J'ai peur. J'vais pas le cacher, je suis tétanisé. Je pensais pouvoir compter sur Titania pour me protéger ou au moins me rassurer en entrant dans les Grottes Charbi. Mais non, elle a senti ma peur, et dégoûtée de toutes ces émotions fortes, elle a décidé qu'elle voulait rester dans la pokéball, me laissant alors seul avec mon sac à dos et ma lampe torche dans un endroit sombre. C'était la première fois que je m'aventurais à la recherche de pokémons. J'avais été trop occupé à aménager ma pension mais aussi mon élevage afin que tous les futurs pokémons y résidant soient le plus heureux possible. J'avais acheté une maison construite autour d'un grand arbre, montant presque jusqu'à sa cime. Je n'avais donc pas eu le temps de partir à la capture de pokémons. Mais aujourd'hui, je pouvais enfin le faire. Quoi de mieux pour commencer que par la zone la plus proche géographiquement ? Les Grottes Charbi.

- N'aie pas peur, c'est juste des pokémons qui font leur vie.

Je me parle à moi même pour me rassurer en avançant à petit pas dans l'obscurité. Pourtant c'est bien une voix que j'entends, non ? La voix d'un homme au fond de la grotte ? Peut-être est-ce un dresseur comme moi ... Certainement pas un psychopathe comme dans le film que Donna et Inezia ont voulu regarder la semaine dernière et m'a donné plein de cauchemars ...

- Un deux trois, nous irons chez moi. Quatre, cinq, six, manger des saucisses. Sept, huit, neuf, va t'faire cuire un œuf. Dix, onze, douze, j'vais faire des jalouses ...

Je commence à chanter pour signaler ma présence mais aussi essayer de me calmer. Mais bon, j'vais pas mentir, ça fonctionne absolument pas du tout.

Ça faisait plusieurs mois que Judicaël travaillait dur sur sa pièce de théâtre. Maintenant qu’il avait trouvé un mécène, il fallait qu’il montre à cette personne que son argent était bien investi. Judicaël avait passé beaucoup de temps à écrire et réécrire, sortant peu de chez lui, si bien qu’il n’avait pas encore pris le temps d’explorer un peu la région. À force de travailler si dur, l’inspiration commençait à se tarir. Il avait besoin de se changer les idées, de faire autre chose. C’était Pamina qui avait trouvé l’idée des grottes Charbi. Un soir, elle était venue déposer un flyer sur le bureau de son dresseur et elle s’était mise à répéter en boucle « besoin d’une pause ». Elle avait arrêté qu’après avoir obtenu la promesse que le lendemain, Judicaël et elle quitteraient Halosis pour partir en exploration.

C’était ainsi que Judicaël s’était retrouvé dans les grottes Charbi sans la moindre préparation. Il avait seulement eu la bonne idée de prendre une lampe torche. Il marchait à l’aveuglette dans le dédale de roches suivant les indications que lui donnait le Pijako. Pamina volait dans tous les sens, testant tous les chemins possibles et revenait vers son dresseur pour lui indiquer la voie à suivre. Judicaël souriait amusé. Son Pokémon semblait bien plus s’amuser que lui.

_ Doucement Pamina, je peux pas voler moi. Lança-t-il à l’attention du Pijako qui venait de s’engouffrer dans un nouveau tunnel.

Le Pokémon ne l’écouta pas et revint quelques secondes plus tard se posait sur une stalagmite à moitié détruite. Elle regarda son dresseur avant de se mettre à chanter.

_ Un deux trois, nous irons chez moi. Quatre, cinq, six, manger des saucisses. Sept, huit, neuf, va t'faire cuire un œuf. Dix, onze, douze, j'vais faire des jalouses ...

Judicaël regarda Pamina surpris. Il n’avait jamais dit ça et il n’avait jamais entendu son Pokémon répéter ses mots. Il y avait donc quelqu’un d’autre dans ces grottes. Sa lampe torche en main, il s’engouffra curieux dans le boyau d’où revenait le Pijako.

_ Il y a quelqu’un ? Cria-t-il.

