On raconte qu'au début des temps, à Lathea, il n'y avait que la vie. Pas de mort, pas de maladie, rien que des Pokémon qui vivaient éternellement dans cette région verdoyante et paisible, sous l'ombre protectrice de promontoires montagneux qui s'érigeaient comme une muraille infranchissable, Gardienne infaillible d'un monde préservé du malheur et de la misère. Là-bas, nul n'avait besoin de tuer pour survivre : la flore inondait toutes les créatures qu'elle abritait de la profusion de ses richesses, et l'harmonie parfaite régnait parmi ces êtres qui ne connaissaient ni la faim, ni l’envie.

Les années s'écoulèrent, puis les décennies, et les Pokémon immortels devinrent de plus en plus nombreux. Insouciants, ils répondaient à leurs instincts naturels sans se douter un seul instant que la terre qui les accueillait ne pouvait assouvir les besoins de leur population sans cesse grandissante. Une famine progressive s'installa peu à peu, et amena dans son triste sillage les premiers conflits que connurent les habitants de Lathea. Désespérées, les bêtes se jetèrent à la gorge les unes des autres pour l'appropriation des derniers territoires encore fertiles ; elles luttèrent, elles blessèrent, elles abandonnèrent, mais pourtant elles restèrent incapables de mourir. Condamnés à agoniser pour l'éternité, souffrant mille morts des plaies béantes ouvertes sur leur ventre impitoyablement vide, les Pokémon ne pouvaient que supporter l'insupportable, sans jamais recevoir la grâce de l'ultime repos.

On raconte que c’est l’incessante litanie de leurs plaintes qui réveilla le coeur du second Gardien, faisant jaillir des montagnes centrales de la région un flot de magma et d’immenses colonnes de fumée qui se déversèrent sur l’ensemble de l’île.
Lorsque les volcans cessèrent leur minutieux travail de destruction, il ne restait plus du territoire verdoyant qu’une interminable étendue calcinée. Tous les gémissements des Pokémon agonisants s’étaient éteints, et pour la première fois à Lathea, on n’entendait plus d’autre son que celui du vent venu des Promontoires, semblant porter avec lui l’écho étrange du chant le plus triste jamais entendu.

Les siècles passant, la terre fertilisée par la lave qui l’avait ravagée retrouva son manteau de verdure. Pourtant, sans Pokémon pour l’habiter, la région ne pouvait prospérer et on raconte que c’est face à ce constat que les Gardiens trouvèrent un accord : il fallait peupler à nouveau la région, mais il était impensable de laisser la tragédie se répéter.
C’est ainsi qu’un nouveau chant s’éleva depuis Lathea, joignant la voix des Volcans à celle des Promontoires. La mélodie de leur appel résonna aux quatre coins du monde, atteignant toutes les régions et implorant les Pokémon d’investir leur terre pour lui redonner vie. Certains répondirent, d’autres pas, mais ce qui est sûr, c’est que la soudaine convergence des Pokémon sauvages vers cette île encore inconnue intrigua les humains, qui suivirent le mouvement, emportant souvent avec eux des bateaux entiers de Pokémon terrestres attendant sur les berges de trouver un moyen de traverser la mer.

Les humains ne se sont installés que tardivement à Lathea, n’explorant tout d’abord la région que par curiosité. L’endroit attira en premier lieu les scientifiques désireux de comprendre l’étrange phénomène qui poussait certains Pokémon sauvages à vouloir à tout prix rejoindre cette contrée inconnue. Ensuite, les dresseurs les plus courageux se risquèrent à l’arpenter, attirés par l’incroyable diversité des espèces de Pokémon qui s’y étaient établies. Peu à peu, les campements provisoires de ces explorateurs se changèrent en villages, puis en villes à mesure que les séjours des visiteurs s’allongeaient, jusqu’à ce que certains s’établissent pour de bon en cette région certes sauvage, mais magnifique et pleine de mystères.
On suppose aujourd’hui que ce sont ces humains qui, apportant leurs croyances avec eux, ont construit la tour Rayquaza et sculpté les immenses statues de Pokémon légendaires qu’on peut encore trouver dans les zones les plus hautes des volcans.
Les villes s’établirent et s’étendirent peu à peu aux quatre coins de la région, s’organisant autour de la capitale, située en plein milieu de l’île : Myrtha.

