as juste ni le temps ni le loisir. L’homme, dont d’ailleurs tu ne sais toujours pas le prénom parce qu’il était trop mourant pour parler (parce contre visiblement pas pour se barrer en pleine nuit), se remet à parler et il arrive même à venir te surpasser de sa grande carcasse. Et… oui absolument, ça t'énerve en plus.

« Agresser ?! AGRESSER ?! Oulah, on dirait une petite furie d’un coup, même si t’es une naine qui pousse sur ses pieds pour essayer de se grandir.
-Heriiiiii…
-Je… Tes yeux glissent sur Silver qui veut visiblement en profiter pour aller vers l’homme et tu soupires, en reculant d’un coup. Je ne voulais pas vous faire si mal mais simplement vous prouver que vous étiez toujours blessé, et si j’en juge par votre réaction, soit vous êtes une chochotte, soit c’est encore sérieux. »

Lentement, te voilà à reposer la petite boule de feu sur le sol, pour qu’elle court se remettre dans les pattes des autres Pokémons et même qu’elle se frotte dans les pieds du fameux inconnu de tes dessins. Et lui, justement, il continue de te balancer des conneries aussi grosse que lui. Le truc, c’est que tu es calmée maintenant donc tu le laisses débiter toute ses idioties et quand il en finit, tu croises les bras, sans revenir à lui mais en bougeant d’un pas pour te mettre clairement en travers de son chemin.

« Vous pouvez tellement vous en sortir seul que vous avez probablement aggravé l’état de vos côtes. Tu répliques calmement, sans sembler vouloir sortir de son chemin. Oui, je veux quelque chose en échange. Vous m’avez causé du stress et de la crainte, je vous ai cherché pendant des jours et j’en ai perdu d’autres avec ces dessins. Maintenant vous sous entendez que je suis du genre à avoir un tarif (et tu accentues le mots de guillemets entre tes doigts)... Tu reviens doucement, d’un pas souple, venir vers un pas vers lui. Je n’ai nulle part ou dormir ce soir, vous avez qu’à me prêter votre toit et me permettre de finir mes soins. »

Et si tu t’arrêtes, la petite Héricendre à l’air d’avoir parfaitement compris ce que tu demandes, parce qu’elle fait sa mignone aux pieds de l’homme, elle tire sur son pantalon, et elle lui fait même les yeux doux.

Tu sais quoi ? Et bah, tout bêtement, tu aurais dû te casser, et l’ignorer, royalement. Elle a l’air d’avoir du caractère, et d’être du genre à s’entêter, cependant, tu te sais absolument doué pour snober les autres. Tu es pratiquement certain qu’elle se serait lassé la première, et que tu aurais pu continuer ta promenade tranquillement. Mais non, Ethan. Il a fallu que tu répondes, que tu en rajoutes, que tu viennes même finalement balancer de l’huile sur le feu, et maintenant ? Tu te retrouves avec une flamme bien vive sous le nez. Pourtant, tu aimerais vraiment t’en débarrasser, hein. Sauf que la douleur, ça te fait toujours réagir bizarrement, alors, ouais, te voilà à lui balancer que, finalement, si c’est ce qu’elle veut, tu peux bien la payer pour les soins, si ça peut lui permettre de se calmer, une bonne fois pour toute, et de te fiche la paix, pour la journée, pour commencer, et pour tout le reste de temps qu’il te reste, aussi.

Mais tu l’as vexée, Ethan, et ça, tu t’en rends compte bien trop tard. Déjà, elle hausse le ton. Ensuite, elle semble se calmer aussi sec, et toi, ça te fait soupirer, hein, parce que concrètement, tu te dis que ça pourrait aller bien plus vite. Malheureusement, mon vieux, ton avis, il est biaisé par ton attitude, et ton éducation. Tu veux toujours précipiter les choses avec les gens, quand ça n’est pas ton rythme à toi, tu pars du principe que ça ne va pas, que ça ne peut pas fonctionner … En fait, Ethan, tu ne sais juste pas faire de concessions.

