Cela fait plusieurs semaines que j'ai fais mon nid dans le village d'Halosis au bord de l’œil de Lathea. Je commence à prendre mes marques et à apprivoiser le terrain environnant et plus particulièrement la Forêt aux Murmures. Un endroit que j'adore avant tout pour son côté sauvage, éloigné des villes. Mais que j'apprécie aussi grandement pour sa faune et notamment sa grande population d'insectes. Bon on est jamais à l'abri d'un pokémon agressif mais j'ai des compagnons qui savent se défendre.

En parlant de ses derniers ma dernière moisson fut de qualité. Si Yéyé le Larveyette, le petit vampire comme j'aime à l'appeler, semble dépassé lors de ses affrontements avec ses pairs, faisant de lui un véritable bébé adorable, Pico et Jojo quant à eux sont des mastodontes. Ils se montrent même plus forts que Bibi, ma Bombydou qui m’accompagne déjà depuis un bail. Ils seront assurément d'une grande aide à l'avenir.

Toujours est-il qu'il est temps de repartir à l'aventure.

S’encroûter et rester au même endroit n'est pas trop mon style. Et puis les gens me cassent littéralement les noix. Ils me parlent de météo, de leur quotidien insupportable ou des incroyables produits du nouveau magasin à la mode. Et si Halosis s'en tire mieux qu'une métropole comme Castleclair, elle glisse lentement et sûrement dans la même direction. Au milieu de ce marasme idéologique, il y en a une qui sorte du lot : Ma voisine de palier, Donna.

C'est une pipelette mais contrairement aux autres, je sens qu'il y a du vécu derrière. Bon il lui arrive de parler pour ne rien dire hein mais globalement je la supporte. Je me fais violence. Nos deux premières sorties furent relativement agréables d'ailleurs. Tous deux nouveaux en ville, on s'est évertuer à découvrir Halosis dans un premier temps et le lac dans un second. J'aime la voir comme une extension de moi-même. Je suis le cerveau et elle les muscles. Je glousse à cette analogie. Si elle m'entendait je passerai un sale quart d'heure.

Ouais elle est plus balèze que moi...

C'est grâce à Donna que j'ai appris l'existence de la plage Carapagos. Je ne parle pas en qualité de touriste, la plage c'est pas trop mon truc. C'est rarement l'apanage des rouquins de toute manière... Mais bel et bien d'un point de vue scientifique. Elle m'a d'ailleurs montrer un morceau de fossile ! Je suis certes spécialisé dans les pokémon Insectes mais je reste toutefois un scientifique et les pokémon préhistoriques sont un domaine qui m'intéresse fortement. Et qui sait je trouverai peut être des vieux pokémon Insecte.

J'arrive sur la plage à l'aube et déjà je suis assailli par les promeneurs. Dans doute des locaux qui comme moi, veulent esquiver la vague de touristes qui déferle en fin de matinée pour ne repartir qu'à l'heure du dîner. C'est Yéyé mon petit vampire qui m'accompagne aujourd'hui. Je compte bien profiter de la journée pour l’entraîner un minimum et le ramener au même niveau de puissance que les autres.

Même s'il est déjà mignon comme ça...

Par où commencer ?

"T'en dis quoi Yéyé ?"

Je lui caresse sa petite tête avant qu'il prenne les devants et commence à farfouiller au beau milieu de l'immense plage. Il est mignon. Il commence à développer un petit caractère mais je lui passerais tout. Après je doute pouvoir tomber sur un fossile par hasard. Ainsi, je me suis préparé en conséquences.

Légèrement vêtu pour l'occasion, un simple bermuda et une chemise beige suffisent à mon bonheur. J'ai tout de même mon fidèle sac à dos duquel je sors des outils de circonstances. Je me rapproche petit à petit du bord est de la plage marqué par une immense digue naturelle. Des roches millénaires forgées par la mer et l'érosion.