Myrtha était, à bien des égards, un véritable paradis sur terre. A l’instar de la bien connue Ryme City dans une autre région du globe, humains et Pokémon y vivaient en harmonie. Les combats y étaient interdits, ainsi que l’usage des balls de capture. Tout dans cette ville était pensé pour permettre à chacun d’évoluer sans difficulté, de la taille des trottoirs aux entrées des bâtiments, en passant par les tables et cartes des restaurants.
Cette organisation s’était mise en place peu à peu, les lois qui la permettaient ayant été instaurées progressivement par les maires successifs de la ville, poursuivant tous le même objectif d’harmonie entre les Pokémon et les humains. Hasard ou pas, les maires en questions étaient presque tous des membres de la famille Weaver, connus notamment pour être les fondateurs de l’association Pokélovers. Leur idéologie tendait à gagner d’autres villes de la région, mais tout le monde ne la partageait pas, loin s’en fallait.
Ronald Weaver était le maire en mandat lors du Cataclysme survenu dix ans avant aujourd’hui. Personne ne sait ce qui se passa exactement ce jour-là : les rescapés perdirent tout souvenir de l’événement pour une raison encore inconnue à ce jour, et ceux qui avaient vu la catastrophe de loin ne parlent que d’un immense trait lumineux blanc, puis d’un autre, rouge, fondant tous deux sur la ville au coeur de la nuit. Ensuite, des explosions assourdissantes retentirent à des kilomètres à la ronde, tandis que des flammes surnaturelles dévoraient bâtiments et habitants de toutes espèces. En seulement quelques minutes, il ne restait de la ville qu’un champ de ruines. Aucun de ceux qui n’avaient pas eu le temps de s’enfuir ne survécut.
Beaucoup de théories virent le jour depuis, mais aucune ne fut jamais vérifiée. A ce jour, l’association Pokélovers clame haut et fort que le Système Gaïa, nouveau dirigeant de la région, a orchestré ce Cataclysme pour déstabiliser le gouvernement en place et prendre le pouvoir mais, faute de preuves, ils ne sont pas vraiment pris au sérieux.

Depuis que les humains ont fait de cette région la leur, le système politique est presque toujours resté le même et a, jusqu’à récemment, fonctionné paisiblement. Chaque ville est dirigée par un maire, et le dirigeant de la région est tout simplement le maire de la capitale. Chaque maire est élu par les habitants de sa ville - pour voter, il suffit d’attester d’une résidence dans la ville. Durant de nombreuses décennies, les quelques divergences et mésententes qui ont pu exister entre les maires n’ont pas vraiment posé problème, chacun tolérant la présence de l’autre tant qu’il ne cherchait pas à empiéter sur les affaires d’une autre ville que la sienne.


Affectueusement - ou pas - surnommé le Régime Weaver, l’organisation dont nous parlerons ici a été en vigueur durant, à peu près, les cent dernières années. Tout s’est pourtant brutalement arrêté après le Cataclysme de Myrtha, dix ans auparavant.
Ce régime s’est distingué des autres en raison de son idéologie particulièrement progressiste en matière de considération Pokémon. En effet, durant le siècle presque complet qui a vu les dirigeants successifs de Lathea poursuivre le travail des précédents dans l’objectif d’atteindre un but commun, les lois de Myrtha ont changé progressivement pour faire de la ville un espace d’harmonie totale entre humains et Pokémon. De ce fait, le dressage de Pokémon à proprement parler, ainsi que leur élevage, leur utilisation en laboratoire et leur exploitation de manière générale sont devenus illégaux. Les Pokémon étaient considérés comme des individus à part entière, qui ne devaient, en aucun cas, se soumettre à un humain pour quelque raison que ce soit.
Dans l’idéal, son objectif aurait été de faire de tout Lathea un espace de partage et d’harmonie entre les différentes espèces, interdisant donc toute capture de Pokémon, tout combat… ce qui, bien sûr, ne plaisait pas à l’ensemble de la population, attachée aux moeurs séculaires qui construisent l’imaginaire et les rêves de chacun depuis des générations et qui ne constituent, à leurs yeux, en aucun cas une maltraitance infligée aux Pokémon.