Un bruit effrayant mais que je reconnais se rapproche de moi. Des battements d'ailes. Serait-ce un Nosferapti, un Chovsourir ou bien un Cornèbre ? J'essaye de pointer la lampe torche vers le plafond en espérant trouver la source du bruit, mais le souci c'est qu'en faisant ainsi, je ne vois pas où je marche. D'un pas lourd, je trébuche sur une aspérité rocailleuse, me viandant monumentalement sur le sol dur et humide.

- AÏE ! NOM D'UN ARCEUS ! CA FAIT MAL !

Je crie, mélange de douleur, de surprise et de peur. En me relevant, une douleur fulgurante me prend la paume de la main droite et mon genou gauche. En regardant avec la lampe torche, je vois que j'ai troué mon jeans et qu'une égratignure s'est formée sur la peau de mon genou. Je ne saigne pas, même si c'est rouge, le jeans à bien amorti la chute. Quant à ma main, j'ai une éraflure, une petite coupure qui barre la paume. Aucune trace de sang, mais elle pique. Comme si on avait baigné ma blessure dans de l'alcool à 90°. Soudain, j'entends une voix. Elle a l'air normale. Mieux, elle a l'air familière. Je me redresse et me dirige vers la source de la voix dans un tunnel plus large et dont le plafond est très haut.

- Allô ? Qui c'est ?

J'suis con, je fais comme si j'étais au téléphone, mais la peur et l'adrénaline me font dire des choses stupides. En m'avançant, je distingue une silhouette dans le faisceau de ma lampe. Et je le vois. Judicaël. Instantanément, je crois rêver, alors je me pince la joue de ma main non douloureuse.

- Jude ? JUUUUUUUUUUUUUUUUDE !

Je pousse un cri de joie avant de sprinter - oubliant que je viens de tomber magistralement - puis je saute sur lui comme un Dodoala s'accroche à sa bûche. Je le serre si fort dans mes bras que j'en tremble de joie.

- Qu'est-ce que tu fais là ? T'es réel ? C'est pas une blague ?

Judicaël progressait dans le tunnel, mû par la curiosité quand soudain, il entendit un cri de douleur. Il accéléra alors le pas, inquiet. Les grottes Charbi étaient peut-être un lieu où les Pokémons étaient paisibles, mais ça restait des dédales de roches avec tous les dangers qui allaient avec. Une mauvaise chute était vite arrivée.

_ Papima, va voir ! Ordonna le dramaturge.

Ce ne fut pas le cri de son Pokémon qui lui répondit, mais une voix humaine, celle d’un jeune homme. Judicaël accéléra un peu plus le pas avant d’être pris dans le faisceau de lumière d’une lampe torche. Il fut légèrement aveuglé et ne vit qu’une silhouette s’approcher de lui. Néanmoins, le cri qui raisonna dans la grotte était reconnaissable entre mille : Jaeden. Avant que Judicaël n’ait le temps de dire quoi que ce soit, il sentit son vieil ami sauter sur lui et s’accrocher. Par réflexe, le plus vieux passa ses mains sous les cuisses de Jaeden pour le soutenir, mais il ne put s’empêcher de reculer de quelques pas, emporté par l’élan et le poids de son ami.

_ Doucement. Commença-t-il en riant.

Son regard se plongea dans celui de Jaeden et lui sourit avec tendresse. Les deux hommes ne s’étaient pas vus depuis un moment, mais Judicaël n’avait pas oublié son ami et la tendresse qu’il ressentait pour lui, pour la naïveté et l’innocence ainsi que l’énergie sans limite de Jaeden.

_ Oui, je suis réel. Je suis bien là. Pour une surprise, c’est une surprise, mais je suis heureux de te voir. Dit-il avant de déposer un doux baiser sur les lèvres de son ami.

Judicaël avait toujours été comme ça, offrant des baisers à ses amis qui comptaient pour lui et avec qui il avait franchi le pas de coucher ensemble. Jaeden faisait partie de ceux-là et même après tout ce temps, ça semblait normal pour le dramaturge.

Ses mains se desserrèrent et laissèrent le plus jeune regagner le plancher des Ecremeuh, mais il garda Jaeden contre lui, ayant lui aussi du mal à croire que tout ça était bien réel.