« J’vous demande pardon ? » Ouais, ouais, ouais, t’as entendu le topo sur le fait que tu as probablement aggravé l’état de tes côtes, mais, ça, concrètement, tu t’en fiches comme de l’an quarante. Par contre, quand tu l’entends t’expliquer que tu l’as stressée, contrariée, et tout ce qui va avec, t’as une espèce de vieux ricanement. « Et bien veuillez m’excuser, ma petite dame pour la gêne occasionnée. » Ouais, c’est ça, disons que tu essaies d’y mettre les formes mais que, non, ça ne fonctionne pas et que, tu as toujours bel et bien l’air de juste te moquer. « Vous prêter mon toit … » En voilà une riche idée, mon vieux. Le pire, c’est que, tu as ce sourire qui vient s’installer sur ton visage. Tu n’es pas bien loin de Skyler Bay. Tu pourrais effectivement rentrer, et lui offrir le gîte et le couvert pour une nuit, sauf que tu n’es visiblement pas disposé à aller jusque-là. A pousser si loin la gentillesse, la politesse, et surtout, la patience et le savoir vivre que tu n’as même pas. « Très bien. Ça me va. » Et tout à coup, tu te penches sur elle, pour attraper son poignet, puis, tu la tires avec toi, te dégageant de l’emprise de la petite Héricendre avec une douceur qui contraste immensément avec la manière dont tu viens d’attraper sa maîtresse.

Tu la tires, comme ça, sur quelques mètres, et puis, pile au centre de la plaine, tu t’arrêtes, tu détaches ton gros sac, duquel tu décroches une autre sacoche et là, mon vieux, tu sors la fameuse tente minute que tu traînes toujours, au cas où avec toi. Tu la balances au sol, tu la secoues, pour qu’elle prenne forme et une fois que c’est fait, tu te mets à planter les sardines dans le sol, en relevant le nez avec la jeune femme. « C’est mon toit. J’ai bien peur qu’il faille se serrer un peu. » Est-ce que tu essaies de lui faire peur, comme ça ? Oui. Tout à fait.

Tu as… gagné ? Attends, Eos, tu as vraiment gagné contre cette tête de Bourrinos ? Pourquoi est-ce que tout à coup, ma fille, tu te dis qu’il y a comme une énorme Wailmer sous gravillon là ? Parce qu’en plus, juste avant, il t’a quand même envoyé bouler à propos du stress que, oui effectivement, il t’a causé. T’as un mouvement, une amorce de cri quand il t’attrape, mais il repousse Silver sans brutalité et c’est toi qui vol derrière lui en suivant ses grandes enjambées.

« Mais ! ARRÊTEZ BON SANG ! Qu’est-ce qui vous prend ?! »

Tu cherches à arracher ton poignet de sa main sans succès et puis finalement il s’arrête d’un coup et toi, tu es tellement en train de courir derrière lui pour ne pas tomber que… tu continues tout droit et tu viens t’éclater le nez dans le sol. Tu as un cri bizarre, étouffer, de rage et de surprise mais Silver vient aussi sec frotter son petit nez chaud contre le tien et tu te retrouver en tailleur sur le sol, avec ton pokémon dans les bras.

« On campe ? Oh, oui, parce que tu n’as pas l’air gênée pour deux sous de sa réflexion. Vous habitez où, vous ? Vous savez que contre quelques petites tâches, on pourrait dormir chez des habitants de la Lande… Pour votre blessure, ce serait probablement plus sage et… »

Et rien, Eos, parce qu’il a sorti sa tente et il est en train de l’installer sans attendre. Et si tu es restée assise par terre à caresser Silver, par réflexe alors qu’elle, elle te fait des bisous du bout de son museau tout chaud, tu finis par te relever. Pendant encore quelques instants tu restes calme, silencieuse et finalement, tu reposes la petite pokémon pour aller vers l’homme et d’un seul coup tu l’arrêtes avec une force surprenante pour ton petit gabarit et tu lui prends ses dernières sardines des mains.

