La scène qui se déroule a quelque chose de perturbant, aux yeux de l'homme dont les deux mains, légèrement crispées, sont posées sur le volant de sa voiture. L'engin, une sorte de 4x4 tout-terrain, est adapté à son handicap et à toutes sortes de routes ; il y a longuement réfléchi au moment de l'achat, quand il a fallu déterminer son usage aussi bien que son allure ainsi que son confort intérieur. Des semaines avant de se décider, mais le bon choix d'Oliver a fini par rendre sa conduite aussi souple que prudente, à mesure qu'il avance en direction du fleuve. Dans l'habitacle, la conversation est étrangement empruntée. A côté de lui, le policier ne parle pas beaucoup, et pour cause ; digérer des informations données avec autant de brutalité par le batteur prendra sans doute beaucoup plus de temps que celui d'une simple promenade. Pourtant, Kay a accepté. Aux yeux de quelqu'un comme Oliver, qui n'a jamais attendu qu'un miracle comme celui qui s'est produit quelques semaines auparavant, c'est un bon signe d'espoir.

Alors, Oliver laisse le silence s'étirer, seulement perturbé par le rock déroulant à la radio. A mesure qu'ils approchent de la nature plus sauvage, la musique commence à grésiller ; mais même ce son-là vaut mieux qu'une série de phrases futiles. Ils auront tout le temps de discuter en marchant, songe-t-il en trouvant enfin l'un des parkings longeant les bords du fleuve, à quelques encablures de Castlerain. Le trajet aura duré un petit moment, mais apparemment, Kay n'est pas du tout pressé. « On y va ? C'est par là, dit finalement le dresseur pour briser le silence, avant de libérer d'un geste souple deux des membres de son équipe. » D'abord Nox, le petit Evoli qui fonce aussitôt vers de grosses touffes d'herbe dans un petit cri de joie, rapidement suivi de Calypso, timorée, le visage dissimulé derrière son étrange casque vert. « Est-ce que tu as une équipe, toi ? demande-t-il alors à son aîné, tandis qu'ils avancent sur le chemin balisé. » En s'efforçant de rester discret, il le regarde ; c'est incroyable, ce qu'il ressemble à sa mère. En revanche, les traits de Gaspar, qu'il reconnait dans la lueur d'un regard, sont beaucoup plus perturbants.  

Je me retrouve dans cette voiture, un tout-terrain. La masse d’informations que j’ai à digérer ne me laisse pas vraiment le luxe d’analyser sa conduite de fond en comble, mais je remarque tout de même qu’il manie son véhicule sans problème malgré sa jambe.
Enfin, ce qui me trotte dans la tête, c’est surtout que l’homme qui se tient silencieusement à côté de moi est mon frère, ce que j’ai appris aujourd’hui, à 30 ans passés. C’est ce sur quoi j’essaye de me concentrer, en regardant les arbres défiler à travers la fenêtre : j’ai un frère. Je suis peut-être un peu trop enthousiaste en me disant qu’une telle rencontre peut mener à quelque chose, mais au moins je ne pense pas à la situation familiale désastreuse qui a mené à ces révélations.

L’arrêt de la voiture me sort de mes pensées. A vrai dire je ne sais même pas depuis combien de temps nous roulons et je suis un peu surpris quand Oliver rompt le silence en m’invitant à le suivre : « On y va ? C'est par là ». C’est presque dans un sursaut que je tourne la tête dans sa direction pour le voir laisser sortir deux Pokémon, un jeune Evoli très agité qui ne manque pas de se jeter dans l’herbe dès les pattes posées par terre, et un Tarsal beaucoup plus calme. L’Evoli en particulier m’étonne, son pelage ne trompe pas, il s’agit d’un de ces Pokémon chromatiques aux couleurs si particulières. Émerveillé de voir une telle créature pour la première fois, je mets à nouveau quelques secondes à détourner le regard pour répondre au dresseur quand il me demande « Est-ce que tu as une équipe, toi ? » La simple question me sort de cet instant de contemplation. Par la même occasion je remarque à quel point je me perds facilement dans mes pensées, complètement déstabilisé par la situation. Je me reconcentre sur la conversation pour enfin formuler petit à petit toutes les questions qui s’agitent dans mon esprit : « Pas vraiment, enfin j’ai des Pokémon de service, mais je ne combats pas vraiment. J’attrape deux pokéballs d’une poche intérieure de ma veste pour relâcher mon Teddiursa et mon Galekid. Je les désigne successivement en commentant, je te présente Callisto et Titan. »