L’idéologie profonde du Régime Weaver n’était donc absolument pas partagée par tout le monde ; pourtant, les opposants politiques qui ont osé se présenter ne sont jamais parvenus à rassembler assez de soutien pour gagner quelque élection que ce soit. Et pour cause : en matière de Pokémon, leurs idées étaient controversées, mais la plupart de leurs décisions dans tous les autres domaines étaient largement saluées par l’ensemble de la population. Autant dire que finalement, la grande majorité de ceux qui n’étaient pas d’accord avec cette idée d’harmonie totale ont simplement décidé de vivre ailleurs qu’à Myrtha et de laisser le gouvernement faire ce qu’il voulait dans cette “maudite ville”.

Tout bascula après le Cataclysme de Myrtha : échappé de justesse de la ville, le maire et dirigeant de Lathea fut si désemparé par la catastrophe qu’il s’avéra incapable de gérer la crise qui suivit, tant et si bien que la situation fut prise en main par les industriels basés à Enoville. Ils prirent aussitôt en charge les rescapés, envoyant des équipe de secours pour évacuer les alentours de Myrtha et interdisant l’accès de la zone à qui que ce soit afin d’éviter des morts supplémentaires. Plus tard, voyant que Ronald Weaver ne donnait toujours pas signe de vie, ils engagèrent la construction de Castlerain afin de replacer le plus vite et le plus efficacement possible les familles orphelines et les dispositifs perdus à Myrtha. Finalement, et de manière générale, ils dirigèrent le pays jusqu’aux élections suivantes. Rassemblés sous la bannière d’un unique parti qui se fit appeler Système Gaïa, ils glanèrent largement la majorité des suffrages face à Eddy Weaver, le fils de l’ancien dirigeant.


Farouchement opposés à l’idéologie du Régime Weaver depuis ses débuts, les industriels composant le Système Gaïa mirent en place une dynamique diamétralement opposée à celle de leur prédécesseur, encourageant les habitants de Lathea à donner corps aux traditions en interagissant plus que jamais avec les Pokémon. Les combats d’arène devinrent médiatisés, chacun d’eux était transmis en direct sur une chaîne de télévision qui diffusait, le reste du temps, des reportages sur les plus grands dresseurs de Pokémon de tous les temps ainsi que des films sur les Pokémon légendaires connus ou encore, plus largement, des dessins animés ayant pour objectif clair et net de donner envie aux enfants de devenir dresseurs, éleveurs ou scientifiques - que des métiers en rapport, de près ou de loin, avec le dressage et l’utilisation de Pokémon. C’est dans ce même objectif que, tout récemment le Système mit en place la nouvelle monnaie ainsi que le fameux le système de Notoriété, qui récompensaient chaque citoyen s’impliquant dans son travail avec les Pokémon. Autant de mesures largement contestées par les anciens soutiens au Régime Weaver, lesquels rejetaient en bloc les décisions de ce nouveau gouvernement dont ils ne voulaient pas, et qu’ils n’ont toujours pas renoncé à évincer.
NB : les mesures concrètes prises par le Système Gaïa sont détaillées dans la rubrique Vie quotidienne plus loin dans l’annexe.


Si les sympathisants au Régime Weaver n’ont pas tous continué à le soutenir suite à son échec face au Système Gaïa, certains d’entre eux refusent de s’avouer vaincus et continuent de prôner activement les idées portées par l’ancien gouvernement. Tous ont rejoint l’association Pokélovers, dernier rempart officiel contre la disparition pure et simple de l’idéologie en faveur d’un monde sans exploitation Pokémon quelle qu’elle soit.
L’association ayant perdu sa ville phare, elle a d’abord cherché à s’implanter à Enoville, mais il s’agissait là du cœur même du Système Gaïa et la population locale a repoussé en masse cette idéologie. Résignés, les Pokélovers se sont donc rabattus vers Castlerain, rassemblant leur capital pour racheter le nouveau parc de la ville. Privatisé, celui-ci est supposé observer une législation à part, permettant à ses propriétaires d’interdire la capture de Pokémon dans le parc. Pourtant, face au manque de soutien des forces de l’ordre, ils ont bien dû accepter l’idée que personne ne respecterait leur règlement. Ce constat les a poussés à investir la ville de Lucinel, où ils ont tant bien que mal réussi à implanter leur idéologie. Leur objectif, désormais, est de pousser le maire de la ville à plier face à leurs exigences pour faire de Lucinel la nouvelle Myrtha.