« Asseyez-vous, et arrêtez de remuer, vous me rendez malade. Silver, occupe-toi de le garder occuper. Tu lances au Héricendre qui se fait un plaisir de venir sauter contre l’inconnu blessé. Je m’occupe de votre tente, et du repas et… Tu poses ton sac à dos en y jetant un oeil au passage avant d’ajouter. Rendez-vous utile en retirant cette chemise, que je puisse vérifier l’état de vos blessures, tiens ! »

Et te voilà, accroupie, à enfoncer les sardines dans la terre meuble, sans sembler dérangée ni de salir tes mains, ni de mettre la main à la pâte. En faite, tu es plutôt dans ton élément, toi. La nature, le travail physique, l’autonomie, s’il a voulu te piéger, tu es celle qui aura le dernier mot, voilà tout !

« Je vous conseille de la prendre dans vos bras. Tu finis par rajouter, en voyant Silver qui s'énerve et cherche toujours à grimper. Déjà elle a l’air de vous adorer, et surtout elle va finit par grimper d’elle même et ses griffes peuvent faire mal, surtout quand on est couvert de bleus ! »

Et toi, tu te redresses enfin de cette fichue tente pour te tourner vers lui. Ton objectif c’est de le soigner, pas de monter le camp tout de suite !

C’est ça, Ethan. Bon plan. Excellent plan, même. Pourtant, on le sait, tu n’es clairement pas donneur de leçons, hein. Mais franchement, quelle idée brillante, de chercher à l’effrayer de cette manière, tu pourrais presque te congratuler pour cette idée, tiens. Parce que, sérieusement mon vieux, dans le monde actuel, quelle femme censée accepterait de passer la nuit avec un inconnu sous une tente aussi petite que celle que tu viens de balancer sous son nez, et au milieu de nulle part qui plus est. Non, vraiment, tu es pratiquement persuadé que d’ici cinq minutes, elle va décider que, finalement, elle a peut-être autre chose à faire, et toi, il ne te restera qu’à remballer la tenter et rentrer à la maison. La vraie.

« On campe. » Que tu répètes, avec cet air très sérieux qui te vas si bien, et que tu parviens à émuler à la presque perfection, tout en continuant de faire le tour de la tente avec tes sardines et ton gros caillou pour taper dessus. « Quelque part. » Ça, c’est ta réponse, quand elle se met à poser trop de questions à ton goût. Tu n’es pas encore complètement idiot Ethan, tu ne vas pas courir le risque de lui dire où tu vis, elle serait capable d’aller mettre son nez du côté de Skyler Bay pour on ne sait quelle raison obscure. Du coup, et bien, tu t’acharnes, tu vas surement devoir tout démonter d’ici dix minutes, mais tu donnes le change, tu joues la comédie … Mais tu déchantes assez vite, Ethan, quand tu l’entends te dire que toi, tu la rends malade, et que tu ferais bien mieux de t’asseoir. Pendant un instant, tu relèves le nez, tu l’observes, les yeux plissés, et puis, voilà que la petite Héricendre vient te sauter dessus, déranger tes mains, te force à reculer d’un pas ou deux tandis qu’elle, Ethan. Elle. Elle vient prendre la pierre, les sardines, et elle s’occupe de planter la tente.

Récapitulons donc la situation. Tu as tenté de lui faire peur, en te disant qu’elle n’accepterait pas de dormir dans une petite tente avec toi. Résultat ? Elle semble non seulement décidée à le faire, finalement, mais en plus, elle finit de monter la tente, et elle continue de te râler dessus tiens. Mon vieux, cette nana, elle est en train de te rendre dingo. « C’est une plaisanterie ? » Que tu demandes, le plus sérieusement du monde alors qu’elle vient, sans sourciller, de te demander de retirer ta chemise, tiens. Tu la fixes, d’une drôle de manière, avant d’effectivement consentir à attraper Silver dans tes bras pour lui offrir quelques papouilles de manière aussi douce que distraite. « Vous savez ce que c’est l’instinct de survie ? » A première vue, la réponse est clairement non. « Vous … vous êtes une femme, et vous accepteriez de dormir, une nuit, dans une tente, avec un homme que vous ne connaissez même pas, et au milieu de nulle part, en plus ? » Ouais, en tant que flic, autant dire que ça te sidère complètement. « Je pourrais être un psychopathe pervers … j’ai mis approximativement cinq minutes à avoir le début de ce que j’aurais pu vouloir vous prendre. A quoi vous pensez, exactement ? C’est quoi votre problème ? J’ai une auréole au-dessus de la tête ? J’ai une tête de Wattouat ? J’ai l’air si inoffensif que ça ? » Ouais, parce que, soit elle a un souci, soit, t’as l’air d’une mec trop doux, trop gentil, trop un truc qui ne te plait pas. « Foutez la paix à cette tente, j’vis à Skyler Bay c’est à côté, je vous ramène en ville, histoire que vous ne croisiez pas un autre type chelou avec une tente dans les parages. »

