Tu t'es mis en tête de … En fait. Et bah. T'en sais rien. Tu te sens bien, chez toi, normalement, mais depuis deux jours, tu tournes en rond à chaque fois que tu te retrouves au milieu de ton salon. Tu as un mal de chien à te concentrer sur ton boulot, aussi. Et ta patience semble avoir encore été diminuée ce qui, il faut bien l'avouer, te rends la vie vachement compliquée. Ton supérieur t'as littéralement ordonné de souffler. Tu as refusé. Tu as expressément dit que tu préférais bosser, alors, il t'as envoyer faire tu ne sais quoi, des vérifications, des choses comme ça, pour clôturer certains dossiers qui traînaient sur son bureau. En soit, ça n'a pas duré longtemps, par contre, ça t'as forcé à voyager, et fatalement, il a bien fallu que tu t'arrêtes pour prendre un peu de repos, avant de pouvoir rentrer à Skyler Bay qui, d'ailleurs, n'est plus très loin, c'est un fait.

Tu as … une équipe, maintenant. Plus seulement un seul Pokémon dont tu peux t'occuper, et si, finalement, c'est plutôt facile de les avoir avec toi, tu t'es aussi rendu compte que tu avais besoin de prendre un peu de temps pour leur entraînement. Tu n'es pas dresseur, c'est un fait, tu n'as pas vocation à terrasser les champions de la région, ni même à faire tes preuves d'une quelconque manière, mais tu es flic, et tu estimes qu'avoir des Pokémon entraînés, c'est mieux, quand même. C'est pour ça que tu as décidé de profiter de cette "pause" pour faire un peu travailler tes compagnons, au combat.

Tu n'as jamais été très exigeant, pour les entrainements. Tu ne cherches pas à avoir les Pokémon les plus puissants de la région, ni à avoir des compagnons sans failles, ni faiblesses, par contre, tu cherches quand même toujours à les endurcir, et à leur donner un minimum d'endurance. Evidemment, tu as choisi de commencer avec Azel, et, dans le parc, tu n'as fais sortir qu'elle de sa Pokéball, afin d'éviter qu'elle ne soit distraite d'une quelconque manière par Leigh, ou encore Ness.

Le plus drôle, c'est qu'elle se tient près de toi. Elle a compris. Elle semble motivée comme jamais à te prouver à quel point elle est forte, a quel point elle est endurante et résistante, et toi, ça te tires un sourire mon vieux, parce que, ça te rappelles votre première rencontre, son attitude, à la pension, quand tu as finalement craqué, et que tu as décidé de l'emmener avec toi, pour t'en occuper. Tu te souviens aussi de la jolie dame qui s'occupait de cette pension, et c'est pour te rappeler d'elle et de son sourire agréable que tu avais donné son prénom à ta Salamèche. Un espèce d'hommage un peu étrange mais, elle avait été ravie de l'apprendre, quand tu lui avais appris la chose dans un courrier que tu lui avais écrit un mois après l'adoption d'Azel, pour lui donner quelques nouvelles.

Maintenant que tu repenses à elle, Ethan … tu te dis que ça fait un bon moment que tu ne lui as pas écrit. Pendant un moment, tu le faisais assez régulièrement. Rien de bien important, dans tes lettres, ou même de personnel comme on aurait pu s'y attendre. En vérité, même si elle avait tout pour te plaire, tu t'es toujours contenter de parler de la Salamèche, dans tes lettres. Quand elle te demandait des nouvelles, dans les siennes, tu répondais toujours brièvement. Finalement, tu avais fini par remarquer que ses temps de réponse s'étaient grandement espacés. Tu en avais conclu qu'elle avait moins de temps, et qu'elle devait être occupée, tu n'as jamais pensé que, peut-être, elle avait pu se lasser de voir que tu conservais une trop grande distance entre vous. C'est toujours comme ça avec toi, Ethan … tu dis que tu fuis les autres, et c'est la vérité, en partie. Le soucis, c'est que, tu fermes aussi bien trop souvent la porte, tu la bloques, et quand les autres essaient de venir à toi, ils se retrouvent systématiquement dans une impasse.

En y repensant, depuis que tu es seul, tu aurais déjà pu avoir des relations. La jolie dame de la pension n'a pas été la seule avec laquelle tu as eu des possibilités que tu n'as même pas vu. Depuis que tu bosses pour la Police, tu as rencontrer bien des gens, et parmi eux, il y a eu cette jolie rousse. Bien plus jeune que toi, et c'est probablement ce qui t'as fais fuir de façon si rapide. Elle était bien plus dégourdie et débrouillarde que toi, cette fille-là. Elle t'avais même embrassé, un soir, sans que tu ne t'y attendes et toi, tu avais détalé comme un Sapereau. Quand elle était retombée sur toi, tu lui avais dit que tu ne voulais pas de ça, et tu avais fait en sorte qu'elle n'ait plus la moindre envie de revenir dans ta vie. De ton côté, tu n'avais jamais eu le moindre regret.