_ Quelqu’un m’a proposé de financer une de mes pièces de théâtre ici à Lathea. Et toi ? Qu’est-ce qui t’amène ici ?

Il a la même odeur qu'avant. En restant serré contre lui, le visage enfoui au creux de son cou, je retrouve une odeur agréable et familière qui m'a apporté tant de réconfort. Il était ma première fois. Le premier homme avec lequel j'avais échangé un baiser, tenu la main, serré tendrement dans mes bras et avais partagé une nuit torride avec lui. Il avait une place très spéciale dans mon cœur et le voir à Lathea après lui avoir dit au revoir l'an dernier, ça me comble de joie. Je ne lui avais pas dit où j'étais parce qu'en partant, je ne savais pas moi même où j'allais aller. On s'est beaucoup envoyé de mails pour dire comment tout allait bien, mais depuis mon arrivée à Lucinel j'étais plus préoccupé par mon élevage et ma pension à gérer.

- Tu sens toujours aussi bon ... Tu es toujours aussi beau ...

Il me dépose au sol après m'avoir embrassé avec tendresse. Je reste contre lui avec un sourire béat, les yeux brillant de surprise. Je n'arrive pas à desserrer mon étreinte autour de son cou, même si je dois rester sur la pointe des pieds tellement il est grand.

- Oh mais c'est super ça ! J'veux trop voir ta pièce !

Je suis ravi pour lui et je n'ai qu'une hâte, voir le talent qu'il a affûté d'avantage depuis mon départ.

- Moi bah ... Je suis avec les Sirènes encore ... Pas les mêmes, un autre groupe avec des championnes d'autres régions ! J'ai ouvert un élevage et une pension à Lucinel, pas loin de la grotte en plus, tu viendras chez moi ma maison est dans un grand arbre juste à côté de la pension c'est trop beau ! Et y a plein de chambre, tu peux y dormir quand tu veux, tu seras le bienvenue ! Même si tu peux dormir dans mon lit avec moi si tu préfères !

Je m'emballe, je n'arrive pas à organiser mes pensées de manière efficace. Alors pour me calmer, je l'embrasse langoureusement en poussant un grand soupir de soulagement. Quand je romps le baiser, j'arrive à être plus organisé dans mes phrases.

- Je viens tout juste de m'installer ici ces trois dernières semaines. Je commence aujourd'hui à remplir mon élevage, je voulais visiter ces grottes pour capturer des pokémons de Galar. J'ai visité cette région pendant six mois et j'ai adoré ! Je veux que mon élevage soit un hommage à cette région ! Puis les sirènes restent parfois chez moi, c'est un peu la base des opérations. Moi j'm'occupe du reste au bercail pendant qu'elles arpentent Lathea.

Je m'éloigne de lui mais à défaut de me serrer contre son corps chaud, je garde ma main dans la sienne.

- Tu vis où ? Tu comptes rester longtemps à Lathea ? J'aimerais bien qu'on se fasse des petits voyages tous les deux comme avant ... Je pourrais facilement embaucher un employé à ma pension pour s'occuper des pokémons le temps que je prenne des congés pour voyager. Après tout, j'dois capturer plein de pokémons pour agrandir l'élevage !

Après cette séparation, tout semblait redevenir comme avant. Les deux hommes se retrouvaient dans les bras l’un de l’autre sans que ça ne soit bizarre, c’était simplement naturel. Jaeden n’était pas qu’un simple ami et amant pour Judicaël. Le plus jeune avait choisi le dramaturge pour lui faire découvrir le plaisir entre hommes, ce n’était pas rien. Jaeden avait le don de donner le sourire à Judicaël à chaque fois qu’il croisait sa route. La culpabilité qui rongeait le dramaturge était oubliée afin de profiter pleinement du moment présent. Jaeden était unique, un véritable soleil. Le plus vieux se rendait compte de la chance qu’il avait de le connaître et encore plus de l’avoir retrouvé ici à Lathea.

Un léger rire s’échappa des lèvres de Judicaël en entendant les mots de son ami. Sa main vint doucement caresser les cheveux de Jaeden.