Un court silence s’installe alors que chacun de nous observe discrètement l’autre. Lui qui connaît ma famille biologique doit sûrement voir en moi des traits ou manières familière. De mon côté, j’ai beaucoup moins de repères, et il est très étrange de le découvrir comme un parfait inconnu en sachant qu’il est mon frère. Fuyant la formation d’un autre moment de chaos dans mes pensées, j’engage maladroitement un dialogue, en imaginant revenir sur le sujet le plus important le plus vite possible : « Dis-moi, cet Evoli, il est chromatique ? »

Que vont-ils tirer de cette promenade ? Oliver n'ose pas vraiment espérer, en fait, il ne sait pas trop comment prendre ces futures discussions ni vers quoi elles vont aller. S'il a toujours rêvé d'avoir un frère, peut-être qu'à trente ans c'est trop tard ; ou peut-être que les années ne sont pas des facteurs suffisants pour considérer une relation comme avortée à son aurore. En tout cas, Kay a l'air de se poser exactement la même question ; celle que pose Oliver à voix haute le ferait presque sursauter. « Pas vraiment, enfin j’ai des Pokémon de service, mais je ne combats pas vraiment. » D'un geste habitué, l'homme libère tour à tour un Teddiursa, et un petit Galekid. Les deux Pokémon regardent tranquillement autour d'eux ; est-ce que Kay va régulièrement se balader avec eux ? Oui, s'il est flic, ces deux-là doivent voir de l'action. « Je te présente Callisto et Titan. »

Titan, hein ? Très impressionnant, songe Oliver avec un mince sourire, sans oser lâcher la moindre vanne tout de suite. Ces deux Pokémon vont évoluer en des formes autant plus impressionnantes et alors, le Galekid portera sans doute très bien son nom. Il est étrange le silence qui suit, comme si tous les deux s'observaient, se jaugeaient en silence, à la recherche de traits communs, familiers. Si Oliver en reconnait, Kay sans doute pas ; on a pas l'habitude de reconnaître ses traits par coeur dans le miroir, et son demi-frère n'a sans doute pas le visage de sa mère biologique en tête, quoi qu'elle passe régulièrement aux journaux télévisés.

« Dis-moi, cet Evoli, il est chromatique ? » demande finalement l'homme en coulant un regard vers son Pokémon, qui s'amuse à sauter joyeusement d'un buisson à l'autre, au bord de l'eau. Le spectacle joyeux arrache un sourire encore plus grand au batteur qui lui répond, avec énormément de fierté, bien sûr. « Ouaip. Il s'appelle Nox, je l'ai trouvé à la Lumiclairière il y a quelques mois... autant te dire que j'ai été un peu surpris et j'ai vraiment galéré à l'attraper. » Pour le moment, le Pokémon apprend doucement à se battre et à les suivre ; sa Tarsal, elle, avance beaucoup plus doucement et très timidement vers les Pokémon de son frère. « La petite s'appelle Calypso, enchaîne-t-il en la désignant d'un coup d'oeil. J'ai aussi un Salamèche chromatique, une Mucuscule, une Nirondelle et un Bulbizarre. » Ainsi que quelques autres, bien sûr, tous bien rangés dans une boite et qu'il balade de temps en temps, mais ça commence à faire beaucoup ; il envisage d'acheter une maison, bientôt. Quand Gaspar se décidera à quitter son mec dans le coma.

« C'est juste tes Pokémon de service, alors ? demande-t-il, curieux. T'as déjà envisagé de te lancer dans le dressage ou pas du tout ? » Policier, hein ? Voilà bien un métier qu'il n'aurait jamais fait, lui.

Cette fois-ci, mon accroche n’est peut-être pas si mal, et c’est dans un sourire qu’Oliver me répond « Ouaip. Il s'appelle Nox ». Il développe en regardant son Pokémon sautiller « Je l'ai trouvé à la Lumiclairière il y a quelques mois... autant te dire que j'ai été un peu surpris et j'ai vraiment galéré à l'attraper. ». Je ne peux pas le contredire sur ce point, j’imagine bien quelle montée d’adrénaline peut représenter une rencontre avec une telle créature.