D'ailleurs, Ethan … tu ne sais même pas pourquoi tu repenses à tout ça, alors que tu fais signe à Azel de te suivre pour lui montrer le parcours qu'elle doit faire, dans un temps limité, pour l'entraînement du jour.

Tu sais quoi ? Peut-être que c'est Eos, le problème. Cette femme s'approche de toi bien naturellement et surtout, bien trop facilement. Le problème avec elle, c'est que, contrairement aux autres, tu ne parviens absolument pas à t'en éloigner, ou la repousser pour de bon. Tu crains de la blesser, quand tu penses l'avoir fait, tu te sens mal. Quand elle est dans les parages, tes yeux reviennent à elle, toujours. Tu lui cèdes bien trop de terrain, et, tu as parfaitement conscience de ça, mais, tu continues, parce que, quand elle veut t'approcher, ou en apprendre plus, tu te retrouves incapable de lui dire non, et de l'envoyer sur les roses pour conserver ta solitude, et la distance.

Et tu soupires lourdement, en pensant à elle, tu vois. Tu reposes les yeux sur ta Salamèche, et quand elle t'indique qu'elle a enfin compris le parcours après l'avoir fait doucement au moins trois fois maintenant, tu t'éloignes, tu comptes, jusqu'à trois, et puis, tu lances le chrono de ton téléphone, en fixant la Salamèche qui s'élance.

Avec un soupire, te voilà finalement bien décidé à te concentrer sur Azel. Tu dois arrêter de penser, Ethan, parce que, tu ne te rends même pas compte que, c'est ça, qui te remues ces derniers temps. Eos te sors de tes habitudes et de ta routine rassurante, d'une certaine manière, cette femme est effrayante, pour toi, sans même en avoir conscience et toi, tu aurais bien trop honte d'en venir à lui avouer une telle chose. Tu préfères, comme toujours, te taire, et tout garder pour toi. Du coup, tu secoues la tête comme un Couafarel, et lorsque ta Salamèche achève le parcours une première fois, tu coupes le chronomètre. « C'est pas mal, Azel ! Recommence, au moins une fois, essaie de faire encore mieux, et je te donne un biscuit. » Chacun sa technique. Tu connais bien ta Salamèche, elle est gourmande, au point où tu dois vraiment surveiller ce qu'elle ingurgite, parce qu'elle est capable d'avaler deux fois son poids en biscuits. De ce fait, c'est toujours une bonne monnaie d'échange pour un entraînement réussi.

La parcours est simple, tu n'as rien imaginé, tu t'es simplement servi des structures qui se trouvaient déjà dans le parc. Arbres, bancs, jeux, tout y passe, et tu fais en sorte que ton Pokémon ait à sauter, ramper, courir, et jouer sur l'équilibre pour l'entraîner à différents niveaux. Généralement, tu n'as pas trop de mal à le faire avec Azel, elle est du genre relativement sportive, tout l'inverse de Leigh, par exemple. En y pensant, tu devras sans doute avoir une approche bien différente, avec le Bulbizarre, qui, tu t'en doutes, ne parviendra jamais à faire le même parcours, ou qui s'arrêtera tout simplement en plein milieu par flemme de continuer.

La Salamèche, elle, y met de la bonne volonté, et ça se voit. Voilà plusieurs fois qu'elle le fait, et cette fois, elle file, elle exécute chaque mouvement, avec une rapidité et une agilité qui font plaisir à voir et quand elle retombe sur la ligne d'arrivée, elle semble une fois encore bien fière d'elle.

« Y'a du mieux ! » Que tu t'exclames, alors que ta Salamèche reviens tranquillement vers toi. Elle sait bien que tu n'as qu'une parole, et que, par conséquent, maintenant qu'elle a travaillé, tu vas lui offrir sa récompense. Tu ne mets du coup pas bien longtemps à ranger ce qui te sers de chrono dans ta poche, avant de t'approcher d'un banc, sur lequel ton Pokémon se hisse pour s'y asseoir. Toi, tu sors les friandises de ton sac, et tu viens lui en mettre une entre les pattes, avant de t'asseoir à côté d'elle, en soupirant.

Pendant un moment, tu ne dis rien, tu laisses Azel manger tranquillement, profiter des friandises qu'elle a, et c'est seulement quand elle en termine, qu'elle bouge, que tu réagis, et que tu reposes les yeux sur elle, pour lui offrir un sourire encourageant. « Tu veux réessayer le Flammèche ? » Une première attaque de type feu qu'Azel maîtrise, oui, mais qu'elle ne parvient pas à lancer avec précision, encore. Il lui faut de l'entrainement, et tu te dis que, tant qu'à faire, autant le faire près du petit point d'eau du parc pour éviter les incidents.