_ Toi aussi, tu n’as pas changé.

Les retrouvailles entre les deux hommes étaient intenses, mais  ça ne faisait pas un an qu’ils ne s’étaient vus en personne la dernière fois. Mais ni Judicaël, ni Jaeden ne voulait rompre cette étreinte, restant l’un contre l’autre. Tout ça avait manqué au dramaturge. Le contact humain lui avait manqué. Il s’était plongé à deux cent pour cent dans la rédaction de sa pièce et n’était pas beaucoup sorti. Puis, bien sûr Jaeden lui avait manqué.

_ Je te la montrais en avant-première, promis. Je peux même te trouver un rôle dedans si tu veux.

Judicaël écouta en souriant, les yeux rieurs, les explications de Jaeden qui s’emballait de plus en plus. De ce qu’il comprit, le plus jeune vivait à Lucinel avec un nouveau groupe de personnes et s’était lancé dans l’élevage et le dramaturge était le bienvenu chez lui. Le reste était un peu compliqué à suivre, Jaeden allait à toute vitesse. Soudain, les lèvres des deux hommes se retrouvèrent une nouvelle fois. Judicaël répondit au baiser sans hésiter, caressant doucement le dos de son ami.

_ Et ben, on dirait que tu as de quoi t’occuper. Galar ? Je n’ai jamais mis les pieds là-bas, je compte sur toi pour tout me raconter.

Jaeden semblait avoir vécu tout un tas de nouvelles aventures. Judicaël allait en avoir des choses à rattraper, mais il le ferait avec plaisir. Qui sait ? Peut-être qu’il trouvera de l’inspiration pour ses pièces dans les histoires de l’éleveur ? Les corps de deux hommes retrouvèrent en partie leur indépendance, mais leurs mains restèrent nouées.

_ J’habite à Halosis maintenant. Et rassure-toi, je ne compte pas partir de Lathea. J’ai du travail et j’ai retrouvé un ami. Alors, pourquoi est-ce que je m’en irais ?

Ce fut ce moment-là que Pamina décida de s’incruster dans la conversation. Elle n’avait pas manqué les mots de Jaeden et sa proposition de voyage. Elle se mit à voler autour de la tête de l’éleveur en criant.

_ Judicaël ! Besoin d’une pause ! Besoin d’une pause ! Judicaël ! Besoin d’une pause !

Le dramaturge éclata de rire, sa voix raisonna dans la grotte comme un écho. Il fit un geste à son Pokémon qui vint se poser sur son épaule. De son perchoir, Pamina lança des regards entendus à son dresseur.

_ Tu l’as écouté, faut que je travaille un peu moins dur et prenne le temps de faire une pause. Depuis que je suis à Lathea, j’ai pas pris le temps de visiter la région. Tu veux bien me servir de guide ? Demanda-t-il en souriant.

Quand Judicaël me propose de jouer dans sa pièce, je ne peux m'empêcher de rire, surpris.

- Tu es fou ? Tu veux que ta pièce ait de mauvaises critiques ?! Je serai ridicule sur scène. J'suis même pas sûr de pouvoir réussir à apprendre un texte par cœur.

Je dénigre mes prouesses théâtrales sans jamais en avoir fait. Pourtant j'ai le coeur d'un artiste. Après tout, je suis peintre, j'ai exposé des toiles dans plusieurs galeries d'art dans diverses régions. Comme Safrania à Kanto, Nénucrique à Hoenn, Volucité à Unys, Illumis à Kalos, et j'en passe. Je suis aussi mélomane - officieusement - puisque je joue du piano depuis que je suis petit et je chante. Ma famille ayant voulu que je sache jouer d'un instrument classique digne d'une famille ayant un haut rang.

- Je te raconterai tout de mes voyages et toi tu me raconteras tout ce que tu as vécu depuis qu'on s'est dit au revoir ! Tu peux dormir chez moi ce soir, tu peux même rester quelques jours, hein ? Comme ça, on rattrape le temps perdu et je peux profiter de toi ! En plus les filles sont pas et j'ai pas encore de pokémons dans mon élevage, donc je suis libre comme l'air. Libre de me focaliser sur toi !