Tu la montes cette tente. Vite et… plutôt bien à vrai dire. Tu fais ce qu’il y a à faire, pendant que Silver, elle, s’occupe d’adoucir ton drôle de Roucoule, et quand tu en finis, que tu reviens vers lui, prête déjà à regarder son état et reprendre tes soins comme si il ne s’était pas passé deux longues semaines, et bien c’est un vent de reproches qui te souffle dessus. Dis donc, c’est si soudain que tu te figes, tes yeux se plissent, tu l’observes, l’air pas bien contente d’ailleurs et tu attends qu’il en ait fini de sa longue tirade d’homme faussement méchant, sacrément protecteur, et absolument dans le contrôle pour lui grogner dessus.

« Mais à quoi vous jouez, vous, au juste ? Vous êtes vraiment pire qu’un Mimiqui, on ne sait pas à qui on fait face. Vous voulez quoi ? Me repousser ? Me mettre dans votre lit ? Me faire peur ? Me protéger ?! Et voilà que tu te gonfles ma jolie, en avançant d’un pas accusateur à chaque question. Sachez que je n’ai besoin de vous pour rien de tout cela. Si je veux vous suivre ou vous trouver, je le ferai. Si j’avais la moindre intention de finir dans votre lit, ce serait en âme et conscience. Je n’ai absolument pas peur de vous et, le pompom… je ne veux pas de protection ! »

Tu es tout devant lui, maintenant. Et pire que ça, tu as basculé la tête en arrière pour le regarder, les lèvres pincées et les paupières plissées, l’air vraiment pas contente. T’as d’ailleurs pas du tout envie qu’il puisse se permettre de te répondre, de trouver des contre-arguments débiles à base de : tu es une faible femme ou ce genre de chose, alors tu viens à nouveau bouger, tout ça coup. Ton pied vient taper dans son tibia pour lui faire perdre de l’équilibre, ta main revient cogner sans trop de force dans son flanc et tu en profites pour le pousser en arrière sur un rondin d’arbre qui semble attendre son séant comme s’il était tombé là pour ça.

« Bien, maintenant que cela est dit… et compris j’espère, enlevez votre chemise, je vous pries. Et non, je ne compte pas dormir avec vous sous cette tente. J’ai demandé un toit, pas d’y dormir avec vous. Tes lèvres s’étirent et pour la première fois, tu cesses d’être soit énervée soit distante pour devenir clairement espiègle. Vous dormirez à la belle étoile, je suis sur que cette mignonne salamèche se fera un plaisir de vous garder au chaud ! »

Et justement, tu viens de reculer un peu de l’homme que tu as assis, pour lui laisser le temps de reprendre son souffle (et de t’obéir accessoirement) quand tu te tournes vers les trois pokémons en liberté. Et là, ma mignonne, tu deviens un chamallow de douceur et d’amour. Tu t’accroupis près des trois petits pokémons et tu leur tends la main, tout doucement.

« Bonjour mes jolis petits. Vous allez bien ? Votre maître ne vous mène pas trop la vie dure ? Et les uns après les autres tu leur proposes une gratouille s’ils en veulent avant de les regarder en penchant la tête sur le côté. Vous êtes tellement adorables, ohlalala. »