Je me surprends bien sûr à observer ses traits, le moindre détail de son visage. En tant que policier, j’ai l’habitude, je scrute d'éventuelles fossettes, grains de beauté, tâches de naissance, tout ce qui, habituellement, permet de caractériser un Homme. Mais ici la manœuvre n’est pas vraiment utile. Je cherche une ressemblance avec moi, ou encore mes parents, j’en viens même à essayer de me rappeler du visage des politiques dont il a pu me parler, qui sont censés être mes parents biologiques, mais sans succès. Pour l'instant, ce visage me reste étranger.

De son côté, il file naturellement la conversation en me parlant du reste de son équipe, d’abord en désignant son Tarsal, nommé Calypso, puis en terminant par tous les compagnons qu’il n'emmène pas avec lui « J'ai aussi un Salamèche chromatique, une Mucuscule, une Nirondelle et un Bulbizarre. ». La composition de son équipe m’impressionne un peu, il est accompagné de certains Pokémon plutôt rares, et même d’un Salamèche qu’il précise bien chromatique.
Habité par ce réflexe d’identifier la part de sang que nous avons en commun, je me dis que mon incapacité pathologique à mener correctement un combat Pokémon ne doit pas être génétique, sans savoir si c’est vraiment rassurant ou non. Et pendant que je pense trop, il pose à son tour quelques questions « C'est juste tes Pokémon de service, alors ? T'as déjà envisagé de te lancer dans le dressage ou pas du tout ? »
La première réponse est assez naturelle, j’y réponds sans hésiter « En fait Callisto est mon seul Pokémon de service à proprement parler, on me l’a affectée à mon arrivée dans la police. Tout en la regardant profiter des odeurs des arbres qu’elle s’amuse à escalader, je corrige assez vite cette description un peu trop formelle, enfin, travail ou pas, on ne se sépare jamais. On a tous les deux vécu des débuts assez particuliers, ça nous a pas mal rapproché ». Je présente ensuite Titan, beaucoup plus calme, qui marche à mes côtés « Pour Titan c’est autre chose, je l’ai capturé moi-même, mais en pratique il m’accompagne aussi en service, même chose pour mon troisième compagnon, un Nucléos. »

Maintenant, la question délicate, celle du dressage, que j’évite un peu pour le moment, sans parvenir à cacher une certaine gêne « Après, côté dressage, je ne suis pas vraiment une référence, plus jeune j’ai essayé de faire le tour des arènes, mais bon… Les études, le travail, ça s’est enchaîné assez vite… Et puis... Je profite de l’occasion pour fuir le sujet, et poser l’une des questions qui me taraudent, sans manquer de marquer une hésitation concernant la façon de qualifier ma famille adoptive, mon père, enfin, mon père adoptif, il était aussi policier, il a fait en sorte que je rentre le plus tôt possible en école de police, c’était très important pour lui. Je cherche mon courage dans une profonde inspiration avant d’enfin lui demander, tu le connais un peu ? »

C'était une bonne idée de parler de Pokémon ; c'est généralement un sujet de conversation qui détend tout le monde, il n'y a qu'à voir l'air beaucoup plus tranquille de Kay lorsqu'il se tourne vers son Teddiursa, qui entreprend de grimper à un arbre sous le regard émerveillé de Nox qui galope vers elle. « En fait Callisto est mon seul Pokémon de service à proprement parler, on me l’a affectée à mon arrivée dans la police. » Ah oui ? Alors elle est uniquement là... pour travailler ? Quelle est la relation de Kay avec ses Pokémon, exactement ? C'est étrange, comme il semble plus détaché de lui vis à vis d'elle, mais Oliver comprend qu'il fait fausse route, lorsque le policier se reprend, très vite.

« enfin, travail ou pas, on ne se sépare jamais. On a tous les deux vécu des débuts assez particuliers, ça nous a pas mal rapproché » Particuliers comment ? Le batteur n'insiste pas, ce n'est pas à lui de décider des conversations, aujourd'hui. La nouvelle qu'il lui a fallu annoncer a sans doute pas mal affecté l'homme qui marche près de lui, mieux vaut rester en retrait et attendre qu'il lui parle. Il assouvira sa curiosité plus tard, peut-être, si Kay a envie de le revoir. Une fois qu'il saura tout, vraiment tout, par exemple. « Pour Titan c’est autre chose, je l’ai capturé moi-même, mais en pratique il m’accompagne aussi en service, même chose pour mon troisième compagnon, un Nucléos.
– Ça fait une équipe plutôt sympa, commente aussitôt le batteur avec un sourire. » Un Nucléos en plus, c'est assez varié, au moins. Un peu comme la sienne, quelque part.  