Je lui explique, espérant sincèrement qu'il accepte de passer quelques jours avec moi en souvenir du bon vieux temps. Halosis, c'est pas très loin, non ? Il me semble que Lucinel et Halosis sont simplement séparés par la Forêt aux Murmures. Je crois, je suis encore nouveau par ici alors c'est difficile à dire. Les phrases de son Pijako me font rire, Jude n'a pas changé, toujours trop sérieux dans son travail apparemment.

- Bah ... moi non plus j'connais pas grand chose de la région. Mais si tu restes quelques jours avec moi on peut aller se promener ensemble ... comme des amoureux. Comme quand on s'est rencontré et que tu m'tenais la main quand on partait chercher des pokémons sauvages.

Je rougis un peu, j'espère que vu l'obscurité, ça se voit pas.

_ Mais non, je suis sûr qu’avec un peu d’entraînement tu pourrais faire des prouesses. Dit Judicaël avec un sourire bienveillant.

Jaeden était un garçon débrouillard et plein de bonnes volontés, le dramaturge ne doutait pas lui ni de ses compétences. La première impression que lassait le jeune homme était peut-être celle de quelqu’un un peu naïf et maladroit, mais lorsque l’on apprenait à le connaître, on se rendait compte qu’il se donnait du mal pour réussir ses projets.

L’énergie et la bonne humeur de l’éleveur était contagieuse et l’envie de rattraper en quelque sort le temps perdu était bien présente chez Judicaël. Alors, le dramaturge alla ébouriffer les cheveux de son ami en souriant.

_ J’accepte l’invitation avec plaisir et j’espère bien que j’aurai toute ton attention, parce que je compte bien ne pas te lâcher. Plaisanta-t-il.

C’était étrange, Judicaël avait beau être un habitué de la solitude, c’était même un choix de vie. Pourtant, Jaeden était l’une des rares personnes avec qui le dramaturge pouvait passer du temps sans jamais avoir envie de se retrouver seul. L’éleveur lui avait sincèrement manqué. Savoir que son ami était dans la même région que lui et habitait dans la ville voisine le rendait sincèrement heureux. Judicaël n’avait pas besoin d’excuses pour passer de temps avec Jaeden, mais Pamina ne se gêna pas pour lui en offrir une.

_ On explora ensemble, ça ne sera que plus amusant. Comme deux dresseurs qui se lance à la conquête des arènes. Si cette fois-ci, on peut éviter de se prendre la pluie, ça serait pas mal. Ajouta-t-il en riant.

Il ne remarqua pas les rougeurs sur les joues de Jaeden, mais il ne manqua pas les mots « comme des amoureux », mais il ne dit rien, parce que simplement il ne savait pas quoi dire. Il garda néanmoins sa main dans celle de Jaeden.

_ Et si on commençait par explorer un peu ces grottes ? À ton avis, tu crois qu’il y a un quelque chose de caché au fond ? Un Pokémon légendaire ? Un trésor ? Ou un monstre ? Taquina-t-il.

Les deux hommes continuèrent leur exploration du dédale de pierre. Le couloir se faisait de plus en plus petit, obligeant Judicaël  et Jaeden à se coller l’un contre l’autre. Pamina, elle n’avait pas de difficulté à voler à travers les stalagmites. Mais soudain, le tunnel s’élargit, débouchant sur un boyau de l’ancienne mine. Des poutres de bois encadraient les murs et des pioches brisées couvraient le sol par endroit.

_ Regarde, on dirait qu’on a trouvé une ancienne mine.

Il a beau insister sur ma participation dans sa pièce mais je refuse catégoriquement. Je préférerai mille fois être un spectateur qui observe le spectacle avec de grands yeux ébahis qu'un acteur amateur tremblotant qui ruine la performance importante pour son ami et amant.

- Ah oui ? Tant mieux alors, ne me lâche pas ! Je veux qu'on rattrape le temps perdu aussi vite que possible !

