Perplexe, ne voyant aucun feu de forêt ni aucun petit début d’incendie, Naïa regarde autour d’elle pour voir si elle n’a rien raté. Parce qu’elle sait que, si Mavka l’a appelée, ce n’est pas pour rien… Même si c’est un tout petit feu de rien du tout, et que la jeune dresseuse a paniqué, il y a forcément quelque chose à l’origine de cet appel… Et c’est d’ailleurs pour cela que la Nausicaa ne montre rien de son doute, continuant à chercher. Mieux, même, elle attrape la Pokéball de Marin – qu’elle avait rangé dans son sac, ne voulant pas lui imposer un voyage aussi long – et le libère pour pouvoir se servir de ses attaques de types Eau en cas de besoin. Le Larméléon ne comprend d’abord pas ce qu’il se passe ici, et court un peu partout à la recherche de Pokémon sauvage, croyant qu’il est appelé pour s’entraîner, mais, lorsqu’il remarque la Kolstov et les larmes qui coulent sur ses joues, le Lézard’Eau se calme immédiatemment et vient se coller à sa maîtresse. Maîtresse qui serre fort la main de son ex belle-sœur, comme pour la rassurer, et la suit lentement jusqu’au buisson en feu. Compatissante, et ne souhaitant qu’une chose, à savoir rassurer Mavka, Naïa caresse ensuite la tête d’Heimdall avant de faire la même chose sur la joue de la jeune fille, puis se concentre enfin sur ce pourquoi elle est là…

« Je vais m’en occuper, Mav’, t’en fait pas… Tu as bien fait de m’appeler… » Puis, se tournant vers son Pokémon, elle ajouta : « Allez Marin, attaque Vibraqua et éteins moi tout ça ! »

Le petit lézard, toujours aussi obéissant, s’exécuta sans sourciller tandis que, de son côté, Naïa prenait une nouvelle fois Mavka dans ses bras pour la calmer et lui faire oublier ce qu’il venait de se passer. Certes, ce n’était pas grand-chose, et rien ne disait que tout ceci se serait transformé en feu de forêt, mais la pompière comprenait la peur que la jeune fille avait pu ressentir. Il était évident qu’en voyant les flammes, elle avait paniqué, et s’était dit qu’une part entière de la forêt disparaîtrait à cause d’elle. Et, en un sens, cela était compréhensible… Mais, d’un autre côté, il fallait aussi lui faire comprendre que ce n’était pas toujours grave. Certes, il fallait se méfier, et essayer de stopper tout départ de feu, mais, parfois, ce n’était pas aussi urgent que si, par exemple, un bâtiment entier brûlait… Et c’est pour lui faire savoir cela que, lentement, la Nausicaa se détacha une nouvelle fois de Mavka et prit la parole, son ton étant toujours aussi doux et rassurant.

« Je comprends que tu aies eu peur et, encore une fois, tu as eu raison de m’appeler mais, tu sais, ce n’est pas si grave… Ça arrive… On est d’accord que ça aurait pu s’aggraver, mais ce n’était pas grand-chose… Des Pokémons feus qui attaquent par accident des buissons, ce n’est pas si rare, et il suffit simplement de garder son calme et d’utiliser un type Eau ou, si on est à proximité d’un point d’eau, de faire de son mieux pour l’éteindre ! Mais, si jamais ça t’arrive une nouvelle fois, sache que je serais toujours là pour toi ! »

Ces mots, aussi sincères qu’ils pouvaient l’être, furent accompagnés par une nouvelle caresse sur la joue de Mavka. Naïa voulait qu’elle sache que, quoi qu’il arrive, et malgré ce qui s’était passé avec son frère, elle serait toujours là pour elle, et l’aiderait au moindre problème…

Toujours aussi rassurante, ayant même entrelacé ses doigts à ceux de Mavka pour lui faire savoir qu’elle n’avait plus rien à craindre, Naïa lui sourit tout en l’écoutant s’excuser et lui expliquer pourquoi elle l’avait appelé plutôt que d’éteindre le feu elle-même. Et, bien évidemment, ces explications firent sourire un peu plus la jeune pompière. Non pas qu’elle ne se moque, ou quoi que ce soit du même genre, mais elle fut plutôt attendrie par le comportement de la Kolstov, qui semblait s’en vouloir de l’avoir dérangée. Ce qui n’était bien évidemment pas le cas puisque, comme Naïa l’avait dit seulement quelques secondes plus tôt, elle serait toujours là pour venir en aide à son ex belle-sœur, quoi qu’il arrive, et ce même si elle était occupée lorsque Mavka l’appelait… Certes, elle éteindrait le feu si elle était en intervention, mais, immédiatement après, elle irait à son secours si elle recevait un appel de la part de la jeune fille. Ce que notre chère Galarienne s’empressa d’ailleurs de faire savoir, une nouvelle fois, à celle qui semblait croire avoir fait une bêtise…