« Après, côté dressage, je ne suis pas vraiment une référence, plus jeune j’ai essayé de faire le tour des arènes, mais bon… Les études, le travail, ça s’est enchaîné assez vite… Et puis... » Mais bon? Que s'est-il passé, est-ce que ce fameux tour des arènes ne s'est pas très bien déroulé ? Il a tenté une fois et il a perdu ? Il est très curieux, Oliver, mais l'air gêné de son aîné le freine une nouvelle fois. Quelles questions a-t-il le droit de poser et lesquelles vaut-il mieux laisser dans un coin pour le moment ? Dans le doute... il verra bien.

« Mon père, enfin, mon père adoptif, il était aussi policier, il a fait en sorte que je rentre le plus tôt possible en école de police, c’était très important pour lui. » Pour lui peut-être. Mais pour son fils ? Cette histoire est de plus en plus curieuse. « Tu le connais un peu ?
– Qui, ton père ? le policier qui l'a élevé ? Oui, apparemment, et Oliver passe une main gênée sur sa nuque, en prenant appui sur sa canne pour avancer un peu plus vite. Oh, euh, non. Ma mère m'a dit que ce côté-là de la famille était fâché avec les autres depuis un sacré bail, et elle... bah, elle a jamais beaucoup aimé ses cousins et ses cousines. On a plus ou moins toujours été entre nous. » Et entre eux, c'était un peu particulier, songe-t-il en pinçant les lèvres, sans savoir s'il a le droit de parler ou non de Mallory. Kay prendrait peut-être mal l'idée que Cassandre ait pu adopter l'enfant d'un autre sans s'occuper de son premier-né, hein ? Non, plus tard.

« Je peux répondre à toutes tes questions au sujet de ta mère biologique. Pour le vieux Neskov par contre je sais pas grand chose. Mais je peux te mettre en contact avec quelqu'un qui pourra te parler de cet enfoiré si ça t'intéresse. » Même si dit comme ça, ça ne fait pas très envie ; et qu'il va falloir expliquer à Gaspar deux ou trois petites choses avant de lui faire rencontrer leur frère en commun. C'est tellement bizarre, tout ça.

Oliver m’écoute parler, silencieusement. Comme à mon habitude, je suis avare en détails, frère ou pas, il est un peu tôt pour retirer tous les filtres. Il semble respecter cette façon de procéder et commente principalement le sujet qui met tout le monde d’accord à Lathéa : les Pokémon. Il complimente mon équipe avec un sourire qui semble plutôt sincère, sans pour autant que je ne sache distinguer s’il s’agit de politesse. Après tout, la différence de niveau entre nos équipes est flagrante, et en réalité il n’aurait pas grand-chose à craindre de la mienne.

Enfin, je montre moins de retenue que lui, et je semble le gêner dès ma première question, sa gestuelle trahit une brutale remontée de la tension quand il me répond « Qui, ton père ? Oh, euh, non. Ma mère m'a dit que ce côté-là de la famille était fâché avec les autres depuis un sacré bail, et elle... bah, elle a jamais beaucoup aimé ses cousins et ses cousines. On a plus ou moins toujours été entre nous. »
Je vois l’idée. Déjà ce matin, la situation familiale semblait compliquée. Je crois me souvenir de l’avoir entendu désigner les Everwade comme la “branche faible”, ce qui d’office laissait peu de doutes quant au côté malsain des relations entre les différentes parties de la famille. On ne peut d’ailleurs pas dire qu’il semble à l’aise avec le sujet, et ramène la conversation à notre mère « Je peux répondre à toutes tes questions au sujet de ta mère biologique. ». Il en profite d’ailleurs pour écarter le sujet de mon père, ce que je peux comprendre « Pour le vieux Neskov par contre je sais pas grand chose. Mais je peux te mettre en contact avec quelqu'un qui pourra te parler de cet enfoiré si ça t'intéresse. »