Le simple fait de savoir qu'il va passer la nuit chez moi, voire même quelques jours, m'enchante au plus haut point. Je ris quand il parle de la pluie. Il faut dire que c'était grâce à cette pluie qu'il était devenu mon premier amant. Il a été ma première fois, c'était à la fois beau et romantique. En vrai, on aurait dit un film à l'eau de Rosélia. Les deux hommes trempés par la pluie qui finissent pas trouver une petite cabane en forêt. Perdus, seuls au monde, ils se réchauffent devant le feu de cheminée dans le petit cabanon de secours, faisant sécher leurs vêtements. Ils sont tous les deux presque nus et les choses dérapent. Je suis sûr qu'on peut trouver un film avec la même scène dans le pokécinéma unysien.

- Moi je dis pas non à la pluie si on finit par rester ensemble et enlever nos vêtements !

Je dis ça avec un brin de malice dans la voix et un sourire mi gêné, mi amusé.

- Des pokémons intéressants à capturer ce serait déjà intéressant ! Je veux agrandir mon élevage. Ce sont les Grottes Charbi alors j'aurais aimé en trouver deux, un mâle et une femelle !

Je lui réponds alors qu'on commence à avancer dans les tunnels. Je reste contre Jude, lui tenant fermement la main. On finit par déboucher sur une ancienne mine avec un rail qui s'enfonce dans l'obscurité.

- Tu veux qu'on suive le chemin de rails ? Peut-être que ça débouchera sur un endroit plus grand ? Ou alors il y aura des pierres évolutives, ou même des fossiles, ce serait bien !

C'est sous terre, qu'on trouve des fossiles et des pierres évolutives, non ? Même si ils ne me seront d'aucune utilité, je pourrais peut-être les revendre pour faire encore plus d'économies pour mon élevage Bordeciel.

Le dramaturge sourit devant la joie de son ami lorsqu’il avait annoncé vouloir rattraper le temps perdu. Judicaël ne le montrait peut-être pas autant que Jaeden, mais lui aussi avait hâte de passer du temps avec cet homme qu’il avait rencontré un peu par hasard  et qui en plus d’être un amant était surtout un véritable ami, un des rares que Judicaël comptait. Jaeden s’imposait sans difficulté auprès du dramaturge pour briser sa solitude, c’était naturel qu’il soit là.

_ Pas besoin de pluie pour que je reste avec toi ou pour que je t’enlève tes vêtements. Rétorqua Judicaël avec un clin d’œil.

Ses lèvres vinrent chercher celles de Jaeden pour un doux baiser. Le dramaturge était du genre à embrasser sans honte ses amis et amants, alors avec quelqu’un comme l’éleveur qu’il appréciait et qu’il n’avait pas vu depuis longtemps, il risquait de se montrer encore plus tactile. Ca semblait aller à Jaeden autant qu’à Judicaël, vu qu’aucun des deux ne lâchait la main de l’autre.

Le dramaturge écouta ce que le plus jeune attendait de cette visite dans les grottes Charbi. Apparemment, Jaeden cherchait des Pokémons pour son élevage. Judicaël se gratta un peu la tête gêné avant de répondre.

_ Je t’avoue que j’ai pas la moindre idée d’à quoi ressemble un Charby. Je compte sur toi pour m’apprendre, mais rassure-toi, je vais ouvrir l’œil et je garde le deuxième sur toi.

En continuant leur progression dans les tunnels, les deux hommes finirent par découvrir par ce qui devait être une ancienne mine. Il était impossible de savoir jusqu’où les galeries allaient, mais c’était aussi ce qui rendait l’exploration intéressante.

_ Ça me va, suivons les rails. Mais attention, peut-être que tout ça sera gardé par un immense Dracaufeu protégeant son trésor. Je compte sur toi pour être mon preux chevalier. Taquina Judicaël avec un sourire en coin.

Jaeden avait raison, c’était dans les profondeurs de la terre que l’on pouvait trouver des choses intéressantes. Puis, les deux hommes n’allaient pas se perdre. La mine semblait seulement continuer dans une seule direction. Au moment de rentrer, il suffirait de faire demi-tour pour retrouver son chemin. Enfin, c’était la théorie.