« Je te l’ai dit, Mav’, je serais toujours là pour toi ! Si tu as besoin de moi, je viendrais, tu ne me dérangeras jamais ! Et, aujourd’hui, tu as bien fait de m’appeler… La peur de te perdre est un très bon argument, et comme tu n’as pas de Pokémon Eau, c’était une très bonne idée que tu as eu. Et puis, en plus, t’as vu, je suis là et je m’en suis occupé ! » Souriant une nouvelle fois, avant de déposer un baiser sur le front de Mavka, Naïa poursuivit ensuite : « Ce qui ne m’empêchera pas d’accepter le café ! J’veux savoir où tu en es dans tes études, moi ! »

Laissant alors échapper un petit rire, la Nausicaa fit un petit signe à Marin pour qu’il revienne vers elles, plutôt que de s’amuser avec tout les Pokémons sauvages qu’il croise… D’autant plus que, sa maîtresse ayant accepté de suivre Mavka jusqu’à un café en ville, il vaudrait mieux qu’il les suive s’il ne voulait pas se perdre… Un café que Naïa avait d’ailleurs accepté beaucoup plus facilement que l’idée de retourner dans la demeure Kolstov pour y recroiser son ancien amour de vacances. Certes, cela faisait longtemps, et la jeune femme avait à présent quelqu’un d’autre en tête – n’est-ce pas Gaspar – mais… elle ne savait pas comment le garçon, lui, réagirait en la recroisant. Elle espérait sincèrement que lui aussi soit passé à autre chose, mais leur séparation avait été si "brutale" qu’elle craignait qu’il pense encore à elle de temps en temps… Ce qui expliquait donc pourquoi, pendant plusieurs minutes, la Nausicaa préféra ne pas faire mention de cette proposition. Avant de se décider à tout de même accepter, parce que ce ne serait pas poli d’ignorer…

« Euh… Par rapport à ton invitation chez toi… Vous habitez toujours au même endroit ? Et d’ailleurs, comment vont tout le monde ? »

Et comment lui il va, surtout… Mais demander des nouvelles de toute la famille était une manière comme une autre de savoir si son ex s’était remis de leur séparation, depuis tout ce temps. Et puis, d’un autre côté, Naïa voulait vraiment savoir comment le reste de la famille Kolstov allait !

Souriante, suivant Mavka en espérant sincèrement qu’elle lui donnerait des nouvelles de sa famille, Naïa fut pour le moins surprise – et déçue – lorsqu’elle ne reçut qu’une confirmation à sa première question. C’était tout ? Pas d’informations sur les études de Mavka ? Pas de nouvelles d’Oksana ? Des ses frères ? De lui ? Certes, peut-être que sa petite protégée n’avait pas entendu sa question, mais la Nausicaa aurait tout de même espéré avoir quelques nouvelles de la famille Kolstov à se mettre sous la dent… Pourtant, loin de s’en offusquer, elle se contenta simplement de sourire et de continuer à marcher aux côtés de la jeune femme, sans rien lui dire à ce sujet. Peut-être Mavka n’avait-elle pas envie de parler de cela. Peut-être réservait-elle cela pour plus tard. Ou peut-être, encore, espérait-elle avoir un récit héroïque en échange… Voilà tout un tas d’hypothèses qui traversèrent l’esprit de Naïa tandis qu’elle avançait dans la forêt, gardant tout de même un œil sur Marin au cas où. Et, à vrai dire, la dernière était celle qui lui paraissait le plus plausible, compte tenu de la question précédente de Mavka… Mais encore fallait-il qu’elle en soit sûre !

« Bon, alors je note, je passerais vous voir un de ces jours ! Mais avant, j’aimerais bien savoir comment va la famille Kolstov… Je crois que tu n’as pas entendu ma question tout à l’heure. Ou alors tu veux juste que je te raconte une intervention d’abord, petite coquine ! »