Tout juste mises en place, ces nouvelles cartes de dresseur sont progressivement distribuées à chaque citoyen de Lathea. En raison de la technologie avancée dont disposent ces cartes, elles sont très longues à confectionner et ne sont attribuées qu’au compte-goutte, ce qui ne manque pas de susciter de vives exaspérations de la part de ceux qui n’ont pas encore reçu la leur. Cette carte est obligatoire et absolument nécessaire pour circuler dans la région, faire ses achats dans les différentes boutiques Pokémon et, bien sûr, comptabiliser sa Notoriété.


Ainsi intégré à la Trainer Card, ce dispositif enregistre automatiquement les différentes actions de son possesseur, faisant peu à peu grandir un score qui accorde divers avantages au fil de sa progression.


Suite aux réclamations d’une bonne partie de la population, le Système Gaïa a mis en place une nouvelle monnaie, appelée Crédits Système (CS), visant à rendre plus équitables les chances de chacun face à la course à la Notoriété.
Pour la plupart des dépenses, l’international pokédollar est toujours utilisé. Les CS ne sont là que pour les achats ayant, de près ou de loin, un rapport avec les Pokémon : des pokéballs aux CT en passant par les objets de combat et les oeufs. L’objectif est de mettre tous les citoyens sur un pied d’égalité, sans favoriser ceux qui disposent d’un capital en pokédollars plus conséquent. Ainsi, la réserve de chacun en CS dépend uniquement de son implication dans la course à la notoriété, et en aucun cas de son niveau de vie. Les CS sont affichés au verso de la Trainer Card, laquelle est également utilisée comme moyen de paiement dans les différentes boutiques consacrées aux Pokémon.


Lathea est une région totalement indépendante en terme de nourriture : les champs qui s’étendent à perte de vue dans la Lande suffisent à nourrir la totalité de la population en légumes de tous types et quelques industries d’Enoville se chargent de conditionner les produits transformés. La question qui se pose concerne la viande, dont l’utilisation et la nécessité sont remis en question à Lathea depuis des décennies maintenant. Le Régime Weaver a tenté à de nombreuses reprises d’interdire la consommation de viande Pokémon, jugeant intolérable qu’on puisse encore, à notre époque, sacrifier ainsi d’innocents êtres vivants pour le simple plaisir humain. Ils ne sont jamais parvenus à leurs fins mais ont tout de même réussi à décourager de nombreux producteurs de viande en mettant en place une politique dissuasive pour les entreprises souhaitant prospérer dans le milieu. Ainsi, bon gré mal gré, la consommation de chair Pokémon a largement baissé à Lathea, jusqu’à ne plus devenir qu’un luxe réservé aux habitants les plus aisés. Les quelques élevages d’Ecremeuh et de Poussifeu qui ont subsisté se trouvent dans la Lande et produisent à eux seuls toute la viande, les oeufs et le lait de la région. Bien sûr, depuis que le Système Gaïa a pris la place de Weaver, la vie est bien plus facile pour les éleveurs et en dix ans, la demande en produits d’origine Pokémon a naturellement repris de l’ampleur.
Les Pokélovers sont, bien sûr, tous végétariens ou presque.


A Lathea, les espaces sont organisés pour permettre aux habitants de se déplacer en voiture, le long de routes régulièrement entretenues. Les différentes villes sont également reliées les unes aux autres par des voies de chemin de fer. Il existe, de plus, un système de taxis volants directement importé de Galar. Dès que la technologie l’a permis, les transports en tout genre ont connu une transition énergétique de pointe si bien qu’aujourd’hui, ils sont écologiques autant qu’ils puissent l’être, et personne n’a rien à dire à ce sujet.


Comme dans toutes les autres régions du monde, il est extrêmement commun que les habitants de Lathea quittent le foyer familial au début de leur adolescence pour entreprendre ce qui est communément appelé leur voyage Pokémon. Puisqu’aux yeux des différents gouvernements, il était impensable de laisser de si jeunes enfants parcourir seuls les contrées sauvages de la région, un dispositif de suivi a été ajouté au pokédex. Celui-ci n’est activé que dans le cas où le dresseur est mineur : il dispose d’un système de localisation et enregistre directement tous les sons aux alentours pour percevoir tout danger éventuel. Ces renseignements sont envoyés directement aux parents du dresseur, qui peuvent ainsi intervenir très rapidement en cas de problème ou, le cas échéant, prévenir les secours les plus proches.