Pamina s’envola devant avant de revenir en criant, une petite boule de lumière lui courait après.

_ Au feu ! Au feu ! Cria-t-elle.

Le Pijako vint se poser sur la tête de Jaeden, lançant des regards noirs dans la direction de la source de la lumière. Quelques secondes plus tard, un petit Magby sauvage apparut, éternuant des petits flammèches. Il regarda le petit groupe sans trop comprendre avant d’éternuer avec force, crachant une flamme qui éclaira les parois de la grotte. Pamina s’envola de nouveau en criant, même si le feu était bien loin d’elle.

_ Au feu ! Au feu !

Judicaël soupira avant d’éclater de rire. Il tourna ensuite la tête vers Jaeden.

_ On dirait que même un Pokémon feu peut attraper un rhume et réussir à faire peur à un Pijako aussi fier que Pamina.

Il s’accroupit ensuite pour se mettre au niveau du Magby. Il tira légèrement sur le bras de l’éleveur pour que celui-ci en fasse de même.

_ C’est toi l’éleveur, tu crois qu’il faut qu’on l’aide ou son rhume va passer tout seul ?

L’obscurité des grottes ne perdait pas à Judicaël de voir les joues de Jaeden rosirent, mais il devinait sans mal l’effet que ses paroles ou que ses gestes pouvaient avoir sur son ami. Alors quand l’éleveur se mit à se la jouer charmeur, un rire amusé s’échappa des lèvres de dramaturge.

_ J’ai hâte que tu commences alors. Taquina-t-il.

Se retrouver seul dans une chambre avec Jaeden faisait partie des choses que le dramaturge avait hâte, mais quand il disait vouloir rattraper le temps perdu, c’était aussi connaître les dernières aventures de son ami, ses nouvelles rencontres. Il était véritablement curieux de connaître comment l’éleveur avait évolué durant ce temps où les deux hommes n’avaient pas eu plus d’échanges autres que de simples lettres.

La première aventure de retrouvailles de Judicaël et de Jaeden fut ponctuée d’un appel au feu de la part de Pamina, ce qui arracha un fou rire au dramaturge en découvrant qu’il ne s’agissait que d’un petit Magby. Judicaël s’accroupit et invita Jaeden à faire de même en lui demandant ce qu’il était possible de faire pour aider le petit Pokémon enrhumé.

_ Tu es peut-être expert dans les Pokémons de Galar, mais tu m’impressionnes à savoir quand même toutes ces choses sur Magby. Une vraie petite encyclopédie, enfin en bien plus sexy.

Le Magby sauvage attrapa la baie que lui tendit Jaeden et la dévora visiblement heureux. Le Pokémon feu poursuivit ensuite son chemin, crachant de temps en temps des flammes. Pamina, elle faisait bien attention à rester le plus loin possible du Magby.

Les doigts des deux hommes s’entremêlèrent de nouveau. Aux questions de Jaeden, Judicaël tourna la tête vers son ami et amant en souriant. C’était vrai que c’était un peu étrange de se retrouver après tout ce temps et de faire comme si de rien n’était, mais ça avait semblé si naturel pour le dramaturge qu’il n’avait pas réfléchi.

_ Je ne sais pas. Je suis heureux de t’avoir retrouvé, puis ça me semblait normal de se comporter ainsi avec toi. On s’est pas vus depuis longtemps, mais j’ai pas eu l’impression que notre amitié était devenue moins forte.

Il attira ensuite Jaeden contre lui pour l’embrasser langoureusement, nouant ses mains autour des hanches de l’éleveur. Puis, il plongea son regard dans celui du plus jeune.

_ Moi aussi, j’ai envie de toi. Je me laisserai volontiers enlever chez toi dès qu’on saura sorti de cette grotte. Murmura-t-il à l’oreille de Jaeden avant se séparer du jeune homme.

Sa main se noua de nouveau dans celle de l’éleveur et l’entraîna non sans une certaine hâte un peu plus dans les galeries des mines.

_ Profitons à fond de cette nouvelle aventure ensemble, comme ça après on aura bien mérité de passer le weekend dans le lit.