Et voilà Naïa parti dans un rire, avant de se replonger dans ses souvenirs pour choisir un récit qui ferait le bonheur de son interlocutrice. Même si elle savait que c’était souvent ce qu’attendait les gens lorsqu’ils lui posaient cette question, elle exclut rapidement les interventions où elle avait mis sa vie en danger, n’étant pas vraiment du genre à crier son héroïsme sur tout les toits. Elle préférait sincèrement se contenter de parler de missions où elle avait sauvé des vies, humaines ou Pokémons, ou où elle avait rendu service à la société. Parce que c’était ça le métier de pompier, pour la Galarienne ! Protéger les citoyens, rendre service… C’était à ça que servait les pompiers ! Il n’était pas question d’héroïsme, de danger constant, non. La seule chose qui importait, c’était l’empathie et l’envie d’aider son prochain ! Alors, lorsqu’on demandait des récits d’interventions, il fallait toujours raconter quelque chose qui démontrait cela. Ou, tout du moins, c’était comme ça que Naïa voyait les choses. Et même si c’était quelqu’un qu’elle connaissait et adorait qui lui posait la question, comme Mavka aujourd’hui, cela ne changeait rien… C’est donc tout naturellement qu’après quelques secondes de réflexion, toujours aussi souriante, la Nausicaa décida de raconter ce récit-là à son ex belle-sœur :

« Puisque tu insistes… Je me souviens d’une de mes interventions, il y a quelques jours… Un départ de feu avait été signalé non loin d’une habitation, et on a été appelé pour s’en occuper ! Je t’épargne les détails, mais on a remarqué un pauvre petit Evoli coincé près des flammes, et il a fallu aller le sauver avant que ses poils ne sentent le roussi… Ce qu’on a fait, bien évidemment ! On a sauvé l’Evoli coincé dans le feu, et il a survécu grâce à nous… »

Souriante, se remémorant la reconnaissance du petit Pokémon après son intervention, Naïa hocha la tête, se disant que c’était bien pour cela qu’elle faisait ce métier. Puis, subitement, elle s’arrêta et se tourna vers Mavka, un air taquin sur le visage.

« Mais assez parlés de moi ! Tu veux toujours être chercheuse, toi ? Et tu en es où ? Ça avance ? Enfin je veux dire… tu dois avoir commencé tes études depuis, hein ? »

Même si Naïa la taquinait à ce moment-là, Mavka semblait s’en vouloir de ne pas avoir répondu à la question qui lui avait été posée. Ou, tout du moins, c’est comme cela que la pompière l’avait interprétée… Après tout, ce rougissement était tout de même caractéristique d’une légère honte. Cependant, loin de se moquer ou de s’en offusquer, notre chère Galarienne se contenta simplement de sourire à la jeune fille, tentant de la rassurer du mieux qu’elle pouvait et lui faire comprendre que tout ceci n’était pas grave. D’un côté, elle était attendrie par tout ce que lui montrait Mavka depuis qu’elle l’avait retrouvée. Elle était mignonne, la Koltsov, à paniquer pour des choses qui pouvait sembler futiles, ou s’excuser même lorsque cela n’était pas forcément nécessaire. Et, à vrai dire, c’est probablement pour cela que Naïa l’aimait tant… Elle la considérait presque comme une petite sœur, voulait la protéger, et la soutenir quelque soit ses décisions… Et c’est d’ailleurs probablement ce sentiment, également, qui poussa la Nausicaa à se rapprocher de son ex belle-sœur pour lui déposer un baiser sur le front, avant de lui chuchoter quelques mots à l’oreille :

« C’est le rôle des parents de s’inquiéter pour leurs enfants, tu sais ? Mais, au fond d’eux, je suis sûr qu’ils acceptent ta décision et qu’ils seront fiers de toi ! Et puis, si jamais, je pourrais aller plaider ta cause auprès d’eux… »

Sur ces mots, Naïa fit un clin d’œil à Mavka, démontrant ainsi qu’elle serait de son côté s’il jamais y avait un désaccord familial à propos de ses choix de vie, puis ne put s’empêcher de rire quand elle insista pour avoir un récit d’intervention. Cependant, loin de se vanter, la pompière ne choisit pas une intervention où elle avait risqué sa vie, ni une où elle avait du être exagérément héroïque pour parvenir à ses fins, mais plutôt une histoire qu’elle estimait pour le moins banale, concernant un Evoli pris dans un faible incendie, et qu’il avait fallu sauvé. Une intervention somme toute "simple", donc… Ou, tout du moins, c’était ce que pensait la Nausicaa ! En effet, au vu de l’air admiratif qu’abordait la Koltsov, cela semblait avoir été extraordinaire. Ce qui devait vraiment l’être, aux yeux de quelqu’un qui n’était pas pompier, mais Naïa ne voyait pas vraiment les choses comme ça. Elle avait simplement fait son devoir, après tout… Cependant, même si ce n’est pas ce qu’elle recherchait en racontant cette histoire, elle était plutôt fière de voir que la jeune fille l’admirait presque pour ce qu’elle faisait. Si ça pouvait l’inspirer, ce ne pouvait être que bénéfique…

Même si, en réalité, comme Naïa venait de s’en rappeler, et comme Mavka l’avait confirmé, la recherche était quelque chose qui intéressait beaucoup plus la plus jeune que le chemin de la loi. Et c’était tout à son honneur, puisqu’elle faisait perdurer l’héritage familial de son grand-père… Ce fut donc au tour de la Galarienne d’être admirative de Mavka, qui n’avait jamais dévié de ses envies de carrière et qui se donnait les moyens de les réussir. Se donner à fond dans les études et vouloir être le meilleur, ce n’était pas quelque chose que tout le monde faisait… Alors, forcément, Naïa était plutôt fier et impressionnée par celle qui avait été sa belle-sœur !