Le “vieux Neskov”, comme il dit, est la dernière personne à laquelle je veux penser. “Enfoiré” est un terme bien plus sympathique que tous ceux que j’aurais pu employer pour le qualifier. Et si l’idée de me découvrir un frère apporte son lot d’idées positives, je n'admet pas que j’ai un autre père. Pas dans ces conditions. De toute manière, je doute qu’il admettrait avoir un fils, et les choses peuvent bien rester ainsi.
Il est loin d’être la raison pour laquelle j’ai accepté de suivre Oliver, et il ne sera probablement pas un sujet de conversation sur lequel nous pourrions nous accorder, à part pour l’insulter peut-être.
Je me laisse donc entraîner sur le sujet de notre mère, qu’il semble plus enclin à aborder. Mais les questions sont nombreuses, et je sais que je ne peux pas toutes les poser d’un coup. J’essaye de commencer par le commencement, en sachant que le plus dur est de trouver le bon « On va laisser Neskov de côté. Ma mère, Cassandre, elle t’as dit récemment pour… Tout ça ? Je veux dire, elle est au courant que tu es venu me rencontrer ? Elle pense quoi de moi ? »

Parler de Gaspar, ce serait sans doute une très mauvaise idée pour le moment et Oliver le sait. Mélanger encore plus les pensées de Kay et initier de nouveaux doutes risquerait sans mal de le faire fuir ; la situation, plus qu'atypique, est à prendre avec des pincettes, à doser sans modération. Plus que quiconque Oliver le sait, en témoigne le choc profond qu'il a ressenti, lui-même, lorsque sa mère a fini par lui avouer la vérité. Qui plus est, mentionner ce salopard de Neskov est sans doute un peu trop demander pour lui, qui n'a jamais eu de cesse que de mépriser ce sale type même lorsqu'il ne savait pas ce qu'il avait infligé à sa mère. Ce qu'il faisait à Gaspar était bien suffisant pour que cet homme mérite son mépris. De toute manière, c'est à Kay de diriger cette discussion, à lui de poser des questions, et Oliver s'efforcera d'y répondre au mieux ; c'est la moindre des choses qu'il puisse faire, après avoir totalement brisé son quotidien somme toute tranquille et calme, pour l'embarquer dans un voyage où il ne sera, sans doute, plus jamais sûr de rien.

« On va laisser Neskov de côté. Ma mère, Cassandre, elle t’a dit récemment pour… Tout ça ? Je veux dire, elle est au courant que tu es venu me rencontrer ? Elle pense quoi de moi ? » Cela fait pas mal de questions à la fois, songe Oliver en détournant brièvement le regard vers ses Pokémon, simplement pour regarder Nox s'approcher joyeusement des nouveaux venus pendant la promenade. Son Evoli n'était pas sorti depuis longtemps, et clairement, le soleil et le bord du fleuve lui font énormément de bien. « Ma mère m'en a parlé il y a... quelques semaines, répond le batteur après une ou deux secondes de réflexion. J'ai cherché tout seul ensuite, la seule chose qu'elle m'avait donné, c'était ton prénom. » Ensuite, il a fallu aller fouiner, frapper chez les Neskov, se faire sortir à coup de pieds au cul puis se rendre chez les Everwade.

« Elle sait pas que je t'ai cherché, mais je pense qu'elle s'en doute. Je lui ai jamais caché que j'aurais bien aimé avoir un frère ou une soeur, alors... » Il hausse doucement les épaules. « J'en ai eu un, cela dit, elle a recueilli un garçon quand j'étais gosse mais. C'était pas tout à fait pareil. » Mallory n'a jamais vraiment été son frère. Son meilleur ami, c'est certain, mais il n'y avait pas ce lien de sang dont il avait envie, besoin. Qui plus est, le gamin malingre et malade qu'il était imposait une distance trop forte pour qu'Oliver puisse se dire qu'un lien tangible de ce genre aurait pu exister. « Elle pense que t'as rien demandé de tout ça, et que si elle, elle a pas eu la force de t'élever elle espère que les gens de la famille ont pu le faire correctement à sa place. Mais si tu veux mon avis, c'est préférable que tu la rencontres pas. » Pas pour le moment, en tout cas ; Cassandre Porter n'a jamais été très douée pour les relations compliquées, elle les a toujours joyeusement fuies, après tout.