Je sors une piochette et commence à donner des petits coups pour voir de quoi le sol est fait. Malheureusement les vagues me laisse pas faire. JE remonte un peu la roche et reprends mon gros oeuvre, vérifiant de temps en temps ce que fiche Yéyé.

"T'éloigne pas trop Yéyé !"

Il est capable de se noyer...

Mes coups de pioche résonnent dans la crique, le son renvoyé par les immenses structures rocheuses qui m'entourent. Je suis sans doute déjà la source des premiers curieux, joggeurs et autres badauds mais je m'en fiche. Je cherche à remonter les couches sédimentaires afin d'arriver jusqu'à l'époque préhistorique.

Ouais j'ai du boulot...

Fort heureusement, les structures rocheuses proches de la mer offre parfois des cavités et autres facilités qui me font gagner des dizaines de mètres et voyager à travers le temps plus rapidement. Après une bonne heure de coups de pioche je suis épuisé. Je me pose sur un rocher à l'ombre et j'appelle Yéyé. Je joue un peu avec lui. Je le retourne avec mon doigt et je l'empêche de se remettre debout. Il a l'air de vouloir gagner et très compétitif, refusant de crier grâce. Il finit par me mordre le doigt et je le libère.

"Hééé pas trop fort ! Allez vient on va explorer le grottes."

Je laisse passer Yéyé le téméraire qui aime bien être devant. Certes à son rythme... Et nous pénétrons dans la petite cavité étroite sombre et humide. Ca sent le renfermé c'est assez dégoûtant mais j'ai vu bien pire. En plus les murs suintent j'ai l'impression d'être dans un film d'horreur.

"Tu me dis si tu sens un peu d'air ok ?"

Je demande à Yéyé alors que je cherche une possible ouverture dans les parois. Une ouverture qui mènerait idéalement vers une cavité plus grande qui me permettrait de mener des fouilles dans craindre de me retrouver piéger trop vite ou d’être obligé de ramper pour faire des prélèvements. Je compte y passer la journée, pas quelques heures...

C'est Yéyé qui va briser le silence en attirant mon attention sur une petite fente ou crevasse à même le sol. J'étais tellement focalisé sur les murs que j'en ai oublié de regarder à mes pieds.

Je commence à creuser.

Après une dizaine de coups de pioche, le sol commence à s’effriter, puis à trembler. Je n'ai pas le temps de me dégager avant qu'un gouffre s'ouvre littéralement sous mes pieds. J’attrape Yéyé d'une main et plante ma pioche dans la paroi pour arrêter ma chute. Je regarde rapidement en bas et je distingue tout juste le sol. J'ai eu du pot. Mon petit Larveyette secrète sa toile et remonte tout seul.

Crevard.

Je marmonne dans ma barbe encore suspendu dans le vide. Je me balance de droite à gauche avant d’attraper un bout de roche qui ressort de la paroi. En m'aidant de ma pioche j'arrive éventuellement à remonter. Pfiou, c'était chaud. Je reprends ma respiration avant de sortir une corde de mon sac. Je l'attache autour d'une protubérance et je commence ma descente en rappel, Yéyé sur mon épaule.

C'est dangereux mais c'est ce qui rend la vie intéressante, non ?

Je prends tout mon temps pour descendre. Je suis inquiet de l'état de la corde qui frotte non seulement sur le rocher qui lui sert d'attache mais aussi sur le rebord du précipice. Se retrouver bloqué dans cette grotte naturelle serait presque synonyme de morte certaine. A moins que je trouve un passage qui mène dehors mais ça c'est pas gagné.

Ca sert à rien d'imaginer le pire.

Et puis je retrouve rapidement des couleurs en observant les formations géologiques d'un autre temps et des roches qui s'illuminent littéralement comme stimulées par ma présence. Un monde féérique s'offre alors à moi. Un monde que j'observe en silence. Je dois même me retenir de prendre mon carnet de notes en plein rappel...

Le sol a l'air dur et je m'y pose sans difficulté. Je me détache de ma corde d'escalade de fortune. Si la grotte est naturellement éclairée, je sors tout de même une lampe torche et commence mon exploration, Yéyé toujours sur l'épaule.