« Wouah ! C’est très bien tout ça, Mav’ ! Je suis sûre que, même si c’est pas facile, tu vas parvenir à être dans les meilleures de ta classe ! Voire même la meilleure, un jour, qui sait ? »

« Oksana ? J’en fais mon affaire ne t’inquiètes pas ! Je la connais très bien, et je suis sûr que je peux l’amener à accepter ta décision sans trop s’inquiéter… Quant à tes frères, j’en connais un qui écoutera probablement mon avis et les éloges que je lui ferais sur tes compétences ! On va voir si t’es pas défendable, foi de Naïa Nausicaa ! »

Riant franchement, la pompière ébouriffa tendrement les cheveux de Mavka avant de lui déposer un bisou sur la joue. Certes, la fratrie avait probablement des raisons de s’inquiéter, des raisons légitimes d’ailleurs, mais Naïa estimait qu’il fallait respecter la décision de la jeune femme. Et s’il fallait rassurer Oksana et les autres sur ses capacités, elle se ferait un plaisir de le faire… Après tout, Oksana était la meilleure amie de la Nausicaa, son avis devait beaucoup compter pour elle et elle le prendrait sûrement en compte. Quant aux hommes de la famille, si c’était eux qui avaient le plus de mal à accepter la situation, notre chère Galarienne avait encore une carte en main pour soutenir Mavka. Et peu importe si leur rencontre devait être emplie de gêne ou de souvenirs douloureux, elle irait lui parler s’il le fallait… Si cela permettait à son ex belle-sœur de se sentir mieux, elle allait passer outre son appréhension d’une rencontre avec son ancien petit ami…

Cependant, plutôt que d’insister sur ce sujet, Naïa préféra accéder à la requête de la jeune Koltsov et lui raconter une intervention qu’elle avait effectué quelques jours plus tôt, avant de finalement s’enquérir de son avancée dans ses études. Et, à vrai dire, notre chère pompière ne put s’empêcher d’être impressionnée ! Malgré ses activités de dresseuse, malgré le temps que semblait lui prendre son travail, Mavka persévérait malgré tout et donnait le meilleur d’elle-même pour réussir. Une qualité qui n’était pas à la portée de tout le monde, et qui remplit donc de fierté le coeur de la Nausicaa… C’est pourquoi, s’arrêtant quelques instants, elle observa son interlocutrice avant de la serrer dans ses bras avec tendresse, déposant ensuite un baiser sur son front. Certes, Naïa et Mavka n’étaient techniquement pas du même sang, mais une famille ne se limitait pas au sang. Et, aux yeux de la Galarienne, la blondinette avait une place dans son coeur. Ce pourquoi elle était fière de savoir qu’elle poursuivait son rêve et semblait prête à tout pour y arriver…

« Je croise les doigts avec toi alors ! Mais je suis sûre que tu vas y arriver, tu sais ? Je suis certaine que tu es la meilleure, Mavka, quoi qu’on en dise ! Tu vas tout déchirer et devenir une chercheuse du tonnerre ! »

Sur ces mots, Naïa reprit sa marche aux côtés de Mavka, en direction de la ville la plus proche, lorsqu’elle fut surprise par la proposition d’un café en forêt plutôt que dans un quelconque bar. D’abord étonnée de cette proposition, la pompière y réfléchit cependant avec attention et estima assez rapidement que ce n’était pas une mauvaise idée. Cela permettrait de profiter de la nature tout en discutant à l’abri des oreilles indiscrètes. Et les deux jeunes femmes n’étaient pas prêtes d’arrêter de discuter. Du moins, pas Naïa, qui avait tout un tas de question pour la blondinette…

« Allez, pourquoi pas ! T’en fais pas, je te l’ai dit tout à l’heure, je peux encore passer du temps avec toi, et j’ai mon biper au cas où il y ait un problème ! Pas la peine de me faire tes petits yeux adorables, c’est oui ! »

Et aussitôt dit, aussitôt fait, Naïa s’assoit dans l’herbe en tirant Mavka avec elle, lui ébouriffant une nouvelle fois les cheveux en riant…