Tu prends le temps, tu lui expliques les choses, tu lui donnes des conseils, des indications, et ce que tu admires le plus, chez ce Pokémon, tu vois, c'est qu'elle t'écoutes toujours avec une grande attention, avant d'agir. Et c'est ce qu'elle fait, elle te laisse finir, elle te laisse t'éloigner, et puis, seulement, elle se concentre pour viser la grosse pierre que tu lui a désignée comme cible. C'est un peu laborieux, et tu sais qu'elle craint probablement encore de rater son coup, mais tu l'encourages, d'un regard, avant de lui faire signe de se lancer pour de bon.

Son attaque, comme souvent, est impressionnante pour un Pokémon de son niveau, et surtout, aussi jeune. Malheureusement, les flammèches s'éparpillent bien trop à ton goût. Il y a du mieux, c'est un fait, mais ça manque encore cruellement de précision, du coup, tu lui fais signe immédiatement de recommencer, avant qu'elle ne commence à se décourager, d'elle-même, et qu'elle ne choisisse de passer à autre chose.

Tu l'encourages. Oui. Certains diraient en fait que tu la pousses, et pour aller plus loin, les autres diraient sûrement que tu la pousses bien trop. Tu n'as jamais été dur avec tes Pokémon, tu ne l'es avec aucun d'entre eux, tu ne l'as pas été avec ton Typhlosion, en revanche, oui, tu as sans doute un certain niveau d'exigence, c'est un fait. Pourtant, tu ne vas jamais trop loin. L'entraînement ne doit pas être une corvée, pour eux, et quand tu constates que tes petites créatures fatiguent, tu t'arranges toujours pour leur accorder le repos nécessaire. Là, tu vois bien qu'Azel est dans une certaine souffrance. Non pas qu'elle est fatiguée, plus qu'elle semble se frustrer elle-même face à ses petits échecs.

« Tu peux t'arrêter, Azel. » Et pourtant, malgré ça, elle continue, s'acharne, et tu soupires. Si tu la laisses faire, du moins, tu la laisses faire durant plusieurs minutes. Jusqu'à ce qu'un cri résonne. Un cri qui te fais sursauter, alors qu'un Snubbull, visiblement très en colère sort d'un petit buisson en soufflant sur son derrière tant bien que mal, avant de se mettre à enguirlander Azel sur un ton … très agressif, pour une si petite bestiole rose.

Si au départ, tu ne dis rien, laissant le Pokémon sauvage s'agacer, alors qu'Azel semble se défendre pacifiquement en tentant sans doute de s'expliquer ou de s'excuser. Le truc, c'est que, ça dérape, vois-tu, le Snubbull, subitement, se lance en avant, droit sur ta Salamèche, tu as heureusement le temps de lui dire de se bouger pour l'éviter, ensuite, tu n'as pas le choix, tu sais que tu vas devoir lui donner une leçon, et ça tombe bien, parce que, c'est l'occasion de laisser Azel se battre pour de vrai.

« Essaie ta Flammèche sur lui ! » Que tu lances. Et elle hésite, oui. Mais ça ne dure que quelques secondes avant qu'elle ne lance son attaque. Et pour le coup, Ethan, c'est une sacrément belle attaque. Puissante. Bien exécutée. Et surtout, plus précise que toutes celles qu'elle a pu lancer jusqu'à présent. « Bien joué, ma grande ! » Elle revient vers toi, les yeux brillants de fierté, tandis que le Pokémon sauvage, lui, à déjà disparu.

« Fait une pause, Azel. » C’est un ordre, sans en être un. Tu ne veux vraiment pas y aller trop fort, peut-être que tu la sous-estime, d’ailleurs, parce qu’au fond, tu es persuadé que ta petite Salamèche peut y arriver. Elle grandit bien vite. Tu as l’impression de l’avoir toujours eu avec toi, c’est comme si elle avait toujours fait partie de ta vie, alors, qu’en réalité, ça ne fait pas si longtemps que ça, quand on y pense. C’est un bébé, Azel. Ou alors, encore une fois, ce n’est que toi qui la voit comme ça.

Toujours est-il que pour cette fois, elle t’obéit, elle vient de nouveau sagement s’asseoir sur le banc sur lequel vous étiez installés tout à l’heure, et cette fois, tu l’observes, un moment. Tu fais bien, tiens, de ne garder qu’elle pour un moment au moins, tu te dis que ça doit lui faire du bien, parce que, si la Salamèche est sociable, elle a aussi été habituée à ne vivre qu’avec toi, et depuis un moment, tu lui imposes maladroitement d’autres compagnons. Vous aviez probablement besoin de vous retrouver tous les deux, juste une après-midi, quelques heures, c’est tout.