Après quelques minutes de marche, j'entends un espèce de bruit de fond qui ressemble à de l'eau en mouvement. J'hâte le pas et je tombe sur une véritable petite rivière souterraine. Une eau d'une pureté hallucinante et dont la couleur bleutée ressemble à un mélange de saphirs et de diamants. C'est saisissant. Je me pose sur un rocher et je commence à gribouiller sur mon carnet.

"Tu peux t'amuser un peu Yéyé."

Je mouline de la main à mon compagnon avant de décrire les lieux. Je commence évidemment par la localisation, la digue est de la plage Carapagos. Je décris grossièrement ma façon d'arriver dans cette grotte souterraine et surtout je commence à dessiner ce que je vois. Et j'en viens rapidement à une conclusion étrange.

Il n'y a aucun pokémon dans ce paradis ?

A moins qu'il ne s'agisse de l'antre d'un pokémon légendaire ? Je commence à me monter le bourrichon. Une chose est sûre, personne n'est venu ici depuis des lustres.

Mon regard se perd dans la rivière azurée, comme hypnotisé par ses reflets éthérés. Mon âme est apaisée. J’oublie l'espace de quelques heures, mon train train quotidien rempli de geignards, d'escrocs et de championnes bavardes. J'ai quand même de la chance d'avoir trouvé un endroit comme celui-ci. A vrai dire, c'est pas pour me vanter mais je tombe toujours sur ce genre d'endroits. Bon ok la plupart du temps c'est en faisant des chutes horribles ou en étant entraîné par des courants marins dantesques. Mais ça m'a appris une chose importante.

On a jamais rien sans rien.

Peut importe la situation, les efforts sont toujours récompensés d'une manière ou d'une autre. Je reviens à la sure réalité lorsque Yéyé m'envoie une sécrétion en plein tronche; visiblement irrité de me voir ainsi en transe. Il soupire et fait le malin en secouant la tête avant de retourner s'amuser avec ses cailloux au bord de la rivière.

"Quel connard."

La méchanceté de mon petit vampire préféré a au moins le mérite de me permettre de me re-concentrer sur mes objectifs. Je n'ai pas fait tout ce chemin et traversé le continent pour me tourner les pouces et m’extasier devant la moindre beauté naturelle. Ouais façon de parler !

"Hop c'est reparti !"

J’attrape Yéyé et je suis la paroi afin de trouver une ouverture. Je n'ai pas envie de sortir par le lit de la rivière, ni de me retaper la montée d'ailleurs. Il soit bien exister un passage à travers la roche vers des grottes communicantes ! Comme précédemment, je cherche des échappements d'air et j'invite mon Larveyette à faire de même. C'est un petit vilain mais il est particulièrement sensible au vent de par sa toute petite taille.

Après quinze longues minutes cela ne donne rien. Il va falloir traverser la rivière. J'empoigne à nouveau Yéyé et je le balance sans ménagement de l'autre côté.

Un témoin pourrait me croire cruel mais je commence à bien cerner Yéyé. D'ailleurs il s'en sort superbement bien, lançant ses fils de soie au plafond et sur les stalactites de roche afin de se la jouer Spiderman. Le spectacle est de toute beauté et lorsqu'il atterrit enfin, j'applaudis avec zèle devant sa prestation. Je sens qu'il est énervé mais je glousse intérieurement, persuadé qu'il répond favorablement à la flatterie.

"Bravo ! Ca mérite un 10 sur 10 !"

J'attrape ensuite la lanière de mon sac à dos et lui fait faire le même trajet. La rivière n'est pas très large et malgré le poids de ce dernier, il passe sans encombre. Moi j'ai plus de mal. Si je suis un bon nageur, la température de l'eau est littéralement glaciale.

A mi-trajet, je manque même de me vautrer la tête la première après avoir trébucher sur ce qui semble être un gros caillou. Je ne vois pas très bien à cause des vaguelettes à la surface de l'eau.